Déclaration de M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, sur les opérations interarmées, la Défense européenne et sur la France dans l'OTAN, à Toulon le 12 février 2009.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Journée de présentation commune Terre-Air-Mer, à Toulon (Var) le 12 février 2009

Texte intégral

Madame et Messieurs les députés, Mesdames et Messieurs les sénateurs, Madame et Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs les conseillers, Messieurs les officiers généraux, Monseigneur, Vicaire épiscopal Messieurs les responsables du monde universitaire, industriel et de la société civile, Mesdames et Messieurs les journalistes, Messieurs les attachés de défense, Mesdames, Messieurs les auditeurs de l'IHEDN et du CHEAr,
Laissez-moi tout d'abord vous dire tout le plaisir que j'ai à être parmi vous, à la demande d'Hervé Morin, pour cette journée de présentation commune Terre Air Mer. La présence de nombreux élus, de préfets, de responsables du monde économique et de la société civile montre combien la défense est un sujet transverse. L'évolution de cette journée de présentation au fils des ans est également emblématique de l'évolution de nos armées. Il y a peu, chaque armée organisait sa propre opération de promotion de ses savoir-faire.
Aujourd'hui, c'est en présence des trois chefs d'état-major d'armée ou de leur représentant, ainsi que du secrétaire général pour l'administration que le ministère de la Défense est heureux et fier de vous présenter une partie des capacités opérationnelles déployables en mer ou à partir de la mer. Cette journée de présentation commune est complémentaire de celle de Mourmelon à l'automne dernier, à laquelle j'avais assisté avec certains d'entre vous. Vous retrouverez certains des moyens qui vous avaient été présentés alors et vous les verrez opérer aujourd'hui à partir de la mer, plus précisément à partir de la frange littorale, montrant ainsi leur polyvalence. Mais vous en découvrirez d'autres dont la vocation est d'opérer à l'intérieur des espaces océaniques.
Mais avant tout, ces présentations vous démontreront que le succès des opérations repose sur l'interopérabilité et la complémentarité des moyens engagés. Je reviens d'Inde où j'ai pu mesurer tout le crédit de la France et de notre présence en océan Indien. Lorsque le groupe aéronaval autour du porte-avions Charles de Gaulle, que vous verrez d'ici peu, coopère avec la marine Indienne, notre partenariat avec cet acteur majeur de la région se renforce et la France en bénéficie dans d'autres domaines. Depuis ce matin, vous avez été évacués lors d'une opération amphibie menée par le BPC Mistral (bâtiment de projection et de commandement), ce bâtiment qui s'est illustré au Liban à l'été 2006. Ce navire est précurseur de l'esprit interarmées qui irrigue dorénavant toutes les opérations et le commandement.
Ainsi, pour l'anecdote, lorsque j'étais sur les bancs de l'IHEDN, il y a dix ans, le BPC était alors en phase de conception. A cette époque, c'est un officier de l'armée de Terre qui a présenté l'objectif d'état-major du BPC et ses caractéristiques militaires au chef d'état-major de la marine. Celui-ci en a été fort surpris alors que maintenant, une telle démarche semble parfaitement naturelle. Il n'y a pas en France trois armées. Hervé Morin l'a souvent dit. Il y a l'armée française dans ses trois composantes. Même si la notion d'opération propre à une armée demeure dans un certain nombre de domaines bien identifiés, je pense qu'au terme de cette journée, vous comprendrez combien la synergie interarmées s'étend progressivement, conséquence inéluctable de la concentration des moyens et d'une complexification certaine des opérations. Aujourd'hui le cadre d'action des armées est donc avant tout interarmées, mais les moyens de la Défense agissent également au niveau interministériel notamment dans les missions de l'action de l'Etat en mer.
Les opérations s'effectuent également de plus en plus en coalition et je salue à ce titre la participation de la frégate britannique HMS Edinburgh. La première opération navale de l'Union Européenne, l'opération Atalanta, a d'ailleurs débuté fin 2008 au large de la corne de l'Afrique pour lutter contre la piraterie, sous le commandement d'un amiral britannique assisté par un amiral français. Nous devons développer notre capacité à travailler ensemble. Travailler ensemble, c'est développer des doctrines communes, c'est se doter d'équipements compatibles et complémentaires, c'est adopter des organisations harmonisées, c'est mener des entraînements communs. Nous savons combien la coopération et l'interopérabilité sont les clés de l'efficacité. C'est dans cet esprit que nous avons placé l'Europe de la Défense au rang des priorités de notre présidence. Mais l'ambition française pour l'Europe de la défense a pu susciter la méfiance. Comme le disait le Président de la République à la conférence de sécurité de Munich, samedi dernier, « aujourd'hui, il s'agit de nous tourner vers l'avenir.
La France peut rénover ses relations avec l'OTAN en étant un allié indépendant et un partenaire libre. Il fallait, pour le démontrer, qu'au préalable, nous ayons relancé la défense européenne ». C'est ce qui a été fait durant notre présidence. Mesdames, Messieurs, la modernisation et l'adaptation de nos armées, voulues par le Président de la République et inscrites dans le Livre Blanc, est en marche. La volonté de Nicolas Sarkozy est d'associer davantage la représentation parlementaire aux décisions d'engagement de nos armées, j'y étais personnellement très favorable. Dans le même ordre d'idée, le Gouvernement engagera des concertations avec le Parlement sur la rénovation de notre lien avec l'OTAN, une OTAN qui fasse plus de place à l'Europe. J'en suis persuadé, la rénovation des relations de la France avec l'OTAN sera bénéfique pour l'Alliance, pour l'Europe et pour la France.
Dans le contexte difficile de la crise économique que nous traversons, nous avons la responsabilité de construire la défense de la France du XXIème siècle. Je puis vous affirmer que le Président de la République, le Gouvernement et Hervé Morin en particulier, avec l'appui de la représentation nationale, en ont la volonté. Je sais qu'avec vous tous, officiers, sous-officiers, officiers mariniers, militaires du rang et personnel civil de la défense, grâce à votre travail et à votre engagement, nous y parviendrons. C'est le défi que nous devons tous relever ensemble pour le succès des armes de la France.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 17 février 2009