Texte intégral
C. Barbier.- 80.000 chômeurs de plus presque en février. Où sont les emplois promis par le développement durable et tout ce qu'on appelle la "green économie" ?
Les emplois promis par le développement durable se mettent progressivement en place, puisqu'il faut savoir qu'on a voté les financements du Grenelle, en décembre. Donc, les emplois...
Combien, quand ?
On en attend 550.000 d'ici à 2020, on en attend 220.000 d'ici à 2012. Des emplois dans le secteur du bâtiment, dans le secteur des déchets, dans le secteur des véhicules entre guillemets "propres", c'est-à-dire des véhicules décarbonés. Donc c'est ça l'essentiel du gisement, c'est surtout le bâtiment, les énergies renouvelables, les déchets.
Et ça va commencer vite cette création d'emplois ou il faudra attendre la fin de la période que vous nous indiquez ?
Non, ça va commencer assez vite, mais tous les chantiers se mettent en place. On a plus d'un milliard d'euros qui ont été consacrés à des mesures comme "le fonds chaleur", c'est la chaleur d'origine renouvelable à base de bois. Donc, tous les projets là sont en train de se mettre en place. Si on parle de plan de relance, on peut dire que le premier plan de relance, c'est le Grenelle qui a été voté dans le cadre de la loi de Finances.
Relancer l'investissement des infrastructures comme les autoroutes, c'est favoriser la pollution, estiment les écologistes, notamment M. Rivasi, qui est candidate aux côtés de D. Cohn-Bendit. Que répondez-vous ?
Je réponds que, si on regarde bien les chiffres, on a voté le Grenelle, on a le plan de relance. Le plan de relance, sur 26 milliards, il y a 400 millions consacrés aux routes, dont plus de la moitié sur l'entretien et la sécurité des routes, et le reste c'est des projets engagés qu'on termine. On ne va pas laisser effectivement les chantiers en cours de route parce qu'on a fait le Grenelle entre temps. Le Grenelle ne dit pas : stop aux routes. Le Grenelle dit : toutes les routes qu'on fait, dorénavant, ont les soumet à un bilan environnemental.
Mardi soir, le Président a promis également l'instauration d'une taxe carbone. Quelle forme prendra-t-elle, ce sera une sorte de malus-bonus sur toute une série de produits ?
Sous "taxe carbone", j'ai vu qu'il y avait une certaine confusion dans les esprits. Il y a deux choses : il y a ce qu'on appelle la contribution énergie-climat, qu'il avait annoncée au moment où il a annoncé la suppression de la taxe professionnelle, qui est une des mesures qui permet de faire une compensation. Donc, ça c'est interne, ça c'est une première chose.
C'est les entreprises qui paieront cette taxe-là ?
Alors, ça, c'est...
... françaises.
Ce sont essentiellement, effectivement, les entreprises qui le paieront. Et d'autre part, il y a la taxe carbone aux frontières, c'est-à-dire, qu'en Europe on s'est dotés d'un système où les entreprises les plus polluantes payent sous forme de quota un droit entre guillemets à polluer. Par contre, nos partenaires n'ont pas le même dispositif, donc il y avait cette idée qui a été débattue au niveau européen, d'avoir une forme de taxe aux frontières pour les produits qui viennent de pays qui ne se donnent pas de contraintes, et que d'ailleurs le président des Etats- Unis, B. Obama, a relancé lui aussi dans son programme.
Sous prétexte d'environnement, ça s'appelle faire du protectionnisme quand même ?
Ce n'est pas du protectionnisme, c'est quand même totalement anormal que nous on s'impose de progresser quand d'autres ne le font pas.
Toutes les taxes diverses, contributions, taxes aux frontières, ce sont les consommateurs qui vont les payer à terme dans le prix des produits, dans l'inflation ?
Non parce que le principe qui a été posé, et qui a toujours été posé par le président de la République, c'est : à taux de prélèvements obligatoires constant. Quand on augmente une taxe quelque part, on la baisse ailleurs...
Alors, qu'est-ce qu'on va baisser ? On va baisser la TVA ?
Le but justement, c'est d'éviter que... Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait ? Si un Martien venait sur terre il serait complètement fou. Il dirait : "Tiens ! Finalement on n'aime pas le travail, puisqu'on taxe le travail, on taxe les emplois, et à l'inverse, on aime bien la pollution parce qu'on ne la taxe pas". Donc le but c'est moins taxer le travail et de plus taxer la pollution.
