Texte intégral
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Martine Aubry.
Martine Aubry : Bonjour, Jean-Michel Aphatie.
J.-M. A. Agir contre les bandes, enrayer le trafic d'armes, sanctuariser l'école, voilà quelques-uns des objectifs en matière de sécurité qu'a fixés, hier, le Président de la République. Ces objectifs, les partagez-vous, Martine Aubry ?
M. A. Ah, les objectifs, bien sûr, je les partage. D'ailleurs, le Président de la République en a parlé à maintes reprises depuis 2002. Il a fait vingt-quatre modifications des lois, des décrets, et malheureusement l'échec en matière de sécurité est là. Je crois que la violence scolaire mérite beaucoup mieux que quelques affichages médiatiques même avec des coups de menton, même avec des mots faussement durs. Je crois que la réalité, malheureusement, est grave et que les mesures n'ont pas été prises. Quand on supprime 24.000 surveillants depuis quatre ans, lorsqu'il y a 40.000 personnes en moins dans les écoles, lorsque la police n'est plus là dans les quartiers, lorsque la justice n'a pas les moyens de faire les enquêtes, eh bien on a cet échec en matière de sécurité qui s'associe, si je puis dire, à l'échec économique et social.
J.-M. A. Mais sans doute le Président de la République est-il toujours crédible sur le terrain de la sécurité auprès des Français. Donc, quand il amène en période de campagne électorale, le débat sur ce terrain, c'est peut-être à votre détriment, Martine Aubry ?
M. A. Je crois qu'il essaie, une fois de plus, de replacer le débat politique sur le terrain de la sécurité. Mais je crois que les Français savent bien ce qu'est la réalité, aujourd'hui. Moi je pense qu'à l'école, il y a effectivement des problèmes ; mais à qui fera-t-on croire, aujourd'hui, qu'un enseignant ne peut pas ouvrir un sac d'école ! D'ailleurs, ils le disent tous. Ils le font quand il y a une nécessité. Bien sûr, quand on sait qu'il y a un risque dans l'école, il faut prendre toutes les mesures. Il faut que la police soit là. Mais qu'on ne fasse pas croire que toutes les écoles de France sont dans cette difficulté-là. La vraie difficulté des enfants, aujourd'hui, c'est d'apprendre dans les bonnes conditions. Pour les enseignants, c'est d'être accompagné de surveillants, d'éducateurs formés, pouvoir appeler la police quand nécessaire, faut-il encore qu'elle soit là !
J.-M. A. Mais vous êtes d'accord sur le fond, tout de même ?
M. A. On est d'accord que lorsqu'il y a des difficultés, je suis dans une ville où chacun travaille sur la Sécurité, où nous avons des résultats parce que nous avons des cellules de veille dans chaque quartier, parce que tout le monde travaille main dans la main, mais je subis aussi les conséquences de 160 policiers en moins dans ma ville et d'une justice qui est totalement débordée. Donc, il faut arrêter de changer les textes avec une démagogie lénifiante. Je crois qu'au contraire, il faut prendre les choses à bras-le-corps, il faut mettre les moyens là où on en a besoin, et comme cela on aura des résultats. Là aussi, il affiche son échec en matière de sécurité dans un domaine où jusqu'à présent, on a fait beaucoup d'annonces sans beaucoup de résultats.
J.-M. A. Le Président de la République a dénoncé, hier, les bonnes consciences qui crient au scandale ou bien aussi l'angélisme de certains. Vous sentez-vous visée, Martine Aubry ?
M. A. Je ne sais pas qui il visait...
J.-M. A. Peut-être vous ! Il pensait à vous (pas à vous, vous-vous, mais les socialistes), la Gauche ?
