Déclaration de Mme Martine Aubry, première secrétaire du PS, sur l'enjeu des élections européennes, Strasbourg le 30 avril 2009.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Meeting à Strasbourg le 30 avril 2009

Texte intégral

Alors, mes camarades, chers camarades, d'abord, vous dire le bonheur d'avoir entendu Catherine Trautmann et Adrian Severin. L'Europe, c'est en effet cela, et on le sait. Cette ville de Strasbourg vit au coeur de l'Europe.
Je voudrais vous remercier d'être nombreux aujourd'hui, militants, sympathisants de l'Europe. Cela se sent, cela se voit. Je voulais vous dire mon bonheur d'être ici, avec Jean-Christophe Cambadélis, chargé de coordonner toute cette campagne européenne, mais aussi avec les nombreux élus qui sont ici auprès de vous : présidente du Conseil régional de Franche-Comté, M. Ackermann, le président du Conseil général du territoire de Belfort, le maire de Besançon, Adeline Hazan, ma grande amie, la maire de Reims, et puis tous les élus qui sont ici très nombreux, je pense aux élus bas-rhinois, aux adjoints au maire de Strasbourg, Mathieu Cahn, adjoint au maire et premier secrétaire du Bas-Rhin, et bien sûr Catherine, et l'ensemble de nos camarades de cette belle liste du Grand Est.
Alors Strasbourg, Strasbourg, capitale européenne où il y a maintenant 60 ans, se tenait la première réunion du Conseil de l'Europe. Je crois que c'est de cette date que l'on peut dire, quels que soient les mots, que Strasbourg est la capitale de l'Europe, en tout cas une des grandes capitales de l'Europe.
Strasbourg qui a changé de nationalité quatre fois entre 1870 et 1945, et qui sait mieux que quiconque ce que l'Europe a apporté d'abord : la paix entre les nations et la paix sociale, la paix entre les hommes et les femmes, la concorde.
On sait d'ailleurs ce qu'a apporté l'Europe, ici plus qu'ailleurs. J'ai retrouvé une phrase d'Ernest Bévin, en 49, qui disait de Strasbourg : « voilà une ville qui a été victime de la stupidité des nations européennes qui croyaient régler leurs problèmes par la guerre. Maintenant, cette ville doit être appelée à devenir le symbole de la réconciliation et de la paix. » Vous n'avez pas manqué à ce rendez-vous, grâce à un certain nombre de personnalités, dont Catherine est aujourd'hui le symbole ici à Strasbourg et dans ce grand Est.
Mes chers camarades, ce flambeau qui est aussi celui des pères fondateurs de l'Europe, il faut le retrouver. Il faut retrouver une nouvelle génération de ces militants de l'Europe, d'une Europe faite pour les hommes et les femmes qui la composent, une Europe qui prépare l'avenir. C'est cela le projet qui est le nôtre. Cette nouvelle génération née des philosophes des Lumières, des combattants ouvriers pour de meilleurs droits et une égalité, nous l'avons ici.
En ce moment, on nous explique que pour être un homme ou une femme politique moderne, il faut être volontaire. Pour moi, le volontarisme, ce n'est pas parler de tout, ce n'est pas passer par-là pour sortir de l'autre côté, c'est dire où nous allons, avoir une vision, être capable de faire ce que l'on a dit.
Il y a un nom qui me vient à l'esprit aujourd'hui en 2009, c'est celui de Catherine Trautmann. Je veux le dire ici à Strasbourg.
Quand certains se demandent si le Parlement européen, c'est important, et quand on regarde les quelques noms que nous connaissons, les noms de l'UMP, on se rend compte qu'on a recasé des hommes et femmes dont on ne voulait plus au gouvernement. Quand on se demande où est vraiment le sens européen, où est la compétence, là aussi, je pense à Catherine Trautmann de la même manière.