Heuliez, constructeurs de voitures électriques recevra donc 10 millions d'euros, si l'entreprise présente un vrai projet industriel réaliste, a précisé L. Chatel. A votre connaissance, ce projet industriel réaliste il existe, il est dans les cartons ?
Le cas de Heuliez, en fait, est... Il y a deux parties dans le cas de Heuliez : il y a la partie véhicules, entre guillemets, "classiques", qui a des difficultés, et puis il y a la partie véhicules électriques.
Vous leur demandez de basculer sur l'électrique ?
Le principe, c'est qu'ils aient un vrai projet industriel, voilà, qu'on ait quelque chose de durable. Donc, la décision n'est pas prise à ce stade, la décision n'est pas prise. L. Chatel est encore en train de travailler sur ce sujet, mais on a demandé des engagements effectivement à la société pour être sûr que cet argent qu'on met là on ne va pas nous dire dans un mois, dans deux mois : nous on supprime encore 2.000 emplois, vous avez mis 10 millions d'euros pour rien.
Les autres constructeurs de véhicules électriques, les groupes Dassault, Bolloré, est-ce qu'ils font pression sur vous pour que vous n'aidiez pas trop le concurrent Heuliez ?
Ah ! Non, vraiment non.
S. Royal, elle, fait pression ; elle souhaite que N. Sarkozy se rende sur le site d'Heuliez. Est-ce que vous soutenez cette requête de la présidente de Poitou-Charentes ?
Je soutiens surtout qu'on s'en sorte à Heuliez. Que le Président s'y rende ou pas, qu'est-ce que ça va changer ? Le principal c'est qu'on trouve une solution. Il ne faut pas être sur la forme, il faut être sur le fond.
Pensez-vous de ce côté-là que, sur le fond, la région Poitou- Charentes pourrait faire plus et mettre elle aussi de l'argent ?
La région met déjà 5 millions d'euros, donc la région a sa partie, mais uniquement sur la partie "véhicules électriques", après ce qu'il faut c'est un projet pour l'ensemble de la société. J'ai bon espoir que ce projet avance objectivement, on est dans la discussion, j'ai vraiment bon espoir que ce projet avance.
GDF-Suez fait beaucoup pour l'environnement : du recrutement, de l'énergie. Et puis ses deux dirigeants, G. Mestrallet et J.-F. Cirelli ont touché des stock-options apprend-t-on. Etes-vous choquée ?
Oui.
Il faut qu'ils y renoncent, il faut qu'ils...
Je suis choquée quand il y a des stock-options, quand il y a des bonus, quand il y a des parachutes dorés, alors que l'entreprise licencie, je suis choquée, vraiment ! Et là, effectivement, on a donné jusqu'au 31 mars au patronat, on va voir ce qu'il présente. Mais il est clair que, s'il n'y a pas une réponse à la hauteur de ce que tout le monde attend, et c'est vraiment... mais c'est de la morale, c'est plus que... c'est de la morale. Quand dans une entreprise on licencie, on s'attribue des bonus et des stock-options, c'est choquant !
Parce qu'on a fait faire des profits dans les années précédentes, ils vous expliquent que c'est dans leur contrat, et que la morale n'a rien à faire avec le capitalisme.
Allez expliquer ça aux personnes qui perdent leur emploi !
La justice a ordonné des démontages, l'Académie de médecine est rassurante. Est-ce que les antennes de téléphonie mobile, les antennes-relais sont dangereuses ou non ?
C'est ce qu'on est en train, effectivement, c'est ce sur quoi on est en train de travailler. Les études telles qu'on les a aujourd'hui - il y avait un rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire qui date de 2005, qui nous dit : en l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de danger avéré pour les antennes-relais. Par contre, pour les téléphones portables, il y a des doutes. Et donc cette étude préconisait la prudence pour les enfants. On refait un bilan de l'ensemble des études existantes qu'on va avoir en septembre. Mais c'est vrai que d'ici là, on ne peut pas laisser la justice décider de l'implantation ou non des antennes-relais, il faut que nous, nous, Etat, on prenne nos responsabilités, et qu'on fixe un cadre.
D'où la table-ronde ?
D'où la table-ronde.
Il y aura des décisions, ce n'est pas un ixième colloque ?
Non, il y aura vraiment...On ne pourrait pas se permettre de refaire un ixième colloque sans décisions.
Et interdire aux enfants à partir de septembre d'utiliser le téléphone portable, ça pourrait être une possibilité ?
