Texte intégral
F. Rivière.- Bonjour L. Chatel.
Bonjour F. Rivière.
Je voudrais qu'on évoque, pour commencer, le cas de cette ressortissante française, F. Cassez, en détention préventive depuis trois ans au Mexique, elle a été condamnée hier soir à 70 ans de prison par la justice mexicaine pour enlèvement en compagnie d'une bande de malfaiteurs. Son avocat crie au scandale, "tout, ditil, démontre son innocence". Le président de la République s'envole dimanche pour le Mexique, il avait reçu les parents de la jeune femme en mai dernier. D'après vous, N. Sarkozy va-t-il évoquer cette affaire avec les autorités mexicaines ?
Oui, absolument, vous savez, la situation de F. Cassez préoccupe le Gouvernement, préoccupe le président de la République. Comme vous l'aviez rappelé à l'instant, il avait eu l'occasion de recevoir ses parents il y a quelques mois. Le président de la République se rend au Mexique dans quelques jours, il aura donc l'occasion d'évoquer à nouveau ce sujet. L'objectif - la France ne l'a jamais caché - pour le Gouvernement, pour le président de la République, c'est clairement d'obtenir le transfert de F. Cassez.
Oui. Son père lance ce matin un appel au président de la République, il lui demande - je le cite - de ramener sa fille. Est-ce qu'il a une chance d'être entendu ?
Ecoutez, encore une fois, le président de la République a montré vis-à-vis de la famille qu'il était totalement mobilisé sur le cas de leur fille. Il aura l'occasion, en se rendant au Mexique, dans les prochains jours, d'évoquer à nouveau le sujet avec le gouvernement mexicain. Et l'objectif reste le même : obtenir le transfert de F. Cassez.
70 ans de prison, c'est une peine qui n'existe pas en France, si elle était ramenée en France, il y aurait donc une conversion, j'imagine ?
Oui, il y a des juridictions, il y a des dispositions qui existent, qui sont prévues et qui permettent un tel transfert.
Plusieurs personnalités politiques, qui appartiennent à la majorité, ont reçu ces derniers jours des menaces de mort sous forme de lettres anonymes, accompagnées de balles, de calibre 9 ou 38 millimètres, parmi les destinataires, le président de la République lui-même, le ministre de la Justice, de l'Intérieur, de la Culture ainsi que le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre, Alain Juppé. Est-ce que cette affaire est prise au sérieux ou est-ce qu'on s'oriente vers l'acte d'un déséquilibré ?
Elle est, en tout état de cause, prise au sérieux par les autorités, et c'est la raison pour laquelle une enquête a été ouverte par la section antiterroriste de Paris, et l'enquête a été confiée à la brigade criminelle. C'est effectivement une affaire prise au sérieux dans la mesure où peu importe l'origine de la source, elle peut effectivement être à l'origine d'un déséquilibré, mais il est important qu'il puisse y avoir une enquête, que les autorités se mobilisent sur ce sujet.
L. Chatel, le Gouvernement présente aujourd'hui en Conseil des ministres une version rectifiée du budget 2009, vous prévoyez un recul du produit intérieur brut de 1,5% et un déficit d'à peu près cent milliards d'euros. La Commission européenne envisage une baisse du PIB de 1,8, le FMI de 1,9 ; est-ce que vos chiffres ne sont pas encore trop optimistes ou - pour dire les choses autrement - pas assez pessimistes, c'est vrai que la ministre de l'Economie nous a habitué à un certain optimisme à toute épreuve.
Non, je crois que, objectivement, et ce sont l'ensemble des analystes et des observateurs - j'allais dire mondiaux, quand vous lisez la presse internationale, vous le faites ici à Radio France Internationale, en ayant une vision globale - qui démontrent que la France est entrée plus tard et moins fort dans la crise. Nous adaptons nos prévisions de croissance, comme nous l'avons dit depuis le début, nous le faisons en intégrant les éléments que nous avons de la part des différents analystes et des différents experts. Nous sommes effectivement sur une tendance entre moins 1 et moins 1,5% sur cette année au niveau du PIB, de l'évolution du PIB. J'observe qu'on est plutôt à moins 3% en Allemagne, je ne vous parle même pas du Japon où le trimestre dernier, on était à moins 12. Donc on a - c'est vrai - en France, sans doute notre système de protection qui joue un peu le rôle d'amortisseur social, face à la violence de cette crise.
