Texte intégral
R. Duchemin R. Duchemin : Bonjour M. Aubry.
Bonjour.
R. Duchemin : Merci d'être en direct avec nous ce matin sur France Info. Le score du Parti socialiste aux européennes, c'est donc au final 16,48%. Vous diriez quoi ce matin : c'est un mauvais score, un désaveu ?
Non, je dirais que c'est oui, un mauvais score, un score qui reflète l'image que donne aujourd'hui le Parti socialiste. Nous vivons, je crois, les résultats de plusieurs années où nous avons montré une image, d'abord, d'un parti recroquevillé sur lui-même, qui n'a pas su apporter les réponses d'aujourd'hui aux problèmes d'aujourd'hui, qui a aussi un peu oublié ses valeurs, d'un parti divisé, mais quand même, d'un parti où quand il est aux responsabilités, je pense aux élus, régions, départements, aux communes, les Français lui font confiance. Donc voilà, il faut profondément refonder ce parti. L'image que nous donnons de nous-mêmes est une image qui n'est pas bonne, et c'est vrai que les élections européennes sont toujours l'occasion pour les Français d'envoyer un message, et aujourd'hui, ils ont envoyé un message pour une fois positif : ce n'est pas le score de Pasqua, de monsieur Tapie, c'est le score de D. Cohn-Bendit, voilà. Un score sur : nous nous intéressons à l'avenir, nous nous intéressons à l'avenir de notre planète. Et voilà, donc je le prends en compte, cela, positivement.
R. Duchemin : M. Aubry, si les Français ne vous ont pas suivis, vous pensez que c'est à cause précisément des querelles internes ou d'une campagne peut-être un peu trop axée sur des enjeux nationaux ?
Très franchement, je referais cette campagne exactement de la même manière, parce que je crois que c'était notre devoir de montrer aux Français que c'est l'Europe libérale, et la politique menée ici par N. Sarkozy qui nous a amenés au mur, et que c'est parce que cette Europe est libérale, qu'elle est devenue libérale, qu'elle a oublié ce qu'elle devait être, que nous devons proposer un autre projet. Le problème, c'est qu'on a...
R. Duchemin : Mais si vous la faites de la même manière, le résultat risque d'être le même aussi.
Non, parce que ce n'est pas la campagne. Dans cette campagne, nous n'avons pas pu parler d'Europe, vous le savez bien, je ne suis venue sur les ondes parler d'Europe que la semaine dernière, on ne pouvait pas en parler parce que ça n'intéressait pas les Français, et ça, c'est notre responsabilité collective. Nous n'avons pas, partis de gauche comme de droite, montré l'enjeu de l'Europe depuis des années. Donc, là aussi, j'en prends ma part de responsabilité. Mais je crois que ce n'est pas la campagne qui est en cause, si nous avions pu faire comprendre l'Europe que nous voulions, et la façon dont nous commençons à changer, à avoir compris ce que nous disaient les Français, je crois que l'image aujourd'hui est encore une image trop négative, et c'est pour moi, comment dire, un engagement et une responsabilité encore plus grands de refonder profondément, pas seulement le Parti socialiste, mais aussi la gauche, avec les autres sensibilités de gauche.
R. Duchemin : M.-E. Malouines, chef du service politique de France Info. M.-E. Malouines : Vous parlez d'un parti qui est recroquevillé sur lui-même. Vous êtes la première secrétaire de ce parti ; est-ce que vous avez envie maintenant de sortir de votre coquille, de fendre l'armure, de bouger les choses ?
Vous savez, moi, je n'ai pas eu besoin de fendre l'armure, j'ai toujours dit ce que je pensais, j'ai toujours pris des responsabilités qui étaient les miennes, et je l'ai dit, nous avons une responsabilité collective d'avoir mené notre parti là où il en est aujourd'hui. Mais moi, je pense aussi aux Français. Pendant cette semaine, on n'a pas parlé de la crise sociale ; il y a eu ce dramatique accident d'Airbus, et il fallait en parler ; il y a eu la visite d'Obama, et nous nous réjouissons qu'il ait été là ; il y a ce film aussi, bon. Donc pendant une semaine, on n'a plus parlé de la crise. Demain, le Parti socialiste, il doit être là, comme il a commencé à l'être depuis six mois, à nouveau, devant les services publics, auprès des salariés en crise...