Ça, c'est une possibilité très sérieuse, mais vraiment, pour les enfants... Le téléphone portable, juste pour vous donner une idée, vous passez à trois mètres d'une antenne 24 heures, c'est 30 secondes de téléphone portable en termes d'émission. Donc, il y a un vrai sujet pour les téléphones portables. Et pour les enfants, au-delà des impacts sanitaires, pour moi c'est juste une question aussi de valeur. Qu'est-ce que fait un petit à six ans, à huit ans, avec un téléphone portable !
Est-il vraiment nécessaire de lancer une quatrième licence de téléphonie mobile dans ces conditions ?
Ça, c'est un sujet très différent de celui qui nous occupe, qui est celui de santé environnementale.
Vous vous rendez vendredi dans les Landes. Alors, pas un centime n'a été touché sur les 600 millions débloqués par M. Barnier, les prêts bonifiés, c'est ce que disent les sylviculteurs. Allez-vous les rassurer, allez-vous faire le chèque ?
Je vais dans les Landes, M. Barnier a pris des engagements pour la partie sylviculture, j'y vais pour la partie "utilisation du bois", donc ça vient en plus.
Avec de l'argent ?
Avec de l'argent.
Combien ?
On verra, je leur réserve la primeur.
Vous vous occupez donc de la santé à travers les problèmes d'environnement, on apprend ce matin dans Le Parisien que, dans les crèches l'air est très pollué par toute une série de particules nocives. C'est encore un rapport panique ou il y a un vrai problème ?
Sur la qualité de l'air intérieur, il y a un vrai sujet. On passe l'essentiel de notre temps justement dans des bâtiments fermés. On s'est beaucoup préoccupés de la qualité de l'air extérieur, mais en réalité, à l'intérieur on a des cocktails de pollution, et c'est un sujet justement qui est au coeur du prochain "plan national de santé environnement" qu'on doit présenter avec R. Bachelot au mois d'avril.
On ne peut pas empêcher les gens de respirer ! On va faire quoi ?
On ne peut pas empêcher les gens de respirer, on peut améliorer tous les matériaux de construction qu'il y a dans votre maison, tous les déodorisants (sic) aussi qu'il y a dans votre maison. Donc, il y a plusieurs principes qui ont été posés. L'interdiction par exemple dans les matériaux de construction de toutes les substances cancérigènes ou mutagènes, de différentes catégories, dont le fameux formaldéhyde qui est visé par l'étude que vous citez. D'autre part, on va lancer- on a besoin d'y voir clair - une campagne de mesures dans plus de 300 crèches, écoles et maternités, pour voir la qualité de l'air intérieur. Mais c'est un sujet qu'en réalité on découvre quasiment, la qualité de l'ait intérieur ; on était beaucoup sur l'air extérieur, maintenant on est sur l'air intérieur. Donc, on va avoir des mesures réglementaires, on va avoir des campagnes de mesures pour régler cette question.
Et pendant ce temps-là, l'Europe veut autoriser par dérogation plus de produits contenant de l'amiante. Vous allez vous y opposer ?
L'Europe ne va pas autoriser par dérogation plus de produits contenant de l'amiante. Simplement, elle dit : pour certains Etats qui pendant une certaine durée ne pourraient vraiment pas faire autrement, ces Etats mais uniquement chez eux - pas pour exporter, uniquement chez eux -, pourraient le faire. Cela existe déjà en réalité. On resserre d'ailleurs les possibilités de dérogation. Nous, l'amiante, c'est claire, on a encore eu récemment d'ailleurs un avis de l'Agence française de sécurité environnementale, qui nous dit très clairement : l'amiante y compris les (...) posent un vrai sujet. Donc, on a pris des décisions, on les a annoncés il n'y a pas très longtemps d'ailleurs, pour accélérer les travaux et la règlementation dans le domaine de l'amiante.
Pourquoi n'avez-vous pas encore publié la liste des véhicules qui pourront rouler avec le fameux carburant propre E10 ? Il y a des risques pour les moteurs ?
Pour les très anciens véhicules, ça n'est pas recommandé, effectivement, mais c'est des très anciens véhicules, ceux qui sont bien avant 2000.
Vous serez candidate aux régionales l'an prochain, en 2010 ?
