Texte intégral
Mes chers camarades,
Mes chers amis, socialistes, bonsoir à vous tous.
Parisiens, Franciliens, quel bonheur de vous retrouver ici.
J'aime les socialistes comme ils sont ce soir, enthousiastes, fiers de leurs valeurs, comme ils les portent ce soir, très haut, comme ils n'auraient jamais dû arrêter de les porter.
J'aime aussi les socialistes quand ils sont unis, parfois dans la chaleur, au coude à coude, quand ils sont fraternels, Benoît parlant d'Harlem, c'est ça le socialisme.
J'aime aussi les socialistes quand ils sont ouverts sur la société, lorsqu'ils entendent nos amis de la recherche, de l'université, ceux qui travaillent pour préparer l'avenir de nos jeunes, nous dire : c'est de vous qu'on attend les réponses, qu'on attend le combat.
Lorsqu'ils entendent les salariés qui étaient ici, et qui nous ont dit : vous êtes venus, vous les élus, à nos côtés, mais vous devez encore faire avancer le droit du travail, nos droits sociaux, en France et en Europe, pour que plus jamais nous vivions ce que nous vivons aujourd'hui dans nos entreprises.
C'est cela le Parti socialiste, ouvert sur les autres, vers ceux qui veulent avec nous changer les choses, parce que ceux qui ont parlé ce soir sont des acteurs de la société, qui veulent faire bouger les choses et qui attendent de nous que nous leur tendions la main pour avancer.
C'est cela aussi le Parti socialiste.
Et puis j'aime le Parti socialiste quand il est européen, d'ailleurs il n'y a pas de Parti socialiste sans Europe, il n'y a pas de gauche sans Europe.
D'ailleurs, quelles qu'aient été nos péripéties, nous avons toujours été tous européens, nous nous sommes toujours dit que l'Europe que nous voulions, ce n'est pas seulement celle qui est capable de construire la paix chez nous, celle qui est capable d'accompagner l'Espagne, le Portugal et la Grèce à la sortie des années terribles, mais c'est aussi l'Europe capable de porter avec enthousiasme ses valeurs à l'est de l'Europe.
Que n'ai-je regretté que nous n'ayons fait la fête en France quand nous amis de l'est sont venus nous rejoindre, que nous ayons même eu quelques propos sur la Pologne, sur la Hongrie, indignes de la gauche.
Oui, nous sommes fiers d'avoir étendu l'Europe à nos frères, et nous voulons encore porter ces valeurs ailleurs. Quand d'autres nous disent : nous avons envie de vous rejoindre parce que nous partageons l'humanisme qui est le vôtre, parce que nous en avons assez de la violence et de la dureté d'une société qui est dirigée par le marché, ouvrons-leur les bras.
J'aime les socialistes quand ils pensent que leurs valeurs ne s'arrêtent pas aux frontières de leur quartier, de leur pays, et même de l'Europe, mais que ces valeurs ont vocation à voguer ailleurs, d'aller défendre l'humanisme, d'avoir d'autres rapports entre le nord et le sud.
Et j'aime les socialistes quand ils sont européens, cher Antonio, comme toi, qui a fait vivre l'Europe des citoyens, l'Europe du bas vers le haut, comme tu l'as fait dans ta ville. A
lors c'est une belle soirée, grâce à vous. C'est une belle soirée aussi parce que nous sommes là pour défendre la liste soutenue et défendue avec le talent et l'engagement que l'on connaît par Harlem.
Je voudrais dire simplement quelques mots sur Harlem. Chacun connaît ses qualités personnelles, inutile d'en parler. Harlem fait le lien entre le socialisme, la gauche et la société, dans tous les engagements qui ont été les siens. Il n'a jamais failli lorsqu'il a pensé que, quand on parlait de l'immigration et de la discrimination, on risquait de perdre des voix, non, il a toujours été là. Il a même été l'un des premiers à nous dire : « la France n'est pas la France quand elle ne défend pas la lutte contre les discriminations, la lutte contre le racisme ! » C'est ça le socialisme, c'est ça Harlem. Et puis disons-le, Harlem, c'est d'abord un militant, il est resté un militant, et c'est cela aussi que nous aimons dans le Parti socialiste et dans Harlem, un militant de la justice, un militant de la fraternité.
Je voudrais dire aussi, Harlem, à Pervenche, qu'avec Pervenche et Benoît, puisque vous étiez députés européens, vous faites partie de ceux qui ont porté haut les couleurs du socialisme et les couleurs de la France dans ce Parlement européen où il a fallu se battre. Nous savons combien Pervenche se bat en étant Présidente de la commission des finances, en ayant tiré les sonnettes d'alarme sur ce système financier que l'on ne voulait plus voir.
Mais alors les libéraux disaient à Pervenche : « Vous n'avez rien compris, vous êtes ringarde, nous sommes modernes. Nous défendons les nouveaux produits », comme Nicolas Sarkozy voulait encore nous les vendre pendant la campagne électorale. « On n'a pas besoin d'autres règles. On s'arrange entre nous », les banquiers, les financiers, ceux qui ont réussi à faire oublier l'économie et qui ont imposé l'injustice comme règles. Pervenche, elle, était là, et la modernité aujourd'hui, c'est cela.
Alors oui, c'est une belle liste. Benoît, vous l'avez tellement applaudi ce soir, il le mérite. C'est la nouvelle génération. Quand on est un parti comme le nôtre, qu'on porte des valeurs depuis un siècle, on sait qu'on ne ferait pas notre devoir si nous n'étions pas capables de mettre en avant ceux qui continuent à défendre ces valeurs pour l'avenir, et qui mieux que Benoît peut aujourd'hui le faire et les défendre au niveau de l'Europe, car le socialisme, c'est l'universalisme. Je peux vous dire que quand Benoît a défendu son rapport il y a quelques jours sur le secret bancaire, quand il a dit : « J'ai entendu le G20, et ce qu'on y a dit sur les paradis fiscaux, mais commençons, en Europe, par traiter ceux qui sont en notre sein », je peux vous dire que beaucoup en face étaient admiratifs, ou d'ailleurs inquiets à droite, devant les propos de Benoît Hamon.
Alors les nouveaux visages, ils sont là, cette nouvelle génération, Monique, Alain, Christine, Guillaume, Lucile, Patrick, Claire, Olivier...
Peut-être qu'un jour, ça va monter.
