Texte intégral
J.-J. Bourdin.- Aviez-vous acheté du Natixis ?
Non, je n'ai pas acheté du Natixis.
Heureusement pour vous, de 27 euros, l'action est passée à 1 euro je crois ! Savez-vous qui a monté et conçu le rachat de Natixis ?
Je crois, les deux entités les plus concernées directement.
Non, mais qui ?
Caisses d'épargne et Banques populaires.
Quel était le banquier conseil dans toute cette opération ?
Je ne sais pas.
Qui a conseillé le rachat de Natixis ?
Tout au départ vous voulez dire ?
Oui. Dans toute l'opération de rachat, il y avait un banquier conseil comme ça se fait toujours. Qui était ce banquier conseil ?
Visiblement vous savez, donc...
Oui, c'est F. Pérol.
C'est possible.
F. Pérol, qu'on dit si brillantissime ! En l'occurrence, là, je ne sais pas s'il a fait faire une très bonne affaire à ceux qui ont...
Je ne connais pas le dossier au départ, mais entre le fait de créer une banque d'affaires et le fait qu'après elle soit bien, moyennement ou moins bien gérée, je ne suis pas sûr que celui qui est à l'origine de l'opération en soit directement responsable.
Est-ce que F. Pérol a été nommé sans attendre la décision de la Commission de déontologie ?
Je ne sais pas. On va dire les choses simplement : la crise mondiale et la crise financière nous obligent à prendre des décisions extrêmement rapides. Quand les gouvernements ne le font pas, on le leur reproche à juste titre. En la circonstance, Natixis est en difficulté, ça touche les deux sociétés mères, il faut absolument les consolider, apporter de l'argent. Tout le monde dit, le Gouvernement compris : lorsqu'on apporte de l'argent et que les fonds d'Etat sont mobilisés, il faut absolument en même temps prendre la direction. Qui peut le faire ? Des femmes ou des hommes qui connaissent bien le métier, qui connaissent le complexe institutionnel, qui ont les compétences, l'honnêteté et la capacité pour le faire. Est-ce que F. Pérol fait partie de ceux-là ? La réponse est à l'évidence, selon moi, oui. Ensuite, sur les procédures, vous savez ce qu'il en est, je lis parce que je ne suis pas mieux informé que vous, que le Président a été consulté officieusement, qu'il rappelait la jurisprudence, que la jurisprudence semblerait indiquer que, dans ce type...
Ce n'est pas le Président qui a été consulté, non, c'est le président de la Commission.
C'est ce que je dis, oui...
...On lui a demandé un avis personnel.
Le président de la Commission a été, aurait été, consulté, il a rappelé ce qu'est la jurisprudence ; la jurisprudence semble...
Est-ce que dans l'urgence on peut s'asseoir sur la déontologie ?
On ne peut pas s'asseoir sur la déontologie, dans l'urgence on doit prendre des décisions opérationnelles.
Quitte à s'asseoir sur la déontologie ?
Je vous dis que cette fusion est une nécessité pour la France. Deuxièmement...
Non, mais ça...
...Deuxièmement, que. F. Pérol est la personne la mieux qualifiée pour le faire.
Mais on pourrait considérer que dans l'urgence, on pourrait considérer que tant qu'il y a urgence, la déontologie passe après. On pourrait considérer cela aussi ?
Moi, je pense autrement. Je suis frappé par le procès qu'on fait à N. Sarkozy, c'est de dire : au fond, cet homme-là nomme qui il veut, il nomme ses amis. Je suis frappé ! Vous connaissez mon itinéraire personnel. Je suis frappé par le nombre de femmes et d'hommes de gauche qui exercent des responsabilités dans la sphère de l'Etat actuellement. Des préfets, des directeurs de cabinet, des membres de cabinet. Quand je vois par exemple, que J.-P. Jouyet, qui était et qui reste un ami, a été nommé à la tête de l'Autorité des marchés financiers, ce n'est pas rien. Lorsqu'en ce moment N. Sarkozy nomme des femmes et des hommes de gauche, en gros, "il les récupère", "il les instrumentalise, ou ce sont "des traîtres", et lorsque ce sont des femmes et des hommes de droite ou proches de lui, "il place ses amis". Il faudra m'expliquer si quand il nomme des femmes et des hommes de gauche "il instrumentalise", et quand il nomme des femmes et des hommes de droite, ou proches de lui "c'est lui qui tire les ficelles", qui lui reste-t-il pour nommer ?
On va parler des Antilles et de la situation en Guadeloupe et en Martinique. Vous avez vu ce sondage qui paraît dans Le Figaro : 51 % des Français de Métropole souhaitent que les Antilles prennent leur indépendance. 51 %, et parmi ces 51 %, une majorité d'électeurs de N. Sarkozy. Que leur dites-vous à ces électeurs ce matin ?
