Texte intégral
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J.-J. Bourdin.- F. Amara bonjour.
Bonjour.
Secrétaire d'Etat chargée de la Ville. On va parler de la ville, de la ville au sens large F. Amara...
Oui.
Et de ce fameux Plan Banlieues. Vous savez ce qu'on va faire...
La dynamique, je préfère qu'on l'appelle la dynamique.
La dynamique ?
Oui.
C'est quoi, la dynamique banlieues ?
Oui. La dynamique banlieues. Moi aussi, je suis là pour mettre en scène la banlieue et surtout l'aider à se développer, mais enfin il y a du travail à faire !
Il y a beaucoup de travail...
Et toujours beaucoup de travail...
Toujours autant.
Tiens ! D'ailleurs, écoutons ce que disait H. Guaino, c'était sur BFM TV, c'était hier, écoutons.
Extrait. (...)
Alors qui ne bouge pas F. Amara ?
Ecoutez, ce que dit H. Guaino - il a tout à fait raison - en son temps et en son heure, je l'avais aussi dit, dénoncé...
Non mais attendez, je vous demande qui ne bouge pas !
Je vous réponds, ne vous inquiétez pas. Donc c'est vrai qu'il y a une certaine bureaucratie, il y a une certaine technocratie qui font qu'à un moment donné...
C'est qui la bureaucratie, la technocratie ? Qui ?
Quand on prend une décision politique - et d'ailleurs tous les hommes politiques l'ont dit - on a tendance à penser que très vite normalement, quand on les met dans les rouages administratifs, il y a un laps de temps qui doit être mis parce qu'il y a une version technique, il y a une construction technique et puis après très vite normalement, ça doit être visible sur le terrain. C'est plus compliqué que ça et donc, c'est vrai qu'il faut se battre avec une sorte d'inertie...
Mais alors c'est qui, qui freine ?
Ce sont des hommes et des femmes, certains, pas tous heureusement...
Mais qui ils sont, ces hommes et ces femmes ?
C'est des technocrates...
Ces hommes et ces femmes sont où, ils sont où, ils travaillent où...
Certains sont dans des cabinets, d'autres sont...
Soyons concrets, ils sont où ?
Certains sont dans des administrations par exemple, qui sont concernés par la dynamique Espoir Banlieues, puisqu'on parle de la dynamique. Je vous donne un exemple : par exemple, les 350 délégués d'Etat annoncés par le président de la République, il y a un certain temps... au mois de décembre dernier, j'avais tapé du poing sur la table en disant : écoutez ça suffit, 350 annoncés en février 2008, décembre 2008, donc en fin d'année, on en avait 10 ! Donc il y a un truc qui ne va pas quoi. A partir de là, j'avais un petit gueulé, c'est vrai et puis le président de la République avait entendu mon appel et donc du coup, il a tapé du poing sur la table quand il a fait son discours à Palaiseau, il a vraiment remis une grosse couche et là, ça s'est accéléré. Aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, on est à plus de 300, donc voilà. C'est un peu compliqué, c'est vrai qu'Henri a raison, il y a dans ce pays certaines personnes... voilà, on ne peut pas les nommer parce que c'est dans la nébuleuse...
On ne peut pas les nommer mais on sait ce qu'ils font.
Non mais c'est dans la nébuleuse, mais on sait qu'il y a dans ce pays certaines personnes malheureusement qui...
Et pourquoi ça ?
Qui pensent qu'il ne faut pas investir dans les quartiers. Heureusement, heureusement que ce n'est pas le cas ni du président de la République, ni du Premier ministre...
Pourquoi ces personnes pensent-elles qu'il ne faut pas investir dans les quartiers ?
Parce qu'ils pensent... ils font un bilan négatif tout simplement, à mon avis, je ne les ai pas concertés, vous pensez bien qu'ils ne vont pas venir me voir pour m'expliquer qu'ils ne sont pas d'accord... ils savent très bien que ça va être vite réglé ce problème-là. La vérité, c'est qu'il y en a qui pensent qu'investir... certains, heureusement qu'ils sont minoritaires, investir dans les quartiers, ramener encore de l'argent c'est perdre de l'argent parce qu'on a vécu les émeutes de 2005. On est nombreux et majoritaires à penser qu'il faut absolument investir massivement dans les quartiers, notamment dans les cerveaux de la jeunesse des quartiers populaires parce que nous sommes un pays vieillissant. On aura besoin de tous ces acteurs économiques, de toutes ces compétences et de tous ces talents qu'il y a dans les quartiers pour sortir notre pays justement tout de suite derrière la crise pour que ça reste un pays compétitif.