Lorsque le plan de relance a été élaboré, puis, annoncé, il y a tout juste trois mois, est-ce que vous saviez que cette crise serait aussi profonde, qu'elle aurait une incidence aussi lourde sur l'emploi ?
Oui, rappelez-vous, c'était avant la fin du mois de septembre dernier à Toulon, le président de la République, sans doute le premier, a parlé de la violence de cette crise et du fait qu'elle ne serait pas courte. A l'époque, il a été critiqué par un certain nombre d'observateurs qui ont dit : ah, il dramatise la situation et autres. Non, il avait dit très clairement : ce sera une crise dure, violente et longue. Et c'est la raison pour laquelle, dès le début, il a voulu prendre des initiatives au niveau européen, au niveau mondial, il a été le premier en tant que président de l'Union européenne à réunir les différents acteurs, à proposer l'organisation du G20, et surtout, le premier pays d'Europe à proposer, mettre en oeuvre un plan de relance. Donc dès le début de cette crise, nous avons compris qu'elle serait longue et qu'elle serait forte et qu'elle appelait donc des réponses exceptionnelles.
Mais vous dites que le président de la République a pris conscience de cela dès le mois de septembre, qu'il en a parlé, mais ce même mois de septembre, le 21, C. Lagarde prévoyait encore une croissance en France pour 2009, une croissance molle, mais une croissance.
Oui, parce que, à l'époque, nous étions juste quelques jours après la faillite de Lehmann Brothers, mais il n'y avait pas encore eu le tsunami, la vague de fond de cette crise qui avait contaminé, donc nous savions qu'il y aurait une contamination, mais nous ne connaissions pas encore le moment, à quel moment elle pourrait... notre pays, notre économie seraient contaminés totalement. Donc encore une fois, nous avons dit depuis le début que nous adapterions, au fur et à mesure des éléments que nous aurions, nos prévisions de croissance, c'est ce que nous faisons aujourd'hui.
Alors vous dites qu'il n'est pas nécessaire d'envisager un deuxième plan de relance, qu'il n'y en aura pas. Est-ce que c'est parce que vous pensez vraiment qu'il n'y en a pas besoin ou est-ce que c'est parce que vous n'avez pas les marges de manoeuvre financière pour le faire ?
Je pense, nous pensons deux choses : premièrement, c'est que, contrairement à ce qu'on peut entendre ici ou là, le plan de relance français est à la hauteur de l'enjeu, ce n'est pas un plan de vingt-six milliards d'euros, il faudrait y ajouter tout ce qui est fait par exemple pour l'investissement dans les participations dans les entreprises ; le fonds stratégique d'investissement, c'est vingt milliards d'euros, il faudrait y ajouter tout ce qui a été fait pour les PME, c'est de l'ordre de vingt-deux milliards d'euros. Donc on n'est plus à vingt-six milliards, mais on est dans l'ordre de soixante milliards d'euros ; donc dire qu'il est insuffisant, ce n'est vraiment pas objectif. Deuxièmement, nous avons démontré depuis le début de cette crise qu'à chaque fois qu'il fallait faire davantage, tenir compte d'un élément nouveau dans cette crise, nous l'avons fait. Prenez l'exemple du plan automobile, nous avons réagi en moins de deux mois à la violence de la crise dans l'automobile par un plan de soutien massif à la profession. Ensuite, le président de la République a réuni les partenaires sociaux, et il a intégré la donne sociale dans cette crise. Aujourd'hui, nous allons passer en collectif budgétaire, au Conseil des ministres, les mesures, notamment, je pense à la suppression des deuxièmes et troisièmes tiers de l'impôt sur le revenu. On a tenu compte donc de l'évolution de la crise. Donc encore une fois, nous avons un plan de relance à la hauteur de l'enjeu, mais le président de la République a toujours dit que si c'était nécessaire, nous sommes prêts à aller plus loin à chaque fois que c'est nécessaire.
