Texte intégral
M. Tronchot.- Vous disiez à la mi-juillet que la délinquance avait cessé de reculer. Les chiffres publiés par l'Observatoire de la délinquance confirment qu'elle commence à augmenter, en particulier les violences sur les personnes et les cambriolages. Vous avez identifié les causes de ce relâchement que vous présentiez ?
D'abord, je veux jouer la carte de la transparence et de l'honnêteté, et ne pas parler la langue de bois. La réalité c'est que ce n'est pas satisfaisant. Il y a une tendance générale sur les douze derniers mois concernant la délinquance globale, celle-ci est stable. Mais il y a des points qui sont des points contrastés, par exemple, il y a une diminution des atteintes aux biens, c'est-à-dire quasiment tout ce qui concerne les vols mais ça ne concerne pas les vols avec violence qui, eux, augmentent. Il y a des points positifs aussi : le nombre d'interpellations, le nombre de gardes à vue, la diminution des agressions sexuelles, le taux d'élucidation - c'est-à-dire les cas où on trouve, où l'on identifie, où l'on interpelle les coupables - est en grande augmentation. Et c'est aux alentours de 40 %, et c'est sans comparaison avec quelques années où c'était simplement 25 %. Donc ça, ce sont les aspects positifs. Et puis il y a un point noir, c'est vrai, c'est l'augmentation des atteintes aux personnes, c'est notamment des violences gratuites, l'augmentation des cambriolages. Donc il y a un bilan qui est un bilan contrasté, cela ne me satisfait pas, et je prendrai donc des initiatives pour mobiliser, pour inverser cette tendance.
On va y revenir. Il ne serait peut-être pas délicat d'invoquer l'héritage, la situation qui vous a été laissée par votre prédécesseur, mais néanmoins, aurait-on baissé la garde ?
La réalité, ce n'est pas cela. La réalité c'est très simple, c'est qu'il y a une évolution de la délinquance, et ça signifie que les modes opératoires de la police et de la gendarmerie doivent évoluer. En matière de lutte contre la délinquance, en matière de sécurité, la sécurité c'est le premier droit de nos concitoyens, c'est donc le premier devoir du Gouvernement, et c'est la mission que m'ont confiée le président de la République et le Premier ministre. C'est une question naturellement de moyens, c'est une question de volonté bien sûr, et c'est une question aussi de mobilisation. On va mobiliser les moyens, renforcer la volonté, et naturellement mobiliser fortement.
Vous faites un lien avec la crise économique qui jouerait les facteurs aggravants ou c'est simplement une coïncidence ?
Je ne veux pas chercher des excuses aux délinquants et aux voyous. Ce n'est pas parce que notre pays traverse effectivement une crise économique mondiale que des comportements hors-la-loi peuvent être excusés. Je refuse très clairement le simplisme du discours sociologique selon lequel, ce n'est pas le délinquant qui est coupable c'est la société. La vérité c'est que la délinquance est de plus en plus violente, c'est que les délinquants sont de plus en plus organisés en bandes, regroupant d'ailleurs notamment des mineurs, dont d'ailleurs le trafic de drogue est le principal moyen d'enrichissement facile. C'est très simple, l'impunité ne doit pas exister dans notre pays. La police et la gendarmerie retrouveront les délinquants, c'est une question de temps, c'est encore une fois une question de volonté, et c'est aussi une question de méthode.
Quelles mesures ou pistes de mesures sont à l'étude, ou déjà prises ? Il semble que vous avez convoqué les bons et les mauvais préfets. C'est pourquoi ? Pour que les bons donnent des leçons aux mauvais ?