Je leur dis que, la Guadeloupe, la Martinique, les Antilles françaises, c'est la France. Que la question ne peut pas se poser et elle n'est pas posée par l'immense majorité des Guadeloupéens et des Martiniquais, contrairement à ce que suggèrent un certain nombre de mouvements marginaux sur les îles. Qu'il y a une histoire, complexe, que tout le monde connaît, qu'il y a des difficultés économiques et sociales, et qu'il y a des questions d'identité au sens où ce malaise économique et social engendre des tensions entre communautés, même si moi je n'aime pas parler de "communautés", je ne connais que la communauté française. Et donc, ne pas nier le fait qu'il y ait des difficultés, d'en conclure qu'il y a un débat dit "post colonial" ou "d'indépendance" me paraît un toboggan extrêmement dangereux. La France est métissée, la France est colorée, la France a un rayonnement international grâce à ce qu'on appelait auparavant ses départements et territoires d'Outre-mer. Nous en avons les bienfaits, il ne faut pas s'en plaindre d'en avoir de temps en temps des difficultés. Mais n'entrons pas dans ce type de débat, selon moi. La question de l'indépendance de ces territoires, de la Guadeloupe et de la Martinique, n'est pas posée.
Est-ce que, à vos yeux, le LKP a des tendances indépendantistes ?
Je crois, si je le lis les... Il y a des chansons qui me gênent ; "la Guadeloupe elle est à nous, la Guadeloupe elle n'est pas à eux", je ne sais pas ce que ça veut dire. La Guadeloupe, elle est française. Il faut être cohérent, ça s'applique à eux aussi.
On va parler de Guantanamo puisqu'il y a eu des réunions ces dernières heures, ces derniers jours, importantes au niveau européen notamment...
Hier, à Bruxelles...
Je sais, oui. La France va-t-elle accueillir des détenus de Guantanamo ?
Le président de la République a donné la ligne, il a dit : "oui, la France est prête à faire un effort", parce que nous voulions que Guantanamo ferme, c'était une espèce d'abcès qui maintenant dépassait les Américains, qui touchait tout le monde occidental. Il faut que Guantanamo ferme, et la France et l'Europe sont prêtes à faire un effort. La position de la France c'est de dire : concertation européenne, si possible, coordination européenne, l'idéal c'est que nous ayons une position commune, et décision nationale. Pour ce qui concerne la France, elle est prête à accueillir des futurs ex-détenus de Guantanamo, à un certain nombre de conditions : qu'il n'y ait pas de menaces pour la sécurité publique, et que donc toute procédure judiciaire contre eux soit levée. Qu'ils le veuillent, c'est-à-dire qu'ils soient volontaires pour venir dans notre pays, et qu'ils aient un lien minimal avec notre pays, c'est-à-dire...
Quel lien ?
Qu'ils aient par exemple, soit vécu en France, soit qu'ils aient de la famille, soit que... Quelque chose qui justifie qu'ils viennent sur notre territoire.
Qu'ils sachent parler français ?
Par exemple.
Ce sera l'un des critères exigés ?
Je l'imagine, ça sera totalement précisé. Mais si vous voulez me faire dire que la langue est un instrument d'intégration, la réponse est oui, mille fois oui. Pour s'intégrer en France, il faut savoir parler français.
Je crois que vous avez demandé aux Américains des garanties avant d'accueillir des détenus de Guantanamo ?
Oui, et le président en exercice, le Président tchèque et le vice-président de la Commission, le Français J. Barrot, vont aller prochainement aux Etats-Unis et poser des questions aux Américains sur le contexte dans lesquels...
Vous savez que les détenus risqueraient d'être torturés s'ils étaient renvoyés dans leur pays d'origine, ils risquent leur vie...
C'est bien pourquoi l'Europe se pose la question de leur accueil.
Parlons de l'aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative. Le décret du 22 août met fin au monopole de l'exercice de cette mission confiée à la Cimade. J'ai vu la décision de la justice. Allez-vous revenir sur ce décret ou au contraire continuer à l'appliquer, et l'appliquer maintenant ?
Je n'ai aucune raison d'y revenir c'est un appel d'offres qui a été lancé, et beaucoup d'associations ont répondu, l'appel d'offres est en cours, certaines associations avaient demandé au Conseil d'Etat, en référé, de casser ce décret...
Elles ont été déboutées...
Le référé leur est favorable, donc la procédure va s'appliquer. Mais contrairement à ce que je lis, puisque j'entends et je lis que cet appel d'offres aurait été lancé pour écarter une association, la Cimade en la circonstance pour ne pas la nommer, c'est faux. Il n'y a aucune volonté d'écarter la Cimade du travail dans les centres de rétention.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mars 2009
Non, je n'ai pas acheté du Natixis.
