Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Collègues,
C'est avec beaucoup de plaisir et non sans une certaine émotion que je m'adresse à vous car nous sommes à la veille d'un rendez-vous important. Dix ans après Rio, mais aussi trente ans après Stockholm, c'est en 2002, et c'est demain.
Nous serons à l'heure des bilans, de l'évaluation de l'exercice de nos responsabilités, de l'appréciation du chemin parcouru vers un développement qui réponde au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Nous avons fait du chemin. Des conventions nouvelles sont nées de Rio mais aussi des réflexes, des comportements nouveaux. Ce qui est en jeu maintenant, c'est la question du comment : comment intégrer les préoccupations économiques, sociales, environnementales, culturelles, dans nos comportements au quotidien, dans nos politiques de moyen et de long terme.
Car c'est la question de la croissance équitable à long terme qui est posée, et qui doit être l'axe de notre action et de nos politiques. Pour cela, il faut raisonner à l'échelle mondiale pour décider de l'allocation de nos ressources afin de laisser un monde où la pauvreté, la souffrance, les problèmes de santé seront moins répandus.
En matière d'environnement, les enjeux sont de plus en plus globaux. La structure institutionnelle actuelle dans ce domaine n'est pas satisfaisante, elle joue au détriment des accords multilatéraux sur l'environnement, elle n'est pas satisfaisante par rapport à la montée en puissance d'autres organisations internationales comme l'OMC, qui ne disposent pas d'un interlocuteur ayant la même visibilité et la même autorité.
Le rapport sur la gouvernance internationale en matière d'environnement que vient de nous remettre Klaus Töpfer a dressé le constats de carence que présente la situation actuelle. Ces constats rejoignent sur bien des points les analyses que la France avait conduite l'an dernier dans le cadre de sa présidence de l'Union européenne.
Ces réflexions rejoignent aussi celles menées dans d'autres enceintes, qui concluent à la nécessité d'une réforme de l'architecture institutionnelle mondiale issue de Bretton Woods.
Il s'agit d'être bien conscients dans ce débat du coût de la non-gouvernance globale. Clairement, deux facteurs ne sont pas assumés, l'environnement et la pauvreté. Certains sujets sont quasiment orphelins, c'est le cas du sujet commerce-environnement.
Un renforcement des structures existantes, au premier rang desquelles le PNUE, pourrait aboutir à terme à la création d'une organisation mondiale, comme il en existe dans le domaine de la santé ou du travail.
Les difficultés que nous rencontrons aujourd'hui sur le changement climatique illustrent cette insuffisance des règles de fonctionnement globales dans le domaine de l'environnement.
Le protocole de Kyoto est le fruit d'un long travail qui a associé pendant plusieurs années les experts et les responsables politiques de l'ensemble des parties. Il est le seul compromis pour aboutir à une réelle réduction globales des émissions de gaz à effet de serre sans compromettre la croissance économique mondiale ni le développement des pays du Sud. C'est la seule voie d'une lutte efficace contre le changement climatique et les calamités qui l'accompagnent.
La France a pour sa part conduit à terme son processus interne de ratification, avec l'appui unanime de l'Assemblée nationale et du Sénat. Nous encourageons tous les pays et tous les gouvernements responsables à nous rejoindre dans cette démarche. Notre ambition reste intacte : mettre en uvre le Protocole de Kyoto, le ratifier et le faire entrer en vigueur dans la perspective du Sommet de Johannesburg.
Cette neuvième session de la Commission du Développement durable traite parmi ses sujets de l'énergie et des transports, deux domaines fortement indépendants. Nous devons accorder une attention particulière aux choix d'urbanisme, aux infrastructures de transport dans les grandes villes en croissance rapide, car cela détermine les consommations énergétiques pour plusieurs décennies. Les pays développés peuvent aider ceux en développement à réaliser des "sauts technologiques" dans ce domaine.
La France souhaite que les travaux engagés dans cette enceinte puissent être poursuivis, dans la perspective du Sommet mondial du Développement durable de 2002.
