Interview de Mme Nathalie Arthaud, porte-parole de LO, dans "Le Télégramme" le 24 avril 2009, sur sa campagne électorale pour une Europe sociale.

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- Lutte Ouvrière et le NPA d'Olivier Besancenot sont crédités de petits scores aux européennes. N'aurait-il pas été préférable, pour la gauche trotskiste, de présenter une seule liste ?
Nous avons fait liste commune avec la LCR en 1999 et 2004. En 1999, cela nous avait valu cinq députés européens. En 2004, nous avons reconduit cette alliance, mais la règle du jeu avait changé, et nous n'avons pas eu d'élu. C'est d'ailleurs Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, qui avait procédé à ces tripatouillages pour, soi-disant, rendre les élus plus proches des électeurs. On s'est retrouvé avec huit circonscriptions interrégionales au lieu d'une seule circonscription nationale et avec une barre pour obtenir des élus plus élevée. Avec ce mode de scrutin, il est très difficile pour des petits partis d'avoir ne serait-ce qu'un élu. Alors nous n'avions pas de raison de nous priver de mener chacun notre campagne.
- Pourquoi avez-vous refusé la main tendue par le Front de gauche qui regroupe le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon ?
Nous ne défendons pas la même politique que le Front de gauche. Le Front de gauche conteste la politique libérale menée en Europe et fait porter la responsabilité de la crise actuelle sur cette politique. Nous pensons que la responsabilité de la crise est le fruit du système économique capitaliste. Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la crise d'un système organisé pour qu'une minorité de grands actionnaires parvienne à accumuler des profits le plus vite possible en faisant tout et n'importe quoi. C'est pourquoi il faudrait arracher à cette minorité le droit de diriger l'économie, le droit de fermer du jour au lendemain les entreprises et de ruiner des régions entières. Le Front de gauche a pour perspective de revenir au gouvernement et de refaire l'Union de la gauche ou la Gauche plurielle. Ce n'est pas notre objectif.
- Quelle Europe entendez-vous défendre à l'occasion de votre campagne électorale ?
L'Europe actuelle est construite uniquement au profit des capitalistes. Elle est conçue pour qu'ils puissent vendre leurs marchandises à l'échelle de l'Europe, pour qu'ils puissent s'installer dans les pays où ils veulent et pour qu'ils puissent rapatrier leurs bénéfices. Toutes les institutions européennes visent à faciliter les affaires du grand patronat. C'est cette Europe-là que nous entendons dénoncer. Elle n'est ni fraternelle, ni humaine. Rien n'est fait pour garantir aux Européens le meilleur des droits sociaux qui existent dans l'Union européenne. Il faudrait par exemple, instituer un salaire minimum au niveau de ce qui existe de mieux en Europe.
- Ce qui se passe actuellement dans bon nombre d'entreprises est-il annonciateur d'un mouvement politique et social de grande ampleur ?
Je ne lis pas dans le marc de café. Mais, ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui le grand patronat et le gouvernement poussent les travailleurs à la révolte. Quand des grands groupes qui ont accumulé des milliards décident de fermer des sites industriels et mettent à la porte des milliers de travailleurs qui ont pourtant fait des sacrifices et accepté de donner une partie de leur vie à l'entreprise, quand ils préfèrent toucher aux emplois et aux salaires pour préserver leurs sacro-saints profits, ils ne peuvent que récolter la colère. Ils veulent faire porter sur les travailleurs tout le poids de la crise. Heureusement que les travailleurs ne se laissent pas faire !
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 24 avril 2009