Texte intégral
C. Roux, M. Biraben et L. Mercadet.- M. Biraben : Le ministre du Budget et des Comptes et de la Fonction publique, E. Woerth, est notre invité.
C. Roux : Oui, il a encore accepté de creuser un peu plus le déficit de la France. N. Sarkozy avait parlé de 1,4 milliard, on est à 2,6 milliards. Mesures sociales, mesures de soutien à la consommation ou plan de relance bis qui ne dirait pas son nom pour la bonne cause, dit le président qui veut avant tout protéger ceux qui sont le plus touchés par la crise.
Bonjour.
M. Biraben : Soyez le bienvenu. Après cinq semaines de conflit et un mort, N. Sarkozy reçoit aujourd'hui les élus des Antilles. Est-ce que vous trouvez que la situation a été bien gérée ?
La situation est compliquée évidemment aux Antilles. La Guadeloupe a pris au fur et à mesure du temps vraiment, enfin la situation a pris une tournure difficile. Les violences d'hier sont extraordinairement condamnables. Une personne est décédée, un fonctionnaire des impôts, un syndicaliste, donc c'est évidemment totalement inacceptable, horrible et en même temps, il faut apporter des réponses.
C. Roux : La question, c'est est-ce que cette affaire a été bien gérée par le Gouvernement ?
On fera le bilan de tout cela dans quelques semaines. Ce qu'il faut, c'est en sortir. Oui, il y a eu une gestion évidemment, il y a eu des discussions.
C. Roux : Bonne ? Vous avez du mal à le dire...
La situation est complexe. Je ne vais pas dire que c'est bien géré parce que la situation est aujourd'hui complexe. Aujourd'hui, le président de la République reçoit les élus, le Premier ministre est beaucoup intervenu. Il y aura un comité interministériel de l'Outre-mer qui permettra de prendre en compte l'ensemble des difficultés. Beaucoup de choses ont été dites aussi aux Guadeloupéens, l'avancée du RSA, des allocations supplémentaires en ce qui concerne le logement, donc beaucoup de choses extrêmement concrètes ont été dites et seront faites. Donc la souffrance, si je puis dire, des Guadeloupéens aujourd'hui est prise en compte. Leurs revendications sont évidemment prises en compte.
C. Roux : Est-ce que c'est un sujet anecdotique ?
Mais c'est très compliqué, il y a beaucoup de choses à l'intérieur.
C. Roux : Est-ce que c'est un sujet anecdotique pour le président de la République ?
Ce n'est pas anecdotique du tout !
C. Roux : Alors pourquoi le président de la République n'en a pas parlé hier soir, lors de son intervention ?
Il l'a évoqué à la fin de son intervention, tout simplement parce qu'il va l'évoquer aujourd'hui. Il n'a pas confondu les deux sujets qui étaient un, un sujet de réponse à la crise qui est d'ailleurs, enfin Guadeloupe compris, sur l'ensemble de la France, Guadeloupe compris. Et puis, deuxième point, les problèmes spécifiques à la Guadeloupe que le Président traitera aujourd'hui avec les élus de l'île, et puis en même temps, également, en faisant une déclaration à la télévision ou dans les radios. Et puis demain, comité interministériel, je crois, présidé par le Premier ministre.
C. Roux : Vous parlez de problèmes spécifiques, ça pourrait vouloir dire qu'on pourrait avoir des réponses spécifiques avec une hausse des salaires. Est-ce que ça, par exemple, c'est envisageable à quelques heures de la rencontre entre N. Sarkozy et les élus ?