Merci L. Chatel, bonne journée.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 mars 2009
Bonjour F. Rivière.
Je voudrais qu'on évoque, pour commencer, le cas de cette ressortissante française, F. Cassez, en détention préventive depuis trois ans au Mexique, elle a été condamnée hier soir à 70 ans de prison par la justice mexicaine pour enlèvement en compagnie d'une bande de malfaiteurs. Son avocat crie au scandale, "tout, ditil, démontre son innocence". Le président de la République s'envole dimanche pour le Mexique, il avait reçu les parents de la jeune femme en mai dernier. D'après vous, N. Sarkozy va-t-il évoquer cette affaire avec les autorités mexicaines ?
Oui, absolument, vous savez, la situation de F. Cassez préoccupe le Gouvernement, préoccupe le président de la République. Comme vous l'aviez rappelé à l'instant, il avait eu l'occasion de recevoir ses parents il y a quelques mois. Le président de la République se rend au Mexique dans quelques jours, il aura donc l'occasion d'évoquer à nouveau ce sujet. L'objectif - la France ne l'a jamais caché - pour le Gouvernement, pour le président de la République, c'est clairement d'obtenir le transfert de F. Cassez.
Oui. Son père lance ce matin un appel au président de la République, il lui demande - je le cite - de ramener sa fille. Est-ce qu'il a une chance d'être entendu ?
Ecoutez, encore une fois, le président de la République a montré vis-à-vis de la famille qu'il était totalement mobilisé sur le cas de leur fille. Il aura l'occasion, en se rendant au Mexique, dans les prochains jours, d'évoquer à nouveau le sujet avec le gouvernement mexicain. Et l'objectif reste le même : obtenir le transfert de F. Cassez.
70 ans de prison, c'est une peine qui n'existe pas en France, si elle était ramenée en France, il y aurait donc une conversion, j'imagine ?
Oui, il y a des juridictions, il y a des dispositions qui existent, qui sont prévues et qui permettent un tel transfert.
Plusieurs personnalités politiques, qui appartiennent à la majorité, ont reçu ces derniers jours des menaces de mort sous forme de lettres anonymes, accompagnées de balles, de calibre 9 ou 38 millimètres, parmi les destinataires, le président de la République lui-même, le ministre de la Justice, de l'Intérieur, de la Culture ainsi que le maire de Bordeaux et ancien Premier ministre, Alain Juppé. Est-ce que cette affaire est prise au sérieux ou est-ce qu'on s'oriente vers l'acte d'un déséquilibré ?
Elle est, en tout état de cause, prise au sérieux par les autorités, et c'est la raison pour laquelle une enquête a été ouverte par la section antiterroriste de Paris, et l'enquête a été confiée à la brigade criminelle. C'est effectivement une affaire prise au sérieux dans la mesure où peu importe l'origine de la source, elle peut effectivement être à l'origine d'un déséquilibré, mais il est important qu'il puisse y avoir une enquête, que les autorités se mobilisent sur ce sujet.
L. Chatel, le Gouvernement présente aujourd'hui en Conseil des ministres une version rectifiée du budget 2009, vous prévoyez un recul du produit intérieur brut de 1,5% et un déficit d'à peu près cent milliards d'euros. La Commission européenne envisage une baisse du PIB de 1,8, le FMI de 1,9 ; est-ce que vos chiffres ne sont pas encore trop optimistes ou - pour dire les choses autrement - pas assez pessimistes, c'est vrai que la ministre de l'Economie nous a habitué à un certain optimisme à toute épreuve.
Non, je crois que, objectivement, et ce sont l'ensemble des analystes et des observateurs - j'allais dire mondiaux, quand vous lisez la presse internationale, vous le faites ici à Radio France Internationale, en ayant une vision globale - qui démontrent que la France est entrée plus tard et moins fort dans la crise. Nous adaptons nos prévisions de croissance, comme nous l'avons dit depuis le début, nous le faisons en intégrant les éléments que nous avons de la part des différents analystes et des différents experts. Nous sommes effectivement sur une tendance entre moins 1 et moins 1,5% sur cette année au niveau du PIB, de l'évolution du PIB. J'observe qu'on est plutôt à moins 3% en Allemagne, je ne vous parle même pas du Japon où le trimestre dernier, on était à moins 12. Donc on a - c'est vrai - en France, sans doute notre système de protection qui joue un peu le rôle d'amortisseur social, face à la violence de cette crise.
