Texte intégral
HEDWIGE CHEVRILLON
Bernard VAN CRAEYNEST, bonjour.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Bonjour.
HEDWIGE CHEVRILLON
Vous êtes président du syndicat CFE-CGC. Bernard VAN CRAEYNEST, hier vous étiez reçu par Nicolas SARKOZY, avec d'autres leaders syndicaux. Objectif, parler du G20. C'était sur quel ton ? C'était plutôt fraternel ? Tendu ? Besoin d'explications et de pédagogie de part et d'autre ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oui, voilà. Sur le G20, le chef de l'Etat et ses collaborateurs nous ont informé de l'état d'avancement des travaux, ce à quoi on peut s'attendre en indiquant que l'objectif est véritablement de trouver de nouveaux moyens de régulation financière, et que ils veulent véritablement se concentrer sur cet objectif pour parvenir à des résultats. Le président de la République a rappelé que s'il n'y avait pas de résultats concrets, il ne s'associerait pas à la déclaration finale. En ce qui nous concerne nous avons par exemple évoqué des aspects dans la réglementation internationale, auxquels les grands dirigeants de la planète feraient bien de s'attaquer en complément. C'est tout ce qui touche à la corruption par exemple, et puis nous en sommes venus au terrain français pour rappeler que nous sommes véritablement dans une situation qu'on peut qualifier d'explosive. Quand on voit l'ensemble de nos collègues en plein désarroi et qui sont dans des situations extrêmement différentes. Evidemment, ce qui défraie la chronique depuis quelques jours, depuis quelques semaines, ce sont quelques établissements qui ferment. Ca fait des milliers de suppressions d'emplois pour les salariés inscrits en CDI dans ces entreprises, ça en fait tout autant autour. Après avoir supprimé les intérimaires, les CDD, ça en fait tout autant chez les fournisseurs et sous-traitants, et on voit que globalement quand le chef de l'Etat nous explique qu'on ne laissera personne au bord de la route, qu'on doit trouver une solution à chacun, qu'on doit mettre en place des systèmes de formation. Un/ la formation, il faut que ce soit adapté à chaque cas. Ca ne se décrète pas. Ca se construit au jour le jour, et puis surtout le point essentiel, c'est que nous constatons que les emplois détruits et ceux qui les remplacent ne sont pas de même niveau. Ce que je veux souligner, c'est que nous sommes en train d'assister à un déclassement des salariés de ce pays qui quittent un emploi où ils étaient payés x et qui en retrouvent un où ils sont payés x moins 10, 20, 30 ou 40%. Et c'est donc une paupérisation de la société à laquelle nous sommes en train d'assister.
HEDWIGE CHEVRILLON
Est-ce que vous avez trouvé que le chef de l'Etat était en décalage par rapport à la réalité sociale ? C'est un peu ce qu'on lui reproche aujourd'hui, c'est qu'il est dans son univers et qu'il ne mesure pas ce qui se passe dans le pays.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Vous savez, nous le voyons très régulièrement. Et moi ce que j'observe au fil de ces rencontres, c'est que systématiquement je mets l'accent sur des cas très concrets. Et là j'ai l'impression de la désarmer, de le dérouter, voire de l'ennuyer, parce que visiblement ce n'est pas du tout...
HEDWIGE CHEVRILLON
Ce qui remonte chez lui.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Non. Mais son mode de pensée. Il est, ce que l'on peut comprendre de la part d'un dirigeant d'un pays qui est dans le concert international en permanence, sur les grandes généralités. Et de ce fait, il est déconnecté des réalités quotidiennes de terrain. Je vous prends un exemple. Il était tout heureux, et on peut partager cette joie, de constater que le travail fait avec les constructeurs automobiles permet de relocaliser temporairement la fabrication de la CLIO à Flins. En dix ans, ça va même permettre de procurer du travail aux salariés de Sandouville. Je lui ai expliqué très simplement que les salariés de Sandouville, ils seraient sans doute heureux d'avoir du travail, mais Sandouville, Flins, ce n'est pas la porte à côté. Il y a donc des problèmes de mobilité, des problèmes de logement. Pour combien de temps, quelle visibilité, comment on s'organise, comment on fait supporter les frais supplémentaires, voilà des aspects très concrets de la vie quotidienne de nos collègues qui évidemment lui échappent totalement.