M.-E. Malouines : Mais c'est vous-même qui parlez d'un problème d'image. L'image du Parti socialiste, c'est quand même un parti où tout le monde s'observe, s'épie, et ça...
Oui, je l'ai dit...
M.-E. Malouines : Est-ce que vous avez envie de bouger les choses ? Il y a beaucoup de gens qui disent : maintenant, il faut bouger, il faut faire quelque chose, et ils ne remettent pas en cause votre leadership. Donc est-ce que vous avez envie de bouger, de changer la direction par exemple, de convoquer un congrès, des conventions ?
Non, vous savez, tout cela a été... je l'avais toujours dit, il y a cinq mois, pendant cinq mois, nous nous sommes remis au travail, nous nous sommes retrouvés à nouveau sur le terrain, nous avons repris des contacts avec les partis de gauche, cinq mois, ce n'est pas grand-chose pour effacer ces années où nous nous sommes divisés, où il n'y a pas eu de leadership, où, encore une fois, le parti ne s'est pas ouvert sur la société et n'a pas travaillé. Voilà, il a manqué du temps, c'est absolument évident. Mais moi, ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que chacun se pose la question de son propre comportement par rapport au Parti socialiste, car on ne peut pas continuer dès qu'on annonce quelque chose, à ce que deux ou trois personnes commencent à dire : ce n'est pas ça qu'il fallait faire, même lorsqu'ils ont voté cela. Donc chacun doit être responsable. Mais moi, je suis la première secrétaire, donc j'en porte la responsabilité collective, et loin de moi l'idée de faire porter à d'autres cette responsabilité. Mais en revanche, j'en appelle à chacun, ce que nous portons nous dépasse. Les Français vont avoir besoin de nous dès demain, parce que vous allez voir, le tour de vis social il va être là, et la crise elle est toujours là. Et donc nous devons être plus que jamais là où il faut pour soutenir les gens, mais aussi pour proposer un autre modèle. Et ce qui est intéressant dans ce résultat, parce qu'il faut quand même regarder si nous croyons à un autre projet de gauche, c'est que, avec les Verts, avec les autres forces de gauche, nous avons aujourd'hui le devoir - parce que c'est pareil dans tous les autres pays - de nous unir pour proposer un autre projet de société.
M.-E. Malouines : Mais quand M. Valls dit par exemple ce matin : "il faut des états généraux", vous lui répondez quoi, M. Aubry ?
Moi, je réponds qu'on peut utiliser tous les mots que l'on veut, si le Parti socialiste n'est pas prêt à s'ouvrir vers la société, et je comptais proposer, vous le savez, début juillet une entrée dans notre projet avec, en ouvrant les portes et les fenêtres, en travaillant dans le parti avec la société qui est autour, donc bien évidemment, cela va conforter encore plus cette intention qui est la mienne...
R. Duchemin : C'est-à-dire, refaire une gauche plurielle aujourd'hui ?
Voilà, je disais aussi : il faut réunir la gauche - il ne faut pas seulement réunir les socialistes, les socialistes de tous les partis européens - il faut réunir la gauche, et je crois qu'il faut que chacun tende la main à l'autre. Je continue à penser que le Parti socialiste ne doit pas être hégémonique, mais doit être le parti qui porte globalement un projet pour la société. Nous devons tendre la main à tous les autres, que j'ai commencé à revoir depuis cinq mois, beaucoup, malgré ces élections, c'est notre devoir collectif de nous unir, pour présenter ce nouveau projet.
R. Duchemin : On entend bien votre message, mais avant de se rassembler avec ceux qui sont à l'extérieur, est-ce qu'il ne faudrait pas commencer par se rassembler à l'intérieur même du Parti socialiste ? C'est peut-être la grosse difficulté aujourd'hui ?
Je crois quand même que beaucoup de choses ont bougé, je le dis très simplement, et je crois que ceux qui n'ont pas encore compris - et ce ne sont que quelques individus, je le dis très simplement - doivent s'interroger sur leur comportement par rapport au Parti socialiste. Voilà. Et je le leur redirai, comme je leur ai déjà dit individuellement, et sans passer par les ondes, car moi, je préfère traiter les problèmes du Parti socialiste en son sein, je préfère que ceux qui sont en désaccord le disent en son sein, plutôt que de faire des petites phrases à l'extérieur...