Vous dire tout le bonheur que j'ai d'être ici, dire à Jean-Paul, qui fait un travail admirable à la Région, et ne se contente pas de tracer des plans sur la comète sur la région Ile-de-France comme notre Président. Il fait comme il l'a dit, sur les transports collectifs, qui touchent la vie quotidienne des Français, sur la vision du développement économique qui crée les emplois de demain. La crédibilité de nos élus socialistes aujourd'hui, c'est la crédibilité à laquelle penseront les Français quand ils mettront un bulletin dans l'urne le 7 juin.
Je voudrais m'adresser quelques instants à Bertrand, parce qu'ici, on est chez lui, et que parfois j'ai, peut-être par pudeur, plus de mal à lui dire en tête à tête, et nous en avons, des choses que je préfère vous dire entre nous, devant lui.
D'abord le remercier pour son accueil, pour ce qu'il fait pour Paris. Je vais dire les choses simplement : Paris dérivait, et Bertrand lui a rendu son honneur. Paris s'endormait, et aujourd'hui, Paris a un temps d'avance, nous le savons. Paris devenait une ville musée pour ceux qui avaient la chance de pouvoir y vivre. Aujourd'hui, les catégories populaires y ont leur place. Paris s'ankylosait, et la culture est à nouveau là avec les liens qu'elle crée entre les hommes et les femmes. Paris s'asphyxiait, il lui a redonné de l'énergie, et surtout une certaine façon de respirer. Il y a encore du boulot, mais c'est bien parti. Au-delà de l'élu local, exemplaire qu'il est, je voudrais surtout saluer en Bertrand le militant du Parti socialiste, celui qui n'a jamais critiqué son parti, qui tous les jours se lève en se disant : que vais-je faire pour le renforcer ? Qui tous les jours nous dit : que vais-je apporter au socialisme ? et non pas qu'est-ce que le socialisme va m'apporter ? C'est pour ça, Bertrand, que tu es une grande figure du socialisme, et que tu es aussi une référence pour tous les socialistes. Je voulais te le dire ce soir, devant tes amis, devant ceux qui te voient, devant ceux qui t'aiment et devant ceux qui t'admirent.
Je voulais le dire car je ne peux pas toujours te le dire face à face.
Voilà. Je l'ai dit au nom de toutes les personnes qui sont ici.
Mes chers camarades, tous ceux qui ont parlé avant moi ont dit l'essentiel : le 7 juin est un rendez-vous historique. On a parfois l'impression qu'on ne veut pas y aller, y rentrer. Depuis des semaines, nous sommes déjà sur le terrain, parce que nous avons la chance d'avoir un projet. Nous sommes là pour dire : nous avons un projet, un projet qui fait concurrence à ce système libéral qui a créé tant de dégâts, et ce n'est pas fini, et qui risque, si nous ne gagnons pas, de recommencer exactement comme avant, avec quelques rustines en plus.
Donc le 7 juin, en effet, c'est un rendez-vous historique.
Certains voudraient l'éviter, on le voit bien chez notre Président de la République, mais je crois aussi beaucoup de dirigeants dans les autres pays européens.
Nicolas Sarkozy ne veut pas qu'on parle de son bilan, je ne vais pas en parler ce soir, les Français le connaissent : un échec économique, un échec social, des injustices qui s'accroissent.
La croyance chevillée au corps, comme tout libéral qu'il est, et malgré la crise, qu'il a raison. Il nous a dit qu'il ne s'était jamais trompé, quand il a fait le bouclier fiscal, quand il a privatisé la Poste, quand il a fait le plus grand licenciement de la fonction publique aujourd'hui dans notre pays, et il continue.
Ne parlons pas de cet échec total dans tous les domaines, y compris dans la sécurité.
Parlons seulement de ce qu'il défend avec ses amis européens. Là aussi, il n'aime pas qu'on en parle. Il aime bien qu'on parle d'Europe quand on parle de lui. J'ai même reconnu que, grâce à lui, Président de l'Europe, on avait un peu plus parlé de l'Europe. Mais quand on regarde derrière avec un peu de recul, on est quand même inquiet. Rappelez-vous, il est allé en Russie, il les a fait plier. Parce que quand il va quelque part, tout le monde se plie. Aujourd'hui, allez parler à l'Ossétie ou à l'Abkhazie de ce qu'ils pensent de l'action de Nicolas Sarkozy. La Russie est là, ils ne peuvent plus bouger.
Il nous avait dit : « J'ai réglé la crise. » Le G4, le G6, le G20. Vous remarquez qu'en France, on croit qu'il a fait quelque chose au G20. Regardez la presse étrangère !
On a l'impression même que beaucoup lui ont dit : « Mais pourquoi ne faites-vous rien dans votre pays pour lutter contre la crise ? » En tout cas, c'est ce que Obama a dit. Et bien non, il a tout fait. Mais nous savons qu'il a été Président de l'Europe au moment où la crise s'amplifiait, et où il n'a pas réussi, faute d'ailleurs de le faire lui-même en France, de convaincre les Européens d'avoir un plan européen de relance économique pour sortir de cette crise au plus vite.
Puis disons-le, il n'a pas réussi tout simplement à faire que l'Europe comprenne l'échéance qui était devant nous, et la nécessité de retrouver ce qu'elle n'aurait jamais dû perdre, la conviction que les hommes et les femmes sont capables de définir leur destin et de créer la société vers laquelle ils veulent aller. Non, lui, il reste le meilleur élève de la classe libérale, considérant que le marché peut tout créer, que dans la vie, ce qu'il faut défendre, ce sont ceux qui réussissent, c'est-à-dire ceux qui gagnent beaucoup d'argent. C'est ce qu'il nous a dit à plusieurs reprises.
Nous disons : il faut parler de son bilan européen, mais surtout parler du bilan de l'Europe libérale, celle qu'il a défendue, celle qui n'est pas la nôtre, celle dont les Français ne veulent plus voir le fonctionnement, cette Europe qui était capable de porter à 65 heures la durée maximale du travail, il l'a votée, cette loi. Cette Europe qui a été capable de nous expliquer que les services publics portaient atteinte à la liberté. Cette Europe qui a eu la honte de prévoir qu'on puisse garder en détention 18 mois les personnes sans papiers.