HEDWIGE CHEVRILLON
Est-ce qu'il va... Est-ce qu'il y a eu des dialogues parce qu'on a vu des actions quand même assez dures menées encore ce matin chez CATERPILLAR. Il y a des actions assez dures. Est-ce qu'il a essayé d'en parler avec vous, d'expliquer ? Est-ce que vous avez justifié ces actions ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Nous en avons parlé. On n'a pas eu de commentaires ni de réponses sur ces sujets. On a simplement mis l'accent sur le fait que il y avait une situation préoccupante, d'autant plus que les médias jouent le rôle d'amplificateur. Et bien évidemment pour des salariés en total désarroi, ils se disent qu'il y a peut-être là un moyen d'action pour leur permettre d'obtenir des résultats, ce qui est malheureusement parfois faux. Il suffit de voir l'histoire la semaine dernière...
HEDWIGE CHEVRILLON
3M.
BERNARD VAN CRAEYNEST
3M Pithiviers, où in fine que ce soit la préfecture ou la direction de cette entreprise n'ont pas donné suite aux revendications des salariés.
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, oui, c'est ce que dénonçait aussi Jean-Claude MAILLY de Force Ouvrière ce matin sur BFM TV. Bernard VAN CRAEYNEST, justement, si je parle de Jean-Claude MAILLY, vous avez donc décidé, ça c'était la rencontre avec le président, c'était le matin, et ensuite vous avez... Rencontre au niveau intersyndicale... décidé de ce front unitaire pour le Premier Mai. C'était FO qui coinçait parce que pour FO, Force Ouvrière, défiler avec la CGT, c'est une grande première, non.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Ce que j'observe, c'est que depuis la rentrée de septembre dernier où nous avons mis en place cette intersyndicale, six mois après elle est toujours aussi solide en ayant véritablement de manière partagée l'objectif de trouver les moyens de mettre de côté toutes les divisions, de e pas se tendre des pièges parce que pour la CFE CGC non plus, ce n'était pas évident. C'est une première. Nous n'avons jamais défilé le Premier Mai pour célébrer le symbole, Chicago 1924...
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, parce que vous c'est la Confédération Générale des Cadres, on va le rappeler Bernard VAN CRAEYNEST.
BERNARD VAN CRAEYNEST
... que cela représente. Pour autant nous avions clairement indiqué avant cette réunion d'hier en intersyndicale que si nous mettions l'accent et toutes nos forces pour tenir compte des réalités vécues par nos collègues aujourd'hui et pour leur permettre d'avoir un moyen d'expression, ce cadre unitaire est une fois de plus, elle en est la démonstration maintenue, et donc nous serons tous le Premier Mai dans la rue.
HEDWIGE CHEVRILLON
Quel est le symbole ? Est-ce que comme François CHEREQUE de la CFDT vous dites si... le résultat des mobilisations commencent à s'engranger... ose espérer que cette spirale dont vous parliez à l'instant, elle va se nourrir, elle va rester sur le devant de la scène, elle va rester vigilante ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Vous savez depuis le 29 janvier, et autour du 19 mars, nous avons assisté à des commentaires parfois goguenards, que ce soit du gouvernement courroucés, irrités, y compris du patronat disant mais de toutes façons je dois aussi écouter ceux qui ne sont pas dans la rue. Je vous ferais observer que tous les sondages ont démontré avant, pendant et après le 19 mars que on avait entre 60 et 75% de la population qui soutenaient ces mobilisations. Par ailleurs nous avons été fustigés, en disant mais ils bloquent le pays. Vous aurez observé que le 19 mars, le pays n'a pas été bloqué. Et d'autre part...
HEDWIGE CHEVRILLON
Ca c'est quand même important non.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Et d'autre part, on nous accuse de porter atteinte à l'économie en ayant ces journées d'action en semaine...
HEDWIGE CHEVRILLON
C'est ce que dit Laurence PARISOT.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Nous faisons cela un Premier Mai, un jour férié. Cela va démontrer que nous n'avons pas comme objectif de bloquer le pays ou de porter atteinte à l'économie, mais simplement de permettre à chaque salarié dans le désarroi aujourd'hui, dans l'inquiétude vis à vis de son avenir, de s'exprimer parce que visiblement les réponses sociales ne sont pas à la hauteur des questions posées.