La hausse des salaires, ça concerne en fait vraiment à la fois le patronat et les partenaires sociaux. C'est une discussion qui a lieu entre les deux, le patronat et les partenaires sociaux. Et cette discussion, elle a lieu en ce moment. Il faudra trouver des voies de solution. Je pense que le patronat doit faire des efforts. Les salariés doivent comprendre aussi probablement les difficultés. Dans cette société guadeloupéenne, il y a beaucoup, il se passe beaucoup de choses. Il y a une crise à la fois identitaire, il y a beaucoup de choses. Il y a beaucoup de chômage aussi. Et la réponse, la vraie réponse c'est d'abord la sortie de crise mais aussi pour la Guadeloupe, et plus généralement d'ailleurs pour les Antilles, un développement économique propre, autonome. Il y a une loi de programmation qui va bientôt passer au Parlement. Le secrétaire d'Etat, Y. Jégo a été chargé d'essayer d'ajuster cette loi de programmation au problème. Franchement, l'Etat s'en occupe beaucoup. Il se passe beaucoup de choses là-bas. Il y a beaucoup de choses aussi presque irrationnelles, la violence prend le dessus. Il faut que l'ordre républicain revienne. C'est la première des priorités. La deuxième priorité, il faut traiter les problèmes sociaux, évidemment, de la Guadeloupe et des Guadeloupéens.
C. Roux : Est-ce que vous trouvez, comme X. Bertrand, que le PS a une attitude irresponsable par rapport à ce qui se passe en Outremer ?
Je trouve qu'il a vraiment attisé et mis des braises sur le feu. On l'a vu avec des déclarations très étonnantes ; S. Royal a fait des déclarations très, très curieuses, on avait presque le sentiment qu'elle souhaitait que ça se passe mal. Donc je trouve qu'il a beaucoup attisé les choses.
C. Roux : On passe aux annonces d'hier soir, à l'issue du sommet social. Est-ce que vous avez le droit de dire ce matin qu'on fait un pas vers la relance par la consommation ou c'est totalement interdit de parler de ça ?
Franchement, on a tous les droits. On n'est pas dans une école avec des autorisations à prendre ou à ne pas prendre.
C. Roux : On est rassurés !
Il ne faut pas brouiller les messages, il ne faut pas non plus donner le sentiment de changer totalement de cap. D'ailleurs, ce serait encore plus inquiétant qu'au contraire réaffirmer ce qui est notre position et qui est la position du Président et du Premier ministre et de l'ensemble du Gouvernement, c'est que la crise, elle doit être combattue par l'investissement en face des dépenses publiques que l'on consent pour se battre contre la crise. C'est évidemment d'abord la première des dépenses l'investissement. Ce n'est pas un débat théorique, il faut sortir de ce côté théorique. Il y a d'un côté beaucoup d'investissements parce qu'en face des dépenses publiques. Il faut, d'une certaine façon, des actifs. C'est très important. Et puis, de l'autre, il faut un accompagnement supplémentaire, social, au-delà de nos systèmes de prestations sociales qui ont beaucoup joué leur rôle - les allocations familiales viennent d'augmenter, l'allocation pour adulte handicapé. Tout ça joue son rôle et c'est très important pour nos concitoyens. Mais à côté, il faut des suppléments et c'est les suppléments qu'a annoncés hier le président de la République aux partenaires sociaux.
C. Roux : C'est important de dire que ce n'est pas un changement de cap ?
C'est très important de montrer qu'on a un cap. C'est très important de montrer qu'on ne change pas d'avis, que l'analyse qu'on a faite est une analyse qui est partagée par la plupart des pays du monde. Et qu'en même temps, les remèdes qu'on essaie d'apporter à ces crises sont des remèdes qui sont adaptés à la situation française et adaptés aussi à la cohérence que doivent avoir ensemble les plans de relance. On n'est pas, comme ça, en train de changer d'avis tous les trois jours simplement parce qu'un leader socialiste ou je ne sais qui, nous dit "vous devriez faire ci, vous devriez faire ça". Il faut garder son sang froid. Il faut à la fois beaucoup de justice. Il faut vraiment beaucoup de justice, faire en sorte que le sentiment des uns et des autres soit un sentiment que chacun est traité justement, que chacun est aidé comme il doit être aidé pour passer le cap de cette crise et qu'en même temps le Gouvernement, il est sur le pont avec beaucoup de sang froid.
M. Biraben : On va voir si c'est le sentiment de ceux qui nous regardent. Ils nous posent une question avec L. Mercadet. L. Mercadet : Il y a plusieurs questions qui portent sur les retraites : il n'y a rien pour les retraités.
Bien sûr, si on prend l'ensemble, on est 64 millions donc chacun regarde aussi en fonction de sa situation. Mais il faut regarder qui est le plus exposé à la crise...