Les choses sont simples pour le 7 juin, et il faut arriver à en parler de cette manière-là aux Français : « Vous êtes inquiets de ce système libéral qui a préféré soutenir les plus riches, qui a réalisé une répartition entre le capital et le travail totalement inique. Vous ne voulez plus de cette Europe qui a cassé tout ce qui permet à chacun de s'émanciper : l'accès à l'éducation, à la connaissance, à la santé, au logement. Vous ne voulez plus de cette Europe qui ne pense plus l'avenir par la recherche, par la formation tout au long de la vie, par le développement durable. Vous ne voulez plus de cette Europe qui se replie sur elle-même, qui a peur y compris des Européens, qui divise. Vous voulez une Europe qui porte ses valeurs au-delà de nos frontières, qui défend la paix mais qui défend aussi un autre modèle au niveau du monde. Pour cela, ne reprenez pas les mêmes, ceux qui ont fait cette Europe libérale, ne prenez pas ceux qui l'ont défendue, ceux qui critiquaient Pervenche en la traitant de ringarde, faites confiance à ceux qui l'ont toujours pourfendue, dénoncée, mais à ceux surtout qui ont aujourd'hui un projet pour l'Europe, un projet alternatif qui retrouve la solidarité, la justice et l'efficacité, c'est le projet des socialistes européens. »
Alors, ce soir, mes chers camarades, je ne vais pas vous parler de ce projet, mais dire simplement ici, à partir de Paris, parce que quand on parle à la France, mon cher Bertrand, il vaut mieux parler de Paris, dire aux Français qui se disent aujourd'hui : Il y a un modèle dramatique qui nous a mené au mur, il y a ces licenciements, ces difficultés, ces promesses non tenues sur le pouvoir d'achat, l'augmentation des retraites, etc.
Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on continue à se débrouiller comme on peut ? Et à se dire que seul on peut peut-être s'en sortir ? Ou bien est-ce qu'on reprend confiance dans les valeurs collectives, dans la capacité de se battre en se serrant les coudes ?
Je veux dire à ceux qui doutent, à ceux qui pensent que demain de toute façon n'ira pas bien, à ceux qui disent : à quoi sert de bouger ? Je leur dis : le 7 juin est un rendez-vous historique.
Oui nous pouvons changer la majorité au Parlement européen, oui nous pouvons guider en Europe un modèle de justice, d'une société plus douce, le modèle des philosophes du 18e siècle, qui en appelaient à la raison et au coeur des hommes, le modèle du combat ouvrier par lequel aussi l'Europe est née.
Voilà ce que nous devons leur dire, et je voudrais m'adresser à ces Français, tout d'abord m'adresser à ceux qui souffrent le plus aujourd'hui, aux salariés, aux chômeurs, à ceux qui ont été parmi les 3000 personnes qui ont perdu leur emploi chaque jour en France depuis le début de l'année, et à tous ceux qui ont peur pour l'avenir, qui sont actuellement dans des plans sociaux.
Je veux leur dire : oui, nous allons changer l'Europe. Nous voulons d'abord une Europe qui vous protège, qui protège vos conditions de travail. Nous ne voulons pas d'une Europe, comme ça a été le cas avec la directive Bolkestein, qui a voulu s'abaisser à celui qui avait les salaires les plus faibles. Nous défendons, avec l'ensemble des partis socialistes européens, la clause sociale qui implique que le mot directive aujourd'hui ne pourra plus être que synonyme de progrès, et en aucun cas de régression dans les pays.
Nous défendons la finance derrière l'économie, et nous ne disons pas : nous allons mettre quelques rustines, changer les statuts des agents de notation, mettre quelques règles prudentielles pour les banques, non, nous allons remettre l'économie devant la finance, la création des biens et services.
Pensez à la société de demain, les besoins sont tellement grands, la société qui peut créer 10 millions d'emplois verts, d'emplois de service, des emplois non délocalisables et qui nous permettront de mieux vivre ensemble.
Voilà l'Europe que nous nous engageons à construire avec les partis socialistes des 27 pays européens.
Puis, comme nous l'avons fait en France, nous nous engageons aussi à mettre fin aux stock options, à empêcher les licenciements financiers et boursiers.
Dans le programme que Poul Rasmussen a présenté à Toulouse, nous avons pris des engagements forts.
Le premier, c'est de relancer l'économie, non pas en allant arracher avec les dents un point de croissance, non, en mettant 100 milliards d'euros sur la table pour que dès le 7 juin des directives soient préparées pour pouvoir relancer l'économie et créer des emplois, mais aussi pour dire qu'on ne pourra plus licencier dans une entreprise qui fait des bénéfices si elle ne met pas les moyens pour rééquilibrer, pour recréer des emplois et financer la réindustrialisation.
Puis nous voulons des salaires minima dans chaque pays, à la fois parce que nous, socialistes, nous voulons que toute personne puisse vivre mieux dans tous les pays européens, mais aussi parce que nous ne voulons plus que l'Europe se fasse concurrence sur les salaires. Nous voulons aller vers le SMIC européen, vers cette harmonisation sociale qui, avec l'harmonisation fiscale, fera que non seulement nous ne nous ferons plus concurrence mais nous nous renforcerons pour défendre notre modèle partout dans le monde.
C'est cela aussi l'Europe que nous défendons.
Je voudrais aussi m'adresser à la jeunesse. Quand on est jeune, on est d'abord européen, car on a envie de connaître ceux qui sont différents, car on veut apprendre des autres, mais aussi peut-être parce que ces générations, qu'on qualifie quand on est à droite de paresseux, quand ce n'est pas d'autre chose, nous savons qu'elles sont porteuses de générosité, de tolérance, et qu'elles veulent que l'Europe leur fasse non seulement leur place, mais soit capable de défendre leurs valeurs et leur modèle partout dans le monde, vers le sud, en accueillant les étrangers, en ayant un autre regard vers ceux qui sont différents.
C'est cela la jeunesse européenne.
C'est pour eux que nous défendons une Europe de la formation, où l'on pourra faire ses études à l'université sans travailler, une Europe du développement durable. C'est l'objectif central des socialistes, construire une croissance verte, non seulement porteuse de millions d'emplois mais aussi porteuse d'un mieux vivre, dans les transports collectifs, dans le logement, dans l'accompagnement des personnes âgées par exemple.
Voilà l'Europe que nous voulons construire pour que nos enfants ne vivent pas dans un monde dégradé, mais au contraire dans un monde qui non seulement respectera l'environnement mais permettra également de vivre la solidarité, y compris entre ceux qui sont différents. Voilà l'Europe que nous voulons construire.
Je voudrais aussi m'adresser ce soir à ceux qui sont les plus inquiets dans notre pays : les fonctionnaires. Qu'ils travaillent dans les collectivités locales, les administrations, à la Poste, dans les écoles, les universités, dans la recherche, dans les hôpitaux, etc., ils se disent : à quelle sauce va-t-on être mangé ?
Si le 7 juin, on ne donne pas un signe fort à Nicolas Sarkozy ici, à Barroso et à Berlusconi là-bas, nous le savons, ils démantèleront les services publics.
Demain seront dans la rue les hospitaliers, pour défendre la santé des Français, pour défendre le service public, l'hôpital public, qu'on veut casser aujourd'hui.
