Texte intégral
A. Kara.- Merci d'être avec nous ce matin. Tout de suite, j'aimerais vous interroger sur une triste affaire dans l'actualité. Cette nuit, on a appris - enfin, hier soir - un témoignage d'une agression à la prison de Fleury-Mérogis, dont les témoins auraient été les gardiens et ils auraient laissé faire. Qu'est-ce que vous en pensez, est-ce que vous condamnez si ça s'avérait vrai ?
M. Alliot-Marie a annoncé qu'une enquête avait été confiée au Parquet, a été ouverte. Je crois que c'est très important de faire toute la vérité sur cette affaire. Si elle était confirmée, naturellement, il conviendrait de condamner avec la plus grande fermeté et d'engager les poursuites nécessaires, mais nous n'en sommes pas là. Il faut laisser place à cette enquête.
Ce matin, c'est le dernier Conseil des ministres, un Conseil des ministres présidé par N. Sarkozy après quelques jours de repos. Alors comment va le Président, vous avez des nouvelles ?
Il est en forme, il va bien. Il a passé une batterie de tests qui montre qu'effectivement il est très en forme. Il s'est remis au travail tout de suite puisqu'il a préparé le Conseil de ce matin qui est particulièrement chargé. Le Gouvernement est au travail et nous avons effectivement un ordre du jour qui est un peu à l'image de ce qu'a été notre année parlementaire, c'est-à-dire avec de grandes réformes, des réformes importantes à l'ordre du jour de ce Conseil des ministres.
Son prédécesseur, J. Chirac l'a appelé, vous nous le confirmez ? Vous savez ce qu'ils se sont dits ?
Oui, il y a eu un échange entre les deux Présidents. Je crois que c'est assez naturel que le président de la République, l'ancien Président, ait pris des nouvelles de son successeur.
Avant de parler de Conseil des ministres, il y a une information qui est parue ce matin dans le quotidien Les Echos, qui annonce une hausse des tarifs de l'électricité, EDF, de 1,9 % pour la mi-août. Est-ce que vous pouvez nous confirmer cette hausse ?
Non, c'est à J.-L. Borloo et C. Lagarde qui ont la charge, la responsabilité du secteur de l'énergie, de s'exprimer sur ce sujet. Sur cette question de l'augmentation, l'évolution des tarifs de l'électricité, le Gouvernement poursuit deux objectifs en parallèle. A la fois, bien entendu, donner les moyens à EDF, grande entreprise publique, d'assurer les moyens de son développement et d'investir, mais en même temps, d'être vigilant à l'évolution du pouvoir d'achat des consommateurs qui achètent l'électricité. Donc nous avons toujours poursuivi la volonté d'équilibre entre ces deux éléments et c'est à C. Lagarde et à J.-L. Borloo de se prononcer sur cette question de l'évolution des tarifs.
Pour rester sur le domaine de l'énergie, hier M. Rocard a rendu son rapport sur la taxe carbone. Cette taxe carbone, c'est formidable, tout le monde a l'air d'accord sur le principe, mais quand il s'agit de payer, il n'y a plus personne. Quelle est la position du Gouvernement là-dessus ?
La position du Gouvernement, elle est claire : il nous faut réorienter nos comportements. Nous avons commencé à le faire, nous l'avons fait notamment dans le domaine des véhicules automobiles, avec un réel succès puisque le bonus-malus qui a été mis en oeuvre a permis de réorienter l'achat des véhicules vers ceux qui consomment le moins, qui polluent le moins. Eh bien nous devons, nous voulons généraliser ce type d'évolution de pratique en matière environnementale. C'était un engagement du président de la République pendant la campagne de 2007 et donc nous avons souhaité consulter un certain nombre d'experts, sous la conduite, sous la houlette de M. Rocard pour regarder comment cette contribution climat-énergie pourrait être mise en oeuvre. Maintenant, la balle est dans le camp du Gouvernement. Le Premier ministre va prendre connaissance du rapport dans les prochains jours, puisque C. Lagarde et J.-L. Borloo vont lui transmettre, et le Gouvernement aura l'occasion de s'exprimer. Il va réfléchir, il va regarder quelle pourrait être la nature de cette contribution, comment elle pourrait être mise en oeuvre.