Puis un mot plus personnel : quand on parle d'Europe aujourd'hui, on a besoin de parler de valeurs, de retrouver le sens de l'Europe, comme le dit le Parti socialiste européen. Mais on a aussi besoin d'hommes et de femmes qui font ce qu'ils disent, qui se battent, qui ont comme conception de la politique d'être valorisés non pas par les photos qu'on montre d'eux, mais par la réalité de ce qu'ils font. Ce que fait Catherine Trautmann avec d'autres, sur Hadopi entre autres, c'est ça, la politique, la vraie, celle qui réconciliera les Français, et la politique et les Français. Pour tout ça, Catherine, Merci, car nous avons là la force d'une Européenne convaincue, qui porte haut les valeurs et qui agit sur le terrain pour changer. Voilà ce que nous faisons ici dans le Grand Est.
Bien sûr, je n'oublie pas nos camarades, Liem, Aurélie, Mustapha, Catherine, Richard, Françoise, Eric, Anne- Marie etc. Je veux les saluer et leur souhaiter bon courage, mais je sais qu'ils sont déjà sur le terrain car nous devons être au plus près du terrain pour dire à ceux qui souffrent que l'Europe est la solution à leurs problèmes.
J'ai été touchée par les propos d'Adrian Severin. Si Adrian Severin était venu en France au moment où son pays est rentré dans l'Union européenne, lorsque le 1er janvier 2007, la France entière aurait dû danser en se disant que toute l'Europe allait se réunir, que nous retrouvions en tout cas une partie de ses frontières, d'une Europe qui s'est battue contre l'intolérance, qui fait que la diversité est une force, qui sait regarder vers le Sud, si on t'avait entendu à ce moment là Adrian, on aurait fait la fête. Car Adrian a été un acteur majeur de l'entrée de son pays dans l'Europe, et ce n'était pas facile. Cela l'a été avec le discours qui a été le sien, celui des valeurs européennes qu'il porte avec la même force que nous. Merci d'être là ce soir, c'est ça l'Europe, tu la représentes ici ce soir.
Alors, ici, à quelques centaines de mètres du Parlement européen, il faut lancer un message clair : si la majorité se transforme le 7 juin, nous voulons en finir avec les directives de régression, qui ont fait croire aux Français que l'Europe était plus un problème qu'une solution. Il en sera fini de la dérégulation tous azimuts et de la volonté de porter la durée maximale du travail à 60, voire 65 h. Il en sera fini du démantèlement du service public, car quand on est Européen, on veut l'émancipation de chacun, on veut par l'éducation, la santé, le logement, porter chacun au plus haut, et on veut aussi par les services publics, développer chaque territoire au plus profond de notre pays et des territoires européens.
Puis, il en sera fini des tentatives d'aligner les salaires vers le bas, comme pour la directive Bolkenstein. Heureusement que nos camarades socialistes étaient là.
C'en sera fini aussi de cette possibilité que nous avons de détenir des hommes et des femmes pendant 18 mois en centre de rétention. Comment peut-on être élu dans un pays européen en ayant voté cela ?
Il faut le dire, cette Europe-là n'est pas la nôtre, c'est ce qu'il faut expliquer aux Français. Nous refusons cette Europe menée par Sarkozy - Barroso - Berlusconi, qui ont une devise : le libéralisme pour l'économie, la précarisation pour le social, car c'est bien connu, les protections collectives empêchent l'initiative, l'autoritarisme dans la société, et l'attentisme en guise de diplomatie.
Rien de tout cela ne reflète l'Europe, qui doit donner un message de justice, de tolérance. C'est pourquoi nous récusons cette Europe et disons que notre Europe, elle peut exister dès le 7 juin.