Il y a trois choses. Dès que j'ai pris connaissance de ces résultats qui sont, encore une fois, contrastés, des aspects positifs mais aussi des aspects qui me préoccupent, j'ai décidé de convoquer par anticipation, dès le 1er septembre, l'ensemble des responsables de la police et de la gendarmerie dans chaque département. Et je leur demanderai à ce qu'il y ait un coup de collier qui soit ainsi donné à la lutte contre la délinquance, et notamment la lutte contre les cambriolages sur l'ensemble du territoire, ça va de soi. Il ne doit pas y avoir de territoire négligé, mais notamment dans les zones péri-urbaines. Ca, c'est la première mesure. C'est un effort de mobilisation qui sera un effort de mobilisation très fort avec des objectifs précis. Et effectivement, et j'ai aussi décidé de recevoir les vingt préfets qui connaissent les résultats les plus contrastés, c'est-à-dire dans les dix départements avec lesquels ça fonctionne le mieux. Et d'ailleurs, quand je regarde les résultats, c'est à la fois des départements qui sont des départements urbains ou des départements ruraux. Et les dix départements dans lesquels les résultats sont les moins satisfaisants. Il ne s'agit pas de convoquer pour sanctionner. Il s'agit simplement de réunir pour observer pourquoi ça marche dans certains endroits et pourquoi ça marche moins bien dans d'autres. Et de là, on trouvera des pistes applicables à l'ensemble du territoire. Et puis, il y a une troisième mesure qui est une mesure qui est un peu passée inaperçue parce que c'est vrai que c'est dans la période estivale. Mais le 3 août, a été publiée la loi qui place la police et la gendarmerie sous le commandement unique du ministère de l'Intérieur. Cela va nous permettre d'être plus efficaces, ça va nous permettre d'éviter des doublons, ça va nous permettre de jouer la complémentarité que ce soit en matière d'équipement, en matière de présence, en matière de formation. Bref, il faut que l'on sorte des habitudes et des routines.
Vous laissez entendre ou pas que certains ne font pas leur travail ou ne sont pas assez répressifs peut-être ?
En tout cas, je ne formule pas de jugement ni de sanction à ce stade. Je dis simplement qu'il y a...
Il pourrait y en avoir ?
...Que le temps de la mobilisation doit être engagé dès les premiers jours de septembre.
On risque de vous accuser de vouloir faire du chiffre ou d'inciter au tout répressif. Vous entendez déjà peut-être l'opposition le dire...
Moi, je ne sais pas ce que ça veut dire "faire du chiffre". Moi, je connais simplement une culture, c'est celle du résultat. Encore une fois, vous savez, nos compatriotes ne se posent pas la question de savoir si c'est du chiffre, le sentiment des uns et des autres. Ce qu'ils veulent, c'est pouvoir vivre tranquillement, pouvoir vivre paisiblement. Et donc, il faut que l'on se mobilise pour assurer ce droit à nos compatriotes.
Il faut des effectifs pour ça, monsieur le ministre. Les syndicats vous en demandent davantage ; Bercy vous refuse peut-être des moyens parfois ?
La réalité, là aussi est très simple, c'est que sans doute dans la police et dans la gendarmerie, par rapport aux autres administrations, les effectifs jouent un rôle important dans les résultats. Il y a une deuxième réalité, c'est que le président de la République et le Premier ministre ont, à juste titre, demandé à ce que l'ensemble des administrations fassent des efforts. Et ça signifie que le ministère de l'Intérieur ne doit pas être exonéré de cet effort. Mais il y a une troisième réalité, c'est qu'il faut examiner par point les mesures qui sont utiles à prendre. Je vous donne un exemple simple : il y a eu une initiative administrative par exemple concernant les cadets de la République et j'ai rappelé que ce n'était pas l'organe administratif qui décidait mais l'autorité politique. Et à la demande du président de la République, les cadets ont été rétablis. J'assisterai d'ailleurs, vendredi, à une promotion de cadets dans ma région.
Vous savez ce que disent les Français, parfois : quand on voit des policiers à trois autour d'une voiture pour mettre une contredanse sur un pare-brise, on se demande si les effectifs sont bien utilisés...
Il y a certainement des progrès à accomplir. C'est une question permanente. Eh bien, il y a à la fois la question des effectifs et de la répartition des effectifs. Je crois que tout doit être mis sur la table.
RTL se fait l'écho, ce matin, monsieur le ministre, du cas de ce jeune gardien de la paix, stagiaire handicapé suite à un accident de vélo, mais devenu depuis champion handisport et dont on aurait refusé la titularisation dans un poste administratif. Son dossier mérite peut-être un coup d'oeil, non ?
