Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, en réponse à une question sur l'aide française aux réfugiés du Kosovo, en Albanie et en Macédoine, à l'Assemblée nationale le 7 avril 1999.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Président,
Vous nous interrogez sur la capacité que nous aurions eu à prévoir par avance ce qui allait se passer. Le Premier ministre hier dans la réponse quil a faite à la représentation nationale a déjà rappelé quil était tout de même difficile daider par avance Milosevic dans le travail dépuration ethnique auquel il se livre en organisant par avance les camps vers lesquels il aurait dû envoyer les réfugiés. Pouvions-nous faire plus vite ? Cest une question à laquelle je vais essayer de répondre.
Lampleur du problème, un chiffre, probablement un peu plus de 500 000 réfugiés à lheure actuelle, quelques dizaines de milliers vers le Monténégro et la Hongrie. Lessentiel, environ 220 à 250 000 vers lAlbanie et autant vers la Macédoine, à une différence près, essentielle, lAlbanie accueille et veut accueillir les Albanais du Kosovo alors que les Macédoniens craignent que leur arrivée massive vienne déséquilibrer une situation ethnique au demeurant fragile et quune crise politique vienne se doubler de la crise humanitaire mais aussi économique. La Macédoine, dépend pour presque trois quarts de léconomie yougoslave. Il y a dabord besoin dagir en urgence pour sauver ces malheureux.
La France a été un des tous premiers pays à sy employer avec lItalie. Actuellement un pont aérien achemine chaque jour environ cinquante tonnes de matériel qui comprend des tentes, de la nourriture, des kits sanitaires, des couvertures, des vêtements et nous avons entrepris une action de colis familiaux destinés à permettre à la générosité qui sexprime chez nos concitoyens de pouvoir semployer efficacement. Il est exact aussi que la question de lacheminement de cette aide au plus près des réfugiés a été dans les premières heures très difficile car il fallait des moyens héliportés qui sont maintenant présents et qui, chaque jour, acheminent au plus près les moyens qui sont ainsi délivrés aux réfugiés.
Là encore une différence : si en ce qui concerne lAlbanie, on a laissé entrer les réfugiés en Macédoine, cest seulement depuis quelques heures que nous avons appris quon les laissait car pendant plusieurs jours, ils ont été concentrés à la frontière, déjà déportés par Milosevic, pas encore accueillis par les Macédoniens. Mais la situation, je le répète sur ce point est en train de se détendre un peu. Les moyens financiers mobilisés, 75 millions dans un premier temps, qui sajoutaient aux 50 millions de laide que nous donnons au travers des instances européennes.
Le Premier ministre a ajouté hier que nous allions tripler cette somme, portant ainsi à 225 millions de francs laide bilatérale française. Les moyens en hommes, la protection civile bien sûr, la cellule durgence du Quai dOrsay qui coordonne, la protection civile, le Samu international, les ONG mais aussi les militaires français, - et notamment ceux qui autour de Skopje -, réceptionnent et acheminent laide en question et qui vont pouvoir sécuriser les camps, ce qui correspond à la seconde étape.
Seconde étape en effet accueillir dans des camps organisés, ces réfugiés en attendant leur retour. Je voudrais à nouveau y insister, le Premier ministre a centré son intervention sur cette analyse de la France dont jobserve quelle est à la fois celle du Premier ministre mais aussi celle du président de la République, car hier soir, cest la même analyse quil nous a livrée à savoir que lessentiel, lobjectif est de permettre à ces réfugiés de rentrer chez eux. Pour les avoir rencontrés directement moi-même, je peux vous dire que cest ce quils veulent et non pas être dispersés dabord aux quatre coins du monde.
Il est vrai aussi, la réponse à la question concernant les réfugiés que lidentification de ceux-ci pose problème puisquon les a dépouillés de leurs papiers didentité. On va jusquà enlever les plaques minéralogiques des voitures de façon à ce quaucune preuve dappartenance au Kosovo ne puisse ensuite être présentée. Lidentification, cest une procédure juridique qui est de la responsabilité normale des pays qui accueillent. Elle peut être aussi effectuée par le Haut commissariat aux réfugiés qui, de par le mandat quil détient de lONU, peut effectuer aussi ce travail. Nous navons pas, nous, à donner en quelque sorte cette identité mais nous pouvons en effet appliquer aux réfugiés les dispositions que la loi française prévoit en leur donnant un certificat de séjour provisoire et je voudrais dire, mais le Premier ministre sest expliqué sur ce point, que la France ne se fermera pas aux réfugiés. Les situations particulières, que nos ambassades sont déjà chargées dexaminer, pourront nous amener à en accueillir un certain nombre, ceux par exemple qui auraient des attaches familiales avec la France, ou qui seraient dans une situation de santé ou de handicap physique qui nécessiterait un rapatriement spécifique.
Bref, la France est très présente sur place, son action très appréciée, jai pu le vérifier. Et je voudrais, moi aussi, rendre hommage à ceux qui se battent pour cette solidarité-là mais surtout aux familles de Macédoine et dAlbanie qui ont été les premières à accueillir et qui ont fait déjà un effort tout à fait considérable.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 avril 1999)