Le principal défi auquel nous sommes confrontés est d'assurer l'accès aux services énergétiques indispensables au progrès social et économique de toutes les populations du monde. Deux milliards de personnes sont privées d'un accès équitable à l'énergie. Or cet accès est non seulement gage de développement, mais condition de leur santé, et même de leur survie.
Pour relever ce défi, il faut trouver les moyens de faire face aux besoins énergétiques dans tous les domaines - l'habitat, les transports, l'agriculture, l'industrie, la santé - avec des solutions socialement acceptables et respectueuses de l'environnement. Il faut utiliser tout le potentiel des énergies nouvelles et renouvelables, des mesures d'efficacité énergétique et de maîtrise de l'énergie. Ce partenariat entre les pays industrialisés et les pays en développement doit articuler tous les moyens à notre disposition : coopération multilatérale et bilatérale, investissement privé, mobilisation des Etats et des citoyens. Des solutions existent qui permettent la création d'emplois, et font progresser l'indépendance énergétique des pays.
Je voudrais enfin dire quelques mots sur la préparation du Sommet de Johannesburg.
Au-delà du bilan de ce qui a été accompli depuis le Sommet de la Terre, il sera l'occasion d'ouvrir de nouveaux chantiers.
Il faut réfléchir à la façon de mieux faciliter les transferts de technologie, de cibler l'aide au développement. Le succès de ce sommet mondial reposera sur l'association étroite de la société civile. La France est en train d'élaborer une stratégie nationale de développement durable, en vue de Johannesburg. Un collectif national d'associations a été constitué pour mobiliser la société civile à l'occasion de ce sommet.
Outre le renforcement de la gouvernance internationale de l'environnement, que j'ai évoqué, la France considère que trois sujets doivent être traités en priorité :
- l'eau, défi reconnu majeur par tous les experts, au cur de questions de santé, de pauvreté, d'environnement, de stabilité ;
- l'énergie : un développement énergétique durable doit être une priorité tant pour les pays industrialisés que pour les pays en développement ;
- la santé, au cur de toute stratégie de lutte contre la pauvreté.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.fr, le 26 avril 2001)
Mesdames et Messieurs,
Chers Collègues,
C'est avec beaucoup de plaisir et non sans une certaine émotion que je m'adresse à vous car nous sommes à la veille d'un rendez-vous important. Dix ans après Rio, mais aussi trente ans après Stockholm, c'est en 2002, et c'est demain.
Nous serons à l'heure des bilans, de l'évaluation de l'exercice de nos responsabilités, de l'appréciation du chemin parcouru vers un développement qui réponde au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Nous avons fait du chemin. Des conventions nouvelles sont nées de Rio mais aussi des réflexes, des comportements nouveaux. Ce qui est en jeu maintenant, c'est la question du comment : comment intégrer les préoccupations économiques, sociales, environnementales, culturelles, dans nos comportements au quotidien, dans nos politiques de moyen et de long terme.
Car c'est la question de la croissance équitable à long terme qui est posée, et qui doit être l'axe de notre action et de nos politiques. Pour cela, il faut raisonner à l'échelle mondiale pour décider de l'allocation de nos ressources afin de laisser un monde où la pauvreté, la souffrance, les problèmes de santé seront moins répandus.
En matière d'environnement, les enjeux sont de plus en plus globaux. La structure institutionnelle actuelle dans ce domaine n'est pas satisfaisante, elle joue au détriment des accords multilatéraux sur l'environnement, elle n'est pas satisfaisante par rapport à la montée en puissance d'autres organisations internationales comme l'OMC, qui ne disposent pas d'un interlocuteur ayant la même visibilité et la même autorité.
Le rapport sur la gouvernance internationale en matière d'environnement que vient de nous remettre Klaus Töpfer a dressé le constats de carence que présente la situation actuelle. Ces constats rejoignent sur bien des points les analyses que la France avait conduite l'an dernier dans le cadre de sa présidence de l'Union européenne.
Ces réflexions rejoignent aussi celles menées dans d'autres enceintes, qui concluent à la nécessité d'une réforme de l'architecture institutionnelle mondiale issue de Bretton Woods.