Et comment vit-on, vous F. Amara, qui est en charge de ces quartiers, comment vit-on dans les quartiers aujourd'hui avec cette crise, avec ce chômage, que dit-on dans les quartiers aujourd'hui ?
Ecoutez, moi je fais beaucoup de visites de terrain et je discute donc beaucoup avec la population, je suis en contact permanent avec les gens des quartiers, d'ailleurs ma famille, mes amis habitent toujours la cité et tout. Ecoutez, on a toujours vécu difficilement dans les quartiers parce qu'on a toujours eu les plus gros taux de chômage, et c'est vrai qu'avec cette crise c'est tendu parce que le chômage a augmenté, surtout le chômage des jeunes. Alors ce qui est intéressant, et c'est pour ça que je le dis, ça peut être aussi une leçon pour tout le monde. On a une chance extraordinaire, c'est que... moi je le dis même si ça choque, même si ça dérange, c'est vrai que quand je vais dans les quartiers je retrouve la force de continuer à me battre, pourquoi ? Parce que vous avez des gens dans les quartiers qui ont l'habitude de résister.
Oui.
Donc du coup, avec boutade évidemment, j'ai dit à certaines personnes : « je vais organiser des stages dans les cités pour vous apprendre à résister ou mettre en place des kits de résistance face à la crise ». On a des formes de solidarité qui sont revenues dans nos cités qui sont extraordinaires, à la fois familiales, à la fois fraternelles, etc. Ça n'empêche pas qu'il faut tout faire, au niveau politique, pour qu'on sorte du marasme de cette crise évidemment parce que les classes populaires sont touchées et durement touchées, mais c'est vrai que quand je vais dans les cités, il y a des formes de résistance qui existent et ça redonne de la force et l'envie de se battre et de continuer.
Alors qu'est-ce qu'on doit faire pour justement encourager cette résistance à la crise, pour aider tous ces jeunes et les moins jeunes d'ailleurs à s'en sortir, qui habitent dans ces quartiers-là...
D'abord, je vais vous dire...
Il n'y a pas que dans les quartiers, même en zone rurale.
Oui, la jeunesse en zone rurale aussi vit des...
Exactement...
Bien sûr, moi je suis totalement solidaire et c'est vrai que j'en discute beaucoup d'ailleurs avec les autres ministres en charge de ces zones-là. La vérité c'est que un, il faut absolument que la dynamique Espoir Banlieues, elle soit visible concrètement sur le terrain. On a fait beaucoup de choses, je vous donne un exemple...
Mais alors comment ?
Je vous donne un exemple concret. On a par exemple le désenclavement qui aide à créer la mobilité, pour aller encore plus loin pour aller chercher de l'emploi et ne pas rester dans son quartier, donc ne pas être en situation d'enfermement. Là, on a 37 projets - on a travaillé avec le cabinet Borloo - on a 37 projets qui ont été validés, on a ventilé 260 millions d'euros pour aider justement, juste dans le cadre de la dynamique Espoir Banlieues, donc abondé le financement dynamique Espoir Banlieues, 260 millions d'euros en plus de ce qu'a déjà donné Borloo pour désenclaver dans ces 37 villes. Donc ça personne n'en parle, mais c'est un truc qui marche super bien. Il y a beaucoup de choses, on a la réussite éducative : on met 90 millions d'euros, aujourd'hui j'ai décidé de mettre 1 million d'euros. Ça concerne quoi la réussite éducative ? Ça concerne nos gamins dans les cités, c'est un dispositif qui marche super bien et qui est demandé par les élus de droite comme les élus de gauche, voilà...
Non mais c'est très bien tout ça F. Amara, mais vous savez très bien que quand vous êtes au chômage, que vous venez en plus d'un quartier difficile, vous le savez, vous arrivez au Pôle Emploi, on vous dit « on a 20 minutes pour vous traiter » et puis hop, on passe au suivant. F. Amara, la réalité elle est là aujourd'hui.