L. Mercadet : Les petites retraites...
...Et les plus exposés, attendez il y a une crise qui nous frappe de plein fouet. Il ne faut vraiment pas oublier ça. Si on oublie ça, on a tout oublié.
C. Roux : Je pense qu'il y a plein de gens qui ne l'oublient pas. C'est le sujet de la question. Oui, mais on a beaucoup de revendications et c'est normal. Les retraites doivent être augmentées au fur et à mesure du temps mais ce n'est pas la question de la crise car les retraites sont indexées. Donc les retraites vont être indexées. On va vers ces 8 milliards de plus sur les systèmes de retraite en 2009 par rapport à 2008. Donc les retraités, c'est évidemment les catégories de population, selon les cas, d'ailleurs différents, qui sont touchés par la crise mais il y a des gens qui sont encore plus touchés, c'est ceux qui vont venir au chômage, toutes les personnes, les jeunes qui ne trouvent pas d'emploi, etc. C'est bien là-dessus qu'il faut essayer de faire en sorte... Des catégories moyennes avec des enfants qui ont des charges de plus en plus élevées. Tout ça, c'est bien ce que nous visons. C'est-à-dire des personnes exposées ou surexposées. En ce qui concerne les retraites, les petites retraites, le minimum vieillesse, par exemple, est augmenté de façon très significative de près de 7 % cette année. Le Président a pris un engagement qui est d'augmenter le minimum vieillesse de 25 %. C'est un engagement qui sera évidemment tenu. Mais essayons de concentrer aussi les efforts que nous faisons, mais aussi les moyens que nous avons, sur les catégories de Français qui ont le plus de mal à traverser la crise. Un jeune qui aujourd'hui ne trouve pas le boulot ou qui a travaillé deux mois, il n'a le droit à rien. Avec les mesures du Président, il y aura 500 euros de plus pour passer le mauvais cap.
C. Roux : On a d'autre sujets à aborder avec vous, je vous demanderai de faire un tout petit peu plus court. Un sujet, le montant critiqué par l'opposition et par une partie des syndicats qui disent ce n'est pas suffisant. N. Sarkozy avait parlé d'1,4 milliard, on est à 2,6 milliards. Pourquoi 2,6 milliards ? Pourquoi pas cinq milliards ? C'est vous qui avez dit qu'on ne peut pas aller au-delà ?
Non. Mais pourquoi pas 2,6 milliards ? Vous voyez, ce n'est pas une sorte d'échelle de perroquet.
C. Roux : Non, mais pour justifier ce chiffre-là.
Parce qu'1,4 milliard, c'est le chiffre, en réalité, de ce que rapportent aux Français, il faut le dire, les investissements, les aides qu'on a consenties aux banques, les garanties d'emprunt, etc. Tout ça est facturé par l'Etat et donc rapporte aux alentours d'1,4 milliard, 1,5 milliard peut-être même. Mais le Président a souhaité aller plus loin parce qu'on a besoin d'aller un petit peu plus loin. Tout doit être plus important. Je pense par exemple aux catégories moyennes, où on supprime en réalité le deuxième et troisième tiers, ils ne vont plus payer d'impôts du tout. Cette année en 2009, ils vont avoir des revenus supplémentaires.
C. Roux : On ne pouvait pas aller au-delà ? C'est la question...
Mais vous savez, cela se greffe sur un système de protection sociale qui a déjà entre 2008 et 2009, fait qu'il y ait 9 milliards de plus, de plus parce que vous me parlez de milliards, je vous le dis, 9 milliards de plus sur les allocations familiales, etc., sur les prestations adulte handicapé, sur l'allocation... Tout ça existe ! Evidemment, on balaie ça en disant "oui, on sait". Non, tout ça existe, tout ça c'est bien des prestations supplémentaires qui n'existent pas dans d'autres pays. Il faut le savoir.
C. Roux : Justement sur les prestations supplémentaires, vous avez un message de L. Parisot qui dit "attention à ce que ça ne se transforme pas en usine à gaz sociale". Vous pouvez la rassurer comment ce matin ?
