Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général de la Francophonie, Cher Abdou Diouf,
Monsieur le Président du Conseil régional d'Aquitaine,
Monsieur le Président de l'Agence universitaire de la Francophonie,
Monsieur le Recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs les Recteurs,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'université,
Mesdames et Messieurs, Honorables invités, Cher(e)s Ami(e)s francophones,
Je me réjouis que l'AUF ait choisi la France et la ville de Bordeaux, cité riche d'une histoire et d'une tradition universitaire millénaire, afin d'y tenir cette assemblée générale.
Il est impossible de ne pas invoquer ici Montaigne, Montesquieu, François Mauriac, qui ont tant fait honneur aux lettres françaises comme à l'humanisme, en fixant la référence immuable de ce qui à nos yeux porte le nom de justice et de morale.
Ainsi Bordeaux, qui a vu partir outre-mer des générations de marins, de marchands, de médecins, a-t-elle une vocation universelle qui en a fait très tôt un pôle de formation pour le monde francophone. Je crois d'ailleurs savoir que le président Diouf a fréquenté les amphithéâtres bordelais pour y parachever ses études de Droit. D'autres grands francophones ont illustré cette tradition, et je sais qu'ils sont nombreux dans cette salle. Les universités de Bordeaux maintiennent cette ouverture et cet engagement, qu'il s'agisse des études tropicales, politiques ou d'urbanisme.
La convergence en ce jour de tant de brillantes personnalités et communautés académiques, diverses mais unies par une inspiration commune, nous incite à un retour sur le sens.
Au sein d'une Francophonie dynamique sous l'impulsion du président Abdou Diouf auquel je tiens à rendre ici un hommage appuyé pour son indéfectible action, l'Agence universitaire de la Francophonie constitue un formidable réseau d'universités, un outil mobilisateur de communautés universitaires illustrant la diversité et l'excellence.
J'aimerais, au nom du gouvernement de la République française que j'ai l'honneur de représenter, et qui vous adresse une cordiale bienvenue, vous présenter notre engagement déterminé en faveur de la Francophonie, et dans ce contexte mobilisateur insister sur le rôle de l'AUF.
La France est résolument engagée en faveur de l'unité et du rayonnement de la Francophonie. Le président de la République l'a réaffirmé avec force lors de la célébration du 20 mars 2008 à la cité universitaire de Paris et le 17 octobre dernier lors du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la Francophonie, qui a rassemblé à Québec les 70 Etats de notre organisation internationale.
Le Sommet a mis en évidence l'originalité et la solidarité de l'apport francophone face aux grands défis mondiaux. Alors que la crise financière commençait, nos chefs d'Etat ont été les premiers à exprimer une position commune que le président Nicolas Sarkozy, à leur demande, a immédiatement et directement présenté au président des Etats-Unis. C'est l'origine des sommets qui ont eu lieu à Washington puis à Londres, et vont se poursuivre, jusqu'à la mise en place d'une gouvernance mondiale plus satisfaisante et transparente.
La Francophonie fut la première enceinte politique nord-sud à lancer cette initiative. Nous pouvons en être fiers.
Ceux qui ont participé au sommet ont en outre été impressionné par la variété et l'intensité des échanges, y compris par le dialogue direct entre chefs d'Etat sur des sujets aussi cruciaux que la paix, la démocratie ou le changement climatique.
La mise en oeuvre des conclusions du Sommet de Québec donne actuellement lieu à une concertation francophone renforcée, à Paris et entre capitales. La Déclaration du Sommet et la Résolution sur la langue française, texte original qui doit beaucoup aux efforts de la France, contiennent l'aval le plus explicite des chefs d'Etat à des projets novateurs de promotion de la langue française dans le monde de demain.
La France soutient avec détermination ce processus, qui dépasse les clivages et les blocs pour construire une communauté d'action originale. La plus haute expression de cette volonté politique a été inscrite en juillet dernier dans la Constitution française, qui mentionne désormais la Francophonie, comme devraient le faire des Etats francophones en nombre croissant.
Et la France poursuit et poursuivra son appui matériel au multilatéral francophone, dont elle est le premier bailleur de fonds, tout en souhaitant que le multilatéralisme de nos organisations se manifeste également davantage dans leurs financements. A cet égard, vous en conviendrez avec moi, l'AUF dispose d'une marge de progression substantielle.
Dans le cadre de son appui à la Francophonie multilatérale, la France a pris l'engagement considérable de créer à Paris un siège digne de la Francophonie institutionnelle, sous le nom de "Maison de la Francophonie", en regroupant le Secrétaire général, son Cabinet, l'OIF, des bureaux de liaison pour les opérateurs et l'assemblée consultative ainsi qu'un espace ouvert au public où l'AUF pourrait installer un campus numérique. Pour une durée de 50 ans renouvelables, un bâtiment de prestige avenue Bosquet est ainsi mis à disposition par application d'une convention que j'ai signée en octobre dernier avec le Secrétaire général de la Francophonie, en présence du président de la République et du Premier ministre. Nous appelons l'AUF à s'investir dans cette Maison, qui doit refléter visiblement l'engagement des opérateurs, et qui sera inaugurée le 20 mars 2010.