HEDWIGE CHEVRILLON
C'est pour ça que la CGC est dans la rue, vous le disiez dans une grande première, sera dans la rue le Premier Mai, quand même. J'insiste là-dessus.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oui absolument parce que encore une fois nous voyons bien que il y a des détails concrets qui intéressent la vie de nos collègues, des problèmes d'emplois...
HEDWIGE CHEVRILLON
Il n'y a pas un peu de surenchère malgré tout ? Il n'y a pas un peu de surenchère ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
... des problèmes de formation. Non du tout, du tout. Quand le président de la République nous dit on se verra en juin pour évaluer les mesures prises. Ecoutez nous souhaiterions que Nous ayons un suivi un peu plus de terrain pour constater par exemple qu'il n'y a pas suffisamment de moyens à Pôle Emploi, dans les CAF...
HEDWIGE CHEVRILLON
On reparle de tout ça Bernard VAN CRAEYNEST. On marque une pause.
HEDWIGE CHEVRILLON
Vous êtes toujours dans « Le 12-15. » Mon invité, c'est Bernard Van CRAEYNEST, le président de la CFE-CGC. Bernard Van CRAEYNEST, je disais, eh bien, c'est une grande première de vous voir tous ensemble, on va vous voir tous ensemble défiler vers la rue, mais enfin, c'est déjà le cas le 19 mars. Est-ce qu'il n'y a pas un petit peu de surenchère syndicale, on sait qu'il y a un espèce de big-bang syndical avec la mise en place de cette nouvelle loi sur la modernisation du travail et la représentativité, est-ce qu'il n'y a pas un petit peu de ça ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oh, du tout, encore une fois...
HEDWIGE CHEVRILLON
Non, d'accord...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Notre responsabilité, en tant qu'organisation syndicale au niveau national, c'est de tenir compte des réalités de l'économie, mais aussi du social, de ce que vivent nos collègues. Et en ce qui nous concerne, CFE-CGC, nous voyons bien les immenses écarts qu'il y a, encore une fois, entre tous les salariés, celles et ceux qui sont en pleine précarité, qui ont du mal à entrer sur le marché du travail, celles et ceux qui s'en font éjecter et qui, le plus souvent aujourd'hui, sont déclassés, parce que, ils ne retrouvent pas un emploi de même niveau de qualifications et de même niveau de rémunérations. Et on voit bien que nous avons aussi beaucoup d'inquiétude sur l'ensemble de la protection sociale, qui est en train d'avoir de plus en plus de difficultés pour tenir compte du vieillissement de la population et pour assurer la solidarité en ce qui concerne l'assurance maladie, les retraites, etc.
HEDWIGE CHEVRILLON
Alors, si je parlais de ce big bang syndical, c'est un peu suite aussi à ce qu'on a observé lors des élections à la SNCF, élections syndicales, eh bien, pour vous, ça a été un petit peu un coup dur, parce que vous n'avez pas atteint la barre des 10%. Est-ce que c'était attendu, quelles leçons vous en tirez ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Ah, c'était totalement attendu, puisque malheureusement, je dirais que c'est quasi historique, la CFE-CGC n'a jamais occupé une très grande place à la SNCF, nous avons fait, de mémoire, 2,4% l'an dernier aux élections au conseil d'administration, c'est effectivement très loin de la barre des 10%.
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, mais vous auriez pu, vous, eh bien, justement, aller vous rapprocher d'autres syndicats.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Eh bien, c'est ce que j'avais suggéré à nos collègues, malheureusement, ils n'ont pas su s'entendre au sein même de la CFE-CGC SNCF pour avoir une ligne claire et cohérente. La tête, si je puis dire, est partie du côté de FO, une partie des troupes sont allées du côté de l'UNSA, ce qui a peut-être contribué un tout petit peu à...
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, et vous êtes arrivé deuxième, devant SUD RAIL...
BERNARD VAN CRAEYNEST
A pousser le résultat de l'UNSA. Oui, vous parliez de big bang, il est en train de débuter. Et nous n'avons pas fini de mesurer les conséquences de cette loi, qui a des aspects positifs, incontestablement, mais qui a aussi des effets pervers, à la fois sur la qualité du dialogue social et sur les acteurs du dialogue social.