Certains nous disent : vous voulez faire de ce vote un vote sanction. Eh bien oui. Mais pas seulement un vote sanction, car nous sommes un parti de gouvernement, car avec le PSE fort de ses membres issus de 27 pays, qui ont voulu porter ce manifeste en commun, nous voulons gouverner en Europe pour la changer. Mais en attendant, la politique menée par Nicolas Sarkozy en France et menée en Europe, cette volonté de continuer à garder un système qui nous a menés au mur, c'est d'un même bulletin qu'il faudra lui dire non, dire non à l'Europe de Sarkozy Barroso et Berlusconi, mais oui à l'Europe du Parti socialiste européen.
Cela leur déplaît que l'on parle de ce qui se passe aujourd'hui en France et qui est la conséquence de ce qui se passe en Europe et qu'ils ont défendu, c'est-à-dire cette volonté de penser qu'il faut toujours aider ceux qui réussissent, c'est-à-dire ceux qui gagnent plus de 1 ou 2 millions d'euros, je ne sais plus si c'est par mois ou par an... !
Pour nous, ce n'est pas cela. Il réforme, et ce mot est gâché, il est synonyme de régression. Les résultats ne sont pas là, nous sommes en récession. Echec social : quand dans notre pays, on abandonne les salariés devant les fonds de pension américains, devant les entreprises qui veulent faire plus de profit, lorsqu'on abandonne les PME, les agriculteurs, les pêcheurs aux banques qui ne veulent rien entendre malgré les milliards qu'on leur a donnés, oui, il faut changer ce système effectivement.
Et puis échec sur la sécurité, il faut le dire, parce qu'on voit réapparaître aujourd'hui ce que nous, socialiste, nous n'acceptons pas, une opposition entre sécurité et liberté. Il n'y a pas d'économie compétitive durable sans justice sociale.
Alors oui, à tous ces Français qui nous disent : à quoi ça sert de voter, nous pouvons dire aujourd'hui : cette politique que vous voyez aujourd'hui en France, en Europe, c'est celle-là dont nous ne voulons plus. Qu'a-t-on fait pour aider les salariés avant cette crise et pendant cette crise ? La défiscalisation des heures supplémentaires, c'est une mesure folle. Nous sommes le seul pays au monde à payer moins cher des heures supplémentaires que des embauches nouvelles dans la période actuelle, c'est absolument aberrant. Comment expliquer que l'on continue à donner à ceux qui ont toujours plus, et que Nicolas Sarkozy, parce qu'il a toujours raison, ne veut pas revenir sur ce bouclier fiscal qui est un véritable bouclier qui nous empêche d'agir, qui empêche le budget de l'Etat de consacrer l'argent qu'il faudrait pour donner 500 euros comme l'a fait Barack Obama. Pourquoi ne le fait-il pas ? Parce qu'il reste prisonnier d'un système à qui il veut mettre quelques rustines pour que tout recommence après comme avant. Ce qu'il veut faire en France, il le fera aussi en Europe.
Donc échec en France, il faut le dire, même si ça ne leur plaît pas. Commencez votre campagne pour que nous en parlions aux Français.
Echec aussi européen. On ne veut pas trop parler de la France, donc on va rappeler ce qu'a fait Nicolas Sarkozy comme président de l'Europe.
Lorsqu'il a été président de l'Europe, il faut lui reconnaître, on a parlé de l'Europe. Mais on plus parlé de l'action de Nicolas Sarkozy dans l'Europe, que de l'Europe telle que nous l'aimons.
Le vrai bilan, la crise en Géorgie, rappelez-vous, il avait tout réglé, en oubliant de parler aux Allemands. Le cessez le feu n'a rien réglé, les violences restent chroniques.
Le plan carbone : il est dépassé avant d'avoir été signé. Plus personne ne fait référence à cet accord signé .
Quant à la réunion et la réaction à la crise, on nous a fait plein de G, et toujours le même président de l'Europe, qui avait réussi quoi ? On n'en sait rien. En tout cas pas à coordonner les politiques européennes.
Surtout, il n'y a pas eu de grandes politiques coordonnées de l'Europe relançant des investissements vers une Europe verte et intelligente et permettant que nous soyons tous ensemble pour lutter contre la crise.