Cette Francophonie en mouvement a vocation à rassembler, non seulement autour d'idées et de valeurs, dans la mondialisation où nous faisons entendre un message et une approche différentes, mais aussi dans la pratique, par la synergie quotidienne entre ses expressions institutionnelles. Autour de l'Organisation internationale de la Francophonie sont regroupés les opérateurs : l'AUF, l'université Senghor, TV5 Monde et l'association internationale des maires francophones.
Cette synergie s'étend naturellement à l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, qui défend avec vigueur nos principes communs et se réunira en juillet à Paris, ainsi qu' aux conférences ministérielles au rôle précurseur, à savoir la CONFEJES et la CONFEMEN dont la France accueillera le Bureau à Paris cette année.
Monsieur le Secrétaire général,
Votre responsabilité enviable est de faire converger ces acteurs vers les objectifs communs et concrets définis notamment lors des Sommets. Vous avez beaucoup fait pour assurer la cohérence de la coopération francophone. Les universitaires présents ne savent peut-être pas l'étroitesse des rapports établis entre l'OIF et le recteur de l'AUF, qui présente à chaque conseil permanent de la Francophonie, aux réunions ministérielles, aux sommets, un rapport sur les activités de l'Agence. Ces liens doivent être encore renforcés.
Plus largement, la contribution des universitaires à la Francophonie est déterminante. Notre communauté d'Etats est fondée sur la langue et les valeurs dont elle est porteuse : les universitaires illustrent cette double vocation à être porteurs d'une langue et d'une connaissance, mais aussi défenseurs d'un patrimoine d'idées qui ont rayonné dans le monde à partir de la France, rencontrant d'autres traditions académiques fécondes.
Bien entendu, l'OIF et les opérateurs doivent travailler conjointement, et leurs rapprochements nous apportent, avec IFADEM, l'un des projets les plus prometteurs de l'espace francophone pour arrêter la perte des capacités d'enseignement : la formation à distance des maîtres complétera et enrichira la formation présencielle. L'Agence s'implique activement dans sa phase expérimentale, demain nous la retrouverons dans sa mise en oeuvre étendue. L'AUF a aussi marqué sa disponibilité pour renforcer sa coopération avec l'université Senghor d'Alexandrie, opérateur direct au service du développement. Une gestion à présent consolidée, des équipes réorganisées par objectifs, et l'impulsion du Sommet de Québec, mettent l'AUF en mesure de réaliser ces synergies et d'atteindre ces objectifs ambitieux - lorsqu'il s'agit d'excellence, comment serait-on trop ambitieux ?
La France, dont les universités fournissent le premier contingent de membres de l'AUF, et dont l'Etat est le principal contributeur de son budget, compte voir l'Agence se mobiliser autour des grands projets communs à la Francophonie définis à Québec. Volontariat international, formation à distance des maîtres, développement du numérique, mobilité étudiante : autant d'enjeux clefs pour la Francophonie. Cette mobilisation doit également s'inscrire dans une Francophonie populaire que nous appelons de nos voeux.
Tous ces projets comptent la coopération française parmi leurs partenaires, plusieurs sont portés par l'AUF, enfin le projet de mobilité étudiante, sous le nom d'"Horizons francophones", est entièrement de sa responsabilité. L'ambition de ce programme pourrait à terme le rapprocher d'un "Erasmus" francophone. En attendant, la France exprime le souhait que ce programme conduise à un réseau francophone visible et populaire. Une association des bénéficiaires de ce programme pourrait d'ailleurs y contribuer opportunément.
Nous espérons tous enregistrer bientôt les résultats de ce programme.
Et puis la France souhaiterait que le formidable réseau de l'AUF soit davantage utilisé au bénéfice de la Francophonie toute entière. Ce réseau doit aussi être un vecteur de diffusion d'ouvrages de connaissance sur la Francophonie. Un certain nombre de formations diplômantes au sein du réseau de l'AUF devraient également être labellisées "francophones". Enfin, je ne crois pas que l'AUF pourra faire l'économie d'une réflexion sur la création d'un diplôme spécifique de l'AUF sur la Francophonie.
C'est la ligne d'horizon offerte au nouveau conseil d'administration et au recteur. L'AUF doit l'atteindre tout en gérant ses programmes et son réseau élargi, car le privilège de l'Agence est d'accueillir des universités, indépendamment du caractère francophone de leur Etat d'origine, reflétant ainsi une autre dimension de la Francophonie, qui ignore les frontières autres que celles de l'esprit. Cet espace de la plus grande Francophonie doit être, à notre sens, celui du déploiement des projets novateurs au service de notre langue, et notamment pour la mobilité étudiante.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 2009