M. A. Je ne pense pas qu'il pensait aux Socialistes. Nous, nous pensons que la sécurité est un droit fondamental, que chaque acte d'incivilité ou de délinquance, doit être sanctionné. Voyez, dans ma ville, nous recevons tous les parents dès qu'il y a même un début d'un feu de poubelle, parce que nous pensons que les parents doivent être responsabilisés, que chaque acte, chaque incivilité doit être effectivement sanctionné. Mais ce ne sont pas avec des lois de circonstances comme celles qui interdisaient le regroupement des jeunes dans les bas d'immeubles... Il n'y a plus de policiers pour les contrôler. A quoi ça sert, si ce n'est faire du vent, annoncer ces coups de menton comme lorsqu'il nous a parlé de ces patrons-voyous qui percevaient des stock-options et des bonus en période de crise, eh bien il les a laissés faire, il n'a pas fait de loi. Voilà. Donc, des engagements sans lendemain, pas de résultat, un échec là aussi, voilà moi ce que je remarque alors que la violence scolaire est un vrai sujet et qu'il faut le prendre à bras-le-corps.
J.-M. A. Nous sommes, Martine Aubry, à neuf jours du scrutin pour les élections européennes, nouveau sondage OpinionWay Fiducial dans la campagne électorale : l'UMP continue la course en tête mais perd en intentions de vote : 2%, elle est donc à 26% de ses intentions de vote. Le Parti socialiste baisse aussi d'un point : 20% des intentions de vote. La cote d'alerte est atteinte pour vous, disait Alain Duhamel dans sa chronique. Vous reprendriez la formule à votre compte : la cote d'alerte est atteinte ?
M. A. Moi, je ne joue jamais... Et je ne commande, surtout pas les matches avant qu'ils soient joués. Je suis quelqu'un de volontariste. Je pense que les Français, aujourd'hui, sont perdus. Ils sont perdus quand on a 3.000 chômeurs en plus chaque jour, quand on n'arrive pas à boucler les fins de mois, et je ne pense pas seulement aux salariés mais aussi aux retraités et ils ne voient pas encore pourquoi l'Europe pourrait changer les choses.
J.-M. A. Mais ils sont perdus aussi par rapport à vous, Martine Aubry, c'est ça ?
M. A. Oui, ils sont perdus par rapport à la Gauche dans son ensemble, je dirais aujourd'hui. Moi ce que je retiens d'abord de ces sondages, c'est que le Président de la République qui n'a qu'une seule liste cette fois-ci, contrairement à ce qui se passait les deux dernières fois (je le dis à Alain Duhamel) fait 26%, la moitié du score qu'il a fait il y a deux ans.
J.-M. A. Il le disait, Alain.
M. A. Oui, oui. Oui, mais la dernière fois, il y avait plusieurs listes de Droite. Cette politique libérale est rejetée par les Français. Alors qu'ils n'arrivent pas aujourd'hui à voir où sont les bonnes réponses, c'est un fait ; c'est pourquoi je continue à expliquer, jour après jour, que ce qui est essentiel aujourd'hui c'est que les vingt-sept partis socialistes européens ont un projet commun pour relancer la croissance et l'emploi, dès le 8 juin, pour arrêter la dérégulation qui aussi bien pour les producteurs de lait que pour l'école dont on vient de parler, que pour la Poste qui va être privatisée, entrainent des inégalités vis-à-vis de nos concitoyens mais aussi des territoires, que nous voulons porter un autre modèle qui remet l'économie devant la finance, qui prépare l'avenir alors qu'aujourd'hui nous regardons uniquement le court terme avec Nicolas Sarkozy et ses amis, et que cela est possible avec les nouveaux pouvoirs du Parlement dès le 8 juin.
Donc, je continuerai jusqu'au bout à dire : il faut voter efficace pour renverser cette Majorité, qui fait qu'on dérégule à Bruxelles et qu'ensuite, ici, on nous explique que cest à cause de Bruxelles qu'on privatise la Poste ou qu'on réduit les moyens de l'école. Voilà.
Il faut que les Français comprennent qu'il y a un vrai enjeu, cet enjeu peut changer leur vie et qu'il faut voter efficace pour des valeurs de Gauche et pour des Partis qui peuvent renverser la majorité au Parlement européen.
J.-M. A. Pour tenter de relancer votre campagne, Martine Aubry, vous étiez sur la même estrade que Ségolène Royal, mercredi soir à Rezé, en Loire-Atlantique. Les commentaires sont un peu ironiques après ce meeting commun. Que retirez-vous de cette rencontre avec Ségolène Royal ?