J'ai écouté, il y a quelques jours, la présentation de cette situation. Deux choses : naturellement, il ne peut pas être gardien de la paix s'il est dans cette situation de handicap très triste et très malheureux. En revanche, je vais demander, dès que j'aurai terminé cet entretien, je vais demander au préfet du Nord, d'examiner dans quelle mesure il peut être incorporé à l'administration dans le cadre d'une procédure qui s'appelle "pacte". Et je demanderai à ce que ça soit examiné avec une toute particulière attention. Vous avez raison, dans ces moments et dans ces situations si difficiles, la solidarité ne doit pas être simplement un slogan.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 août 2009
D'abord, je veux jouer la carte de la transparence et de l'honnêteté, et ne pas parler la langue de bois. La réalité c'est que ce n'est pas satisfaisant. Il y a une tendance générale sur les douze derniers mois concernant la délinquance globale, celle-ci est stable. Mais il y a des points qui sont des points contrastés, par exemple, il y a une diminution des atteintes aux biens, c'est-à-dire quasiment tout ce qui concerne les vols mais ça ne concerne pas les vols avec violence qui, eux, augmentent. Il y a des points positifs aussi : le nombre d'interpellations, le nombre de gardes à vue, la diminution des agressions sexuelles, le taux d'élucidation - c'est-à-dire les cas où on trouve, où l'on identifie, où l'on interpelle les coupables - est en grande augmentation. Et c'est aux alentours de 40 %, et c'est sans comparaison avec quelques années où c'était simplement 25 %. Donc ça, ce sont les aspects positifs. Et puis il y a un point noir, c'est vrai, c'est l'augmentation des atteintes aux personnes, c'est notamment des violences gratuites, l'augmentation des cambriolages. Donc il y a un bilan qui est un bilan contrasté, cela ne me satisfait pas, et je prendrai donc des initiatives pour mobiliser, pour inverser cette tendance.
On va y revenir. Il ne serait peut-être pas délicat d'invoquer l'héritage, la situation qui vous a été laissée par votre prédécesseur, mais néanmoins, aurait-on baissé la garde ?
La réalité, ce n'est pas cela. La réalité c'est très simple, c'est qu'il y a une évolution de la délinquance, et ça signifie que les modes opératoires de la police et de la gendarmerie doivent évoluer. En matière de lutte contre la délinquance, en matière de sécurité, la sécurité c'est le premier droit de nos concitoyens, c'est donc le premier devoir du Gouvernement, et c'est la mission que m'ont confiée le président de la République et le Premier ministre. C'est une question naturellement de moyens, c'est une question de volonté bien sûr, et c'est une question aussi de mobilisation. On va mobiliser les moyens, renforcer la volonté, et naturellement mobiliser fortement.
Vous faites un lien avec la crise économique qui jouerait les facteurs aggravants ou c'est simplement une coïncidence ?
Je ne veux pas chercher des excuses aux délinquants et aux voyous. Ce n'est pas parce que notre pays traverse effectivement une crise économique mondiale que des comportements hors-la-loi peuvent être excusés. Je refuse très clairement le simplisme du discours sociologique selon lequel, ce n'est pas le délinquant qui est coupable c'est la société. La vérité c'est que la délinquance est de plus en plus violente, c'est que les délinquants sont de plus en plus organisés en bandes, regroupant d'ailleurs notamment des mineurs, dont d'ailleurs le trafic de drogue est le principal moyen d'enrichissement facile. C'est très simple, l'impunité ne doit pas exister dans notre pays. La police et la gendarmerie retrouveront les délinquants, c'est une question de temps, c'est encore une fois une question de volonté, et c'est aussi une question de méthode.
Quelles mesures ou pistes de mesures sont à l'étude, ou déjà prises ? Il semble que vous avez convoqué les bons et les mauvais préfets. C'est pourquoi ? Pour que les bons donnent des leçons aux mauvais ?