Nous leur disons : nous défendrons cette directive générale, car vous êtes le rempart contre les injustices, vous êtes, vous les fonctionnaires et les agents publics, la promesse d'une réelle égalité des chances dans nos pays et en Europe. Vous êtes la richesse de ceux qui n'en ont pas. Alors nous sommes auprès de vous, et nous vous défendrons. Vous le savez, le seul message envoyé ici en France et en Europe par Nicolas Sarkozy et ses amis du PPE, c'est de dire aux fonctionnaires : vous êtes trop nombreux. Voilà le message qui leur est proposé. Et après la suppression de milliers d'emplois, à l'école, dans les universités, la recherche, les hôpitaux, on nous annonce pour la rentrée : 35000 emplois en moins. Qui fait cela ? Ce n'est pas une multinationale dirigée par des patrons voyous, montrés du doigt par Nicolas Sarkozy à Toulon. C'est lui qui met en place ce licenciement collectif ! Voilà ce qu'est Nicolas Sarkozy.
Si vous regardez le programme du PPE, ils ne vont pas vous en parler, si vous regardez le manifeste de Stockholm du parti libéral auquel appartient le Modem, ils ne vont pas vous en parler. Ils vont même dire le contraire. Or en réalité ils disent tous la même chose : « Nous n'avons pas terminé le travail, la concurrence n'est pas partout, il faut la mettre dans les services publics. » Le premier exemple qu'ils choisissent c'est la santé.
Alors que François Bayrou ne vienne pas nous expliquer ici le contraire de ce qu'il soutient, comme le dit Martin Schulz, en soutenant les plus barbares des libéraux en Europe. On n'y croit pas, et les Français n'y croiront pas non plus.
Mes chers camarades, adressons-nous aux Français, et disons-leur : oui, nous avons compris qu'il faut un autre système face au système libéral.
Aujourd'hui, les socialistes français sont unis pour porter un projet, car nous sommes socialistes pas seulement pour dénoncer, mais parce que nous pensons qu'il faut toujours changer un bout de terrain, comme le font les élus locaux.
Nous pensons que là où nous sommes, nous nous battons pour que chacun bouge, pour qu'il y ait une vision, pour que les entreprises reviennent, pour que la ville soit plus humaine, pour préparer un avenir durable, mais surtout pour que les hommes et les femmes sachent que le bien être, c'est bien sûr de pouvoir faire vivre sa famille, de pouvoir consommer, mais c'est surtout de pouvoir vivre en harmonie avec les autres, de pouvoir se sentir reconnu dans la société, de pouvoir se rencontrer dans
des moments de culture, dans des moments sportifs, bref, d'être une société dans nos différences. C'est cela que nous défendons.
Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de diviser notre pays, de monter les uns contre les autres, les personnes âgées contre les jeunes, les étrangers contre les Français, le secteur public contre le secteur privé.
Mais aujourd'hui, nous savons que porter un projet, c'est réunir la société, c'est lui donner envie de porter haut des valeurs qui font qu'elle sera fière d'elle-même. Quand j'ai vu les Français de toutes opinions politiques, de toutes catégories sociales répondre oui au réseau éducation sans frontière, qui leur a dit : « On ne peut pas accepter de laisser des enfants dans les centres de rétention, ces enfants, ce sont les copains des vôtres. » Qu'est-ce qu'ils ont dit, les Français ? Ils ont dit : « On ne veut plus entendre parler de stocks et de flux d'immigrés, nous voulons comprendre ce que chaque homme et chaque femme a vécu. Pourquoi il a quitté son pays en guerre, pourquoi il a laissé sa famille souvent pour fuir la misère et la pauvreté, et nous voulons tout simplement voir en lui la même part d'humanité qu'il y a en nous. » C'est cela aussi l'Europe que nous voulons défendre.
Mes chers camarades, le 7 juin, il faut changer, changer là-bas pour changer ici. C'est cela qu'il faut dire aux Français. Il faut voter pour une Europe utile, c'est-à-dire une Europe qui peut changer la majorité au Parlement européen.
Je ne critique pas les partis de gauche, je préférerais qu'ils dénoncent moins et proposent plus, mais je ne les critique pas. Ils sont là pour dénoncer la seule liste qui défend le Président de la République et le gouvernement. Et on nous dit qu'ils sont en tête. 27% ! Quand on soutient le Président de la République et le gouvernement, ce n'est pas terrible !
Nous savons que toutes les autres listes, 19 listes, dénoncent la politique actuelle.
Mais quelle est celle qui est capable de porter un projet, car nous avons ce projet pour l'Europe, surtout parce que nous sommes unis avec les 27 pays européens ? Ce sont les socialistes. C'est pourquoi il faut voter socialiste le 7 juin, pour une Europe utile.
Ce scrutin, un seul tour ! Non pas pour dire non, pour dire oui. Oui, nous sommes européens, oui nous aimons ces valeurs de fraternité et de tolérance, oui nous voulons à nouveau avoir une vision du moyen et du long terme, car on n'est pas de gauche quand on ne prépare pas l'avenir et qu'on ne maîtrise pas le présent. Alors il ne faudra pas de subtilités, pas se dire : je vote pour le rose pâle, le rouge, le rouge vif, le vert... Il faudra voter socialiste, car c'est le seul vote utile pour une Europe utile.
Voilà ce que je souhaitais vous dire.
Il reste quelques semaines pour aller voir les Français, et notamment pour aller voir ceux qui ont envie tout simplement de se regarder dans la glace, de ne pas avoir peur du jeune qui passe devant eux, de ne pas tourner le dos quand une personne âgée ouvre sa porte parce qu'on a peur qu'elle vous demande quelque chose, de ne pas avoir peur de tendre la main à un étranger sans papiers, même si c'est un délit de solidarité. Alors nous allons aller les voir. C'est ça la France ! La France que nous aimons, celle qui a porté les droits de l'homme. C'est cela qu'attendent les Français, la justice, car il n'y a pas d'ordre sans justice, et que le désordre aujourd'hui, la violence, comme nous l'ont dit les salariés tout à l'heure, ce sont les inégalités, les injustices, ces salariés qui sont pris sous la cupidité, l'avidité de chefs d'entreprise qui les ont trompés et recourent aujourd'hui à la violence. Nous ne voulons pas de cette violence, nous préférons porter haut la justice. C'est cela l'Europe que nous voulons.
Alors mes camarades, l'Europe maintenant, avec Harlem, avec tous les autres, l'Europe, notre Europe, l'Europe des socialistes européens maintenant.
Vive l'Europe !
Source http://www.changerleurope.fr, le 26 mai 2009
Mes chers amis, socialistes, bonsoir à vous tous.
