Texte intégral
Monsieur le Ministre
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Chers amis,
« L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait ». Cette phrase de Georges Bernanos prend un écho très particulier alors que 2009 s'ouvre à nous ! Cette phrase empreinte de volontarisme traduit à mon sens l'état d'esprit de nos dirigeants, femmes et hommes d'action et de décision. Les chefs d'entreprise n'attendent pas que l'avenir s'impose à eux pour agir et entreprendre !
Sans oublier le monde qui nous entoure et ses contraintes, j'aime cette idée que nous avons en nous et dans nos mains les moyens d'avancer et de construire, même s'il faut nous battre pour réussir. En ces périodes de crise, les PME résistent dans leur grande majorité avec courage et détermination, sérénité et sang froid ! Beaucoup d'entre elles ne veulent pas subir l'avenir mais le construire ! La Confédération est et restera à leurs côtés en 2009, comme elle l'a été en 2008, pour faire face ensemble à une année qui s'annonce difficile. Sans angélisme mais sans pessimisme exagéré, je souhaite que malgré la crise, nous puissions garder le cap et rester maîtres de notre avenir.
C'est dans cet esprit que la CGPME travaille jour après jour pour défendre les intérêts des artisans, des TPE et des PME et porter un message concret et pragmatique. C'est dans cet esprit que la CGPME ne cesse de faire des propositions pour consolider le présent et préparer l'avenir.
L'année 2008 restera l'année où la crise immobilière et financière des Etats-Unis s'est transformée en crise économique mondiale ; l'année où nos économies ont vacillé sur leurs fondements menaçant ainsi un système capitaliste dont on ne soupçonnait pas qu'il était aussi fragile ! Si certains spéculateurs ont joué aux apprentis sorciers, ce ne sont pas les principes même du capitalisme et de l'économie de marché qui doivent être remis en cause mais bien les dérives d'un système bancaire et financier qui a pris des risques inconsidérés !
Nous n'avons jamais été pour un Etat Providence ni pour un Etat intervenant sans cesse dans la vie économique. Notre avis n'a pas changé. Mais lorsque, depuis bien longtemps déjà, la CGPME en appelle à l'Etat pour organiser l'économie de marché pour éviter que le jeu soit faussé par des abus de positions dominantes, des distorsions de concurrence... en un mot pour rétablir l'équilibre entre les petits et les gros, n'étions-nous pas dans le vrai ?
La CGPME a toujours prôné un libéralisme tempéré, au centre duquel nous plaçons l'Homme. Les faits nous donnent aujourd'hui raison.
Depuis 4 mois nous oeuvrons pour soutenir concrètement les PME qui ont du mal à trouver des financements. Nous avons été sur tous les fronts, celui des banques, celui des assureurs-crédit, celui de l'affacturage pour faire des propositions et trouver des solutions.
Monsieur le Ministre, je tiens à saluer ici l'action rapide, déterminée et concertée du président de la République et du gouvernement pour éviter l'effondrement du système bancaire et donc de notre économie tout entière. Sans cela, et même si, pour certains, c'est toujours difficile à croire, nous n'aurions pas échappé aux files de clients venus retirer leur argent dans les banques ! Mais l'effort de l'Etat, et donc des contribuables que nous sommes tous, n'est pas inconditionnel. Racheter des pleines pages dans les journaux pour affirmer sa bonne volonté ne suffira pas !
La véritable question est : les banques jouent-elles vraiment le jeu ? Malgré l'appui du médiateur du crédit, les premiers résultats tardent à venir et nous pouvons regretter qu'en ce début d'année, les PME aient encore des difficultés à trouver des financements.
Est-il normal que les chefs d'entreprise paient le prix fort d'une situation qu'ils n'ont pas provoquée ? Cela n'est pas acceptable ! La CGPME continuera donc en 2009, comme elle l'a fait en 2008, d'accompagner, de soutenir les PME et de dénoncer les abus. Si nous ne le faisons pas, qui d'autre le fera ? Notre indépendance réelle nous permet une totale liberté d'expression.
La crise actuelle doit également nous conduire à tirer des leçons pour l'avenir. La première, c'est que nos Etats ne peuvent pas faire face à de tels chocs économiques et financiers sans un minimum de régulation internationale. La deuxième, c'est qu'il est urgent de revenir à plus d'éthique et de transparence dans nos économies.
Les PME sont aujourd'hui au coeur de toutes les préoccupations ! Tant mieux ! Ceux qui, hier, nous considéraient comme quantité négligeable savent, aujourd'hui, que nous sommes l'économie réelle, le capitalisme de production qui crée l'emploi et la richesse en France, ceux qui prennent de vrais risques !
On nous reproche parfois de n'être pas suffisamment « politique ». Eh bien, mes amis, je pense quant à moi que ce n'est pas le rôle d'une organisation patronale comme la CGPME.
Faut-il rougir de défendre avant tout les petites entreprises ? Fallait-il, lorsque le Gouvernement a été plus loin que les partenaires sociaux en faisant du contingent d'heures supplémentaires un minimum légal, « tordre le nez » en réclamant un strict respect du texte signé plutôt que d'applaudir un pas de plus vers la liberté de travailler davantage ?