M. A. Mais je retiens ce que je retiens de tous les meetings que j'ai faits et de tout le travail que je fais depuis six mois pour que le Parti socialiste soit uni. J'ai fait des meetings et je m'en réjouis avec Bertrand Delanoë, avec François Hollande, avec Vincent Peillon, avec Laurent Fabius et avec Ségolène Royal...
J.-M. A. Mais celui-là, ce n'était pas le même !
M. A. Oui mais on est arrivés à Nantes à ce moment-là, si vous voulez ; et il y avait Ségolène Royal. Je m'en réjouis. Chacun sait que nous sommes différentes mais je crois que nous avons l'essentiel en commun : c'est cela le message. Moi, vous savez, les belles photos ne m'intéressent pas. Est-ce que vous croyez que les Français, aujourd'hui - moi, il n'y a pas un Français qui m'a posé la question de savoir : quand est-ce que je serai sur une estrade avec Ségolène ? Ca ne m'empêche pas d'avoir été heureuse de montrer cette unité. Mais le vrai sujet, aujourd'hui, c'est : que pouvez-vous nous apporter pour arrêter ces licenciements boursiers et financiers que nous voulons empêcher par une directive européenne ? Comment réguler cette finance internationale qui, aujourd'hui, nous a menés "au mur". Nous avons des propositions, nous les mettrons en oeuvre, nous les avions d'ailleurs proposées au Parlement, l'année dernière ; mais faute d'être majoritaires, elles n'ont pas été votées. Comment empêcher les délocalisations, j'étais hier auprès des salariés de Goodyear à Amiens, voilà les vrais sujets qui se posent...
J.-M. A. Donc, ce n'était pas un événement majeur. C'est François Bayrou qui le dit comme ça, ce meeting avec vous et Ségolène Royal !
M. A. Est-ce que quand deux socialistes se rencontrent c'est un événement majeur ? Non. Mais c'était un message d'unité... Non mais d'unité retrouvée, ça fait maintenant plusieurs semaines que les amis de Ségolène travaillent main dans la main avec nous et maintenant nous sommes "un seul" pour parler aux Français, et c'est ça le plus important, franchement.
J.-M. A. On dit qu'il pourrait y avoir un autre meeting, c'est vrai ? On lit ça dans la presse, ce matin.
M. A. Parlons aux Français... Mais, tant mieux ! tant mieux ! Mais ce qui veut dire que ça devient normal. Dans ce cas-là, on en parlera beaucoup moins. Et tant mieux !
J.-M. A. Mais vous le confirmez : il y en aura un autre ?
M. A. Mais je n'en sais rien.
J.-M. A. Vous n'en savez rien !
M. A. Mais est-ce que vous pensez que je passe mon temps à me poser des questions de savoir quel va être le casting du prochain meeting ! Moi j'ai été très heureuse de discuter avec Ségolène et d'être avec elle. Voilà, c'est l'image de l'unité.
Mais ce qui est beaucoup plus important, aujourd'hui, c'est que le Parti socialiste soit uni en France mais que nous soyons unis avec les vingt-sept partis socialistes européens ; et je l'espère demain, et c'est peut-être ça le message, Jean-Michel Aphatie, que je veux faire passer ce matin : c'est qu'il faut que les voix de Gauche, plus de 70% des Français qui, aujourd'hui, disent : nous ne voulons pas de la politique libérale, votent pour le seul Parti qui en accord avec les vingt-sept autres partis socialistes européens, peut changer la Majorité.
J.-M. A. Il va juste vous manquer à Gauche, la voix de Jean-Michel Baylet qui, hier, appelle à l'abstention. Les Radicaux de Gauche ne sont même pas avec vous.
M. A. Non... Ils ne sont même pas avec nous ! Ils ne le sont pas parce qu'il n'y avait pas eu de négociations, je dirais à temps, pour qu'ils soient avec nous sur les listes. On va travailler ensemble pour réunir la Gauche pour les prochaines élections. Je rappelle que les listes qui font moins de 8% à 10% n'auront aucun représentant au Parlement européen.
J.-M. A. D'accord.
M. A. Oui, mais je le dis....
J.-M. A. Oui, mais c'est fini !
M. A. Ah pardon, excusez-moi. Merci.
J.-M. A. Martine Aubry était avec nous, ce matin, en direct des locaux de RTL à Lille.