Autre dossier sous les feux de l'actualité, la grippe A, bien sûr. On a vu que l'épidémie allait très vite en ce moment au Royaume Uni. Il semblerait que la France, R. Bachelot, se prépare à une alerte maximale. Ca aussi vous pouvez nous le confirmer ?
Sur ce sujet de la grippe A, le Gouvernement est à la fois vigilant et mobilisé. Nous avons en fait deux écueils à éviter. Le premier écueil, ce serait de sous-estimer le risque de pandémie. Il faut nous préparer et c'est ce que nous faisons dans le cadre d'une coopération interministérielle, qui est passée sous l'autorité du ministre de l'Intérieur, B. Hortefeux. Et naturellement, R. Bachelot joue un rôle très important. Et puis, le deuxième écueil, ce serait de dramatiser de manière excessive, de surfer sur les peurs. Il ne s'agit pas de ça. Il s'agit donc d'être extrêmement vigilant pour le Gouvernement. Je prends un exemple : dans mon secteur de l'éducation nationale, nous préparons la rentrée, je vais adresser dans les prochains jours une circulaire aux recteurs pour mettre en oeuvre une procédure en cas de nécessité, par exemple de fermeture d'école en cas de détection de plusieurs cas. Nous préparons également un document qui va être distribué à tous les parents le jour de la rentrée scolaire pour les informer sur les gestes barrière pour éviter la contagion. Et puis, dernier élément, nous avons mis en place des outils pédagogiques pour faire face, si c'était nécessaire, à la fermeture d'écoles, dans le cas le plus aggravé de pandémie.
Ce matin au programme du Conseil des ministres, il y a notamment la réforme de La Poste, changement de statut en société anonyme à partir du 1er janvier prochain. Les syndicats parlent finalement d'une privatisation déguisée. Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
Non c'est tout sauf une privatisation. Puisqu'il est très clairement écrit à l'article 1er du futur projet de loi, que le capital de La Poste restera public. Quel est l'objectif du Gouvernement ? Le 1er janvier 2011, dans 18 mois, il y aura une ouverture totale à la concurrence au niveau européen, c'est-à-dire que La Poste française verra des concurrents arriver sur son territoire. Donc le rôle de l'Etat actionnaire, aujourd'hui, c'est de préparer La Poste, de l'aider à faire face à cette nouvelle situation. Comment ? En modifiant son statut tout en donnant des garanties, le capital restera public. Ensuite, en recapitalisant La Poste, en lui donnant les moyens de son développement de manière à ce qu'elle se modernisent dans le domaine du courrier, dans le domaine du colis. Et puis, nous renforçons les garanties auxquelles sont très attachés tous les Français, les auditeurs, les téléspectateurs de France 2. Par exemple, les garanties de service public, le fait que La Poste soit présente sur l'ensemble du territoire, qu'elle livre le courrier six jours sur sept, qu'il y ait un prix unique du timbre. Tout ça va être conforté dans cette loi.
Votre autre casquette, c'est ministre de l'Education nationale, est-ce que vous êtes inquiet pour la rentrée, est-ce que vous pensez que tout va bien se passer ?
Inquiet, non. Je suis concentré, mobilisé, je profite de cette période de l'été pour consulter, pour rencontrer tous les acteurs de la communauté éducative. Pour les écouter d'abord et puis ensuite, pour commencer à travailler avec eux sur ce qui vont être mes chantiers après la rentrée. La priorité, c'est la préparation de la rentrée le 2 septembre, et puis ensuite, il y aura un certain nombre de chantiers importants pour moi. La réforme de l'enseignement supérieur, la formation des maîtres, ce qu'on appelle "la masterisation", l'allongement de la formation d'une année, qui est un sujet sur lequel nous travaillons avec V. Pécresse en ce moment. Il y aura aussi la réforme du lycée, qui est prévue pour la rentrée de 2010. Donc, il y a des gros chantiers. Mais encore une fois, je suis dans une phase où je consulte, j'écoute, je reçois l'ensemble des acteurs, je profite de l'été pour quelques devoirs de vacances.
Après le Conseil des ministres, justement, ce sont les vacances. Vous allez souffler un peu, vous êtes content ?
Je vais souffler quelques jours mais encore une fois, compte tenu de mes nouvelles fonctions, ce sera plutôt devoirs de vacances cette année.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 30 juillet 2009