Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Il y avait selon la police, 1,2 million manifestants hier dans les rues et 3 millions selon les syndicats. Le Gouvernement prendra-t-il un jour les moyens de mettre un terme à ces écarts de comptage ridicules ?
A vrai dire, c'est sans doute pas là le sujet principal...
Quand même...
La réalité est simple : cette journée témoigne d'une réelle mobilisation même si le nombre de manifestants est sensiblement le même que lors du 29 janvier et qu'en revanche, le nombre de grévistes, est effectivement moins important, nettement moins important que le 29 janvier et il n'en reste pas moins que c'est une réelle mobilisation que nous avons observée.
Vous convenez de la victoire des syndicats ? Ils disent qu'ils ont mobilisé beaucoup plus de gens que la dernière fois...
Je constate deux aspects : sensiblement le même nombre de manifestants que la dernière fois, moins de grévistes. Avec une troisième observation, c'est que la loi sur le service minimum a parfaitement fonctionné, que ce soit à la RATP, à la SNCF, que ce soit en terme d'accueil des enfants, puisque que 80 % des grandes villes ont prévu un accueil. C'est d'ailleurs - j'insiste là-dessus -, c'est sans doute ce qui a permis à tous ceux qui n'ont pas souhaité faire grève de se rendre à leur travail, et c'est eux qui sont les plus nombreux.
Le Gouvernement dit comprendre l'inquiétude des manifestants mais ne satisfait aucune de leurs revendications. Comment justifiez-vous cette contradiction ?
D'abord, nous entendons le message, parce que nous ne sommes ni sourds ni aveugles, nous entendons naturellement le message qui est message d'inquiétude. Mais pardon de le dire, pour répondre à votre interrogation, je ne pense pas, je ne crois pas qu'il y ait une demande de changement. En revanche, je suis convaincu qu'il y a plutôt une attente de concret et un souci de justice. Et là, cela est compréhensible. Et nous sommes naturellement aux côtés des Français qui attendent le concret et qui souhaitent la justice dans une période de crise qui, encore une fois, est une période particulièrement grave, sans doute la crise mondiale la plus grave que nous ayons connue depuis 1929.
Alors qu'est-ce que vous allez prendre comme mesure ?
Justement, la réaction, elle est très simple, elle est très clair : on ne peut pas demander une autre plan alors que le plan initial ne s'est pas encore déployé. Qu'est-ce que le président de la République nous dit, à nous, membre du Gouvernement ? Il nous demande, ou plutôt il exige que le Gouvernement mette tout en oeuvre pour que toutes les mesures qui ont été initiées, qui ont été proposées lors du sommet social du 18 février, c'est-à-dire après dialogue avec les syndicats, pour que toutes les mesures entrent en vigueur entre aujourd'hui et le mois de juin prochain, et ce n'est pas rien, c'est du concret. Ce sont les mesures fiscales : vous allez avoir 6 millions de contribuables qui ne vont pas verser, au mois de mai, un deuxième tiers, et pas le troisième non plus. Mais ça, c'est un gros changement par rapport à l'année dernière ! La prime de 200 euros anticipant le RSA, qui sera versée en avril à 3,8 millions de Français, c'est la prime de 500 euros qui sera versée aux salariés précaires, sans doute 200.000 - là aussi, ça se fera au mois d'avril. C'est la prime de 150 euros - ça c'est plutôt dans mon domaine, puisque c'est la charge de la politique familiale avec N. Morano - que nous essayerons de verser dès le 1er juin. Et je vous dis, il y a des obstacles administratifs, techniques et ainsi de suite. C'est l'augmentation du minimum vieillesse de près de 7 %, alors que l'inflation sera aux alentours de 0,6 ou 0,7 %...
Vous pensez que cela va dissoudre l'inquiétude B. Hortefeux ?
Je rajoute aussi les bons de 200 euros qui sont versés, là aussi, à un 1,5 million de foyers. Pourquoi je vous dis tout ça ? Cela signifie tout simplement une chose simple, claire, c'est que les mesures qui ont été proposées par le président de la République vont se déployer entre maintenant et le mois de juin et que cela concerne 10 millions de foyers.
Et vous en resterez là ? C'est ce que vous dites ?