HEDWIGE CHEVRILLON
Est-ce que le dialogue social, il est mort avec l'UNSA, là, ou pas ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Non, du tout, du tout. Je regrette que quelques collègues, malheureusement, dans les instances dirigeantes de l'organisation, n'aient vu que leur nombril et que, ils se soient arc-boutés en disant : il n'y a pas urgence, il n'y a pas urgence...
HEDWIGE CHEVRILLON
C'est un peu la guerre des chefs au sein de votre organisation syndicale, Bernard Van CRAEYNEST.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oh, relativisons, relativisons. Ce que je constate en tous les cas, c'est que les résultats qui tombent jour après jour dans les entreprises montrent qu'il est indispensable de bouger. Je l'ai dit il y a un an, si on ne bouge pas au sommet, c'est la base qui va...
HEDWIGE CHEVRILLON
Et c'est ce qui s'est passé pour vous à la SNCF.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Et c'est ce qui va continuer à se passer dans un certain nombre d'entreprises. Et moi, je n'ai pas l'intention d'attendre 2013 le verdict définitif sur qui est représentatif ou ne l'est pas au niveau national. J'ai l'intention de favoriser ce mouvement de recomposition syndicale, parce que les salariés sont dans l'attente, ont des besoins, qu'on leur offre des services, qu'on s'occupe d'eux, qu'on soit proche d'eux. Et ce que nous constatons, malheureusement, c'est qu'il y a 92% des salariés aujourd'hui qui manquent de cette proximité, qui viennent nous voir...
HEDWIGE CHEVRILLON
Et ça veut dire quoi, qu'est-ce que vous allez faire, Bernard Van CRAEYNEST ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Eh bien, faire en sorte que nous soyons davantage présents sur le terrain et en particulier, dans les petites et moyennes entreprises, mais faire en sorte que nous soyons plus forts également dans les bassins d'emplois, dans les territoires, dans les unions départementales, parce que c'est là que les salariés qui sont licenciés viennent nous trouver pour avoir assistance d'un conseiller du salarié, pour avoir assistance d'un conseiller prudhommal, pour les aider à monter un dossier. Et on voit bien que, on n'est pas de trop, surtout quand on observe également le vieillissement des militants syndicaux, je rappelle que 40% d'entre eux seront à la retraite dans les dix ans qui viennent, or, la loi sur la représentativité, ce n'est pas avec les retraités, quels que soient leur grand mérite, leur disponibilité et leur militantisme, c'est dans les entreprises que ça va se jouer.
HEDWIGE CHEVRILLON
Dans les entreprises que ça va se jouer. Alors, autre sujet, ce fameux décret sur les rémunérations des entreprises aidées par l'Etat. Alors, au total, ça ne concerne que huit entreprises, je vous vois hocher de la tête, vous le regrettez, Bernard Van CRAEYNEST, vous pensez qu'il n'est pas à la mesure de ce qui se passe, ou au contraire, eh bien, vous dites : après, c'est au MEDEF de reprendre la balle au bond.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Eh bien, j'observe que, effectivement, c'est un décret à minima, je pense qu'il y a quelques brillants fonctionnaires qui ont dû torturer leur stylo pour produire un texte aussi mièvre et aussi limité. C'est très dommage parce que nous aurions su, le gouvernement aurait pris le taureau par les cornes, je suis persuadé que ça n'aurait pas du tout dérangé plus de 99% des vrais patrons, des chefs d'entreprise qui sont très éloignés de ces niveaux de rémunérations totalement...
HEDWIGE CHEVRILLON
Ça, c'est sûr, oui...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Délirants...
HEDWIGE CHEVRILLON
Je vous le confirme...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Absurdes, qui ne correspondent à rien, et certainement pas au mérite de la petite poignée qui perçoivent ces sommes totalement folles.