Fallait-il lorsque ce même Gouvernement permet aux salariés qui le souhaitent de continuer à travailler jusqu'à 70 ans, même sans l'accord de leur employeur, se réjouir ou dénoncer la résurgence d'une fausse bonne idée comme avait pu l'être en son temps la contribution Delalande ? Nous avons joué notre rôle pour le bien des entreprises, de manière pragmatique.
Permettez-moi, à cet égard, de m'étonner de certains signaux contradictoires qui nous sont parfois adressés :
On veut inciter les PME à s'engager sur la voie de l'intéressement en les y incitant fiscalement et on taxe davantage les sommes consacrées en inventant un « forfait social » !
On s'inquiète de la trésorerie des PME et on invente une prime transport qui viendra peser davantage encore sur leur compétitivité ! Une décision prise pour tenir compte des effets d'un baril à 140 $ n'aurait-elle pas méritée d'être revue avec un baril aujourd'hui à moins de 40 $ ?
A l'inverse, le report de la hausse prévue de la cotisation d'Assurance Vieillesse, que le Premier Ministre m'a confirmé la semaine dernière, est pour nous un soulagement. Ce souci de tout faire pour éviter que l'on augmente les charges de nos entreprises, a d'ailleurs guidé notre positionnement tout au long des dernières négociations sociales.
Ceux qui auraient voulu nous y voir renoncer en ont été pour leur frais ! Et si je viens d'annoncer que la CGPME ratifiera la nouvelle convention sur l'assurance chômage, ce sera à la condition expresse que les cotisations diminuent effectivement au 1er juillet prochain. Si tel n'était pas le cas, nous n'hésiterions pas à retirer notre signature !
On ne peut en effet arguer de la bonne santé financière du régime pour y faire rentrer des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires et expliquer aux chefs d'entreprise qu'on n'est pas en mesure de leur garantir une baisse des cotisations !
Nous savons également prendre nos responsabilités.
Alors lorsque le Gouvernement accepte notre demande de moduler davantage ses remboursements en augmentant ceux des PME pour ratifier le texte sur le chômage partiel, nous répondons d'Accord.
De même, la CGPME signera le texte sur la formation professionnelle qui présente notamment le mérite, au travers de la Préparation Opérationnelle à l'Emploi (POE) de partir d'une offre d'emploi identifiée pour adapter une compétence et non l'inverse.
La Confédération, et je remercie chaleureusement les nombreux parlementaires qui nous font l'amitié d'être là ce soir, continuera en 2009 à entretenir des liens étroits avec le Parlement. Nous y sommes de plus en plus présents, et le coup d'arrêt salutaire qui a été porté à la généralisation de l'ouverture dominicale, montre que nous y sommes également de plus en plus écoutés.
Alors, là encore, si je devais formuler un voeu ce serait de mettre fin à « l'inflation législative ».
Les textes concernant les PME s'égrènent comme un chapelet ininterrompu au fil des jours. Bien malin le chef d'entreprise qui s'y retrouve.
Pourquoi ne pas prévoir de publier uniquement au Journal Officiel, 1 ou 2 fois par an, toutes les mesures concernant les petites entreprises ? Cette sorte de RV nous permettrait de ne rien laisser échapper.
Voilà une vraie réforme, et qui plus est, elle ne coûterait pas un centime au contribuable !
En matière fiscale, s'il m'était autorisé de formuler un voeu ce serait que les dépenses d'aujourd'hui ne se transforment pas en impôt de demain. Et là, franchement, il s'agirait plutôt d'un rêve que d'un voeu... Alors s'il est vrai que face à l'ampleur de la crise actuelle il vaut mieux agir que de rester les bras croisés, je ne parviens pas à oublier que les dépenses supplémentaires viendront s'ajouter à un déficit budgétaire qui, crise ou pas, était bien parti pour augmenter ! Alors, qu'on le veuille ou non, il faudra bien un jour ou l'autre s'attaquer au poids de la dépense publique. Pour éviter les coupes sombres trop brutales, pourquoi ne pas permettre à la fonction publique d'avoir recours à l'intérim pour gérer plus souplement ses effectifs en fonction de ses besoins réels ?
Vous le voyez la CGPME ne manque ni d'idée, ni de projet, ni d'ambition.
Mesdames et messieurs, l'année 2008 se termine sur une note bien morose. Mais la crise ne doit pas nous faire oublier en 2009 les défis qui s'imposent à nous en matière de recherche et d'innovation, d'environnement et de développement durable, d'ouverture à l'étranger.
La fiscalité des entreprises sera également un sujet important en 2009 et la réforme en cours des collectivités territoriales aura des répercussions sur les prélèvements obligatoires ; je pense en particulier à la taxe professionnelle dont on nous annonce régulièrement la réforme. La supprimer pour nous taxer davantage sous prétexte de réforme des bases locatives n'aurait aucun sens. Ce qui nous importe c'est de diminuer le poids des prélèvements obligatoires, pas de déplacer les curseurs !
Nos PME se battent quotidiennement pour maintenir leurs activités, remplir leurs carnets de commande et préserver leurs emplois. Je forme le voeu pour 2009 que vos efforts et votre mobilisation, que je sais de tous les instants, vous permettent de traverser cette année sans trop de heurts !
A vous tous, je souhaite une année 2009 aussi bonne que possible ! Des voeux pour vous-même et tous ceux qui vous sont chers, des voeux pour vos réussites professionnelles et personnelles. Excellente année 2009 à toutes et à tous !
Source http://www.cgpme.fr, le 16 janvier 2009