Source http://www.changerleurope.fr, le 29 mai 2009
Martine Aubry : Bonjour, Jean-Michel Aphatie.
J.-M. A. Agir contre les bandes, enrayer le trafic d'armes, sanctuariser l'école, voilà quelques-uns des objectifs en matière de sécurité qu'a fixés, hier, le Président de la République. Ces objectifs, les partagez-vous, Martine Aubry ?
M. A. Ah, les objectifs, bien sûr, je les partage. D'ailleurs, le Président de la République en a parlé à maintes reprises depuis 2002. Il a fait vingt-quatre modifications des lois, des décrets, et malheureusement l'échec en matière de sécurité est là. Je crois que la violence scolaire mérite beaucoup mieux que quelques affichages médiatiques même avec des coups de menton, même avec des mots faussement durs. Je crois que la réalité, malheureusement, est grave et que les mesures n'ont pas été prises. Quand on supprime 24.000 surveillants depuis quatre ans, lorsqu'il y a 40.000 personnes en moins dans les écoles, lorsque la police n'est plus là dans les quartiers, lorsque la justice n'a pas les moyens de faire les enquêtes, eh bien on a cet échec en matière de sécurité qui s'associe, si je puis dire, à l'échec économique et social.
J.-M. A. Mais sans doute le Président de la République est-il toujours crédible sur le terrain de la sécurité auprès des Français. Donc, quand il amène en période de campagne électorale, le débat sur ce terrain, c'est peut-être à votre détriment, Martine Aubry ?
M. A. Je crois qu'il essaie, une fois de plus, de replacer le débat politique sur le terrain de la sécurité. Mais je crois que les Français savent bien ce qu'est la réalité, aujourd'hui. Moi je pense qu'à l'école, il y a effectivement des problèmes ; mais à qui fera-t-on croire, aujourd'hui, qu'un enseignant ne peut pas ouvrir un sac d'école ! D'ailleurs, ils le disent tous. Ils le font quand il y a une nécessité. Bien sûr, quand on sait qu'il y a un risque dans l'école, il faut prendre toutes les mesures. Il faut que la police soit là. Mais qu'on ne fasse pas croire que toutes les écoles de France sont dans cette difficulté-là. La vraie difficulté des enfants, aujourd'hui, c'est d'apprendre dans les bonnes conditions. Pour les enseignants, c'est d'être accompagné de surveillants, d'éducateurs formés, pouvoir appeler la police quand nécessaire, faut-il encore qu'elle soit là !
J.-M. A. Mais vous êtes d'accord sur le fond, tout de même ?
M. A. On est d'accord que lorsqu'il y a des difficultés, je suis dans une ville où chacun travaille sur la Sécurité, où nous avons des résultats parce que nous avons des cellules de veille dans chaque quartier, parce que tout le monde travaille main dans la main, mais je subis aussi les conséquences de 160 policiers en moins dans ma ville et d'une justice qui est totalement débordée. Donc, il faut arrêter de changer les textes avec une démagogie lénifiante. Je crois qu'au contraire, il faut prendre les choses à bras-le-corps, il faut mettre les moyens là où on en a besoin, et comme cela on aura des résultats. Là aussi, il affiche son échec en matière de sécurité dans un domaine où jusqu'à présent, on a fait beaucoup d'annonces sans beaucoup de résultats.
J.-M. A. Le Président de la République a dénoncé, hier, les bonnes consciences qui crient au scandale ou bien aussi l'angélisme de certains. Vous sentez-vous visée, Martine Aubry ?
M. A. Je ne sais pas qui il visait...
J.-M. A. Peut-être vous ! Il pensait à vous (pas à vous, vous-vous, mais les socialistes), la Gauche ?
M. A. Je ne pense pas qu'il pensait aux Socialistes. Nous, nous pensons que la sécurité est un droit fondamental, que chaque acte d'incivilité ou de délinquance, doit être sanctionné. Voyez, dans ma ville, nous recevons tous les parents dès qu'il y a même un début d'un feu de poubelle, parce que nous pensons que les parents doivent être responsabilisés, que chaque acte, chaque incivilité doit être effectivement sanctionné. Mais ce ne sont pas avec des lois de circonstances comme celles qui interdisaient le regroupement des jeunes dans les bas d'immeubles... Il n'y a plus de policiers pour les contrôler. A quoi ça sert, si ce n'est faire du vent, annoncer ces coups de menton comme lorsqu'il nous a parlé de ces patrons-voyous qui percevaient des stock-options et des bonus en période de crise, eh bien il les a laissés faire, il n'a pas fait de loi. Voilà. Donc, des engagements sans lendemain, pas de résultat, un échec là aussi, voilà moi ce que je remarque alors que la violence scolaire est un vrai sujet et qu'il faut le prendre à bras-le-corps.