Heureusement pour vous, de 27 euros, l'action est passée à 1 euro je crois ! Savez-vous qui a monté et conçu le rachat de Natixis ?
Je crois, les deux entités les plus concernées directement.
Non, mais qui ?
Caisses d'épargne et Banques populaires.
Quel était le banquier conseil dans toute cette opération ?
Je ne sais pas.
Qui a conseillé le rachat de Natixis ?
Tout au départ vous voulez dire ?
Oui. Dans toute l'opération de rachat, il y avait un banquier conseil comme ça se fait toujours. Qui était ce banquier conseil ?
Visiblement vous savez, donc...
Oui, c'est F. Pérol.
C'est possible.
F. Pérol, qu'on dit si brillantissime ! En l'occurrence, là, je ne sais pas s'il a fait faire une très bonne affaire à ceux qui ont...
Je ne connais pas le dossier au départ, mais entre le fait de créer une banque d'affaires et le fait qu'après elle soit bien, moyennement ou moins bien gérée, je ne suis pas sûr que celui qui est à l'origine de l'opération en soit directement responsable.
Est-ce que F. Pérol a été nommé sans attendre la décision de la Commission de déontologie ?
Je ne sais pas. On va dire les choses simplement : la crise mondiale et la crise financière nous obligent à prendre des décisions extrêmement rapides. Quand les gouvernements ne le font pas, on le leur reproche à juste titre. En la circonstance, Natixis est en difficulté, ça touche les deux sociétés mères, il faut absolument les consolider, apporter de l'argent. Tout le monde dit, le Gouvernement compris : lorsqu'on apporte de l'argent et que les fonds d'Etat sont mobilisés, il faut absolument en même temps prendre la direction. Qui peut le faire ? Des femmes ou des hommes qui connaissent bien le métier, qui connaissent le complexe institutionnel, qui ont les compétences, l'honnêteté et la capacité pour le faire. Est-ce que F. Pérol fait partie de ceux-là ? La réponse est à l'évidence, selon moi, oui. Ensuite, sur les procédures, vous savez ce qu'il en est, je lis parce que je ne suis pas mieux informé que vous, que le Président a été consulté officieusement, qu'il rappelait la jurisprudence, que la jurisprudence semblerait indiquer que, dans ce type...
Ce n'est pas le Président qui a été consulté, non, c'est le président de la Commission.
C'est ce que je dis, oui...
...On lui a demandé un avis personnel.
Le président de la Commission a été, aurait été, consulté, il a rappelé ce qu'est la jurisprudence ; la jurisprudence semble...
Est-ce que dans l'urgence on peut s'asseoir sur la déontologie ?
On ne peut pas s'asseoir sur la déontologie, dans l'urgence on doit prendre des décisions opérationnelles.
Quitte à s'asseoir sur la déontologie ?
Je vous dis que cette fusion est une nécessité pour la France. Deuxièmement...
Non, mais ça...
...Deuxièmement, que. F. Pérol est la personne la mieux qualifiée pour le faire.
Mais on pourrait considérer que dans l'urgence, on pourrait considérer que tant qu'il y a urgence, la déontologie passe après. On pourrait considérer cela aussi ?
Moi, je pense autrement. Je suis frappé par le procès qu'on fait à N. Sarkozy, c'est de dire : au fond, cet homme-là nomme qui il veut, il nomme ses amis. Je suis frappé ! Vous connaissez mon itinéraire personnel. Je suis frappé par le nombre de femmes et d'hommes de gauche qui exercent des responsabilités dans la sphère de l'Etat actuellement. Des préfets, des directeurs de cabinet, des membres de cabinet. Quand je vois par exemple, que J.-P. Jouyet, qui était et qui reste un ami, a été nommé à la tête de l'Autorité des marchés financiers, ce n'est pas rien. Lorsqu'en ce moment N. Sarkozy nomme des femmes et des hommes de gauche, en gros, "il les récupère", "il les instrumentalise, ou ce sont "des traîtres", et lorsque ce sont des femmes et des hommes de droite ou proches de lui, "il place ses amis". Il faudra m'expliquer si quand il nomme des femmes et des hommes de gauche "il instrumentalise", et quand il nomme des femmes et des hommes de droite, ou proches de lui "c'est lui qui tire les ficelles", qui lui reste-t-il pour nommer ?
On va parler des Antilles et de la situation en Guadeloupe et en Martinique. Vous avez vu ce sondage qui paraît dans Le Figaro : 51 % des Français de Métropole souhaitent que les Antilles prennent leur indépendance. 51 %, et parmi ces 51 %, une majorité d'électeurs de N. Sarkozy. Que leur dites-vous à ces électeurs ce matin ?