L. Parisot, hier, dans la discussion qui a eu lieu pendant près de quatre heures entre le président de la République et les partenaires sociaux, a fait part de ses inquiétudes pour les entreprises, pour les petites entreprises et elle a raison. J'étais dans l'Indre il y a deux jours, j'ai rencontré une trentaine de chefs de PME, de petits patrons, ils étaient terriblement inquiets parce que leurs carnets de commandes s'effondrent. Derrière cela, il y a de l'emploi.
C. Roux : Usine à gaz sociale ?
Non, ce n'est pas du tout ça. C'est au contraire une réponse très ciblée sur des personnes, sur des Français qui sont très exposés à la crise, catégories moyennes, jeunes... C'est bien de ceux-là dont il s'agit et on a raison de faire ça. Il faut faire ça et il faut soutenir cet effort-là.
M. Biraben : Votre sujet de prédilection, le déficit.
C. Roux : Oui le déficit, vous avez un autre message...
Non, ce n'est pas un sujet de prédilection.
C. Roux : Vous avez un autre message, de Bruxelles cette fois, qui met en garde la France pour déficit excessif. Est-ce que c'est un sujet de préoccupation ou vous-même vous balayez cela d'un revers de la main ?
On ne balaie rien du tout d'un revers de la main. Je trouve ça un peu gonflé, si vous me permettez cette expression, parce qu'à la fois Bruxelles nous dit, "mais il faut évidemment que les Etats européens combattent la crise, augmentent leurs dépenses publiques", donnent même des niveaux par rapport au PIB d'augmenter les dépenses publiques, et puis, de l'autre, nous dit "attention, vous avez dépassé les déficits qui étaient prévus". Evidemment, qu'on va dépasser les déficits qui étaient prévus parce qu'il y a la crise.
C. Roux : C'est un manque de cohérence de la part de Bruxelles, c'est ça que vous nous dites, c'est un manque de cohérence ?
Je trouve que c'est une procédure un peu technocratique en réalité qui, là, vient un peu bizarrement s'appliquer. Mais ce n'est pas le problème des déficits excessifs. C'est le problème de la crise excessive et c'est bien ça qu'il faut combattre.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 février 2009
C. Roux : Oui, il a encore accepté de creuser un peu plus le déficit de la France. N. Sarkozy avait parlé de 1,4 milliard, on est à 2,6 milliards. Mesures sociales, mesures de soutien à la consommation ou plan de relance bis qui ne dirait pas son nom pour la bonne cause, dit le président qui veut avant tout protéger ceux qui sont le plus touchés par la crise.
Bonjour.
M. Biraben : Soyez le bienvenu. Après cinq semaines de conflit et un mort, N. Sarkozy reçoit aujourd'hui les élus des Antilles. Est-ce que vous trouvez que la situation a été bien gérée ?
La situation est compliquée évidemment aux Antilles. La Guadeloupe a pris au fur et à mesure du temps vraiment, enfin la situation a pris une tournure difficile. Les violences d'hier sont extraordinairement condamnables. Une personne est décédée, un fonctionnaire des impôts, un syndicaliste, donc c'est évidemment totalement inacceptable, horrible et en même temps, il faut apporter des réponses.
C. Roux : La question, c'est est-ce que cette affaire a été bien gérée par le Gouvernement ?
On fera le bilan de tout cela dans quelques semaines. Ce qu'il faut, c'est en sortir. Oui, il y a eu une gestion évidemment, il y a eu des discussions.
C. Roux : Bonne ? Vous avez du mal à le dire...
La situation est complexe. Je ne vais pas dire que c'est bien géré parce que la situation est aujourd'hui complexe. Aujourd'hui, le président de la République reçoit les élus, le Premier ministre est beaucoup intervenu. Il y aura un comité interministériel de l'Outre-mer qui permettra de prendre en compte l'ensemble des difficultés. Beaucoup de choses ont été dites aussi aux Guadeloupéens, l'avancée du RSA, des allocations supplémentaires en ce qui concerne le logement, donc beaucoup de choses extrêmement concrètes ont été dites et seront faites. Donc la souffrance, si je puis dire, des Guadeloupéens aujourd'hui est prise en compte. Leurs revendications sont évidemment prises en compte.