J.-M. A. Nous sommes, Martine Aubry, à neuf jours du scrutin pour les élections européennes, nouveau sondage OpinionWay Fiducial dans la campagne électorale : l'UMP continue la course en tête mais perd en intentions de vote : 2%, elle est donc à 26% de ses intentions de vote. Le Parti socialiste baisse aussi d'un point : 20% des intentions de vote. La cote d'alerte est atteinte pour vous, disait Alain Duhamel dans sa chronique. Vous reprendriez la formule à votre compte : la cote d'alerte est atteinte ?
M. A. Moi, je ne joue jamais... Et je ne commande, surtout pas les matches avant qu'ils soient joués. Je suis quelqu'un de volontariste. Je pense que les Français, aujourd'hui, sont perdus. Ils sont perdus quand on a 3.000 chômeurs en plus chaque jour, quand on n'arrive pas à boucler les fins de mois, et je ne pense pas seulement aux salariés mais aussi aux retraités et ils ne voient pas encore pourquoi l'Europe pourrait changer les choses.
J.-M. A. Mais ils sont perdus aussi par rapport à vous, Martine Aubry, c'est ça ?
M. A. Oui, ils sont perdus par rapport à la Gauche dans son ensemble, je dirais aujourd'hui. Moi ce que je retiens d'abord de ces sondages, c'est que le Président de la République qui n'a qu'une seule liste cette fois-ci, contrairement à ce qui se passait les deux dernières fois (je le dis à Alain Duhamel) fait 26%, la moitié du score qu'il a fait il y a deux ans.
J.-M. A. Il le disait, Alain.
M. A. Oui, oui. Oui, mais la dernière fois, il y avait plusieurs listes de Droite. Cette politique libérale est rejetée par les Français. Alors qu'ils n'arrivent pas aujourd'hui à voir où sont les bonnes réponses, c'est un fait ; c'est pourquoi je continue à expliquer, jour après jour, que ce qui est essentiel aujourd'hui c'est que les vingt-sept partis socialistes européens ont un projet commun pour relancer la croissance et l'emploi, dès le 8 juin, pour arrêter la dérégulation qui aussi bien pour les producteurs de lait que pour l'école dont on vient de parler, que pour la Poste qui va être privatisée, entrainent des inégalités vis-à-vis de nos concitoyens mais aussi des territoires, que nous voulons porter un autre modèle qui remet l'économie devant la finance, qui prépare l'avenir alors qu'aujourd'hui nous regardons uniquement le court terme avec Nicolas Sarkozy et ses amis, et que cela est possible avec les nouveaux pouvoirs du Parlement dès le 8 juin.
Donc, je continuerai jusqu'au bout à dire : il faut voter efficace pour renverser cette Majorité, qui fait qu'on dérégule à Bruxelles et qu'ensuite, ici, on nous explique que cest à cause de Bruxelles qu'on privatise la Poste ou qu'on réduit les moyens de l'école. Voilà.
Il faut que les Français comprennent qu'il y a un vrai enjeu, cet enjeu peut changer leur vie et qu'il faut voter efficace pour des valeurs de Gauche et pour des Partis qui peuvent renverser la majorité au Parlement européen.
J.-M. A. Pour tenter de relancer votre campagne, Martine Aubry, vous étiez sur la même estrade que Ségolène Royal, mercredi soir à Rezé, en Loire-Atlantique. Les commentaires sont un peu ironiques après ce meeting commun. Que retirez-vous de cette rencontre avec Ségolène Royal ?
M. A. Mais je retiens ce que je retiens de tous les meetings que j'ai faits et de tout le travail que je fais depuis six mois pour que le Parti socialiste soit uni. J'ai fait des meetings et je m'en réjouis avec Bertrand Delanoë, avec François Hollande, avec Vincent Peillon, avec Laurent Fabius et avec Ségolène Royal...