Je ne parlerai pas des relations de Nicolas Sarkozy avec les autres. Je dirai qu'il aurait mieux fait de parler autrement à Angela Merkel. Nous avons la nécessité de parler avec chacun des pays, car chaque pays doit se battre pour faire revivre l'Europe.
L'UMP a peur de cette double sanction : de ce qu'il a fait en France et en Europe.
Le 7 juin, il faut en effet pour cette double raison, sanctionner la droite. Mais nous souhaitons aller plus loin. On ne vote pas seulement pour dire non, pour dénoncer. On vote pour proposer un autre projet. C'est ce que nous voulons véritablement faire de ce 7 juin.
Nous voulons d'abord dire aux Français, aux Européens que nous serons toujours avec eux là où ils souffrent. Les socialistes seront le 1er mai aux côtés des organisations syndicales, à Strasbourg, comme à Paris, comme ailleurs. Je le dis, il y a eu 1 million de manifestants en janvier, circulez, y'a rien à voir, 3 millions en mars, toujours circulez... Alors le 1er mai, on sera très nombreux, et on leur dira : ça Suffit.
C'est ce que les socialistes doivent dire avec les organisations syndicales.
Mais, mes camarades, les socialistes en Europe, comme en France, sont dans la proposition.
Je vais vous parler de ce que nous faisons tous les jours, et le débat européen et le débat français sont totalement articulés. Oui, nous avons présenté un contre-plan, dont on nous parle plus au niveau européen, en nous disant : comment se fait-il que Nicolas Sarkozy ne vous écoute pas ? Il fait tout pour limiter nos pouvoirs au Parlement.
Pourtant, nous avons préparé un programme très proche de ce qu'ont fait les Anglais, Espagnols, Allemands, et proche de ce que fait Obama aux Etats-Unis.
Au-delà de ça, les socialistes agissent. Nous sommes à la veille de trois projets, propositions de loi que nous avons déposées, qui seront demain examinées dans les niches socialistes, là où nous pouvons présenter des propositions. Elles concernent l'emploi, le pouvoir d'achat et la solidarité, car c'est ce à quoi les Français tiennent aujourd'hui. Ce sont nos priorités, ce sont celles des Français. Nous proposons d'interdire les stock-options pour les jeunes entreprises. Quand des cadres dirigeants prennent des décisions, ils doivent les prendre pour l'intérêt de l'entreprise, et non pas parce qu'ils auront des stock-options à la fin de l'année ou un bonus supplémentaire. Nous proposons de fixer les rémunérations dans une échelle de 1 à 25, c'est déjà beaucoup, mais aujourd'hui, c'est 1 à 4 000. Là aussi, le président l'avait promis, on l'attend toujours.
Nous proposons de supprimer le bouclier fiscal.
Nous proposons une hausse des salaires par la négociation salariale.
Les organisations syndicales sont responsables, elles savent les entreprises qui souffrent, mais savent aussi celles qui, malgré la crise, gagnent des milliards d'euros et sont en capacité de pouvoir augmenter les salaires.
Nous proposons, parce que dans cette période, nous pensons à ce que nous sommes, que l'on supprime ce délit de solidarité, qui fait qu'aujourd'hui, en France, des hommes et des femmes qui, tous les jours, aident les sans-papiers, sont poursuivis, aujourd'hui, n'en déplaise à M. Besson, font l'objet d'intimidation car ils font oeuvre de solidarité. Nous voulons nous battre aussi sur ce terrain-là. Il n'y a pas d'efficacité contre la solidarité. La France est une et doit tendre la main à ces Afghans, ces Pakistanais, que j'ai à Lille, dans ma ville. J'ai toujours remarqué la force d'associations qui ont réussi à expliquer aux Français qu'au lieu de nous parler de stock et de flux, de brandir les chiffres de reconduite à la frontière ils faut être solidaires. J'admire ces associations qui ont réussi à réunir des familles de toute couleur politique...