Lorsque le plan de relance a été élaboré, puis, annoncé, il y a tout juste trois mois, est-ce que vous saviez que cette crise serait aussi profonde, qu'elle aurait une incidence aussi lourde sur l'emploi ?
Oui, rappelez-vous, c'était avant la fin du mois de septembre dernier à Toulon, le président de la République, sans doute le premier, a parlé de la violence de cette crise et du fait qu'elle ne serait pas courte. A l'époque, il a été critiqué par un certain nombre d'observateurs qui ont dit : ah, il dramatise la situation et autres. Non, il avait dit très clairement : ce sera une crise dure, violente et longue. Et c'est la raison pour laquelle, dès le début, il a voulu prendre des initiatives au niveau européen, au niveau mondial, il a été le premier en tant que président de l'Union européenne à réunir les différents acteurs, à proposer l'organisation du G20, et surtout, le premier pays d'Europe à proposer, mettre en oeuvre un plan de relance. Donc dès le début de cette crise, nous avons compris qu'elle serait longue et qu'elle serait forte et qu'elle appelait donc des réponses exceptionnelles.
Mais vous dites que le président de la République a pris conscience de cela dès le mois de septembre, qu'il en a parlé, mais ce même mois de septembre, le 21, C. Lagarde prévoyait encore une croissance en France pour 2009, une croissance molle, mais une croissance.
Oui, parce que, à l'époque, nous étions juste quelques jours après la faillite de Lehmann Brothers, mais il n'y avait pas encore eu le tsunami, la vague de fond de cette crise qui avait contaminé, donc nous savions qu'il y aurait une contamination, mais nous ne connaissions pas encore le moment, à quel moment elle pourrait... notre pays, notre économie seraient contaminés totalement. Donc encore une fois, nous avons dit depuis le début que nous adapterions, au fur et à mesure des éléments que nous aurions, nos prévisions de croissance, c'est ce que nous faisons aujourd'hui.
Alors vous dites qu'il n'est pas nécessaire d'envisager un deuxième plan de relance, qu'il n'y en aura pas. Est-ce que c'est parce que vous pensez vraiment qu'il n'y en a pas besoin ou est-ce que c'est parce que vous n'avez pas les marges de manoeuvre financière pour le faire ?
Je pense, nous pensons deux choses : premièrement, c'est que, contrairement à ce qu'on peut entendre ici ou là, le plan de relance français est à la hauteur de l'enjeu, ce n'est pas un plan de vingt-six milliards d'euros, il faudrait y ajouter tout ce qui est fait par exemple pour l'investissement dans les participations dans les entreprises ; le fonds stratégique d'investissement, c'est vingt milliards d'euros, il faudrait y ajouter tout ce qui a été fait pour les PME, c'est de l'ordre de vingt-deux milliards d'euros. Donc on n'est plus à vingt-six milliards, mais on est dans l'ordre de soixante milliards d'euros ; donc dire qu'il est insuffisant, ce n'est vraiment pas objectif. Deuxièmement, nous avons démontré depuis le début de cette crise qu'à chaque fois qu'il fallait faire davantage, tenir compte d'un élément nouveau dans cette crise, nous l'avons fait. Prenez l'exemple du plan automobile, nous avons réagi en moins de deux mois à la violence de la crise dans l'automobile par un plan de soutien massif à la profession. Ensuite, le président de la République a réuni les partenaires sociaux, et il a intégré la donne sociale dans cette crise. Aujourd'hui, nous allons passer en collectif budgétaire, au Conseil des ministres, les mesures, notamment, je pense à la suppression des deuxièmes et troisièmes tiers de l'impôt sur le revenu. On a tenu compte donc de l'évolution de la crise. Donc encore une fois, nous avons un plan de relance à la hauteur de l'enjeu, mais le président de la République a toujours dit que si c'était nécessaire, nous sommes prêts à aller plus loin à chaque fois que c'est nécessaire.
Merci L. Chatel, bonne journée.
Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 mars 2009