Parisiens, Franciliens, quel bonheur de vous retrouver ici.
J'aime les socialistes comme ils sont ce soir, enthousiastes, fiers de leurs valeurs, comme ils les portent ce soir, très haut, comme ils n'auraient jamais dû arrêter de les porter.
J'aime aussi les socialistes quand ils sont unis, parfois dans la chaleur, au coude à coude, quand ils sont fraternels, Benoît parlant d'Harlem, c'est ça le socialisme.
J'aime aussi les socialistes quand ils sont ouverts sur la société, lorsqu'ils entendent nos amis de la recherche, de l'université, ceux qui travaillent pour préparer l'avenir de nos jeunes, nous dire : c'est de vous qu'on attend les réponses, qu'on attend le combat.
Lorsqu'ils entendent les salariés qui étaient ici, et qui nous ont dit : vous êtes venus, vous les élus, à nos côtés, mais vous devez encore faire avancer le droit du travail, nos droits sociaux, en France et en Europe, pour que plus jamais nous vivions ce que nous vivons aujourd'hui dans nos entreprises.
C'est cela le Parti socialiste, ouvert sur les autres, vers ceux qui veulent avec nous changer les choses, parce que ceux qui ont parlé ce soir sont des acteurs de la société, qui veulent faire bouger les choses et qui attendent de nous que nous leur tendions la main pour avancer.
C'est cela aussi le Parti socialiste.
Et puis j'aime le Parti socialiste quand il est européen, d'ailleurs il n'y a pas de Parti socialiste sans Europe, il n'y a pas de gauche sans Europe.
D'ailleurs, quelles qu'aient été nos péripéties, nous avons toujours été tous européens, nous nous sommes toujours dit que l'Europe que nous voulions, ce n'est pas seulement celle qui est capable de construire la paix chez nous, celle qui est capable d'accompagner l'Espagne, le Portugal et la Grèce à la sortie des années terribles, mais c'est aussi l'Europe capable de porter avec enthousiasme ses valeurs à l'est de l'Europe.
Que n'ai-je regretté que nous n'ayons fait la fête en France quand nous amis de l'est sont venus nous rejoindre, que nous ayons même eu quelques propos sur la Pologne, sur la Hongrie, indignes de la gauche.
Oui, nous sommes fiers d'avoir étendu l'Europe à nos frères, et nous voulons encore porter ces valeurs ailleurs. Quand d'autres nous disent : nous avons envie de vous rejoindre parce que nous partageons l'humanisme qui est le vôtre, parce que nous en avons assez de la violence et de la dureté d'une société qui est dirigée par le marché, ouvrons-leur les bras.
J'aime les socialistes quand ils pensent que leurs valeurs ne s'arrêtent pas aux frontières de leur quartier, de leur pays, et même de l'Europe, mais que ces valeurs ont vocation à voguer ailleurs, d'aller défendre l'humanisme, d'avoir d'autres rapports entre le nord et le sud.
Et j'aime les socialistes quand ils sont européens, cher Antonio, comme toi, qui a fait vivre l'Europe des citoyens, l'Europe du bas vers le haut, comme tu l'as fait dans ta ville. A
lors c'est une belle soirée, grâce à vous. C'est une belle soirée aussi parce que nous sommes là pour défendre la liste soutenue et défendue avec le talent et l'engagement que l'on connaît par Harlem.
Je voudrais dire simplement quelques mots sur Harlem. Chacun connaît ses qualités personnelles, inutile d'en parler. Harlem fait le lien entre le socialisme, la gauche et la société, dans tous les engagements qui ont été les siens. Il n'a jamais failli lorsqu'il a pensé que, quand on parlait de l'immigration et de la discrimination, on risquait de perdre des voix, non, il a toujours été là. Il a même été l'un des premiers à nous dire : « la France n'est pas la France quand elle ne défend pas la lutte contre les discriminations, la lutte contre le racisme ! » C'est ça le socialisme, c'est ça Harlem. Et puis disons-le, Harlem, c'est d'abord un militant, il est resté un militant, et c'est cela aussi que nous aimons dans le Parti socialiste et dans Harlem, un militant de la justice, un militant de la fraternité.
Je voudrais dire aussi, Harlem, à Pervenche, qu'avec Pervenche et Benoît, puisque vous étiez députés européens, vous faites partie de ceux qui ont porté haut les couleurs du socialisme et les couleurs de la France dans ce Parlement européen où il a fallu se battre. Nous savons combien Pervenche se bat en étant Présidente de la commission des finances, en ayant tiré les sonnettes d'alarme sur ce système financier que l'on ne voulait plus voir.
Mais alors les libéraux disaient à Pervenche : « Vous n'avez rien compris, vous êtes ringarde, nous sommes modernes. Nous défendons les nouveaux produits », comme Nicolas Sarkozy voulait encore nous les vendre pendant la campagne électorale. « On n'a pas besoin d'autres règles. On s'arrange entre nous », les banquiers, les financiers, ceux qui ont réussi à faire oublier l'économie et qui ont imposé l'injustice comme règles. Pervenche, elle, était là, et la modernité aujourd'hui, c'est cela.
Alors oui, c'est une belle liste. Benoît, vous l'avez tellement applaudi ce soir, il le mérite. C'est la nouvelle génération. Quand on est un parti comme le nôtre, qu'on porte des valeurs depuis un siècle, on sait qu'on ne ferait pas notre devoir si nous n'étions pas capables de mettre en avant ceux qui continuent à défendre ces valeurs pour l'avenir, et qui mieux que Benoît peut aujourd'hui le faire et les défendre au niveau de l'Europe, car le socialisme, c'est l'universalisme. Je peux vous dire que quand Benoît a défendu son rapport il y a quelques jours sur le secret bancaire, quand il a dit : « J'ai entendu le G20, et ce qu'on y a dit sur les paradis fiscaux, mais commençons, en Europe, par traiter ceux qui sont en notre sein », je peux vous dire que beaucoup en face étaient admiratifs, ou d'ailleurs inquiets à droite, devant les propos de Benoît Hamon.
Alors les nouveaux visages, ils sont là, cette nouvelle génération, Monique, Alain, Christine, Guillaume, Lucile, Patrick, Claire, Olivier...
Peut-être qu'un jour, ça va monter.
Vous dire tout le bonheur que j'ai d'être ici, dire à Jean-Paul, qui fait un travail admirable à la Région, et ne se contente pas de tracer des plans sur la comète sur la région Ile-de-France comme notre Président. Il fait comme il l'a dit, sur les transports collectifs, qui touchent la vie quotidienne des Français, sur la vision du développement économique qui crée les emplois de demain. La crédibilité de nos élus socialistes aujourd'hui, c'est la crédibilité à laquelle penseront les Français quand ils mettront un bulletin dans l'urne le 7 juin.
