Interview de M. Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, à France Info le 24 août 2009, sur la réglementation concernant la rémunération des traders, l'utilisation de l'emprunt d'Etat pour des investissements dans des secteurs d'avenir et sur la réforme envisagée pour la retraite des mères de famille.

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Média : France Info

Texte intégral

E. Leibowitch.- La question du jour, nous la posons ce matin au secrétaire général de l'UMP. Bonjour X. Bertrand. Avant toute chose, avez-vous passé de bonnes vacances ?
 
Oui, je vous remercie. Vacances aussi, où j'ai joint l'utile à l'agréable, et où je me sui srendu à différentes étapes de la caravane du Mouvement populaire, mais pas pour faire des grands discours, pour dialoguer et pour écouter. Et je peux vous dire que c'est bien mieux que les sondages que de discuter directement avec les Français.
 
Donc, vacances quand même, pour partie studieuses. Il y en a un qui a beaucoup travaillé au Gouvernement, cet été, c'est le ministre de l'Education, L. Chatel, qui doit gérer les risques qui sont liés au virus H1N1 pour la rentrée scolaire, et puis on l'a vu aussi discuter du prix des fournitures, avec des clientes d'un supermarché, dans Val-de-Marne. Le problème, c'est que tout cela c'était une mise en scène. On entendu tout à l'heure dans le journal de 8h00 B. Hamon parler d'"une magouille du Gouvernement". C'est courant ce genre de mise en scène ?
 
Courant, de la part de M. Hamon ? Oui, oui, parce que M. Hamon, visiblement, les vacances ne l'ont pas changé. Je ne sais pas, il aurait pu parler des propositions du Parti socialistes, non, il est toujours dans l'invective. Bon, soyons sérieux ! Ce qu'il faut savoir c'est que - ça a été reconnu par Intermarché -, c'est la direction d'Intermarché, sans rien demander à personne qui a pris cette initiative, c'est une initiative malheureuse. Et le ministre n'y est strictement pour rien. Et d'ailleurs je tiens à vous le dire parce que la question nous a été posée. La dame en question qui dialoguait, n'est pas membre de l'UMP, elle n'est pas sur les fichiers de l'UMP.
 
Alors, c'est une élue, qu'on dit proche de l'UMP ?
 
Oui, enfin, vous savez, des élus, moi, dans ma ville de Saint-Quentin, nous avons des élus qui sont sur une liste avec un maire UMP, mais des élus qui ne sont pas UMP. Cette dame, je le dis très clairement, n'est pas dans les fichiers de l'UMP, voilà.
 
Donc, le Gouvernement n'a rien à voir avec cette histoire ?
 
Je vous le redis.
 
Aujourd'hui et demain, ce sont les premiers rendez-vous de la rentrée du Gouvernement, avec les patrons de la finance qui vont être reçus aujourd'hui par C. Lagarde, demain par N. Sarkozy, pour reparler des fameux bonus que les banques distribuent à nouveau généreusement. Est-ce que le Gouvernement a été naïf vis-à-vis des banques, en leur faisant simplement confiance ?
 
Certainement pas, mais n'ayons pas non plus la mémoire courte. Voilà un an, vos actualités, à l'époque, les informations que vous donniez, montraient bien que le monde de la finance et que le monde économique, étaient au bord du gouffre. Et voilà un an exactement, les Français s'inquiétaient pour savoir si leurs économies allaient disparaître en fumée, oui ou non. C'était une époque où aux Etats-Unis et en Angleterre, on avait des files de déposants devant les banques pour récupérer leurs économies, et on ne voulait pas de ça en France. Et à l'époque, ce que le président de la République a fait en tant que président de l'Europe, c'est d'imposer un plan de sauvetage des économies des épargnants, et il a bien fallu en passer par les banques. Avec de nouvelles règles du jeu, de nouvelles règles du jeu qui ont été définies lors des deux premiers G20. Et aujourd'hui, nous devons bien faire comprendre à tous, et notamment aux banquiers, qu'on ne va certainement pas recommencer comme avant.
 
Oui, mais s'ils ne l'ont pas compris la première fois, pourquoi le comprendraient-ils la deuxième ?
 