Mais moi je vais vous dire, je vais vous répondre : c'est très compliqué pour tout le monde. Aujourd'hui, il y a quelque chose qui a été mis en place, il y a une palette d'outils. Dans cette palette d'outils, vous trouvez les différents contrats qui concernent les jeunes. Le plan qu'a annoncé le président de la République, notamment sur la question des jeunes... d'ailleurs la semaine prochaine, M. Hirsch aussi doit aussi faire un certain ensemble d'annonces, notamment sur les contrats en alternance, etc. Donc vous avez une palette d'outils qui correspond à différents profils de jeunes. Moi ce que je pense, et j'en suis convaincue, c'est qu'il faut coordonner les choses en réalité. Et c'est vrai que par exemple, le service public de l'emploi, les agents qui travaillent dans le service public de l'emploi font un travail formidable, on ne le dit jamais assez parce qu'on a tendance à les taper, mais franchement ils font un travail formidable, surtout en période de crise où vraiment...
On ne les tape pas, on leur impose 20 minutes d'entretien par exemple...
Ce n'est pas qu'on impose...
Mais si, bien sûr que si, il y a tellement de chômeurs, tellement de demandeurs...
Ah oui ! Il y a beaucoup trop de chômeurs, ça c'est sûr mais on se bat justement pour diminuer. Non mais ce que je veux dire ...
Très vite parce que j'ai des questions...
... C'est que vous avez différents contrats qui existent à différents profils de jeunes. Là, nous allons accélérer sur la formation en alternance, donc il y a différentes mesures qui ont été prises qui permettent justement de lutter. Je pense qu'il faut aller encore plus vite et encore plus fort.
Oui, ça on est bien d'accord. Alors F. Amara... Je ne sais pas si vous aurez les moyens. Un emprunt va être lancé, on le sait, peut-être plus vite que prévu, on verra en fonction des difficultés qui arrivent. F. Amara, vous demandez à ce qu'une partie de cet argent soit consacrée à ces quartiers, oui ou non ?
Ecoutez, dans les priorités normalement qui doivent être définies, il y a un débat, il y a une concertation, moi je...
Oui ou non ?
Mais attendez...
Est-ce que vous demandez ?
Donc on va prioriser. Moi j'ai dit ce que j'avais à dire, je pense qu'il faut investir massivement dans les cerveaux de la jeunesse des quartiers populaires, c'est-à-dire qu'il faut vraiment... donc ça je l'ai dit...
Qu'une partie de cet argent soit consacrée à développer...
Bien sûr, aux cerveaux...
A développer celles et ceux qui ont envie...
Bien sûr, il faut investir. C'est un investissement qui va nous permettre justement, pour l'avenir, exactement, pour l'avenir et qui va nous permettre un retour sur investissement énorme. On n'est pas dans une politique d'assistanat, là on est dans une politique qui est totalement économique, c'est-à-dire qu'on investit sur la tête de nos gamins dans les quartiers populaires parce qu'il y a des talents, parce qu'il y a des compétences et demain, on aura ce retour d'investissement. Et ça sera d'autant mieux pour tout le monde et y compris pour la République.
Donc vous demandez une part de cet argent, très bien. Deuxième chose, la taxe verte, la taxe carbone, le chèque vert vous y êtes favorable ou pas ?
Ecoutez, ça n'a pas encore été décidé ça...
Non, non.
Mais moi, je pense que c'est une belle idée.
C'est une belle idée ?
Oui, c'est une belle idée.
Vous soutenez J.-L. Borloo dans ce combat ?
Oui, moi je trouve que c'est une belle idée, moi je trouve que ça vaut le coup...
Même si C. Lagarde dit : oui, enfin bon !
Mais ce n'est pas arbitré encore...
Non, ce n'est pas arbitré mais vous, vous êtes...
C'était une proposition de N. Hulot avant les...
Exactement. Mais vous, vous soutenez cette idée ?
Je trouve que c'est une belle idée. Il ne faudrait pas pénaliser les familles modestes, donc je pense que c'est...
C'est ce que dit M. Rocard. Il dit « c'est en fonction des revenus »
Oui, mais je suis d'accord avec M. Rocard évidemment. Je pense que c'est une belle idée ça. Maintenant, à voir comment la mettre en place et à voir si ça va être arbitré...
Bon ! Le travail le dimanche maintenant. Alors on n'y comprend rien, est-ce que vous y comprenez quelque chose vous, franchement ?
Je ne suis pas une technicienne de la chose...
A la 4ème mouture de ce texte, de cette proposition de loi présentée par R. Mallié, vous y comprenez quelque chose ?