C. Roux : Est-ce que c'est un sujet anecdotique ?
Mais c'est très compliqué, il y a beaucoup de choses à l'intérieur.
C. Roux : Est-ce que c'est un sujet anecdotique pour le président de la République ?
Ce n'est pas anecdotique du tout !
C. Roux : Alors pourquoi le président de la République n'en a pas parlé hier soir, lors de son intervention ?
Il l'a évoqué à la fin de son intervention, tout simplement parce qu'il va l'évoquer aujourd'hui. Il n'a pas confondu les deux sujets qui étaient un, un sujet de réponse à la crise qui est d'ailleurs, enfin Guadeloupe compris, sur l'ensemble de la France, Guadeloupe compris. Et puis, deuxième point, les problèmes spécifiques à la Guadeloupe que le Président traitera aujourd'hui avec les élus de l'île, et puis en même temps, également, en faisant une déclaration à la télévision ou dans les radios. Et puis demain, comité interministériel, je crois, présidé par le Premier ministre.
C. Roux : Vous parlez de problèmes spécifiques, ça pourrait vouloir dire qu'on pourrait avoir des réponses spécifiques avec une hausse des salaires. Est-ce que ça, par exemple, c'est envisageable à quelques heures de la rencontre entre N. Sarkozy et les élus ?
La hausse des salaires, ça concerne en fait vraiment à la fois le patronat et les partenaires sociaux. C'est une discussion qui a lieu entre les deux, le patronat et les partenaires sociaux. Et cette discussion, elle a lieu en ce moment. Il faudra trouver des voies de solution. Je pense que le patronat doit faire des efforts. Les salariés doivent comprendre aussi probablement les difficultés. Dans cette société guadeloupéenne, il y a beaucoup, il se passe beaucoup de choses. Il y a une crise à la fois identitaire, il y a beaucoup de choses. Il y a beaucoup de chômage aussi. Et la réponse, la vraie réponse c'est d'abord la sortie de crise mais aussi pour la Guadeloupe, et plus généralement d'ailleurs pour les Antilles, un développement économique propre, autonome. Il y a une loi de programmation qui va bientôt passer au Parlement. Le secrétaire d'Etat, Y. Jégo a été chargé d'essayer d'ajuster cette loi de programmation au problème. Franchement, l'Etat s'en occupe beaucoup. Il se passe beaucoup de choses là-bas. Il y a beaucoup de choses aussi presque irrationnelles, la violence prend le dessus. Il faut que l'ordre républicain revienne. C'est la première des priorités. La deuxième priorité, il faut traiter les problèmes sociaux, évidemment, de la Guadeloupe et des Guadeloupéens.
C. Roux : Est-ce que vous trouvez, comme X. Bertrand, que le PS a une attitude irresponsable par rapport à ce qui se passe en Outremer ?
Je trouve qu'il a vraiment attisé et mis des braises sur le feu. On l'a vu avec des déclarations très étonnantes ; S. Royal a fait des déclarations très, très curieuses, on avait presque le sentiment qu'elle souhaitait que ça se passe mal. Donc je trouve qu'il a beaucoup attisé les choses.
C. Roux : On passe aux annonces d'hier soir, à l'issue du sommet social. Est-ce que vous avez le droit de dire ce matin qu'on fait un pas vers la relance par la consommation ou c'est totalement interdit de parler de ça ?
Franchement, on a tous les droits. On n'est pas dans une école avec des autorisations à prendre ou à ne pas prendre.
C. Roux : On est rassurés !
Il ne faut pas brouiller les messages, il ne faut pas non plus donner le sentiment de changer totalement de cap. D'ailleurs, ce serait encore plus inquiétant qu'au contraire réaffirmer ce qui est notre position et qui est la position du Président et du Premier ministre et de l'ensemble du Gouvernement, c'est que la crise, elle doit être combattue par l'investissement en face des dépenses publiques que l'on consent pour se battre contre la crise. C'est évidemment d'abord la première des dépenses l'investissement. Ce n'est pas un débat théorique, il faut sortir de ce côté théorique. Il y a d'un côté beaucoup d'investissements parce qu'en face des dépenses publiques. Il faut, d'une certaine façon, des actifs. C'est très important. Et puis, de l'autre, il faut un accompagnement supplémentaire, social, au-delà de nos systèmes de prestations sociales qui ont beaucoup joué leur rôle - les allocations familiales viennent d'augmenter, l'allocation pour adulte handicapé. Tout ça joue son rôle et c'est très important pour nos concitoyens. Mais à côté, il faut des suppléments et c'est les suppléments qu'a annoncés hier le président de la République aux partenaires sociaux.