Alors, allons chercher la part d'humanité. Sachons grandir la part d'humanité que nous avons en nous.
Alors oui, Monsieur le Président de la République, je voudrais ici de Strasbourg, et au nom de tous ceux qui sont dans la salle, vous faire un appel assez solennel, car dans le fond, vos discours, on les a entendus. Je me souviens du discours de Toulon où vous parliez des patrons voyous. Ces patrons vont bien, merci pour eux. On vient de le voir avec la Société générale, avec Dexia. Avec Dexia, quel scandale. Ils ont laissé distribuer 8 millions de stock-options.
Vous avez une chance de vous rattraper, Monsieur le Président. Vous avez dit qu'il était scandaleux d'avoir des pratiques de ce genre. Vous qui faites des lois pour empêcher les jeunes d'avoir des cagoules et de traîner dans les immeubles... Faite une loi qui permet de réduire les écarts de salaires, qui empêche les parachutes dorés. C'est demain que vous pouvez faire ce que vous avez dit que vous feriez.
A Londres, après le G20, où seule la presse française a pu se rendre compte des exploits de M. Sarkozy, car les autres ne l'avaient pas remarqué, vous avez signé un texte avec vos amis du G20 que vous avez influencés, car vous donnez des ordres et chacun vous obéit. Dans ce texte du G20, qui peut être intéressant sur beaucoup de points de vue, il est dit de manière claire que vous vous engagez à tout faire pour lancer un plan massif de relance de l'économie. Demain, les socialistes à l'Assemblée nationale, vont demander la suppression du bouclier fiscal pour financer un plan de relance. Que les députés UMP signent et votent ces lois conforment à l'accord du G20 !
Voilà. Je n'ose pas vous demander de supprimer le délit de solidarité. C'est le nôtre, nous y tenons. Mais nous serions heureux d'avoir d'autres voix, d'être unis, comme nous l'étions à l'Assemblée nationale quand nous avons regardé ce film, Welcome.
Voilà, chers amis, ce que je dis là, je le dis pour la France, cela fait partie d'un certain nombre de mesures que nous voulons appliquer dès le 7 juin, si nous sommes majoritaires au niveau européen.
Venons-en à ces élections européennes. J'entends certains journalistes nous dire que la campagne n'a pas commencé. Nous, nous avons commencé, nous avons des listes. Il y a quelques mois, on nous disait que les socialistes n'étaient pas unis sur l'Europe. J'ai toujours pensé que nous nous battions pour la même Europe : une Europe politique, humaniste et solidaire, une Europe efficace parce que durable, qui a envie de porter ses valeurs partout dans le monde. Mais nous étions divisés sur la façon d'y arriver. Aujourd'hui, cette Europe, nous l'avons retrouvée dans un texte commun, dans un texte plus fort car la crise est passée par-là.
Aujourd'hui, les socialistes français sont unis pour construire cette Europe, avec les 27 pays européens, nos partis frères socialistes et socio-démocrates, ne vous déplaise, Monsieur le Président.
C'est vrai qu'en face de ça, l'UMP n'est pas là. Il reste 38 jours, ils n'ont pas réussi à trouver les candidats. Nous, nous avions un trop-plein de candidats, car nous sommes profondément européens. Il n'y a pas de projet de gauche aujourd'hui s'il n'y a pas de projet pour l'Europe. Les Français le savent. Ils savent que les problèmes sont trop grands pour les régler seulement là, chez nous. Les valeurs que nous portons en France, nous les porterons avec nos amis européens.
Il faut que cette campagne arrive le plus tard possible, qu'on n'ait pas le temps de parler du bilan de l'Europe.
J'ai entendu le culot de M. Fillon, qui faisait un meeting pour l'Europe hier, c'est-à-dire qu'il a expliqué le président de la République était formidable, qu'il avait tout réussi. Il a dit, en ce qui concerne les socialistes, que nous étions dans un vide sidéral. J'ai été un peu étonnée, je pensais qu'il parlait d'eux.