C'est un peu complexe, c'est sûr...
Un peu ?
C'est un peu complexe. Une chose c'est sûre, alors sur le travail du dimanche vous savez, moi je suis attachée aux acquis sociaux et donc... mais je comprends qu'aujourd'hui... et je vois bien avec les difficultés que j'ai dans les quartiers, vous l'avez souligné tout à l'heure, il y a un taux de chômage énorme...
Oui, justement...
Moi, je comprends qu'il y ait des gens qui aient envie de travailler le dimanche, je ne peux pas m'y opposer parce que ce sont des discussions que j'ai en bas sur le terrain...
Et si ces gens-là ne sont pas payés double, qu'est-ce que vous dites ?
Non, moi je suis pour qu'ils soient payés double. Mais c'est vrai qu'en même temps...
Ce n'est pas spécifié ça !
Oui je sais, mais normalement c'était... ça a toujours été comme ça, le travail du dimanche a toujours été...
Là aussi, vous demandez à ce que ces travailleurs du dimanche soient payés double ?
Je souhaiterais qu'on fasse en sorte que le dimanche reste quand même exceptionnel et que dans les zones touristiques, par exemple, là peut-être qu'il peut y avoir matière à discussion sur les zones touristiques où là vraiment, exceptionnellement, on peut ouvrir pour que les gens puissent travailler. Reste à voir les questions financières...
Oui mais alors, on est payé double si on ouvre dans ces zones touristiques !
Moi je préfèrerai oui, mais après ce n'est pas moi qui décide sur le coup, ce n'est pas mon secteur d'activité...
Non, ce n'est pas vous qui décidez mais là encore, vous avez un avis !
Heureusement que j'ai un avis.
Justement, mais vous l'exprimez, donc vous voulez que les salariés soient payés double ?
D'abord un, je voudrais que ce soit volontaire, si on pouvait m'entendre, que ce soit volontaire et deux, que ce soit payé double. Mais je connais les difficultés quand c'est des petites entreprises, vous comprenez, surtout en période de crise...
Je sais, je sais.
C'est pour ça que la discussion, la négociation, le dialogue social est important.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 juillet 2009
J.-J. Bourdin.- F. Amara bonjour.
Bonjour.
Secrétaire d'Etat chargée de la Ville. On va parler de la ville, de la ville au sens large F. Amara...
Oui.
Et de ce fameux Plan Banlieues. Vous savez ce qu'on va faire...
La dynamique, je préfère qu'on l'appelle la dynamique.
La dynamique ?
Oui.
C'est quoi, la dynamique banlieues ?
Oui. La dynamique banlieues. Moi aussi, je suis là pour mettre en scène la banlieue et surtout l'aider à se développer, mais enfin il y a du travail à faire !
Il y a beaucoup de travail...
Et toujours beaucoup de travail...
Toujours autant.
Tiens ! D'ailleurs, écoutons ce que disait H. Guaino, c'était sur BFM TV, c'était hier, écoutons.
Extrait. (...)
Alors qui ne bouge pas F. Amara ?
Ecoutez, ce que dit H. Guaino - il a tout à fait raison - en son temps et en son heure, je l'avais aussi dit, dénoncé...
Non mais attendez, je vous demande qui ne bouge pas !
Je vous réponds, ne vous inquiétez pas. Donc c'est vrai qu'il y a une certaine bureaucratie, il y a une certaine technocratie qui font qu'à un moment donné...
C'est qui la bureaucratie, la technocratie ? Qui ?
Quand on prend une décision politique - et d'ailleurs tous les hommes politiques l'ont dit - on a tendance à penser que très vite normalement, quand on les met dans les rouages administratifs, il y a un laps de temps qui doit être mis parce qu'il y a une version technique, il y a une construction technique et puis après très vite normalement, ça doit être visible sur le terrain. C'est plus compliqué que ça et donc, c'est vrai qu'il faut se battre avec une sorte d'inertie...
Mais alors c'est qui, qui freine ?
Ce sont des hommes et des femmes, certains, pas tous heureusement...
Mais qui ils sont, ces hommes et ces femmes ?
C'est des technocrates...
Ces hommes et ces femmes sont où, ils sont où, ils travaillent où...
Certains sont dans des cabinets, d'autres sont...
Soyons concrets, ils sont où ?