R. Duchemin : A qui vous pensez ?
Tout le monde sait, je crois, de qui on parle. Mais ce n'est pas grave, je pense que ce n'est pas le...
R. Duchemin : C'est quand même plus simple en le disant, non ?
Oui, mais je l'ai toujours dit, vous savez, moi, je crois qu'il faut être lucide et avoir un discours de vérité. J'ai toujours pris la responsabilité de ce qui arrivait là où j'étais en responsabilité. Donc je prends aujourd'hui la responsabilité collective du score du Parti socialiste. Et je crois que nous devons, que chacun doit faire la même chose, du simple militant qui veut retrouver un parti fort, jusqu'au dirigeant, voilà.
R. Duchemin : Dernière question, M. Aubry, il y a une polémique aujourd'hui autour du film - et vous en avez parlé - du film « Home », de Y. Arthus-Bertrand. Vous, vous avez le sentiment que ça a pu jouer sur ce scrutin ?
Ecoutez, moi, je le dis comme je le pense, je ne nous donne aucune excuse extérieure. Et pourtant, on pourrait dire : Sarkozy a refusé le débat sur l'Europe, c'est surtout ça qui est le plus grave ; il y a eu Obama, il y a eu ce film, oui, ce film a joué un rôle, tout le week-end, on ne nous a parlé que de ça. Mais de toute façon, le Parti socialiste aurait peut-être fait 19 ou 20%, ce que j'en aurais tiré aurait été les mêmes conclusions. Donc je ne fais pas porter à des éléments extérieurs notre résultat, même si je pense que ça a joué en effet, même assez fortement, dans un élan qui existait, dans un élan qui existait, et dont je redis que pour une fois, cet élan, hors des grands partis, parce que c'est ce que font les Français lorsqu'il y a l'Europe - ils ont porté Tapie, ils ont porté Pasqua - pour une fois, cela porte sur un homme qui porte en lui-même l'Europe et le développement durable, et sur un sujet qui est une cause juste. Donc je m'en réjouis, voilà.
R. Duchemin : Merci M. Aubry d'avoir été en direct avec nous ce matin, sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 juin 2009
Bonjour.
R. Duchemin : Merci d'être en direct avec nous ce matin sur France Info. Le score du Parti socialiste aux européennes, c'est donc au final 16,48%. Vous diriez quoi ce matin : c'est un mauvais score, un désaveu ?
Non, je dirais que c'est oui, un mauvais score, un score qui reflète l'image que donne aujourd'hui le Parti socialiste. Nous vivons, je crois, les résultats de plusieurs années où nous avons montré une image, d'abord, d'un parti recroquevillé sur lui-même, qui n'a pas su apporter les réponses d'aujourd'hui aux problèmes d'aujourd'hui, qui a aussi un peu oublié ses valeurs, d'un parti divisé, mais quand même, d'un parti où quand il est aux responsabilités, je pense aux élus, régions, départements, aux communes, les Français lui font confiance. Donc voilà, il faut profondément refonder ce parti. L'image que nous donnons de nous-mêmes est une image qui n'est pas bonne, et c'est vrai que les élections européennes sont toujours l'occasion pour les Français d'envoyer un message, et aujourd'hui, ils ont envoyé un message pour une fois positif : ce n'est pas le score de Pasqua, de monsieur Tapie, c'est le score de D. Cohn-Bendit, voilà. Un score sur : nous nous intéressons à l'avenir, nous nous intéressons à l'avenir de notre planète. Et voilà, donc je le prends en compte, cela, positivement.
R. Duchemin : M. Aubry, si les Français ne vous ont pas suivis, vous pensez que c'est à cause précisément des querelles internes ou d'une campagne peut-être un peu trop axée sur des enjeux nationaux ?
Très franchement, je referais cette campagne exactement de la même manière, parce que je crois que c'était notre devoir de montrer aux Français que c'est l'Europe libérale, et la politique menée ici par N. Sarkozy qui nous a amenés au mur, et que c'est parce que cette Europe est libérale, qu'elle est devenue libérale, qu'elle a oublié ce qu'elle devait être, que nous devons proposer un autre projet. Le problème, c'est qu'on a...