Pour l'instant, je suis candidate à mon poste de ministre d'essayer de bien faire. On verra plus tard. On verra si je satisfais déjà dans mon poste, c'est quand même l'urgence. Je pense que les Français ils ont surtout besoin qu'on s'occupe de leur santé et de leur environnement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 mars 2009
Les emplois promis par le développement durable se mettent progressivement en place, puisqu'il faut savoir qu'on a voté les financements du Grenelle, en décembre. Donc, les emplois...
Combien, quand ?
On en attend 550.000 d'ici à 2020, on en attend 220.000 d'ici à 2012. Des emplois dans le secteur du bâtiment, dans le secteur des déchets, dans le secteur des véhicules entre guillemets "propres", c'est-à-dire des véhicules décarbonés. Donc c'est ça l'essentiel du gisement, c'est surtout le bâtiment, les énergies renouvelables, les déchets.
Et ça va commencer vite cette création d'emplois ou il faudra attendre la fin de la période que vous nous indiquez ?
Non, ça va commencer assez vite, mais tous les chantiers se mettent en place. On a plus d'un milliard d'euros qui ont été consacrés à des mesures comme "le fonds chaleur", c'est la chaleur d'origine renouvelable à base de bois. Donc, tous les projets là sont en train de se mettre en place. Si on parle de plan de relance, on peut dire que le premier plan de relance, c'est le Grenelle qui a été voté dans le cadre de la loi de Finances.
Relancer l'investissement des infrastructures comme les autoroutes, c'est favoriser la pollution, estiment les écologistes, notamment M. Rivasi, qui est candidate aux côtés de D. Cohn-Bendit. Que répondez-vous ?
Je réponds que, si on regarde bien les chiffres, on a voté le Grenelle, on a le plan de relance. Le plan de relance, sur 26 milliards, il y a 400 millions consacrés aux routes, dont plus de la moitié sur l'entretien et la sécurité des routes, et le reste c'est des projets engagés qu'on termine. On ne va pas laisser effectivement les chantiers en cours de route parce qu'on a fait le Grenelle entre temps. Le Grenelle ne dit pas : stop aux routes. Le Grenelle dit : toutes les routes qu'on fait, dorénavant, ont les soumet à un bilan environnemental.
Mardi soir, le Président a promis également l'instauration d'une taxe carbone. Quelle forme prendra-t-elle, ce sera une sorte de malus-bonus sur toute une série de produits ?
Sous "taxe carbone", j'ai vu qu'il y avait une certaine confusion dans les esprits. Il y a deux choses : il y a ce qu'on appelle la contribution énergie-climat, qu'il avait annoncée au moment où il a annoncé la suppression de la taxe professionnelle, qui est une des mesures qui permet de faire une compensation. Donc, ça c'est interne, ça c'est une première chose.
C'est les entreprises qui paieront cette taxe-là ?
Alors, ça, c'est...
... françaises.
Ce sont essentiellement, effectivement, les entreprises qui le paieront. Et d'autre part, il y a la taxe carbone aux frontières, c'est-à-dire, qu'en Europe on s'est dotés d'un système où les entreprises les plus polluantes payent sous forme de quota un droit entre guillemets à polluer. Par contre, nos partenaires n'ont pas le même dispositif, donc il y avait cette idée qui a été débattue au niveau européen, d'avoir une forme de taxe aux frontières pour les produits qui viennent de pays qui ne se donnent pas de contraintes, et que d'ailleurs le président des Etats- Unis, B. Obama, a relancé lui aussi dans son programme.
Sous prétexte d'environnement, ça s'appelle faire du protectionnisme quand même ?
Ce n'est pas du protectionnisme, c'est quand même totalement anormal que nous on s'impose de progresser quand d'autres ne le font pas.
Toutes les taxes diverses, contributions, taxes aux frontières, ce sont les consommateurs qui vont les payer à terme dans le prix des produits, dans l'inflation ?
Non parce que le principe qui a été posé, et qui a toujours été posé par le président de la République, c'est : à taux de prélèvements obligatoires constant. Quand on augmente une taxe quelque part, on la baisse ailleurs...
Alors, qu'est-ce qu'on va baisser ? On va baisser la TVA ?
Le but justement, c'est d'éviter que... Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait ? Si un Martien venait sur terre il serait complètement fou. Il dirait : "Tiens ! Finalement on n'aime pas le travail, puisqu'on taxe le travail, on taxe les emplois, et à l'inverse, on aime bien la pollution parce qu'on ne la taxe pas". Donc le but c'est moins taxer le travail et de plus taxer la pollution.