En France, les choses ont déjà bougé ; ce qui est important, c'est aussi de les faire bouger en Angleterre et aux Etats-Unis, par exemple. Et ça, ça va être l'enjeu aussi du prochain G20. Et ce qu'il est important de savoir aussi, c'est qu'il faut que les règles de rémunération des fameux traders aient également changé. La France, je pense, c'est le pays qui a certainement fait le plus, mais si ce n'est pas suffisant, il faudra aller plus loin. Parce que la question qui se pose c'est : est-ce que la valeur ajoutée de ces fameux traders justifie une telle rémunération ? Pour ma part, je ne le pense pas.
 
"Aller plus loin", c'est-à-dire ?
 
Au niveau du G20 qui va se réunir au mois de septembre, il faut déjà que les règles soient les mêmes partout, parce que ne soyons pas naïfs - vous avez utilisé le terme -, si en France vous avez un système qui est paraît-il parfait, et que tous partent pour l'étranger, ce n'est pas cela qui va régler nos affaires. En revanche, il faut justement arriver de la modération et arriver à un système équilibré. Nous avons pris les premières mesures ; ce que nous voulons voir, c'est si tout ceci est respecté et si tout ceci est suffisant. Si ce n'est pas le cas, il faudra modifier les règles.
 
Autre grand dossier, le grand emprunt qui va être lancé par l'Etat. Ca va apporter quoi concrètement aux Français ?
 
Cela va permettre aux Français de pouvoir investir dans des secteurs qui sont des secteurs d'avenir ; investir pour l'avenir. Pendant longtemps, la France a pris du retard en matière de préparation de l'avenir, ce grand emprunt va nous permettre justement de prendre de l'avance. Et à Seignosse, dans les Landes, lors du campus de rentrée des Jeunes populaires, nous aurons, autour d'E. Besson, un certain nombre de personnalités du Mouvement qui vont faire des propositions, des propositions précises, pour savoir justement dans quels secteurs est-ce qu'il nous faut intervenir. Est-ce que c'est sur les biotechnologies, les médicaments de demain ? Est-ce qu'il faut mettre de l'argent pour faire les recherches dans ce secteur ? Parce que si nous créons, si nous inventons en France les médicaments de demain, nous les produirons, nous les fabriquerons en France, et ce sera des emplois pour demain. C'est l'une des pistes. Nous allons voir si c'est l'une des pistes les plus prometteuses. Mais une chose est certaine, c'est que ce grand emprunt ne servira pas à arrondir ou à faire les fins de mois de l'Etat, c'est vraiment pour préparer l'avenir. Et nous serons très attentifs aussi à ce que cet argent ne soit pas forcément mis dans les ministères, mais soit vraiment précisé pour des dépenses spécifiques et précises.
 
Un mot du nouveau système de calcul pour la retraite des mères de familles. Aujourd'hui, elles bénéficient automatiquement de deux ans de cotisations par enfant, on appelle ça "la majoration de la durée d'assurance". Est-ce que cet avantage, qui est contesté par la justice, sera maintenu ?
 
Déjà pour être précis, cela a été contesté par certains "messieurs", qui voulaient justement avoir les mêmes avantages. Je crois que, là aussi, il ne faut pas plaisanter. Je veux bien qu'on ait le même système pour la retraite des femmes le jour où on aura le même salaire pour les femmes et la même carrière pour les femmes. Et aujourd'hui, le compte n'y est pas. Alors je sais bien qu'il faut modifier rapidement les règles pour éviter que nos systèmes de retraites ne soient fragilisés par les mêmes avantages donnés aux hommes, mais moi, j'ai eu l'occasion de le dire à X. Darcos, et la position du Mouvement populaire sera claire : nous soutiendrons les propositions si elles continuent à avantager les femmes, c'est-à-dire, si l'on donne un avantage pour la naissance, parce que c'est la femme qui porte l'enfant et qui lui donne naissance. Et aussi faire en sorte que c'est celui qui s'arrête, c'est-à-dire dans 95 % la femme, qui continue à bénéficier de cette majoration. Je veux bien l'égalité quand elle sera parfaite. Pour l'instant, le compte n'y est pas, il faut donc des mesures qui privilégient et qui avantagent les femmes.
 
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 24 août 2009