C. Roux : C'est important de dire que ce n'est pas un changement de cap ?
C'est très important de montrer qu'on a un cap. C'est très important de montrer qu'on ne change pas d'avis, que l'analyse qu'on a faite est une analyse qui est partagée par la plupart des pays du monde. Et qu'en même temps, les remèdes qu'on essaie d'apporter à ces crises sont des remèdes qui sont adaptés à la situation française et adaptés aussi à la cohérence que doivent avoir ensemble les plans de relance. On n'est pas, comme ça, en train de changer d'avis tous les trois jours simplement parce qu'un leader socialiste ou je ne sais qui, nous dit "vous devriez faire ci, vous devriez faire ça". Il faut garder son sang froid. Il faut à la fois beaucoup de justice. Il faut vraiment beaucoup de justice, faire en sorte que le sentiment des uns et des autres soit un sentiment que chacun est traité justement, que chacun est aidé comme il doit être aidé pour passer le cap de cette crise et qu'en même temps le Gouvernement, il est sur le pont avec beaucoup de sang froid.
M. Biraben : On va voir si c'est le sentiment de ceux qui nous regardent. Ils nous posent une question avec L. Mercadet. L. Mercadet : Il y a plusieurs questions qui portent sur les retraites : il n'y a rien pour les retraités.
Bien sûr, si on prend l'ensemble, on est 64 millions donc chacun regarde aussi en fonction de sa situation. Mais il faut regarder qui est le plus exposé à la crise...
L. Mercadet : Les petites retraites...
...Et les plus exposés, attendez il y a une crise qui nous frappe de plein fouet. Il ne faut vraiment pas oublier ça. Si on oublie ça, on a tout oublié.
C. Roux : Je pense qu'il y a plein de gens qui ne l'oublient pas. C'est le sujet de la question. Oui, mais on a beaucoup de revendications et c'est normal. Les retraites doivent être augmentées au fur et à mesure du temps mais ce n'est pas la question de la crise car les retraites sont indexées. Donc les retraites vont être indexées. On va vers ces 8 milliards de plus sur les systèmes de retraite en 2009 par rapport à 2008. Donc les retraités, c'est évidemment les catégories de population, selon les cas, d'ailleurs différents, qui sont touchés par la crise mais il y a des gens qui sont encore plus touchés, c'est ceux qui vont venir au chômage, toutes les personnes, les jeunes qui ne trouvent pas d'emploi, etc. C'est bien là-dessus qu'il faut essayer de faire en sorte... Des catégories moyennes avec des enfants qui ont des charges de plus en plus élevées. Tout ça, c'est bien ce que nous visons. C'est-à-dire des personnes exposées ou surexposées. En ce qui concerne les retraites, les petites retraites, le minimum vieillesse, par exemple, est augmenté de façon très significative de près de 7 % cette année. Le Président a pris un engagement qui est d'augmenter le minimum vieillesse de 25 %. C'est un engagement qui sera évidemment tenu. Mais essayons de concentrer aussi les efforts que nous faisons, mais aussi les moyens que nous avons, sur les catégories de Français qui ont le plus de mal à traverser la crise. Un jeune qui aujourd'hui ne trouve pas le boulot ou qui a travaillé deux mois, il n'a le droit à rien. Avec les mesures du Président, il y aura 500 euros de plus pour passer le mauvais cap.