R. Duchemin : Mais si vous la faites de la même manière, le résultat risque d'être le même aussi.
Non, parce que ce n'est pas la campagne. Dans cette campagne, nous n'avons pas pu parler d'Europe, vous le savez bien, je ne suis venue sur les ondes parler d'Europe que la semaine dernière, on ne pouvait pas en parler parce que ça n'intéressait pas les Français, et ça, c'est notre responsabilité collective. Nous n'avons pas, partis de gauche comme de droite, montré l'enjeu de l'Europe depuis des années. Donc, là aussi, j'en prends ma part de responsabilité. Mais je crois que ce n'est pas la campagne qui est en cause, si nous avions pu faire comprendre l'Europe que nous voulions, et la façon dont nous commençons à changer, à avoir compris ce que nous disaient les Français, je crois que l'image aujourd'hui est encore une image trop négative, et c'est pour moi, comment dire, un engagement et une responsabilité encore plus grands de refonder profondément, pas seulement le Parti socialiste, mais aussi la gauche, avec les autres sensibilités de gauche.
R. Duchemin : M.-E. Malouines, chef du service politique de France Info. M.-E. Malouines : Vous parlez d'un parti qui est recroquevillé sur lui-même. Vous êtes la première secrétaire de ce parti ; est-ce que vous avez envie maintenant de sortir de votre coquille, de fendre l'armure, de bouger les choses ?
Vous savez, moi, je n'ai pas eu besoin de fendre l'armure, j'ai toujours dit ce que je pensais, j'ai toujours pris des responsabilités qui étaient les miennes, et je l'ai dit, nous avons une responsabilité collective d'avoir mené notre parti là où il en est aujourd'hui. Mais moi, je pense aussi aux Français. Pendant cette semaine, on n'a pas parlé de la crise sociale ; il y a eu ce dramatique accident d'Airbus, et il fallait en parler ; il y a eu la visite d'Obama, et nous nous réjouissons qu'il ait été là ; il y a ce film aussi, bon. Donc pendant une semaine, on n'a plus parlé de la crise. Demain, le Parti socialiste, il doit être là, comme il a commencé à l'être depuis six mois, à nouveau, devant les services publics, auprès des salariés en crise...
M.-E. Malouines : Mais c'est vous-même qui parlez d'un problème d'image. L'image du Parti socialiste, c'est quand même un parti où tout le monde s'observe, s'épie, et ça...
Oui, je l'ai dit...
M.-E. Malouines : Est-ce que vous avez envie de bouger les choses ? Il y a beaucoup de gens qui disent : maintenant, il faut bouger, il faut faire quelque chose, et ils ne remettent pas en cause votre leadership. Donc est-ce que vous avez envie de bouger, de changer la direction par exemple, de convoquer un congrès, des conventions ?
Non, vous savez, tout cela a été... je l'avais toujours dit, il y a cinq mois, pendant cinq mois, nous nous sommes remis au travail, nous nous sommes retrouvés à nouveau sur le terrain, nous avons repris des contacts avec les partis de gauche, cinq mois, ce n'est pas grand-chose pour effacer ces années où nous nous sommes divisés, où il n'y a pas eu de leadership, où, encore une fois, le parti ne s'est pas ouvert sur la société et n'a pas travaillé. Voilà, il a manqué du temps, c'est absolument évident. Mais moi, ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que chacun se pose la question de son propre comportement par rapport au Parti socialiste, car on ne peut pas continuer dès qu'on annonce quelque chose, à ce que deux ou trois personnes commencent à dire : ce n'est pas ça qu'il fallait faire, même lorsqu'ils ont voté cela. Donc chacun doit être responsable. Mais moi, je suis la première secrétaire, donc j'en porte la responsabilité collective, et loin de moi l'idée de faire porter à d'autres cette responsabilité. Mais en revanche, j'en appelle à chacun, ce que nous portons nous dépasse. Les Français vont avoir besoin de nous dès demain, parce que vous allez voir, le tour de vis social il va être là, et la crise elle est toujours là. Et donc nous devons être plus que jamais là où il faut pour soutenir les gens, mais aussi pour proposer un autre modèle. Et ce qui est intéressant dans ce résultat, parce qu'il faut quand même regarder si nous croyons à un autre projet de gauche, c'est que, avec les Verts, avec les autres forces de gauche, nous avons aujourd'hui le devoir - parce que c'est pareil dans tous les autres pays - de nous unir pour proposer un autre projet de société.