Certains sont dans des administrations par exemple, qui sont concernés par la dynamique Espoir Banlieues, puisqu'on parle de la dynamique. Je vous donne un exemple : par exemple, les 350 délégués d'Etat annoncés par le président de la République, il y a un certain temps... au mois de décembre dernier, j'avais tapé du poing sur la table en disant : écoutez ça suffit, 350 annoncés en février 2008, décembre 2008, donc en fin d'année, on en avait 10 ! Donc il y a un truc qui ne va pas quoi. A partir de là, j'avais un petit gueulé, c'est vrai et puis le président de la République avait entendu mon appel et donc du coup, il a tapé du poing sur la table quand il a fait son discours à Palaiseau, il a vraiment remis une grosse couche et là, ça s'est accéléré. Aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, on est à plus de 300, donc voilà. C'est un peu compliqué, c'est vrai qu'Henri a raison, il y a dans ce pays certaines personnes... voilà, on ne peut pas les nommer parce que c'est dans la nébuleuse...
On ne peut pas les nommer mais on sait ce qu'ils font.
Non mais c'est dans la nébuleuse, mais on sait qu'il y a dans ce pays certaines personnes malheureusement qui...
Et pourquoi ça ?
Qui pensent qu'il ne faut pas investir dans les quartiers. Heureusement, heureusement que ce n'est pas le cas ni du président de la République, ni du Premier ministre...
Pourquoi ces personnes pensent-elles qu'il ne faut pas investir dans les quartiers ?
Parce qu'ils pensent... ils font un bilan négatif tout simplement, à mon avis, je ne les ai pas concertés, vous pensez bien qu'ils ne vont pas venir me voir pour m'expliquer qu'ils ne sont pas d'accord... ils savent très bien que ça va être vite réglé ce problème-là. La vérité, c'est qu'il y en a qui pensent qu'investir... certains, heureusement qu'ils sont minoritaires, investir dans les quartiers, ramener encore de l'argent c'est perdre de l'argent parce qu'on a vécu les émeutes de 2005. On est nombreux et majoritaires à penser qu'il faut absolument investir massivement dans les quartiers, notamment dans les cerveaux de la jeunesse des quartiers populaires parce que nous sommes un pays vieillissant. On aura besoin de tous ces acteurs économiques, de toutes ces compétences et de tous ces talents qu'il y a dans les quartiers pour sortir notre pays justement tout de suite derrière la crise pour que ça reste un pays compétitif.
Et comment vit-on, vous F. Amara, qui est en charge de ces quartiers, comment vit-on dans les quartiers aujourd'hui avec cette crise, avec ce chômage, que dit-on dans les quartiers aujourd'hui ?
Ecoutez, moi je fais beaucoup de visites de terrain et je discute donc beaucoup avec la population, je suis en contact permanent avec les gens des quartiers, d'ailleurs ma famille, mes amis habitent toujours la cité et tout. Ecoutez, on a toujours vécu difficilement dans les quartiers parce qu'on a toujours eu les plus gros taux de chômage, et c'est vrai qu'avec cette crise c'est tendu parce que le chômage a augmenté, surtout le chômage des jeunes. Alors ce qui est intéressant, et c'est pour ça que je le dis, ça peut être aussi une leçon pour tout le monde. On a une chance extraordinaire, c'est que... moi je le dis même si ça choque, même si ça dérange, c'est vrai que quand je vais dans les quartiers je retrouve la force de continuer à me battre, pourquoi ? Parce que vous avez des gens dans les quartiers qui ont l'habitude de résister.
Oui.
Donc du coup, avec boutade évidemment, j'ai dit à certaines personnes : « je vais organiser des stages dans les cités pour vous apprendre à résister ou mettre en place des kits de résistance face à la crise ». On a des formes de solidarité qui sont revenues dans nos cités qui sont extraordinaires, à la fois familiales, à la fois fraternelles, etc. Ça n'empêche pas qu'il faut tout faire, au niveau politique, pour qu'on sorte du marasme de cette crise évidemment parce que les classes populaires sont touchées et durement touchées, mais c'est vrai que quand je vais dans les cités, il y a des formes de résistance qui existent et ça redonne de la force et l'envie de se battre et de continuer.
Alors qu'est-ce qu'on doit faire pour justement encourager cette résistance à la crise, pour aider tous ces jeunes et les moins jeunes d'ailleurs à s'en sortir, qui habitent dans ces quartiers-là...