Non, il y a un deuxième aspect, c'est le souci de justice. Il y a le concret et la justice. Et c'est vrai qu'en temps de crise, le rôle de l'Etat, le rôle du Gouvernement, c'est de veiller à ce qu'il n'y ait ni privilégiés ni laissés-pour-compte.
"Ce n'est pas par l'arrogance ou une forme d'ignorance des préoccupations des gens qu'on sortira de la crise". Savez-vous qui a dit cela ? A. Juppé, hier...
Mais bien sûr, moi, je partage tout à fait cet avis. Je viens de vous le dire, nous sommes aux côtés des Français, il y a une inquiétude qui s'exprime, nous sommes aux côtés des Français pour en sortir. Mais c'est vrai aussi, ce n'est pas simplement des défilés ou des manifestations, pardon, qui permettront de sortir de la crise.
F. Fillon a dit ceci, hier soir sur TF1 : "une part du patronat n'a pas l'air de comprendre la gravité de la crise". Peut-on parler d'un divorce entre le Medef et le Gouvernement ?
D'abord, en période de difficulté, l'effort doit être partagé. Et il ne doit y avoir ni bouc émissaire ni d'exemptés de l'effort. Ni l'un ni l'autre. C'est vrai que j'ai demandé, avec C. Lagarde, conformément à ce que souhaitait le président de la République, au patronat de mettre en place un système garantissant que les dirigeants des entreprises en difficulté en perçoivent pas de bonus. Percevoir un bonus quand une entreprise est en difficulté, ce ne serait ni juste ni compréhensible, ni moral.
Et L. Parisot vous répond ce matin : "je n'ai ni la possibilité, ni l'envie de procéder à une telle réforme ou de donner de telles consignes aux chefs d'entreprise".
Pour moi, c'est très simple : avec C. Lagarde, nous avons fixé une date butoir, qui est celle du 31 mars...
Elle vous répond aujourd'hui, donc elle vous répond avant le 21 mars...
Je n'ai pas encore reçu sa réponse. Moi, je pense qu'en réalité, la très grande majorité du patronat, la très grande majorité du patronat, comprend ces positions qui consistent à dire "pas de bonus quand l'entreprise est en difficulté".
Il y a un divorce entre le Medef et vous aujourd'hui ? Vous répondez à ma question...
Mais je réponds très exactement à votre question. Cela signifie que si la position du Medef est celle que vous indiquez aujourd'hui, eh bien le Gouvernement prendra toutes ses responsabilités, comme F. Fillon l'a dit. Cela signifie très concrètement que nous légiférerons.
Etes-vous choqué de voir que aujourd'hui dans la crise des entreprises licencier alors qu'elles gagnent de l'argent ?
Bien sûr !
Vous êtes choqué ? Vous allez prendre des mesures ?
Encore une fois, je pense que l'effort doit être partagé et qu'il y a donc une nécessité de vigilance, d'attention pour essayer, à la fois d'anticiper, de corriger et sans doute de proposer, quand il y a effectivement une situation difficile pour une entreprise.
Vous allez prendre des mesures pour interdire ou rendre plus difficile les licenciements pour les entreprises qui gagnent de l'argent ?
En tout cas, on veillera à ce que les dirigeants ne bénéficient pas ou en tout cas, n'aient pas à l'esprit des effets d'aubaine en terme de licenciement. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne peut y avoir de restructuration, parce que la réalité économique, hélas, l'impose. Mais il y a une vigilance absolue de la part du Gouvernement à ce que les chefs d'entreprise respectent leurs engagements. Et pour être tout à fait précis, c'est la consigne que le ministère du Travail a donné à ses services, précisément, pour être vigilants sur ce sujet.
Prochain rendez-vous, le 1er mai, il y aura encore beaucoup de monde dans les rues...
Oui, enfin le 1er mai, c'est une rencontre traditionnelle, annuelle...
Mais il y en aura plus que d'habitude, peut-être ?
Vous me réinviterez le 2 mai.
Vous n'avez pas répondu à ma première question. Les autres, je ne sais pas, mais celle-là, vous n'avez pas répondu : le Gouvernement prendra-t-il, un jour, des moyens pour éviter ces écarts de comptage ridicules ?
Cela relève du ministère de l'Intérieur. Il ne vous a pas échappé que je ne suis pas au ministère de l'Intérieur, contrairement à ce qu'A. Duhamel avait, un temps, pronostiqué...