M.-E. Malouines : Mais quand M. Valls dit par exemple ce matin : "il faut des états généraux", vous lui répondez quoi, M. Aubry ?
Moi, je réponds qu'on peut utiliser tous les mots que l'on veut, si le Parti socialiste n'est pas prêt à s'ouvrir vers la société, et je comptais proposer, vous le savez, début juillet une entrée dans notre projet avec, en ouvrant les portes et les fenêtres, en travaillant dans le parti avec la société qui est autour, donc bien évidemment, cela va conforter encore plus cette intention qui est la mienne...
R. Duchemin : C'est-à-dire, refaire une gauche plurielle aujourd'hui ?
Voilà, je disais aussi : il faut réunir la gauche - il ne faut pas seulement réunir les socialistes, les socialistes de tous les partis européens - il faut réunir la gauche, et je crois qu'il faut que chacun tende la main à l'autre. Je continue à penser que le Parti socialiste ne doit pas être hégémonique, mais doit être le parti qui porte globalement un projet pour la société. Nous devons tendre la main à tous les autres, que j'ai commencé à revoir depuis cinq mois, beaucoup, malgré ces élections, c'est notre devoir collectif de nous unir, pour présenter ce nouveau projet.
R. Duchemin : On entend bien votre message, mais avant de se rassembler avec ceux qui sont à l'extérieur, est-ce qu'il ne faudrait pas commencer par se rassembler à l'intérieur même du Parti socialiste ? C'est peut-être la grosse difficulté aujourd'hui ?
Je crois quand même que beaucoup de choses ont bougé, je le dis très simplement, et je crois que ceux qui n'ont pas encore compris - et ce ne sont que quelques individus, je le dis très simplement - doivent s'interroger sur leur comportement par rapport au Parti socialiste. Voilà. Et je le leur redirai, comme je leur ai déjà dit individuellement, et sans passer par les ondes, car moi, je préfère traiter les problèmes du Parti socialiste en son sein, je préfère que ceux qui sont en désaccord le disent en son sein, plutôt que de faire des petites phrases à l'extérieur...
R. Duchemin : A qui vous pensez ?
Tout le monde sait, je crois, de qui on parle. Mais ce n'est pas grave, je pense que ce n'est pas le...
R. Duchemin : C'est quand même plus simple en le disant, non ?
Oui, mais je l'ai toujours dit, vous savez, moi, je crois qu'il faut être lucide et avoir un discours de vérité. J'ai toujours pris la responsabilité de ce qui arrivait là où j'étais en responsabilité. Donc je prends aujourd'hui la responsabilité collective du score du Parti socialiste. Et je crois que nous devons, que chacun doit faire la même chose, du simple militant qui veut retrouver un parti fort, jusqu'au dirigeant, voilà.
R. Duchemin : Dernière question, M. Aubry, il y a une polémique aujourd'hui autour du film - et vous en avez parlé - du film « Home », de Y. Arthus-Bertrand. Vous, vous avez le sentiment que ça a pu jouer sur ce scrutin ?
Ecoutez, moi, je le dis comme je le pense, je ne nous donne aucune excuse extérieure. Et pourtant, on pourrait dire : Sarkozy a refusé le débat sur l'Europe, c'est surtout ça qui est le plus grave ; il y a eu Obama, il y a eu ce film, oui, ce film a joué un rôle, tout le week-end, on ne nous a parlé que de ça. Mais de toute façon, le Parti socialiste aurait peut-être fait 19 ou 20%, ce que j'en aurais tiré aurait été les mêmes conclusions. Donc je ne fais pas porter à des éléments extérieurs notre résultat, même si je pense que ça a joué en effet, même assez fortement, dans un élan qui existait, dans un élan qui existait, et dont je redis que pour une fois, cet élan, hors des grands partis, parce que c'est ce que font les Français lorsqu'il y a l'Europe - ils ont porté Tapie, ils ont porté Pasqua - pour une fois, cela porte sur un homme qui porte en lui-même l'Europe et le développement durable, et sur un sujet qui est une cause juste. Donc je m'en réjouis, voilà.
R. Duchemin : Merci M. Aubry d'avoir été en direct avec nous ce matin, sur France Info.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 juin 2009