Texte intégral
Que retenez-vous de vos déplacements en banlieue ?
J'en retiens qu'il est possible de faire reculer l'insécurité, la délinquance et la violence. Sur le terrain on voit des jeunes qui veulent s'en sortir. D'autres qui n'auraient sûrement pas basculé s'ils avaient connu une meilleure école. Et du côté des initiatives locales, des éducateurs, de la Justice ou de la police, une vraie capacité à répondre aux problèmes pourvu qu'on leur en donne les moyens. Avec la baisse du chômage et le retour le retour de la création d'emplois il faut mettre le paquet pour aider les jeunes, offrir des parcours de formation à tous ceux qui veulent s'en sortir, offrir aussi au dynamisme des cités la possibilité de créer des entreprises.
Qu'est ce qui vous inquiète ?
Le mauvais fonctionnement de l'école, la montée de la violence chez les très jeunes, l'embouteillage et le mauvais fonctionnement de la Justice. J'ai accompagné dans des cités chaudes les policiers de la brigade anti-criminalité, la BAC. Ils font un métier difficile et trop souvent l'objet de menaces précises dirigées contre eux ou leur familles . Si l'on veut une police de proximité il ne faut pas hésiter à sanctionner lourdement les auteurs de ces menaces.
Le gouvernement dit-il autre chose ?
Quels que soient les discours, la réalité est différente. J'ai assisté à une audience de flagrant délit au tribunal correctionnel de Paris, où un voyou multirécidiviste qui avait dans son quartier menacé un policier et sa famille et qui finalement l'avait un jour agressé avec un couteau de 22 cm, n'a écopé au bout du compte que de trois mois de prison ferme qu'il ne purgera vraisemblablement peut être même pas et qui est ressorti libre du tribunal. Quel triomphe pour les voyous que de l'imaginer le lendemain frimer dans son quartier, et quel découragement pour la police !
Que faire ?
Mettre le plus rapidement possible hors d'état de nuire le noyau dur de cette violence. Pour cela le remède est simple : il faut se donner les moyens de créer le plus vite possible une palette d'établissements spécialisés qui permette de placer les mineurs délinquants dans des centres plus ou moins fermés adaptés à la gravité des faits qui leur sont reprochés. Des centres de placements immédiats au centre éducatifs renforcés en passant par le nouveau quartier des mineurs de Fleury Mérogis, j'ai vu qu'il était possible à la fois d'être ferme et d'offrir en même temps des chances de réinsertion. C'est une affaire de moyens.
Les moyens existent
Ils ne sont pas à la hauteur. Rien que pour ces établissements il faudrait une enveloppe que j'estime à 3 milliards par an, c'est à dire 20 fois moins que les sommes consacré chaque année par le budget de l'Etat à la SNCF. La sécurité des Français vaut bien ça !
Alors " tolérance 0 " ?
Il ne faut rien laisser passer et apporter une réponse appropriée dans un délais rapide. Mais attention, pour que l'ordre social puisse être respecté il faut qu'en bas on ait le sentiment d'une égalité devant la loi et que le sommet donne l'exemple. Si vous voulez une tolérance zéro à la base il faut une tolérance double zéro au sommet.
La France pourrait-elle être tenté par le " tout répressif " à l'américaine ?
Nous sommes en France et le " tout répressif " ne peut pas résumer la politique que je souhaite. Je mesure la fragilité de la frontière qui souvent sépare la délinquance de la non délinquance, une vie réussie et une vie gâchée. C'est pourquoi à côté de la répression, il y a bien sûr la prévention et l'éducation pour redonner une chance à ceux qui pensent l'avoir perdu ou ne l'avoir jamais eu.
(source http://www.demlib.com, le 8 juin 2001)
J'en retiens qu'il est possible de faire reculer l'insécurité, la délinquance et la violence. Sur le terrain on voit des jeunes qui veulent s'en sortir. D'autres qui n'auraient sûrement pas basculé s'ils avaient connu une meilleure école. Et du côté des initiatives locales, des éducateurs, de la Justice ou de la police, une vraie capacité à répondre aux problèmes pourvu qu'on leur en donne les moyens. Avec la baisse du chômage et le retour le retour de la création d'emplois il faut mettre le paquet pour aider les jeunes, offrir des parcours de formation à tous ceux qui veulent s'en sortir, offrir aussi au dynamisme des cités la possibilité de créer des entreprises.
Qu'est ce qui vous inquiète ?
Le mauvais fonctionnement de l'école, la montée de la violence chez les très jeunes, l'embouteillage et le mauvais fonctionnement de la Justice. J'ai accompagné dans des cités chaudes les policiers de la brigade anti-criminalité, la BAC. Ils font un métier difficile et trop souvent l'objet de menaces précises dirigées contre eux ou leur familles . Si l'on veut une police de proximité il ne faut pas hésiter à sanctionner lourdement les auteurs de ces menaces.
Le gouvernement dit-il autre chose ?
Quels que soient les discours, la réalité est différente. J'ai assisté à une audience de flagrant délit au tribunal correctionnel de Paris, où un voyou multirécidiviste qui avait dans son quartier menacé un policier et sa famille et qui finalement l'avait un jour agressé avec un couteau de 22 cm, n'a écopé au bout du compte que de trois mois de prison ferme qu'il ne purgera vraisemblablement peut être même pas et qui est ressorti libre du tribunal. Quel triomphe pour les voyous que de l'imaginer le lendemain frimer dans son quartier, et quel découragement pour la police !
Que faire ?
Mettre le plus rapidement possible hors d'état de nuire le noyau dur de cette violence. Pour cela le remède est simple : il faut se donner les moyens de créer le plus vite possible une palette d'établissements spécialisés qui permette de placer les mineurs délinquants dans des centres plus ou moins fermés adaptés à la gravité des faits qui leur sont reprochés. Des centres de placements immédiats au centre éducatifs renforcés en passant par le nouveau quartier des mineurs de Fleury Mérogis, j'ai vu qu'il était possible à la fois d'être ferme et d'offrir en même temps des chances de réinsertion. C'est une affaire de moyens.
Les moyens existent
Ils ne sont pas à la hauteur. Rien que pour ces établissements il faudrait une enveloppe que j'estime à 3 milliards par an, c'est à dire 20 fois moins que les sommes consacré chaque année par le budget de l'Etat à la SNCF. La sécurité des Français vaut bien ça !
Alors " tolérance 0 " ?
Il ne faut rien laisser passer et apporter une réponse appropriée dans un délais rapide. Mais attention, pour que l'ordre social puisse être respecté il faut qu'en bas on ait le sentiment d'une égalité devant la loi et que le sommet donne l'exemple. Si vous voulez une tolérance zéro à la base il faut une tolérance double zéro au sommet.
La France pourrait-elle être tenté par le " tout répressif " à l'américaine ?
Nous sommes en France et le " tout répressif " ne peut pas résumer la politique que je souhaite. Je mesure la fragilité de la frontière qui souvent sépare la délinquance de la non délinquance, une vie réussie et une vie gâchée. C'est pourquoi à côté de la répression, il y a bien sûr la prévention et l'éducation pour redonner une chance à ceux qui pensent l'avoir perdu ou ne l'avoir jamais eu.
(source http://www.demlib.com, le 8 juin 2001)