Il s'agit d'être bien conscients dans ce débat du coût de la non-gouvernance globale. Clairement, deux facteurs ne sont pas assumés, l'environnement et la pauvreté. Certains sujets sont quasiment orphelins, c'est le cas du sujet commerce-environnement.
Un renforcement des structures existantes, au premier rang desquelles le PNUE, pourrait aboutir à terme à la création d'une organisation mondiale, comme il en existe dans le domaine de la santé ou du travail.
Les difficultés que nous rencontrons aujourd'hui sur le changement climatique illustrent cette insuffisance des règles de fonctionnement globales dans le domaine de l'environnement.
Le protocole de Kyoto est le fruit d'un long travail qui a associé pendant plusieurs années les experts et les responsables politiques de l'ensemble des parties. Il est le seul compromis pour aboutir à une réelle réduction globales des émissions de gaz à effet de serre sans compromettre la croissance économique mondiale ni le développement des pays du Sud. C'est la seule voie d'une lutte efficace contre le changement climatique et les calamités qui l'accompagnent.
La France a pour sa part conduit à terme son processus interne de ratification, avec l'appui unanime de l'Assemblée nationale et du Sénat. Nous encourageons tous les pays et tous les gouvernements responsables à nous rejoindre dans cette démarche. Notre ambition reste intacte : mettre en uvre le Protocole de Kyoto, le ratifier et le faire entrer en vigueur dans la perspective du Sommet de Johannesburg.
Cette neuvième session de la Commission du Développement durable traite parmi ses sujets de l'énergie et des transports, deux domaines fortement indépendants. Nous devons accorder une attention particulière aux choix d'urbanisme, aux infrastructures de transport dans les grandes villes en croissance rapide, car cela détermine les consommations énergétiques pour plusieurs décennies. Les pays développés peuvent aider ceux en développement à réaliser des "sauts technologiques" dans ce domaine.
La France souhaite que les travaux engagés dans cette enceinte puissent être poursuivis, dans la perspective du Sommet mondial du Développement durable de 2002.
Le principal défi auquel nous sommes confrontés est d'assurer l'accès aux services énergétiques indispensables au progrès social et économique de toutes les populations du monde. Deux milliards de personnes sont privées d'un accès équitable à l'énergie. Or cet accès est non seulement gage de développement, mais condition de leur santé, et même de leur survie.
Pour relever ce défi, il faut trouver les moyens de faire face aux besoins énergétiques dans tous les domaines - l'habitat, les transports, l'agriculture, l'industrie, la santé - avec des solutions socialement acceptables et respectueuses de l'environnement. Il faut utiliser tout le potentiel des énergies nouvelles et renouvelables, des mesures d'efficacité énergétique et de maîtrise de l'énergie. Ce partenariat entre les pays industrialisés et les pays en développement doit articuler tous les moyens à notre disposition : coopération multilatérale et bilatérale, investissement privé, mobilisation des Etats et des citoyens. Des solutions existent qui permettent la création d'emplois, et font progresser l'indépendance énergétique des pays.
Je voudrais enfin dire quelques mots sur la préparation du Sommet de Johannesburg.
Au-delà du bilan de ce qui a été accompli depuis le Sommet de la Terre, il sera l'occasion d'ouvrir de nouveaux chantiers.
Il faut réfléchir à la façon de mieux faciliter les transferts de technologie, de cibler l'aide au développement. Le succès de ce sommet mondial reposera sur l'association étroite de la société civile. La France est en train d'élaborer une stratégie nationale de développement durable, en vue de Johannesburg. Un collectif national d'associations a été constitué pour mobiliser la société civile à l'occasion de ce sommet.
Outre le renforcement de la gouvernance internationale de l'environnement, que j'ai évoqué, la France considère que trois sujets doivent être traités en priorité :
- l'eau, défi reconnu majeur par tous les experts, au cur de questions de santé, de pauvreté, d'environnement, de stabilité ;
- l'énergie : un développement énergétique durable doit être une priorité tant pour les pays industrialisés que pour les pays en développement ;
- la santé, au cur de toute stratégie de lutte contre la pauvreté.
Je vous remercie.
(source http://www.diplomatie.fr, le 26 avril 2001)