C. Roux : On a d'autre sujets à aborder avec vous, je vous demanderai de faire un tout petit peu plus court. Un sujet, le montant critiqué par l'opposition et par une partie des syndicats qui disent ce n'est pas suffisant. N. Sarkozy avait parlé d'1,4 milliard, on est à 2,6 milliards. Pourquoi 2,6 milliards ? Pourquoi pas cinq milliards ? C'est vous qui avez dit qu'on ne peut pas aller au-delà ?
Non. Mais pourquoi pas 2,6 milliards ? Vous voyez, ce n'est pas une sorte d'échelle de perroquet.
C. Roux : Non, mais pour justifier ce chiffre-là.
Parce qu'1,4 milliard, c'est le chiffre, en réalité, de ce que rapportent aux Français, il faut le dire, les investissements, les aides qu'on a consenties aux banques, les garanties d'emprunt, etc. Tout ça est facturé par l'Etat et donc rapporte aux alentours d'1,4 milliard, 1,5 milliard peut-être même. Mais le Président a souhaité aller plus loin parce qu'on a besoin d'aller un petit peu plus loin. Tout doit être plus important. Je pense par exemple aux catégories moyennes, où on supprime en réalité le deuxième et troisième tiers, ils ne vont plus payer d'impôts du tout. Cette année en 2009, ils vont avoir des revenus supplémentaires.
C. Roux : On ne pouvait pas aller au-delà ? C'est la question...
Mais vous savez, cela se greffe sur un système de protection sociale qui a déjà entre 2008 et 2009, fait qu'il y ait 9 milliards de plus, de plus parce que vous me parlez de milliards, je vous le dis, 9 milliards de plus sur les allocations familiales, etc., sur les prestations adulte handicapé, sur l'allocation... Tout ça existe ! Evidemment, on balaie ça en disant "oui, on sait". Non, tout ça existe, tout ça c'est bien des prestations supplémentaires qui n'existent pas dans d'autres pays. Il faut le savoir.
C. Roux : Justement sur les prestations supplémentaires, vous avez un message de L. Parisot qui dit "attention à ce que ça ne se transforme pas en usine à gaz sociale". Vous pouvez la rassurer comment ce matin ?
L. Parisot, hier, dans la discussion qui a eu lieu pendant près de quatre heures entre le président de la République et les partenaires sociaux, a fait part de ses inquiétudes pour les entreprises, pour les petites entreprises et elle a raison. J'étais dans l'Indre il y a deux jours, j'ai rencontré une trentaine de chefs de PME, de petits patrons, ils étaient terriblement inquiets parce que leurs carnets de commandes s'effondrent. Derrière cela, il y a de l'emploi.
C. Roux : Usine à gaz sociale ?
Non, ce n'est pas du tout ça. C'est au contraire une réponse très ciblée sur des personnes, sur des Français qui sont très exposés à la crise, catégories moyennes, jeunes... C'est bien de ceux-là dont il s'agit et on a raison de faire ça. Il faut faire ça et il faut soutenir cet effort-là.
M. Biraben : Votre sujet de prédilection, le déficit.
C. Roux : Oui le déficit, vous avez un autre message...
Non, ce n'est pas un sujet de prédilection.
C. Roux : Vous avez un autre message, de Bruxelles cette fois, qui met en garde la France pour déficit excessif. Est-ce que c'est un sujet de préoccupation ou vous-même vous balayez cela d'un revers de la main ?
On ne balaie rien du tout d'un revers de la main. Je trouve ça un peu gonflé, si vous me permettez cette expression, parce qu'à la fois Bruxelles nous dit, "mais il faut évidemment que les Etats européens combattent la crise, augmentent leurs dépenses publiques", donnent même des niveaux par rapport au PIB d'augmenter les dépenses publiques, et puis, de l'autre, nous dit "attention, vous avez dépassé les déficits qui étaient prévus". Evidemment, qu'on va dépasser les déficits qui étaient prévus parce qu'il y a la crise.
C. Roux : C'est un manque de cohérence de la part de Bruxelles, c'est ça que vous nous dites, c'est un manque de cohérence ?
Je trouve que c'est une procédure un peu technocratique en réalité qui, là, vient un peu bizarrement s'appliquer. Mais ce n'est pas le problème des déficits excessifs. C'est le problème de la crise excessive et c'est bien ça qu'il faut combattre.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 février 2009