Cela s'appelle "refiler le ballon au copain"...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 mars 2009
A vrai dire, c'est sans doute pas là le sujet principal...
Quand même...
La réalité est simple : cette journée témoigne d'une réelle mobilisation même si le nombre de manifestants est sensiblement le même que lors du 29 janvier et qu'en revanche, le nombre de grévistes, est effectivement moins important, nettement moins important que le 29 janvier et il n'en reste pas moins que c'est une réelle mobilisation que nous avons observée.
Vous convenez de la victoire des syndicats ? Ils disent qu'ils ont mobilisé beaucoup plus de gens que la dernière fois...
Je constate deux aspects : sensiblement le même nombre de manifestants que la dernière fois, moins de grévistes. Avec une troisième observation, c'est que la loi sur le service minimum a parfaitement fonctionné, que ce soit à la RATP, à la SNCF, que ce soit en terme d'accueil des enfants, puisque que 80 % des grandes villes ont prévu un accueil. C'est d'ailleurs - j'insiste là-dessus -, c'est sans doute ce qui a permis à tous ceux qui n'ont pas souhaité faire grève de se rendre à leur travail, et c'est eux qui sont les plus nombreux.
Le Gouvernement dit comprendre l'inquiétude des manifestants mais ne satisfait aucune de leurs revendications. Comment justifiez-vous cette contradiction ?
D'abord, nous entendons le message, parce que nous ne sommes ni sourds ni aveugles, nous entendons naturellement le message qui est message d'inquiétude. Mais pardon de le dire, pour répondre à votre interrogation, je ne pense pas, je ne crois pas qu'il y ait une demande de changement. En revanche, je suis convaincu qu'il y a plutôt une attente de concret et un souci de justice. Et là, cela est compréhensible. Et nous sommes naturellement aux côtés des Français qui attendent le concret et qui souhaitent la justice dans une période de crise qui, encore une fois, est une période particulièrement grave, sans doute la crise mondiale la plus grave que nous ayons connue depuis 1929.
Alors qu'est-ce que vous allez prendre comme mesure ?
Justement, la réaction, elle est très simple, elle est très clair : on ne peut pas demander une autre plan alors que le plan initial ne s'est pas encore déployé. Qu'est-ce que le président de la République nous dit, à nous, membre du Gouvernement ? Il nous demande, ou plutôt il exige que le Gouvernement mette tout en oeuvre pour que toutes les mesures qui ont été initiées, qui ont été proposées lors du sommet social du 18 février, c'est-à-dire après dialogue avec les syndicats, pour que toutes les mesures entrent en vigueur entre aujourd'hui et le mois de juin prochain, et ce n'est pas rien, c'est du concret. Ce sont les mesures fiscales : vous allez avoir 6 millions de contribuables qui ne vont pas verser, au mois de mai, un deuxième tiers, et pas le troisième non plus. Mais ça, c'est un gros changement par rapport à l'année dernière ! La prime de 200 euros anticipant le RSA, qui sera versée en avril à 3,8 millions de Français, c'est la prime de 500 euros qui sera versée aux salariés précaires, sans doute 200.000 - là aussi, ça se fera au mois d'avril. C'est la prime de 150 euros - ça c'est plutôt dans mon domaine, puisque c'est la charge de la politique familiale avec N. Morano - que nous essayerons de verser dès le 1er juin. Et je vous dis, il y a des obstacles administratifs, techniques et ainsi de suite. C'est l'augmentation du minimum vieillesse de près de 7 %, alors que l'inflation sera aux alentours de 0,6 ou 0,7 %...
Vous pensez que cela va dissoudre l'inquiétude B. Hortefeux ?
Je rajoute aussi les bons de 200 euros qui sont versés, là aussi, à un 1,5 million de foyers. Pourquoi je vous dis tout ça ? Cela signifie tout simplement une chose simple, claire, c'est que les mesures qui ont été proposées par le président de la République vont se déployer entre maintenant et le mois de juin et que cela concerne 10 millions de foyers.
Et vous en resterez là ? C'est ce que vous dites ?
Non, il y a un deuxième aspect, c'est le souci de justice. Il y a le concret et la justice. Et c'est vrai qu'en temps de crise, le rôle de l'Etat, le rôle du Gouvernement, c'est de veiller à ce qu'il n'y ait ni privilégiés ni laissés-pour-compte.