J.-M. A. Mais celui-là, ce n'était pas le même !
M. A. Oui mais on est arrivés à Nantes à ce moment-là, si vous voulez ; et il y avait Ségolène Royal. Je m'en réjouis. Chacun sait que nous sommes différentes mais je crois que nous avons l'essentiel en commun : c'est cela le message. Moi, vous savez, les belles photos ne m'intéressent pas. Est-ce que vous croyez que les Français, aujourd'hui - moi, il n'y a pas un Français qui m'a posé la question de savoir : quand est-ce que je serai sur une estrade avec Ségolène ? Ca ne m'empêche pas d'avoir été heureuse de montrer cette unité. Mais le vrai sujet, aujourd'hui, c'est : que pouvez-vous nous apporter pour arrêter ces licenciements boursiers et financiers que nous voulons empêcher par une directive européenne ? Comment réguler cette finance internationale qui, aujourd'hui, nous a menés "au mur". Nous avons des propositions, nous les mettrons en oeuvre, nous les avions d'ailleurs proposées au Parlement, l'année dernière ; mais faute d'être majoritaires, elles n'ont pas été votées. Comment empêcher les délocalisations, j'étais hier auprès des salariés de Goodyear à Amiens, voilà les vrais sujets qui se posent...
J.-M. A. Donc, ce n'était pas un événement majeur. C'est François Bayrou qui le dit comme ça, ce meeting avec vous et Ségolène Royal !
M. A. Est-ce que quand deux socialistes se rencontrent c'est un événement majeur ? Non. Mais c'était un message d'unité... Non mais d'unité retrouvée, ça fait maintenant plusieurs semaines que les amis de Ségolène travaillent main dans la main avec nous et maintenant nous sommes "un seul" pour parler aux Français, et c'est ça le plus important, franchement.
J.-M. A. On dit qu'il pourrait y avoir un autre meeting, c'est vrai ? On lit ça dans la presse, ce matin.
M. A. Parlons aux Français... Mais, tant mieux ! tant mieux ! Mais ce qui veut dire que ça devient normal. Dans ce cas-là, on en parlera beaucoup moins. Et tant mieux !
J.-M. A. Mais vous le confirmez : il y en aura un autre ?
M. A. Mais je n'en sais rien.
J.-M. A. Vous n'en savez rien !
M. A. Mais est-ce que vous pensez que je passe mon temps à me poser des questions de savoir quel va être le casting du prochain meeting ! Moi j'ai été très heureuse de discuter avec Ségolène et d'être avec elle. Voilà, c'est l'image de l'unité.
Mais ce qui est beaucoup plus important, aujourd'hui, c'est que le Parti socialiste soit uni en France mais que nous soyons unis avec les vingt-sept partis socialistes européens ; et je l'espère demain, et c'est peut-être ça le message, Jean-Michel Aphatie, que je veux faire passer ce matin : c'est qu'il faut que les voix de Gauche, plus de 70% des Français qui, aujourd'hui, disent : nous ne voulons pas de la politique libérale, votent pour le seul Parti qui en accord avec les vingt-sept autres partis socialistes européens, peut changer la Majorité.
J.-M. A. Il va juste vous manquer à Gauche, la voix de Jean-Michel Baylet qui, hier, appelle à l'abstention. Les Radicaux de Gauche ne sont même pas avec vous.
M. A. Non... Ils ne sont même pas avec nous ! Ils ne le sont pas parce qu'il n'y avait pas eu de négociations, je dirais à temps, pour qu'ils soient avec nous sur les listes. On va travailler ensemble pour réunir la Gauche pour les prochaines élections. Je rappelle que les listes qui font moins de 8% à 10% n'auront aucun représentant au Parlement européen.
J.-M. A. D'accord.
M. A. Oui, mais je le dis....
J.-M. A. Oui, mais c'est fini !
M. A. Ah pardon, excusez-moi. Merci.
J.-M. A. Martine Aubry était avec nous, ce matin, en direct des locaux de RTL à Lille.
Source http://www.changerleurope.fr, le 29 mai 2009