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, mais cela dit, est-ce qu'il fallait pour autant, comme le disait François BAYROU, Marielle de SARNEZ, la numéro deux du Modem, qui était mon invitée hier, qu'il faut supprimer les stock-options ; jusqu'où, vous, vous allez, Bernard Van CRAEYNEST ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Je l'avais dit, il y a déjà plus d'un an, il faut supprimer les stock-options, non pas pour les start-up ou les très petites entreprises, pour lesquelles, ça avait été construit initialement, mais les supprimer pour les... tout au moins, de la manière dont on les distribue à quelques dirigeants de très grands groupes, on voit bien que l'on a perverti le système, qu'il a totalement dérivé, et qu'il faut impérativement l'encadrer pour arrêter, on le voit bien avec la SOCIETE GENERALE, on distribue des milliers d'actions à 20 et quelque euros alors qu'on sait très bien que, bon, enfin, on peut espérer que dans trois, quatre ou cinq ans...
HEDWIGE CHEVRILLON
On a touché un peu le plus bas, quoi...
BERNARD VAN CRAEYNEST
L'action sera remontée à plus de 50, voire à près de 100 euros. Donc on donne de manière totalement scandaleuse des garanties de gains substantiels totalement décalées par rapport à ce qu'apportent réellement ces personnes-là.
HEDWIGE CHEVRILLON
Le bras de fer un peu avec le MEDEF, vous, vous estimez qu'il n'a pas lieu d'être.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Moi, ce que j'observe, c'est que le patronat...
HEDWIGE CHEVRILLON
Vous êtes le syndicat des cadres, je le...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Est très divisé sur beaucoup de sujets. Toutes les récentes négociations que nous avons connues, que ce soit sur l'assurance chômage ou les retraites complémentaires...
HEDWIGE CHEVRILLON
Les retraites complémentaires, oui, qui n'a toujours pas abouti, du reste, oui...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Si, ça y est...
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, enfin, bon...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Enfin, ça y est...
HEDWIGE CHEVRILLON
Ça y est, j'ai envie de dire, c'est : on marque une pause.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Voilà, enfin, on marque une pause, mais quand même, dans l'accord que nous venons de conclure, il est bien précisé qu'on doit mettre en place des groupes de travail dès cette année pour examiner la manière dont on va, avec le gouvernement, parce que c'est le gouvernement qui a raté le rendez-vous des retraites l'an dernier, je vous rappelle...
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui, mais j'ai envie de dire, ce n'est pas la conclusion d'un accord, ça, quand même, puisqu'on met en place des groupes de travail, donc ça veut dire, on réfléchit pour mieux faire, pour l'instant...
BERNARD VAN CRAEYNEST
C'est au moins un aspect positif pour celles et ceux qui étaient inquiets, qui sont nés en 49 ou en 50, et qui se demandaient à quelle sauce ils allaient être mangés pour leur départ en retraite dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois.
HEDWIGE CHEVRILLON
Donc division au sein du MEDEF, là-dessus, oui...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Mais le fond de la réforme des retraites complémentaires, comme de la réforme des retraites en général, est loin d'être traité, et simplement, il faudrait que le MEDEF soit en ordre de marche pour que nous soyons en capacité de conduire une vraie négociation.
HEDWIGE CHEVRILLON
Vous trouvez qu'il marche en ordre dispersé, le MEDEF ?
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oui.
HEDWIGE CHEVRILLON
Oui.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oui, absolument. Nous l'avons vu sur de nombreux dossiers où nous avons eu toutes les peines du monde à démarrer les négociations, elles ont évolué de manière chaotique, et nous avons eu des difficultés, bien évidemment, pour les conclure. Je vous rappelle le psychodrame que nous avons vécu pendant un mois, entre fin décembre et fin janvier, autour de l'assurance chômage, tout simplement parce qu'on était arrivé à un texte où on disait : ah ben, on va baisser les cotisations le 1er juin, alors qu'on voit bien que malheureusement...
HEDWIGE CHEVRILLON
Et on revient...
BERNARD VAN CRAEYNEST
Nous partons vers des déficits abyssaux concernant l'assurance chômage...
HEDWIGE CHEVRILLON
Différence de tonalité entre Geoffroy ROUX de BEZIEUX et Laurence PARISOT, on l'a bien entendue à ce même micro de BFM, du reste, Bernard Van CRAEYNEST.
BERNARD VAN CRAEYNEST
Oui, entre autre.
HEDWIGE CHEVRILLON
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Je rappelle donc que vous êtes le président du syndicat CFE-CGC. Merci beaucoup.
Source http://www.cfecgc.org, le 16 avril 2009