"Ce n'est pas par l'arrogance ou une forme d'ignorance des préoccupations des gens qu'on sortira de la crise". Savez-vous qui a dit cela ? A. Juppé, hier...
Mais bien sûr, moi, je partage tout à fait cet avis. Je viens de vous le dire, nous sommes aux côtés des Français, il y a une inquiétude qui s'exprime, nous sommes aux côtés des Français pour en sortir. Mais c'est vrai aussi, ce n'est pas simplement des défilés ou des manifestations, pardon, qui permettront de sortir de la crise.
F. Fillon a dit ceci, hier soir sur TF1 : "une part du patronat n'a pas l'air de comprendre la gravité de la crise". Peut-on parler d'un divorce entre le Medef et le Gouvernement ?
D'abord, en période de difficulté, l'effort doit être partagé. Et il ne doit y avoir ni bouc émissaire ni d'exemptés de l'effort. Ni l'un ni l'autre. C'est vrai que j'ai demandé, avec C. Lagarde, conformément à ce que souhaitait le président de la République, au patronat de mettre en place un système garantissant que les dirigeants des entreprises en difficulté en perçoivent pas de bonus. Percevoir un bonus quand une entreprise est en difficulté, ce ne serait ni juste ni compréhensible, ni moral.
Et L. Parisot vous répond ce matin : "je n'ai ni la possibilité, ni l'envie de procéder à une telle réforme ou de donner de telles consignes aux chefs d'entreprise".
Pour moi, c'est très simple : avec C. Lagarde, nous avons fixé une date butoir, qui est celle du 31 mars...
Elle vous répond aujourd'hui, donc elle vous répond avant le 21 mars...
Je n'ai pas encore reçu sa réponse. Moi, je pense qu'en réalité, la très grande majorité du patronat, la très grande majorité du patronat, comprend ces positions qui consistent à dire "pas de bonus quand l'entreprise est en difficulté".
Il y a un divorce entre le Medef et vous aujourd'hui ? Vous répondez à ma question...
Mais je réponds très exactement à votre question. Cela signifie que si la position du Medef est celle que vous indiquez aujourd'hui, eh bien le Gouvernement prendra toutes ses responsabilités, comme F. Fillon l'a dit. Cela signifie très concrètement que nous légiférerons.
Etes-vous choqué de voir que aujourd'hui dans la crise des entreprises licencier alors qu'elles gagnent de l'argent ?
Bien sûr !
Vous êtes choqué ? Vous allez prendre des mesures ?
Encore une fois, je pense que l'effort doit être partagé et qu'il y a donc une nécessité de vigilance, d'attention pour essayer, à la fois d'anticiper, de corriger et sans doute de proposer, quand il y a effectivement une situation difficile pour une entreprise.
Vous allez prendre des mesures pour interdire ou rendre plus difficile les licenciements pour les entreprises qui gagnent de l'argent ?
En tout cas, on veillera à ce que les dirigeants ne bénéficient pas ou en tout cas, n'aient pas à l'esprit des effets d'aubaine en terme de licenciement. Mais ça ne veut pas dire qu'il ne peut y avoir de restructuration, parce que la réalité économique, hélas, l'impose. Mais il y a une vigilance absolue de la part du Gouvernement à ce que les chefs d'entreprise respectent leurs engagements. Et pour être tout à fait précis, c'est la consigne que le ministère du Travail a donné à ses services, précisément, pour être vigilants sur ce sujet.
Prochain rendez-vous, le 1er mai, il y aura encore beaucoup de monde dans les rues...
Oui, enfin le 1er mai, c'est une rencontre traditionnelle, annuelle...
Mais il y en aura plus que d'habitude, peut-être ?
Vous me réinviterez le 2 mai.
Vous n'avez pas répondu à ma première question. Les autres, je ne sais pas, mais celle-là, vous n'avez pas répondu : le Gouvernement prendra-t-il, un jour, des moyens pour éviter ces écarts de comptage ridicules ?
Cela relève du ministère de l'Intérieur. Il ne vous a pas échappé que je ne suis pas au ministère de l'Intérieur, contrairement à ce qu'A. Duhamel avait, un temps, pronostiqué...
Cela s'appelle "refiler le ballon au copain"...
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 20 mars 2009