Texte intégral
J. Wittenberg.- Bonjour à vous, N. Berra, un des nouveaux visages du Gouvernement, effectivement. Avant de parler concrètement de vos dossiers, on va s'arrêter sur le mot lui-même qui qualifie vos attributions. Vous êtes, comme le disait William, chargée des Aînés. Pourquoi dit-on les "aînés", pourquoi on ne dit plus les "personnes âgées" ?
Ecoutez c'est une façon de parler des personnes âgées au sens positif du terme. Ca renvoie aussi à la définition même du mot "aîné" : celui qui est né avant les autres. Et donc, ça permet justement à la société de s'enrichir de l'expérience, de la sagesse et puis de pouvoir être au service des plus jeunes.
Vous dites « valoriser » parce que vous trouvez que les "personnes âgées", c'est presque un terme péjoratif aujourd'hui ?
Je crois qu'on l'a un petit peu associé au handicap, à la dépendance depuis de nombreuses années et il est temps aujourd'hui d'aborder la question de la personne âgée au sens global du terme, avec un volet fortement sociétal car en effet il y a des difficultés liées au vieillissement de la population, mais aussi il y a toute une frange de la population qui après son parcours professionnel a envie encore de donner dans la société et puis de faire partager son savoir.
Alors nous sommes un jour de grands départs en vacances et les aînés, les personnes âgées sont aussi concernées parce qu'elles se retrouvent parfois seules, parfois isolées. La météo n'est pas encore au diapason, mais comme chaque année, on risque un épisode de canicule, est-ce que pour cet été 2009, il y a des mesures précises dans ce domaine ?
Ecoutez depuis 2003, c'est vrai qu'il y a un dispositif qui est fonctionnel, actif. Nous avons commencé une période de veille à partir du 1er juin, qui va jusqu'au 31 août. Les mesures cette année consistent à renforcer l'action locale. Vous savez que les personnes âgées isolées sont celles qui sont le plus impactées par le problème de canicule, et donc ces personnes sont amenées à être enregistrées et donc identifiées, localisées, ceci se fait au niveau des municipalités.
Ca c'est une nouveauté en 2009, c'est-à-dire que ce sont les maires qui vont vérifier que les personnes âgées ne sont pas en souffrance en quelque sorte ?
Ce n'est pas une nouveauté, mais il s'agissait jusqu'à aujourd'hui de recenser les personnes vivant dans les communes de plus de 10 000 habitants. Aujourd'hui c'est l'enregistrement de personnes vivant dans les communes de plus de 5 000 en espérant en 2010 recenser toutes les personnes.
Les dossiers médicaux aussi, je crois qu'ils seront plus actualisés et plus accessibles finalement aux médecins lorsqu'il y aura des problèmes.
Absolument, c'est un dossier qui reste accessible aux personnels soignants, personnel médical également pour pouvoir suivre et adapter, apporter la réponse médicale la plus appropriée en fonction du sujet.
N. Berra, une autre question d'actualité : la grippe A, qui concerne tout le monde et aussi les personnes âgées bien entendu. Le Gouvernement va acheter peut-être 100 millions de doses de vaccins contre la grippe A - c'est le journal Le Parisien qui le révélait hier - ; qu'est-ce qui est prévu spécifiquement pour les personnes âgées ?
Ecoutez la stratégie vaccinale sera définie prochainement, ce que je peux vous dire c'est qu'en effet, le Gouvernement est très mobilisé sur cette question, déjà depuis quelques mois. Il y a une cellule interministérielle qui est coordonnée par le ministère de l'Intérieur. En ce qui concerne mon secrétariat d'Etat, évidemment nous sommes mobilisés et...
Parce qu'on sait que le vaccin de la grippe saisonnière est fortement recommandé aux personnes âgées
Tout à fait.
Est-ce que pour la grippe A par exemple il pourra être obligatoire ?
La grippe saisonnière reste recommandée et restera dans la stratégie vaccinale ; le vaccin contre la grippe A concernera également les personnes fragiles, pas seulement les personnes âgées.
Alors on va parler de vous N. Berra...
Pardon, excusez-moi, mais ce qui compte aussi, c'est que la continuité des soins soit assurée au niveau des maisons de retraite, ça c'est important pour assurer la qualité des soins et le service à la personne.