Je voudrais m'adresser quelques instants à Bertrand, parce qu'ici, on est chez lui, et que parfois j'ai, peut-être par pudeur, plus de mal à lui dire en tête à tête, et nous en avons, des choses que je préfère vous dire entre nous, devant lui.
D'abord le remercier pour son accueil, pour ce qu'il fait pour Paris. Je vais dire les choses simplement : Paris dérivait, et Bertrand lui a rendu son honneur. Paris s'endormait, et aujourd'hui, Paris a un temps d'avance, nous le savons. Paris devenait une ville musée pour ceux qui avaient la chance de pouvoir y vivre. Aujourd'hui, les catégories populaires y ont leur place. Paris s'ankylosait, et la culture est à nouveau là avec les liens qu'elle crée entre les hommes et les femmes. Paris s'asphyxiait, il lui a redonné de l'énergie, et surtout une certaine façon de respirer. Il y a encore du boulot, mais c'est bien parti. Au-delà de l'élu local, exemplaire qu'il est, je voudrais surtout saluer en Bertrand le militant du Parti socialiste, celui qui n'a jamais critiqué son parti, qui tous les jours se lève en se disant : que vais-je faire pour le renforcer ? Qui tous les jours nous dit : que vais-je apporter au socialisme ? et non pas qu'est-ce que le socialisme va m'apporter ? C'est pour ça, Bertrand, que tu es une grande figure du socialisme, et que tu es aussi une référence pour tous les socialistes. Je voulais te le dire ce soir, devant tes amis, devant ceux qui te voient, devant ceux qui t'aiment et devant ceux qui t'admirent.
Je voulais le dire car je ne peux pas toujours te le dire face à face.
Voilà. Je l'ai dit au nom de toutes les personnes qui sont ici.
Mes chers camarades, tous ceux qui ont parlé avant moi ont dit l'essentiel : le 7 juin est un rendez-vous historique. On a parfois l'impression qu'on ne veut pas y aller, y rentrer. Depuis des semaines, nous sommes déjà sur le terrain, parce que nous avons la chance d'avoir un projet. Nous sommes là pour dire : nous avons un projet, un projet qui fait concurrence à ce système libéral qui a créé tant de dégâts, et ce n'est pas fini, et qui risque, si nous ne gagnons pas, de recommencer exactement comme avant, avec quelques rustines en plus.
Donc le 7 juin, en effet, c'est un rendez-vous historique.
Certains voudraient l'éviter, on le voit bien chez notre Président de la République, mais je crois aussi beaucoup de dirigeants dans les autres pays européens.
Nicolas Sarkozy ne veut pas qu'on parle de son bilan, je ne vais pas en parler ce soir, les Français le connaissent : un échec économique, un échec social, des injustices qui s'accroissent.
La croyance chevillée au corps, comme tout libéral qu'il est, et malgré la crise, qu'il a raison. Il nous a dit qu'il ne s'était jamais trompé, quand il a fait le bouclier fiscal, quand il a privatisé la Poste, quand il a fait le plus grand licenciement de la fonction publique aujourd'hui dans notre pays, et il continue.
Ne parlons pas de cet échec total dans tous les domaines, y compris dans la sécurité.
Parlons seulement de ce qu'il défend avec ses amis européens. Là aussi, il n'aime pas qu'on en parle. Il aime bien qu'on parle d'Europe quand on parle de lui. J'ai même reconnu que, grâce à lui, Président de l'Europe, on avait un peu plus parlé de l'Europe. Mais quand on regarde derrière avec un peu de recul, on est quand même inquiet. Rappelez-vous, il est allé en Russie, il les a fait plier. Parce que quand il va quelque part, tout le monde se plie. Aujourd'hui, allez parler à l'Ossétie ou à l'Abkhazie de ce qu'ils pensent de l'action de Nicolas Sarkozy. La Russie est là, ils ne peuvent plus bouger.
Il nous avait dit : « J'ai réglé la crise. » Le G4, le G6, le G20. Vous remarquez qu'en France, on croit qu'il a fait quelque chose au G20. Regardez la presse étrangère !
On a l'impression même que beaucoup lui ont dit : « Mais pourquoi ne faites-vous rien dans votre pays pour lutter contre la crise ? » En tout cas, c'est ce que Obama a dit. Et bien non, il a tout fait. Mais nous savons qu'il a été Président de l'Europe au moment où la crise s'amplifiait, et où il n'a pas réussi, faute d'ailleurs de le faire lui-même en France, de convaincre les Européens d'avoir un plan européen de relance économique pour sortir de cette crise au plus vite.
Puis disons-le, il n'a pas réussi tout simplement à faire que l'Europe comprenne l'échéance qui était devant nous, et la nécessité de retrouver ce qu'elle n'aurait jamais dû perdre, la conviction que les hommes et les femmes sont capables de définir leur destin et de créer la société vers laquelle ils veulent aller. Non, lui, il reste le meilleur élève de la classe libérale, considérant que le marché peut tout créer, que dans la vie, ce qu'il faut défendre, ce sont ceux qui réussissent, c'est-à-dire ceux qui gagnent beaucoup d'argent. C'est ce qu'il nous a dit à plusieurs reprises.
Nous disons : il faut parler de son bilan européen, mais surtout parler du bilan de l'Europe libérale, celle qu'il a défendue, celle qui n'est pas la nôtre, celle dont les Français ne veulent plus voir le fonctionnement, cette Europe qui était capable de porter à 65 heures la durée maximale du travail, il l'a votée, cette loi. Cette Europe qui a été capable de nous expliquer que les services publics portaient atteinte à la liberté. Cette Europe qui a eu la honte de prévoir qu'on puisse garder en détention 18 mois les personnes sans papiers.