Heuliez, constructeurs de voitures électriques recevra donc 10 millions d'euros, si l'entreprise présente un vrai projet industriel réaliste, a précisé L. Chatel. A votre connaissance, ce projet industriel réaliste il existe, il est dans les cartons ?
Le cas de Heuliez, en fait, est... Il y a deux parties dans le cas de Heuliez : il y a la partie véhicules, entre guillemets, "classiques", qui a des difficultés, et puis il y a la partie véhicules électriques.
Vous leur demandez de basculer sur l'électrique ?
Le principe, c'est qu'ils aient un vrai projet industriel, voilà, qu'on ait quelque chose de durable. Donc, la décision n'est pas prise à ce stade, la décision n'est pas prise. L. Chatel est encore en train de travailler sur ce sujet, mais on a demandé des engagements effectivement à la société pour être sûr que cet argent qu'on met là on ne va pas nous dire dans un mois, dans deux mois : nous on supprime encore 2.000 emplois, vous avez mis 10 millions d'euros pour rien.
Les autres constructeurs de véhicules électriques, les groupes Dassault, Bolloré, est-ce qu'ils font pression sur vous pour que vous n'aidiez pas trop le concurrent Heuliez ?
Ah ! Non, vraiment non.
S. Royal, elle, fait pression ; elle souhaite que N. Sarkozy se rende sur le site d'Heuliez. Est-ce que vous soutenez cette requête de la présidente de Poitou-Charentes ?
Je soutiens surtout qu'on s'en sorte à Heuliez. Que le Président s'y rende ou pas, qu'est-ce que ça va changer ? Le principal c'est qu'on trouve une solution. Il ne faut pas être sur la forme, il faut être sur le fond.
Pensez-vous de ce côté-là que, sur le fond, la région Poitou- Charentes pourrait faire plus et mettre elle aussi de l'argent ?
La région met déjà 5 millions d'euros, donc la région a sa partie, mais uniquement sur la partie "véhicules électriques", après ce qu'il faut c'est un projet pour l'ensemble de la société. J'ai bon espoir que ce projet avance objectivement, on est dans la discussion, j'ai vraiment bon espoir que ce projet avance.
GDF-Suez fait beaucoup pour l'environnement : du recrutement, de l'énergie. Et puis ses deux dirigeants, G. Mestrallet et J.-F. Cirelli ont touché des stock-options apprend-t-on. Etes-vous choquée ?
Oui.
Il faut qu'ils y renoncent, il faut qu'ils...
Je suis choquée quand il y a des stock-options, quand il y a des bonus, quand il y a des parachutes dorés, alors que l'entreprise licencie, je suis choquée, vraiment ! Et là, effectivement, on a donné jusqu'au 31 mars au patronat, on va voir ce qu'il présente. Mais il est clair que, s'il n'y a pas une réponse à la hauteur de ce que tout le monde attend, et c'est vraiment... mais c'est de la morale, c'est plus que... c'est de la morale. Quand dans une entreprise on licencie, on s'attribue des bonus et des stock-options, c'est choquant !
Parce qu'on a fait faire des profits dans les années précédentes, ils vous expliquent que c'est dans leur contrat, et que la morale n'a rien à faire avec le capitalisme.
Allez expliquer ça aux personnes qui perdent leur emploi !
La justice a ordonné des démontages, l'Académie de médecine est rassurante. Est-ce que les antennes de téléphonie mobile, les antennes-relais sont dangereuses ou non ?
C'est ce qu'on est en train, effectivement, c'est ce sur quoi on est en train de travailler. Les études telles qu'on les a aujourd'hui - il y avait un rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire qui date de 2005, qui nous dit : en l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de danger avéré pour les antennes-relais. Par contre, pour les téléphones portables, il y a des doutes. Et donc cette étude préconisait la prudence pour les enfants. On refait un bilan de l'ensemble des études existantes qu'on va avoir en septembre. Mais c'est vrai que d'ici là, on ne peut pas laisser la justice décider de l'implantation ou non des antennes-relais, il faut que nous, nous, Etat, on prenne nos responsabilités, et qu'on fixe un cadre.
D'où la table-ronde ?
D'où la table-ronde.
Il y aura des décisions, ce n'est pas un ixième colloque ?
Non, il y aura vraiment...On ne pourrait pas se permettre de refaire un ixième colloque sans décisions.
Et interdire aux enfants à partir de septembre d'utiliser le téléphone portable, ça pourrait être une possibilité ?