D'abord, je vais vous dire...
Il n'y a pas que dans les quartiers, même en zone rurale.
Oui, la jeunesse en zone rurale aussi vit des...
Exactement...
Bien sûr, moi je suis totalement solidaire et c'est vrai que j'en discute beaucoup d'ailleurs avec les autres ministres en charge de ces zones-là. La vérité c'est que un, il faut absolument que la dynamique Espoir Banlieues, elle soit visible concrètement sur le terrain. On a fait beaucoup de choses, je vous donne un exemple...
Mais alors comment ?
Je vous donne un exemple concret. On a par exemple le désenclavement qui aide à créer la mobilité, pour aller encore plus loin pour aller chercher de l'emploi et ne pas rester dans son quartier, donc ne pas être en situation d'enfermement. Là, on a 37 projets - on a travaillé avec le cabinet Borloo - on a 37 projets qui ont été validés, on a ventilé 260 millions d'euros pour aider justement, juste dans le cadre de la dynamique Espoir Banlieues, donc abondé le financement dynamique Espoir Banlieues, 260 millions d'euros en plus de ce qu'a déjà donné Borloo pour désenclaver dans ces 37 villes. Donc ça personne n'en parle, mais c'est un truc qui marche super bien. Il y a beaucoup de choses, on a la réussite éducative : on met 90 millions d'euros, aujourd'hui j'ai décidé de mettre 1 million d'euros. Ça concerne quoi la réussite éducative ? Ça concerne nos gamins dans les cités, c'est un dispositif qui marche super bien et qui est demandé par les élus de droite comme les élus de gauche, voilà...
Non mais c'est très bien tout ça F. Amara, mais vous savez très bien que quand vous êtes au chômage, que vous venez en plus d'un quartier difficile, vous le savez, vous arrivez au Pôle Emploi, on vous dit « on a 20 minutes pour vous traiter » et puis hop, on passe au suivant. F. Amara, la réalité elle est là aujourd'hui.
Mais moi je vais vous dire, je vais vous répondre : c'est très compliqué pour tout le monde. Aujourd'hui, il y a quelque chose qui a été mis en place, il y a une palette d'outils. Dans cette palette d'outils, vous trouvez les différents contrats qui concernent les jeunes. Le plan qu'a annoncé le président de la République, notamment sur la question des jeunes... d'ailleurs la semaine prochaine, M. Hirsch aussi doit aussi faire un certain ensemble d'annonces, notamment sur les contrats en alternance, etc. Donc vous avez une palette d'outils qui correspond à différents profils de jeunes. Moi ce que je pense, et j'en suis convaincue, c'est qu'il faut coordonner les choses en réalité. Et c'est vrai que par exemple, le service public de l'emploi, les agents qui travaillent dans le service public de l'emploi font un travail formidable, on ne le dit jamais assez parce qu'on a tendance à les taper, mais franchement ils font un travail formidable, surtout en période de crise où vraiment...
On ne les tape pas, on leur impose 20 minutes d'entretien par exemple...
Ce n'est pas qu'on impose...
Mais si, bien sûr que si, il y a tellement de chômeurs, tellement de demandeurs...
Ah oui ! Il y a beaucoup trop de chômeurs, ça c'est sûr mais on se bat justement pour diminuer. Non mais ce que je veux dire ...
Très vite parce que j'ai des questions...
... C'est que vous avez différents contrats qui existent à différents profils de jeunes. Là, nous allons accélérer sur la formation en alternance, donc il y a différentes mesures qui ont été prises qui permettent justement de lutter. Je pense qu'il faut aller encore plus vite et encore plus fort.
Oui, ça on est bien d'accord. Alors F. Amara... Je ne sais pas si vous aurez les moyens. Un emprunt va être lancé, on le sait, peut-être plus vite que prévu, on verra en fonction des difficultés qui arrivent. F. Amara, vous demandez à ce qu'une partie de cet argent soit consacrée à ces quartiers, oui ou non ?
Ecoutez, dans les priorités normalement qui doivent être définies, il y a un débat, il y a une concertation, moi je...
Oui ou non ?
Mais attendez...
Est-ce que vous demandez ?
Donc on va prioriser. Moi j'ai dit ce que j'avais à dire, je pense qu'il faut investir massivement dans les cerveaux de la jeunesse des quartiers populaires, c'est-à-dire qu'il faut vraiment... donc ça je l'ai dit...