Les choses sont simples pour le 7 juin, et il faut arriver à en parler de cette manière-là aux Français : « Vous êtes inquiets de ce système libéral qui a préféré soutenir les plus riches, qui a réalisé une répartition entre le capital et le travail totalement inique. Vous ne voulez plus de cette Europe qui a cassé tout ce qui permet à chacun de s'émanciper : l'accès à l'éducation, à la connaissance, à la santé, au logement. Vous ne voulez plus de cette Europe qui ne pense plus l'avenir par la recherche, par la formation tout au long de la vie, par le développement durable. Vous ne voulez plus de cette Europe qui se replie sur elle-même, qui a peur y compris des Européens, qui divise. Vous voulez une Europe qui porte ses valeurs au-delà de nos frontières, qui défend la paix mais qui défend aussi un autre modèle au niveau du monde. Pour cela, ne reprenez pas les mêmes, ceux qui ont fait cette Europe libérale, ne prenez pas ceux qui l'ont défendue, ceux qui critiquaient Pervenche en la traitant de ringarde, faites confiance à ceux qui l'ont toujours pourfendue, dénoncée, mais à ceux surtout qui ont aujourd'hui un projet pour l'Europe, un projet alternatif qui retrouve la solidarité, la justice et l'efficacité, c'est le projet des socialistes européens. »
Alors, ce soir, mes chers camarades, je ne vais pas vous parler de ce projet, mais dire simplement ici, à partir de Paris, parce que quand on parle à la France, mon cher Bertrand, il vaut mieux parler de Paris, dire aux Français qui se disent aujourd'hui : Il y a un modèle dramatique qui nous a mené au mur, il y a ces licenciements, ces difficultés, ces promesses non tenues sur le pouvoir d'achat, l'augmentation des retraites, etc.
Qu'est-ce qu'on fait ? Est-ce qu'on continue à se débrouiller comme on peut ? Et à se dire que seul on peut peut-être s'en sortir ? Ou bien est-ce qu'on reprend confiance dans les valeurs collectives, dans la capacité de se battre en se serrant les coudes ?
Je veux dire à ceux qui doutent, à ceux qui pensent que demain de toute façon n'ira pas bien, à ceux qui disent : à quoi sert de bouger ? Je leur dis : le 7 juin est un rendez-vous historique.
Oui nous pouvons changer la majorité au Parlement européen, oui nous pouvons guider en Europe un modèle de justice, d'une société plus douce, le modèle des philosophes du 18e siècle, qui en appelaient à la raison et au coeur des hommes, le modèle du combat ouvrier par lequel aussi l'Europe est née.
Voilà ce que nous devons leur dire, et je voudrais m'adresser à ces Français, tout d'abord m'adresser à ceux qui souffrent le plus aujourd'hui, aux salariés, aux chômeurs, à ceux qui ont été parmi les 3000 personnes qui ont perdu leur emploi chaque jour en France depuis le début de l'année, et à tous ceux qui ont peur pour l'avenir, qui sont actuellement dans des plans sociaux.
Je veux leur dire : oui, nous allons changer l'Europe. Nous voulons d'abord une Europe qui vous protège, qui protège vos conditions de travail. Nous ne voulons pas d'une Europe, comme ça a été le cas avec la directive Bolkestein, qui a voulu s'abaisser à celui qui avait les salaires les plus faibles. Nous défendons, avec l'ensemble des partis socialistes européens, la clause sociale qui implique que le mot directive aujourd'hui ne pourra plus être que synonyme de progrès, et en aucun cas de régression dans les pays.
Nous défendons la finance derrière l'économie, et nous ne disons pas : nous allons mettre quelques rustines, changer les statuts des agents de notation, mettre quelques règles prudentielles pour les banques, non, nous allons remettre l'économie devant la finance, la création des biens et services.
Pensez à la société de demain, les besoins sont tellement grands, la société qui peut créer 10 millions d'emplois verts, d'emplois de service, des emplois non délocalisables et qui nous permettront de mieux vivre ensemble.
Voilà l'Europe que nous nous engageons à construire avec les partis socialistes des 27 pays européens.
Puis, comme nous l'avons fait en France, nous nous engageons aussi à mettre fin aux stock options, à empêcher les licenciements financiers et boursiers.
Dans le programme que Poul Rasmussen a présenté à Toulouse, nous avons pris des engagements forts.
Le premier, c'est de relancer l'économie, non pas en allant arracher avec les dents un point de croissance, non, en mettant 100 milliards d'euros sur la table pour que dès le 7 juin des directives soient préparées pour pouvoir relancer l'économie et créer des emplois, mais aussi pour dire qu'on ne pourra plus licencier dans une entreprise qui fait des bénéfices si elle ne met pas les moyens pour rééquilibrer, pour recréer des emplois et financer la réindustrialisation.
Puis nous voulons des salaires minima dans chaque pays, à la fois parce que nous, socialistes, nous voulons que toute personne puisse vivre mieux dans tous les pays européens, mais aussi parce que nous ne voulons plus que l'Europe se fasse concurrence sur les salaires. Nous voulons aller vers le SMIC européen, vers cette harmonisation sociale qui, avec l'harmonisation fiscale, fera que non seulement nous ne nous ferons plus concurrence mais nous nous renforcerons pour défendre notre modèle partout dans le monde.
C'est cela aussi l'Europe que nous défendons.
Je voudrais aussi m'adresser à la jeunesse. Quand on est jeune, on est d'abord européen, car on a envie de connaître ceux qui sont différents, car on veut apprendre des autres, mais aussi peut-être parce que ces générations, qu'on qualifie quand on est à droite de paresseux, quand ce n'est pas d'autre chose, nous savons qu'elles sont porteuses de générosité, de tolérance, et qu'elles veulent que l'Europe leur fasse non seulement leur place, mais soit capable de défendre leurs valeurs et leur modèle partout dans le monde, vers le sud, en accueillant les étrangers, en ayant un autre regard vers ceux qui sont différents.
C'est cela la jeunesse européenne.
C'est pour eux que nous défendons une Europe de la formation, où l'on pourra faire ses études à l'université sans travailler, une Europe du développement durable. C'est l'objectif central des socialistes, construire une croissance verte, non seulement porteuse de millions d'emplois mais aussi porteuse d'un mieux vivre, dans les transports collectifs, dans le logement, dans l'accompagnement des personnes âgées par exemple.
Voilà l'Europe que nous voulons construire pour que nos enfants ne vivent pas dans un monde dégradé, mais au contraire dans un monde qui non seulement respectera l'environnement mais permettra également de vivre la solidarité, y compris entre ceux qui sont différents. Voilà l'Europe que nous voulons construire.
Je voudrais aussi m'adresser ce soir à ceux qui sont les plus inquiets dans notre pays : les fonctionnaires. Qu'ils travaillent dans les collectivités locales, les administrations, à la Poste, dans les écoles, les universités, dans la recherche, dans les hôpitaux, etc., ils se disent : à quelle sauce va-t-on être mangé ?
Si le 7 juin, on ne donne pas un signe fort à Nicolas Sarkozy ici, à Barroso et à Berlusconi là-bas, nous le savons, ils démantèleront les services publics.
Demain seront dans la rue les hospitaliers, pour défendre la santé des Français, pour défendre le service public, l'hôpital public, qu'on veut casser aujourd'hui.