Je leur dis que, la Guadeloupe, la Martinique, les Antilles françaises, c'est la France. Que la question ne peut pas se poser et elle n'est pas posée par l'immense majorité des Guadeloupéens et des Martiniquais, contrairement à ce que suggèrent un certain nombre de mouvements marginaux sur les îles. Qu'il y a une histoire, complexe, que tout le monde connaît, qu'il y a des difficultés économiques et sociales, et qu'il y a des questions d'identité au sens où ce malaise économique et social engendre des tensions entre communautés, même si moi je n'aime pas parler de "communautés", je ne connais que la communauté française. Et donc, ne pas nier le fait qu'il y ait des difficultés, d'en conclure qu'il y a un débat dit "post colonial" ou "d'indépendance" me paraît un toboggan extrêmement dangereux. La France est métissée, la France est colorée, la France a un rayonnement international grâce à ce qu'on appelait auparavant ses départements et territoires d'Outre-mer. Nous en avons les bienfaits, il ne faut pas s'en plaindre d'en avoir de temps en temps des difficultés. Mais n'entrons pas dans ce type de débat, selon moi. La question de l'indépendance de ces territoires, de la Guadeloupe et de la Martinique, n'est pas posée.
Est-ce que, à vos yeux, le LKP a des tendances indépendantistes ?
Je crois, si je le lis les... Il y a des chansons qui me gênent ; "la Guadeloupe elle est à nous, la Guadeloupe elle n'est pas à eux", je ne sais pas ce que ça veut dire. La Guadeloupe, elle est française. Il faut être cohérent, ça s'applique à eux aussi.
On va parler de Guantanamo puisqu'il y a eu des réunions ces dernières heures, ces derniers jours, importantes au niveau européen notamment...
Hier, à Bruxelles...
Je sais, oui. La France va-t-elle accueillir des détenus de Guantanamo ?
Le président de la République a donné la ligne, il a dit : "oui, la France est prête à faire un effort", parce que nous voulions que Guantanamo ferme, c'était une espèce d'abcès qui maintenant dépassait les Américains, qui touchait tout le monde occidental. Il faut que Guantanamo ferme, et la France et l'Europe sont prêtes à faire un effort. La position de la France c'est de dire : concertation européenne, si possible, coordination européenne, l'idéal c'est que nous ayons une position commune, et décision nationale. Pour ce qui concerne la France, elle est prête à accueillir des futurs ex-détenus de Guantanamo, à un certain nombre de conditions : qu'il n'y ait pas de menaces pour la sécurité publique, et que donc toute procédure judiciaire contre eux soit levée. Qu'ils le veuillent, c'est-à-dire qu'ils soient volontaires pour venir dans notre pays, et qu'ils aient un lien minimal avec notre pays, c'est-à-dire...
Quel lien ?
Qu'ils aient par exemple, soit vécu en France, soit qu'ils aient de la famille, soit que... Quelque chose qui justifie qu'ils viennent sur notre territoire.
Qu'ils sachent parler français ?
Par exemple.
Ce sera l'un des critères exigés ?
Je l'imagine, ça sera totalement précisé. Mais si vous voulez me faire dire que la langue est un instrument d'intégration, la réponse est oui, mille fois oui. Pour s'intégrer en France, il faut savoir parler français.
Je crois que vous avez demandé aux Américains des garanties avant d'accueillir des détenus de Guantanamo ?
Oui, et le président en exercice, le Président tchèque et le vice-président de la Commission, le Français J. Barrot, vont aller prochainement aux Etats-Unis et poser des questions aux Américains sur le contexte dans lesquels...
Vous savez que les détenus risqueraient d'être torturés s'ils étaient renvoyés dans leur pays d'origine, ils risquent leur vie...
C'est bien pourquoi l'Europe se pose la question de leur accueil.
Parlons de l'aide aux étrangers dans les centres de rétention administrative. Le décret du 22 août met fin au monopole de l'exercice de cette mission confiée à la Cimade. J'ai vu la décision de la justice. Allez-vous revenir sur ce décret ou au contraire continuer à l'appliquer, et l'appliquer maintenant ?
Je n'ai aucune raison d'y revenir c'est un appel d'offres qui a été lancé, et beaucoup d'associations ont répondu, l'appel d'offres est en cours, certaines associations avaient demandé au Conseil d'Etat, en référé, de casser ce décret...
Elles ont été déboutées...
Le référé leur est favorable, donc la procédure va s'appliquer. Mais contrairement à ce que je lis, puisque j'entends et je lis que cet appel d'offres aurait été lancé pour écarter une association, la Cimade en la circonstance pour ne pas la nommer, c'est faux. Il n'y a aucune volonté d'écarter la Cimade du travail dans les centres de rétention.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 2 mars 2009