Tribune conjointe de M. Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat à l'emploi et Mme Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat à l'écologie, dans "Le Monde" le 6 juin 2009, sur le gisement d'emplois environnementaux en Europe, intitulée "L'économie verte doit se développer à l'échelle de l'Union européenne".

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Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

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L'économie verte doit se développer à l'échelle de l'Union européenne
Actuellement, la France est le deuxième gisement d'emplois environnementaux en Europe : l'économie verte y emploie environ 1,5 million de personnes, avant tout dans les métiers du traitement de l'eau et des déchets.
Et ce n'est qu'un début ! Sous l'impulsion du Grenelle de l'environnement lancé par M. Sarkozy, plus de 535 000 emplois vont être créés d'ici à 2020, surtout dans l'énergie solaire, la géothermie, l'éolien et les pompes à chaleur. La crise économique a accéléré la révolution des mentalités qui était déjà en marche. Désormais, l'écologie n'est plus un simple supplément d'âme pour l'économie : elle est le principal catalyseur de la croissance de demain.
Cette transition nécessaire vers une économie verte, les différents ministères la préparent ensemble en actionnant tous les leviers : incitations fiscales pour mieux isoler les habitations, tel l'éco-prêt à taux zéro ; amélioration des transports collectifs, notamment par le doublement des lignes de tramway et de TGV ; soutien aux entreprises qui misent sur les technologies propres, comme les constructeurs automobiles ; élargissement de la gamme des formations proposée par Pôle emploi ("écologisation" des qualifications, aide à la création d'entreprises vertes, extension de l'apprentissage, etc.).
En agissant sur tous les secteurs, non seulement nous générons des économies d'énergie substantielles, mais nous créons des emplois et nous positionnons nos PME et nos champions internationaux, tels Veolia, Suez, Areva et EDF, aux avant-postes de l'innovation et de la compétitivité.
Mais notre action ne pourra atteindre sa vitesse de croisière que si elle s'inscrit à un niveau européen. Pour deux raisons. D'abord parce qu'agir sur le plan européen permet de mutualiser les moyens financiers des vingt-sept Etats membres et de démultiplier notre force de frappe : dans le cadre du plan de relance européen, la Banque européenne d'investissement financera par exemple le développement de technologies vertes comme la voiture électrique et les énergies renouvelables. Partager nos outils, c'est aussi échanger les bonnes pratiques venues des associations, des entreprises, des partenaires sociaux et des collectivités locales.
Ensuite, travailler à l'échelle européenne, c'est pouvoir coordonner tous les acteurs et peser à l'échelle internationale. Comment, en dehors du Parlement européen, aurions-nous pu faire adopter le "paquet énergie-climat", et ainsi activer une politique de fiscalité écologique ne dérogeant pas aux règles de la concurrence ? De même, comment, sans une volonté politique commune, l'Union européenne aura-t-elle le poids nécessaire pour parvenir, à Copenhague, en décembre, à un accord international obligeant tous les pays à mener des actions opérationnelles de protection de l'environnement ? L'engagement commun pris par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy en faveur d'une "taxe carbone" pénalisant les pays qui se dispensent de lutter contre le changement climatique va dans ce sens.
L'emploi et l'écologie sont un même enjeu pour les élections européennes. Voter le dimanche 7 juin, c'est agir pour le dynamisme de notre économie et pour l'avenir de notre planète. C'est, comme le préconise le philosophe de l'écologie, le Norvégien Arne Naess, tourner le dos à l'écologie "superficielle", qui préserve les ressources dans le seul objectif de générer du profit, et oeuvrer en faveur d'une "écologie profonde", qui transforme le rapport de l'homme à la nature.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juin 2009