Nous leur disons : nous défendrons cette directive générale, car vous êtes le rempart contre les injustices, vous êtes, vous les fonctionnaires et les agents publics, la promesse d'une réelle égalité des chances dans nos pays et en Europe. Vous êtes la richesse de ceux qui n'en ont pas. Alors nous sommes auprès de vous, et nous vous défendrons. Vous le savez, le seul message envoyé ici en France et en Europe par Nicolas Sarkozy et ses amis du PPE, c'est de dire aux fonctionnaires : vous êtes trop nombreux. Voilà le message qui leur est proposé. Et après la suppression de milliers d'emplois, à l'école, dans les universités, la recherche, les hôpitaux, on nous annonce pour la rentrée : 35000 emplois en moins. Qui fait cela ? Ce n'est pas une multinationale dirigée par des patrons voyous, montrés du doigt par Nicolas Sarkozy à Toulon. C'est lui qui met en place ce licenciement collectif ! Voilà ce qu'est Nicolas Sarkozy.
Si vous regardez le programme du PPE, ils ne vont pas vous en parler, si vous regardez le manifeste de Stockholm du parti libéral auquel appartient le Modem, ils ne vont pas vous en parler. Ils vont même dire le contraire. Or en réalité ils disent tous la même chose : « Nous n'avons pas terminé le travail, la concurrence n'est pas partout, il faut la mettre dans les services publics. » Le premier exemple qu'ils choisissent c'est la santé.
Alors que François Bayrou ne vienne pas nous expliquer ici le contraire de ce qu'il soutient, comme le dit Martin Schulz, en soutenant les plus barbares des libéraux en Europe. On n'y croit pas, et les Français n'y croiront pas non plus.
Mes chers camarades, adressons-nous aux Français, et disons-leur : oui, nous avons compris qu'il faut un autre système face au système libéral.
Aujourd'hui, les socialistes français sont unis pour porter un projet, car nous sommes socialistes pas seulement pour dénoncer, mais parce que nous pensons qu'il faut toujours changer un bout de terrain, comme le font les élus locaux.
Nous pensons que là où nous sommes, nous nous battons pour que chacun bouge, pour qu'il y ait une vision, pour que les entreprises reviennent, pour que la ville soit plus humaine, pour préparer un avenir durable, mais surtout pour que les hommes et les femmes sachent que le bien être, c'est bien sûr de pouvoir faire vivre sa famille, de pouvoir consommer, mais c'est surtout de pouvoir vivre en harmonie avec les autres, de pouvoir se sentir reconnu dans la société, de pouvoir se rencontrer dans
des moments de culture, dans des moments sportifs, bref, d'être une société dans nos différences. C'est cela que nous défendons.
Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de diviser notre pays, de monter les uns contre les autres, les personnes âgées contre les jeunes, les étrangers contre les Français, le secteur public contre le secteur privé.
Mais aujourd'hui, nous savons que porter un projet, c'est réunir la société, c'est lui donner envie de porter haut des valeurs qui font qu'elle sera fière d'elle-même. Quand j'ai vu les Français de toutes opinions politiques, de toutes catégories sociales répondre oui au réseau éducation sans frontière, qui leur a dit : « On ne peut pas accepter de laisser des enfants dans les centres de rétention, ces enfants, ce sont les copains des vôtres. » Qu'est-ce qu'ils ont dit, les Français ? Ils ont dit : « On ne veut plus entendre parler de stocks et de flux d'immigrés, nous voulons comprendre ce que chaque homme et chaque femme a vécu. Pourquoi il a quitté son pays en guerre, pourquoi il a laissé sa famille souvent pour fuir la misère et la pauvreté, et nous voulons tout simplement voir en lui la même part d'humanité qu'il y a en nous. » C'est cela aussi l'Europe que nous voulons défendre.
Mes chers camarades, le 7 juin, il faut changer, changer là-bas pour changer ici. C'est cela qu'il faut dire aux Français. Il faut voter pour une Europe utile, c'est-à-dire une Europe qui peut changer la majorité au Parlement européen.
Je ne critique pas les partis de gauche, je préférerais qu'ils dénoncent moins et proposent plus, mais je ne les critique pas. Ils sont là pour dénoncer la seule liste qui défend le Président de la République et le gouvernement. Et on nous dit qu'ils sont en tête. 27% ! Quand on soutient le Président de la République et le gouvernement, ce n'est pas terrible !
Nous savons que toutes les autres listes, 19 listes, dénoncent la politique actuelle.
Mais quelle est celle qui est capable de porter un projet, car nous avons ce projet pour l'Europe, surtout parce que nous sommes unis avec les 27 pays européens ? Ce sont les socialistes. C'est pourquoi il faut voter socialiste le 7 juin, pour une Europe utile.
Ce scrutin, un seul tour ! Non pas pour dire non, pour dire oui. Oui, nous sommes européens, oui nous aimons ces valeurs de fraternité et de tolérance, oui nous voulons à nouveau avoir une vision du moyen et du long terme, car on n'est pas de gauche quand on ne prépare pas l'avenir et qu'on ne maîtrise pas le présent. Alors il ne faudra pas de subtilités, pas se dire : je vote pour le rose pâle, le rouge, le rouge vif, le vert... Il faudra voter socialiste, car c'est le seul vote utile pour une Europe utile.
Voilà ce que je souhaitais vous dire.
Il reste quelques semaines pour aller voir les Français, et notamment pour aller voir ceux qui ont envie tout simplement de se regarder dans la glace, de ne pas avoir peur du jeune qui passe devant eux, de ne pas tourner le dos quand une personne âgée ouvre sa porte parce qu'on a peur qu'elle vous demande quelque chose, de ne pas avoir peur de tendre la main à un étranger sans papiers, même si c'est un délit de solidarité. Alors nous allons aller les voir. C'est ça la France ! La France que nous aimons, celle qui a porté les droits de l'homme. C'est cela qu'attendent les Français, la justice, car il n'y a pas d'ordre sans justice, et que le désordre aujourd'hui, la violence, comme nous l'ont dit les salariés tout à l'heure, ce sont les inégalités, les injustices, ces salariés qui sont pris sous la cupidité, l'avidité de chefs d'entreprise qui les ont trompés et recourent aujourd'hui à la violence. Nous ne voulons pas de cette violence, nous préférons porter haut la justice. C'est cela l'Europe que nous voulons.
Alors mes camarades, l'Europe maintenant, avec Harlem, avec tous les autres, l'Europe, notre Europe, l'Europe des socialistes européens maintenant.
Vive l'Europe !
Source http://www.changerleurope.fr, le 26 mai 2009