Ça, c'est une possibilité très sérieuse, mais vraiment, pour les enfants... Le téléphone portable, juste pour vous donner une idée, vous passez à trois mètres d'une antenne 24 heures, c'est 30 secondes de téléphone portable en termes d'émission. Donc, il y a un vrai sujet pour les téléphones portables. Et pour les enfants, au-delà des impacts sanitaires, pour moi c'est juste une question aussi de valeur. Qu'est-ce que fait un petit à six ans, à huit ans, avec un téléphone portable !
Est-il vraiment nécessaire de lancer une quatrième licence de téléphonie mobile dans ces conditions ?
Ça, c'est un sujet très différent de celui qui nous occupe, qui est celui de santé environnementale.
Vous vous rendez vendredi dans les Landes. Alors, pas un centime n'a été touché sur les 600 millions débloqués par M. Barnier, les prêts bonifiés, c'est ce que disent les sylviculteurs. Allez-vous les rassurer, allez-vous faire le chèque ?
Je vais dans les Landes, M. Barnier a pris des engagements pour la partie sylviculture, j'y vais pour la partie "utilisation du bois", donc ça vient en plus.
Avec de l'argent ?
Avec de l'argent.
Combien ?
On verra, je leur réserve la primeur.
Vous vous occupez donc de la santé à travers les problèmes d'environnement, on apprend ce matin dans Le Parisien que, dans les crèches l'air est très pollué par toute une série de particules nocives. C'est encore un rapport panique ou il y a un vrai problème ?
Sur la qualité de l'air intérieur, il y a un vrai sujet. On passe l'essentiel de notre temps justement dans des bâtiments fermés. On s'est beaucoup préoccupés de la qualité de l'air extérieur, mais en réalité, à l'intérieur on a des cocktails de pollution, et c'est un sujet justement qui est au coeur du prochain "plan national de santé environnement" qu'on doit présenter avec R. Bachelot au mois d'avril.
On ne peut pas empêcher les gens de respirer ! On va faire quoi ?
On ne peut pas empêcher les gens de respirer, on peut améliorer tous les matériaux de construction qu'il y a dans votre maison, tous les déodorisants (sic) aussi qu'il y a dans votre maison. Donc, il y a plusieurs principes qui ont été posés. L'interdiction par exemple dans les matériaux de construction de toutes les substances cancérigènes ou mutagènes, de différentes catégories, dont le fameux formaldéhyde qui est visé par l'étude que vous citez. D'autre part, on va lancer- on a besoin d'y voir clair - une campagne de mesures dans plus de 300 crèches, écoles et maternités, pour voir la qualité de l'air intérieur. Mais c'est un sujet qu'en réalité on découvre quasiment, la qualité de l'ait intérieur ; on était beaucoup sur l'air extérieur, maintenant on est sur l'air intérieur. Donc, on va avoir des mesures réglementaires, on va avoir des campagnes de mesures pour régler cette question.
Et pendant ce temps-là, l'Europe veut autoriser par dérogation plus de produits contenant de l'amiante. Vous allez vous y opposer ?
L'Europe ne va pas autoriser par dérogation plus de produits contenant de l'amiante. Simplement, elle dit : pour certains Etats qui pendant une certaine durée ne pourraient vraiment pas faire autrement, ces Etats mais uniquement chez eux - pas pour exporter, uniquement chez eux -, pourraient le faire. Cela existe déjà en réalité. On resserre d'ailleurs les possibilités de dérogation. Nous, l'amiante, c'est claire, on a encore eu récemment d'ailleurs un avis de l'Agence française de sécurité environnementale, qui nous dit très clairement : l'amiante y compris les (...) posent un vrai sujet. Donc, on a pris des décisions, on les a annoncés il n'y a pas très longtemps d'ailleurs, pour accélérer les travaux et la règlementation dans le domaine de l'amiante.
Pourquoi n'avez-vous pas encore publié la liste des véhicules qui pourront rouler avec le fameux carburant propre E10 ? Il y a des risques pour les moteurs ?
Pour les très anciens véhicules, ça n'est pas recommandé, effectivement, mais c'est des très anciens véhicules, ceux qui sont bien avant 2000.
Vous serez candidate aux régionales l'an prochain, en 2010 ?
Pour l'instant, je suis candidate à mon poste de ministre d'essayer de bien faire. On verra plus tard. On verra si je satisfais déjà dans mon poste, c'est quand même l'urgence. Je pense que les Français ils ont surtout besoin qu'on s'occupe de leur santé et de leur environnement.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 26 mars 2009