Ils ont un vide sidéral sur la réponse à la crise, car les autres pays savent que les donneurs de leçon que sont les français n'ont toujours pas un plan de relance digne de ce nom.
Je me suis demandé pourquoi il ne parlait pas du parti populaire européen. Il faut que nous, nous en parlions, puisque eux, ils n'osent pas. On dit qu'il faut des réponses ciblées. C'est une petite crise, voyez-vous, on va mettre quelques règles sur les marchés financiers, et après, tout va recommencer comme avant. Voilà ce qu'ils essaient de nous dire. Ils nous expliquent qu'il faut encourager la flexibilité au travail.
Surtout, ils sont d'accord avec M. Bayrou, ils veulent en avoir fini avec les services publics. Je vous conseille de lire le programme du PPE, qui est assez caché en France, mais avec Internet, si on y a encore droit, on pourra peut-être le trouver ! Je conseille à ceux qui veulent s'intéresse à l'Europe de ne pas télécharger avant le 7 juin...
Les libéraux... Nous, on est fiers d'être au PSE, et eux ne parlent pas du PPE et pas non plus du parti libéral, car le parti libéral a un manifeste, celui de Stockholm. Il faut continuer à faire avancer la concurrence dans les services publics en Europe, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation. Voilà ce que défend M. Bayrou en Europe, lui, dont la voix a rarement manqué aux libéraux et aux gouvernements de droite pour faire passer ses directives de régression.
Mes chers camarades, j'en arrive véritablement à l'essentiel : c'est que pour changer l'Europe, il faut voter pour le Parti socialiste. Pas parce que nous sommes seuls en capacité de le faire, mais parce que nous sommes les 27, tous unis derrière ce manifeste qui veut donner un nouveau sens à l'Europe. Nous sommes tous unis pour lancer la campagne européenne. Tous ceux qui ont assisté à Toulouse se sont rendu compte que l'Europe, c'était nos valeurs. Chacun des représentants a expliqué en deux phrases pourquoi il était européen, pourquoi il voulait une Europe de gauche. Il y avait l'émotion de ceux qui se battent pour des valeurs, et non pour des pouvoirs, en sachant qu'ils vont être utiles à ceux qui ont besoin de nous, et non pas à quelques-uns qui veulent gagner toujours plus.
L'Europe, c'est ça, c'est être heureux dans nos différences.
Tu parlais, Adrian, de la Turquie. Bien sûr elle n'entrera pas aujourd'hui, il lui reste des efforts à faire. Mais comment peut-on mépriser ce pays dont Istanbul, Constantinople a été la capitale de l'empire byzantin.
Comment ne pas comprendre le lien possible entre l'Asie et l'Europe ? Quand on va à Istanbul et qu'on vous demande si vous voulez un ticket pour l'Europe et pour l'Asie pour traverser le Bosphore, vous comprenez que vous êtes dans un pays ouvert.
Nous, on veut réunir, porter haut, défendre des valeurs de fraternité. On ne veut pas diviser les hommes et les femmes. Monsieur Sarkozy, vous n'y arriverez pas avec la France, j'en ai la conviction.
Mes chers camarades, je ne vais pas vous décliner l'ensemble du manifeste, mais quel bonheur que le Parti socialiste, que son président ait fait ce formidable travail. Pour la première fois, les 27 pays socialistes et socio-démocrates se battent autour d'un même texte, non pas autour de discours généraux, mais sur un manifeste clair et précis qui dit que notre Europe crée des emplois, dans l'économie verte et intelligente.
Repenser, cela ne veut pas dire détruire, mais repenser à ceux qui en ont besoin, préparer une bio agriculture, les agriculteurs dont on sait que le rôle est majeur. Une Europe qui retrouve une politique industrielle.
