Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre de la santé et des sports, sur le vieillissement de la population, l'accueil des personnes âgées et la mise en place du Plan "bien vieillir", Paris le 15 juillet 2009.

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Circonstance : Lancement du label "bien vieillir" à Paris le 15 juillet 2009

Texte intégral


« Vieillir ensemble, ce n'est pas ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. »
Avec ces mots, le psychosociologue Jacques Salomé n'illustre-t-il pas l'un des nouveaux enjeux de nos sociétés modernes ?
La multiplication des progrès techniques et l'amélioration des conditions de vie ont en effet permis un allongement significatif de l'espérance de vie : cette dernière s'accroît d'un trimestre par an et dépasse désormais 80 ans. Ainsi notre population vieillit-elle de plus en plus.
Nous sommes actuellement en pleine transition démographique : plus de 10 millions de personnes, dans notre pays, auront plus de 65 ans l'année prochaine, ce qui représente 16% de la population aujourd'hui, et probablement 28% dans 40 ans.
Nous comptons même, parmi nos concitoyens, un nombre croissant de centenaires, 6000 aujourd'hui, et 150000 prévus en 2050.
Cette évolution ne concerne pas seulement les intéressés, qui, vivant plus longtemps, aspirent à vivre mieux ; mais elle constitue aussi un défi majeur que tous, ensemble, nous devons relever.
La place et le sort donnés aux personnes âgées ne reflètent-ils pas l'état de santé de toute une civilisation ?
C'est pourquoi nous devons impérativement agir, notamment dans le domaine de la prévention, afin d'accompagner nos aînés dans une nouvelle période de leur vie, pour qu'elle
soit celle d'un vieillissement réussi et épanoui, celle d'un « vieillissement actif », pour reprendre l'expression de l'organisation mondiale de la santé (OMS).
Intimement convaincue que l'amélioration de la qualité de vie de nos aînés, qui engage chacun d'entre nous, nécessite une approche transversale, j'ai souhaité une collaboration fructueuse de mon ministère avec celui du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville.
Ce travail conjoint a permis la mise en place du plan national « Bien vieillir » 2007-2009, dont j'ai installé le comité de suivi, présidé par le docteur Jean-Pierre Aquino, en compagnie, déjà, de la secrétaire d'Etat à la solidarité.
Ce plan comprend notamment la création du label « Bien vieillir - vivre ensemble », dont les critères d'attribution viennent d'être exposés dans le détail. Destiné à promouvoir et à soutenir les communes qui prennent en compte le vieillissement de leurs populations dans leurs politiques locales, il s'inspire également dans sa démarche, certains d'entre vous le savent peut-être moins, de celle du programme national nutrition santé (PNNS), qui a, lui aussi, créé un label permettant de fédérer les acteurs locaux et d'impliquer les municipalités comme « villes actives PNNS ».
Au-delà de cette mesure, le plan « Bien vieillir » prévoit trois grandes orientations en faveur d'un vieillissement positif.
Il s'agit d'abord d'assurer la promotion de comportements favorables à la santé, en matière d'alimentation aussi bien qu'en matière d'activité physique, en lien étroit avec le PNNS dont je parlais il y a un instant.
Il s'agit ensuite d'organiser une prévention ciblée et efficace, pour empêcher ou retarder l'apparition de pathologies ou d'incapacités.
Je pense en particulier à la lutte contre l'hypertension artérielle, les troubles sensoriels, certains cancers ou d'autres maladies liées à la vieillesse, comme la maladie d'Alzheimer.
Il s'agit enfin de maintenir ou de favoriser l'investissement de nos aînés dans la vie sociale, notamment en consolidant le lien intergénérationnel.
C'est dans cette optique que le plan comporte un certain nombre de mesures, qui conjuguent la prévention et le dépistage précoce à une amélioration des pratiques des professionnels.
La plupart d'entre elles ont déjà été mises en oeuvre : c'est le cas notamment pour le bon usage des médicaments, les recommandations relatives aux produits anti-âge, la généralisation des programmes de dépistage organisé du cancer du sein et du cancer colorectal, ou le remboursement de l'ostéodensitométrie pour les femmes ménopausées.
Naturellement, je souhaite que ces mesures soient poursuivies et renforcées, dans l'intérêt de nos concitoyens.
C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'un groupe de travail est en train d'élaborer la consultation dite « de longévité », qui propose une consultation de dépistage et de
prévention pour les personnes entre 50 et 60 ans, en particulier pour la préparation à la retraite.
Je tiens particulièrement à toucher les populations traditionnellement éloignées des campagnes classiques de prévention et de dépistage, et je veux profiter de l'occasion qui m'est ici donnée pour saluer le partenariat entre l'institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) et l'institut de veille sanitaire (InVS), qui a permis d'élaborer des outils plus spécifiques afin de satisfaire cet objectif.
Une expérimentation et une évaluation sont prévues dans quatre départements dès cette année, avant que ne débute le processus de généralisation l'an prochain. Les crédits nécessaires seront prévus dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2010.
Bien vieillir : n'est-ce pas là le projet que chacun est en droit de nourrir ?
Un projet qui ne serait pas celui de trouver une illusoire fontaine de jouvence, mais, au contraire, de vivre pleinement un âge dense et riche, une nouvelle étape de la vie, dans les meilleures conditions, physiques et psychologiques.
Pour que ce projet devienne une réalité pour tous, nous devons nous mobiliser.
C'est tout l'objet du plan national « Bien vieillir ».
C'est tout l'objet de cette mesure spécifique qu'est le label « Bien vieillir - vivre ensemble », que j'ai le plaisir de lancer aujourd'hui avec vous.
Je vous remercie.
Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 16 juillet 2009