Qu'une partie de cet argent soit consacrée à développer...
Bien sûr, aux cerveaux...
A développer celles et ceux qui ont envie...
Bien sûr, il faut investir. C'est un investissement qui va nous permettre justement, pour l'avenir, exactement, pour l'avenir et qui va nous permettre un retour sur investissement énorme. On n'est pas dans une politique d'assistanat, là on est dans une politique qui est totalement économique, c'est-à-dire qu'on investit sur la tête de nos gamins dans les quartiers populaires parce qu'il y a des talents, parce qu'il y a des compétences et demain, on aura ce retour d'investissement. Et ça sera d'autant mieux pour tout le monde et y compris pour la République.
Donc vous demandez une part de cet argent, très bien. Deuxième chose, la taxe verte, la taxe carbone, le chèque vert vous y êtes favorable ou pas ?
Ecoutez, ça n'a pas encore été décidé ça...
Non, non.
Mais moi, je pense que c'est une belle idée.
C'est une belle idée ?
Oui, c'est une belle idée.
Vous soutenez J.-L. Borloo dans ce combat ?
Oui, moi je trouve que c'est une belle idée, moi je trouve que ça vaut le coup...
Même si C. Lagarde dit : oui, enfin bon !
Mais ce n'est pas arbitré encore...
Non, ce n'est pas arbitré mais vous, vous êtes...
C'était une proposition de N. Hulot avant les...
Exactement. Mais vous, vous soutenez cette idée ?
Je trouve que c'est une belle idée. Il ne faudrait pas pénaliser les familles modestes, donc je pense que c'est...
C'est ce que dit M. Rocard. Il dit « c'est en fonction des revenus »
Oui, mais je suis d'accord avec M. Rocard évidemment. Je pense que c'est une belle idée ça. Maintenant, à voir comment la mettre en place et à voir si ça va être arbitré...
Bon ! Le travail le dimanche maintenant. Alors on n'y comprend rien, est-ce que vous y comprenez quelque chose vous, franchement ?
Je ne suis pas une technicienne de la chose...
A la 4ème mouture de ce texte, de cette proposition de loi présentée par R. Mallié, vous y comprenez quelque chose ?
C'est un peu complexe, c'est sûr...
Un peu ?
C'est un peu complexe. Une chose c'est sûre, alors sur le travail du dimanche vous savez, moi je suis attachée aux acquis sociaux et donc... mais je comprends qu'aujourd'hui... et je vois bien avec les difficultés que j'ai dans les quartiers, vous l'avez souligné tout à l'heure, il y a un taux de chômage énorme...
Oui, justement...
Moi, je comprends qu'il y ait des gens qui aient envie de travailler le dimanche, je ne peux pas m'y opposer parce que ce sont des discussions que j'ai en bas sur le terrain...
Et si ces gens-là ne sont pas payés double, qu'est-ce que vous dites ?
Non, moi je suis pour qu'ils soient payés double. Mais c'est vrai qu'en même temps...
Ce n'est pas spécifié ça !
Oui je sais, mais normalement c'était... ça a toujours été comme ça, le travail du dimanche a toujours été...
Là aussi, vous demandez à ce que ces travailleurs du dimanche soient payés double ?
Je souhaiterais qu'on fasse en sorte que le dimanche reste quand même exceptionnel et que dans les zones touristiques, par exemple, là peut-être qu'il peut y avoir matière à discussion sur les zones touristiques où là vraiment, exceptionnellement, on peut ouvrir pour que les gens puissent travailler. Reste à voir les questions financières...
Oui mais alors, on est payé double si on ouvre dans ces zones touristiques !
Moi je préfèrerai oui, mais après ce n'est pas moi qui décide sur le coup, ce n'est pas mon secteur d'activité...
Non, ce n'est pas vous qui décidez mais là encore, vous avez un avis !
Heureusement que j'ai un avis.
Justement, mais vous l'exprimez, donc vous voulez que les salariés soient payés double ?
D'abord un, je voudrais que ce soit volontaire, si on pouvait m'entendre, que ce soit volontaire et deux, que ce soit payé double. Mais je connais les difficultés quand c'est des petites entreprises, vous comprenez, surtout en période de crise...
Je sais, je sais.
C'est pour ça que la discussion, la négociation, le dialogue social est important.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 28 juillet 2009