J'ai été frappée lorsque nous avons rencontré avec Aurélie, Liem, Mustapha, ces entreprises, comme je l'étais à Toulouse l'autre jour, de voir qu'aujourd'hui, les organisations syndicales, les Français savent qu'on a besoin d'une Europe qui a une politique industrielle, qui a une politique de filière, qui va de la recherche à la production, qui traite les entreprises comme des sous-traitants. Voilà aussi ce que nous voulons faire dans notre manifeste.
Et une Europe juste, qui répartit autrement les fruits de la richesse, qui fixe des salaires minima. Ce n'était pas facile de l'obtenir. Qui refuse qu'une directive puisse entraîner des reculs dans certains pays. Et une Europe qui retrouve ce qu'elle a toujours voulu faire : émanciper les hommes et les femmes grâce aux services publics.
Voilà.
Une Europe qui a une défense européenne, qui porte ses valeurs, qui ait d'autres rapports avec le sud, qui ne s'inscrit pas derrière l'OTAN comme un petit soldat derrière les Etats-Unis. Les Américains ont fait ce changement, nous, Européens, on n'en serait pas capable ?
La France ne veut pas changer le système, elle veut le préserver. Alors on va y mettre quelques rustines, et tout va repartir comme avant.
Poul Rasmussen a proposé non seulement de défendre notre manifeste, notre projet pour l'Europe, pour les cinq ans qui viennent, mais de dire concrètement aux Français, aux Allemands etc., que si nous gagnons le 7 juin, voilà ce que nous ferons dans les cent jours : un accompagnement des salariés licenciés et des règles qui empêcheront les licenciements comme ils le sont.
Ce 7 juin est majeur, et les Français savent bien que les problèmes sont si grands que nous ne pouvons pas les régler tout seuls. Il faut changer là-bas si on veut changer ici. Pour changer là-bas, il faut voter socialiste, socio-démocrate, pour la France et pour l'Europe partout le 7 juin. Lorsque nous aurons cette majorité, non seulement nous nous sommes engagés à ce que les directives soient porteuses de progrès, mais nous changerons le président de la Commission européenne, M. Barroso, celui qui a réussi un miracle : ne jamais parler pendant la crise ! On parlait tout à l'heure de Jacques Delors, vous comprendrez que je n'en parlerai pas plus longtemps. Mais nous sommes fiers de ce socialiste qui était à la tête de la Commission européenne et qui se battait pour que les pays qui venaient de retrouver la liberté et voulaient entrer dans l'Europe, pas uniquement pour atteindre des biens de consommation, puissent le faire.
Quel changement aujourd'hui ! Quel est ce président qui a besoin d'appeler Londres, Paris, Berlin pour savoir ce qu'il a à dire ?
Il faut changer tout cela. Pour cela, il faut voter le 7 juin pour les socialistes européens.
Voilà mes chers camarades, ici dans Le Grand Est, il n'y a pas d'inquiétude, on est européen, on ne peut pas ne pas l'être.
Allons sur les marchés des communes rurales, au pied des grands ensembles, parlons à ceux qui sont là. Expliquons-leur qu'il faut changer là-bas pour changer ici, qu'il faut porter haut les valeurs dans la diversité.
Nous serons au rendez-vous de l'histoire, j'en suis sûre, et nous serons capables de revenir à une Europe qui a un sens, qui défend l'humanisme, comme elle l'a toujours fait.
J'ai confiance ici, je le dis parce qu'il y a cette belle équipe, qu'il y a une tête de liste dont on rêverait dans tous les pays d'Europe, et même en Roumanie, cher Adrian : Catherine. Je crois que c'est la fierté de ce que nous portons, ce que tu dis, ce que tu fais. Bonne chance à vous, bon travail. Ça va être dur, mais vous êtes là. Je sais que les Français vont nous entendre, ils ont envie de nous voir revenir, dans la force et l'enthousiasme de ce que nous défendons.
Vive Strasbourg vive la région Grand Est, et vive l'Europe !
Source http://changerleurope.fr, le 26 mai 2009