Il y a trois choses. Dès que j'ai pris connaissance de ces résultats qui sont, encore une fois, contrastés, des aspects positifs mais aussi des aspects qui me préoccupent, j'ai décidé de convoquer par anticipation, dès le 1er septembre, l'ensemble des responsables de la police et de la gendarmerie dans chaque département. Et je leur demanderai à ce qu'il y ait un coup de collier qui soit ainsi donné à la lutte contre la délinquance, et notamment la lutte contre les cambriolages sur l'ensemble du territoire, ça va de soi. Il ne doit pas y avoir de territoire négligé, mais notamment dans les zones péri-urbaines. Ca, c'est la première mesure. C'est un effort de mobilisation qui sera un effort de mobilisation très fort avec des objectifs précis. Et effectivement, et j'ai aussi décidé de recevoir les vingt préfets qui connaissent les résultats les plus contrastés, c'est-à-dire dans les dix départements avec lesquels ça fonctionne le mieux. Et d'ailleurs, quand je regarde les résultats, c'est à la fois des départements qui sont des départements urbains ou des départements ruraux. Et les dix départements dans lesquels les résultats sont les moins satisfaisants. Il ne s'agit pas de convoquer pour sanctionner. Il s'agit simplement de réunir pour observer pourquoi ça marche dans certains endroits et pourquoi ça marche moins bien dans d'autres. Et de là, on trouvera des pistes applicables à l'ensemble du territoire. Et puis, il y a une troisième mesure qui est une mesure qui est un peu passée inaperçue parce que c'est vrai que c'est dans la période estivale. Mais le 3 août, a été publiée la loi qui place la police et la gendarmerie sous le commandement unique du ministère de l'Intérieur. Cela va nous permettre d'être plus efficaces, ça va nous permettre d'éviter des doublons, ça va nous permettre de jouer la complémentarité que ce soit en matière d'équipement, en matière de présence, en matière de formation. Bref, il faut que l'on sorte des habitudes et des routines.
Vous laissez entendre ou pas que certains ne font pas leur travail ou ne sont pas assez répressifs peut-être ?
En tout cas, je ne formule pas de jugement ni de sanction à ce stade. Je dis simplement qu'il y a...
Il pourrait y en avoir ?
...Que le temps de la mobilisation doit être engagé dès les premiers jours de septembre.
On risque de vous accuser de vouloir faire du chiffre ou d'inciter au tout répressif. Vous entendez déjà peut-être l'opposition le dire...
Moi, je ne sais pas ce que ça veut dire "faire du chiffre". Moi, je connais simplement une culture, c'est celle du résultat. Encore une fois, vous savez, nos compatriotes ne se posent pas la question de savoir si c'est du chiffre, le sentiment des uns et des autres. Ce qu'ils veulent, c'est pouvoir vivre tranquillement, pouvoir vivre paisiblement. Et donc, il faut que l'on se mobilise pour assurer ce droit à nos compatriotes.
Il faut des effectifs pour ça, monsieur le ministre. Les syndicats vous en demandent davantage ; Bercy vous refuse peut-être des moyens parfois ?
La réalité, là aussi est très simple, c'est que sans doute dans la police et dans la gendarmerie, par rapport aux autres administrations, les effectifs jouent un rôle important dans les résultats. Il y a une deuxième réalité, c'est que le président de la République et le Premier ministre ont, à juste titre, demandé à ce que l'ensemble des administrations fassent des efforts. Et ça signifie que le ministère de l'Intérieur ne doit pas être exonéré de cet effort. Mais il y a une troisième réalité, c'est qu'il faut examiner par point les mesures qui sont utiles à prendre. Je vous donne un exemple simple : il y a eu une initiative administrative par exemple concernant les cadets de la République et j'ai rappelé que ce n'était pas l'organe administratif qui décidait mais l'autorité politique. Et à la demande du président de la République, les cadets ont été rétablis. J'assisterai d'ailleurs, vendredi, à une promotion de cadets dans ma région.
Vous savez ce que disent les Français, parfois : quand on voit des policiers à trois autour d'une voiture pour mettre une contredanse sur un pare-brise, on se demande si les effectifs sont bien utilisés...
Il y a certainement des progrès à accomplir. C'est une question permanente. Eh bien, il y a à la fois la question des effectifs et de la répartition des effectifs. Je crois que tout doit être mis sur la table.
RTL se fait l'écho, ce matin, monsieur le ministre, du cas de ce jeune gardien de la paix, stagiaire handicapé suite à un accident de vélo, mais devenu depuis champion handisport et dont on aurait refusé la titularisation dans un poste administratif. Son dossier mérite peut-être un coup d'oeil, non ?
J'ai écouté, il y a quelques jours, la présentation de cette situation. Deux choses : naturellement, il ne peut pas être gardien de la paix s'il est dans cette situation de handicap très triste et très malheureux. En revanche, je vais demander, dès que j'aurai terminé cet entretien, je vais demander au préfet du Nord, d'examiner dans quelle mesure il peut être incorporé à l'administration dans le cadre d'une procédure qui s'appelle "pacte". Et je demanderai à ce que ça soit examiné avec une toute particulière attention. Vous avez raison, dans ces moments et dans ces situations si difficiles, la solidarité ne doit pas être simplement un slogan.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 19 août 2009