Alors on va parler maintenant de vous, N. Berra, vous êtes médecin, votre père était algérien, vous avez été élevée au sein d'une famille nombreuse, est-ce que vous avez le sentiment d'être un peu le symbole de la diversité comme l'était avant vous R. Dati dans ce Gouvernement ?
On parle de symboles après de nombreuses nominations, je crois qu'il sera temps à un moment donné d'arrêter de parler de symboles. Je crois que c'est l'évolution des choses ; la France, elle est diverse, riche de sa diversité, on est tous issu de quelque part, et qu'au sein du Gouvernement précisément il y ait des gens issus de cette diversité, on ne peut que s'en réjouir. Maintenant par rapport à R. Dati, je crois qu'on a une chose en commun, c'est d'avoir appartenu à ce Gouvernement - en ce qui me concerne, actuellement, appartenir à ce Gouvernement. Elle a son parcours, j'ai le mien.
C'est vrai c'est qu'il y a des ministres, des médecins, des chefs d'entreprise qui ont des parcours brillants comme le votre ou celui de R. Dati, qui renvoient un peu le miroir de la réussite. Dans les quartiers, ça ne change rien et beaucoup de jeunes issus de l'immigration ont toujours le sentiment aujourd'hui en 2009 d'être des citoyens de seconde zone. Comment vous expliquez ce paradoxe ?
Je crois qu'on est dans une situation économique tendue, ce qui renforce le malaise social. Je crois aussi qu'il y a de nombreuses actions qui ont été dirigées vis-à-vis de ces personnes en fragilité sociale. Aujourd'hui il faut continuer à mettre les efforts pour la cohésion justement sociale, dans ces quartiers précisément sensibles.
Les jeunes issus de l'immigration, parfois se sentent mal. Comment vous réagissez aux événements qui se déroulent en ce moment même à Firminy dans la Loire, non loin de votre région, vous êtes une élue lyonnaise ? Une nouvelle nuit de violence, les jeunes sont révoltés, après la mort de M. Benmouna dans un commissariat, ils considèrent que la thèse du suicide n'est pas recevable. Est-ce que vous comprenez leur révolte aujourd'hui ?
Je crois qu'il y a un malaise social, comme je le disais, qui explique parfois ces excès de violence. Ca ne veut pas dire qu'il faut les accepter et, comment dire, les tolérer. Je crois qu'il y a aussi une enquête qui est en cours, le procureur a parlé de suicide, ça relève du ministère de l'Intérieur et je crois qu'il faut faire confiance à B. Hortefeux pour prendre en charge cette question.
Mais sur le fond, on voit bien qu'il y a aujourd'hui une cassure entre beaucoup de jeunes et les institutions. Comment on en est arrivé là, selon vous ?
C'est un sujet qui est plutôt récurent. Depuis de nombreuses années, la question des jeunes issus des quartiers sensibles est posée. Il y a avec F. Amara de nombreuses actions qui ont été dirigées, je crois qu'il faut renforcer nos efforts dans ce sens.
Vous pensez qu'aujourd'hui il y a un échec des politiques successives menées depuis des années notamment la politique de la ville, les plans Marshall qu'on a annoncé pour les banlieues ?
En tout cas pas suffisant et c'est vrai qu'un contexte économique comme celui que nous vivons actuellement n'arrange pas les choses.
Vous êtes une élue lyonnaise, je le disais, est-ce que vous avez des ambitions pour cette ville de Lyon, on dit que vous pourriez être la candidate de l'UMP en 2014, là-bas, alors qu'aux dernières élections, c'est le socialiste G. Collomb qui est passé haut la main, si j'ose dire ?
Aujourd'hui, je suis une élue locale, en effet, je suis une femme de terrain, de proximité, aujourd'hui je suis concentrée sur ma mission ministérielle. Bien sûr, je continue de travailler au service des Lyonnais, je crois que la question n'est pas du tout posée puisque nous sommes tous derrière un chef de file qui s'appelle M. Havard. Voilà, donc il n'y a pas d'ambiguïté par rapport à ça.
Donc ce sera éventuellement pour plus tard N. Berra.
Non ce n'est pas ce que j'ai dit, mais M. Havard est notre chef de file, donc nous restons derrière lui.
Merci beaucoup.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 31 juillet 2009