Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Hier, B. Le Maire, le ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche a prononcé des mots forts ; il a dit que vous traversez la crise économique la plus grave de ces trente dernières années. Une déclaration qui intervient alors que des actions de producteurs de lait et de fruits et légumes se multiplient. La situation est grave ce matin ?
Très grave. J'avais prévenu le ministre dès son arrivée Rue de Varenne au ministère de l'Agriculture, je lui ai dit que je n'avais jamais connu une telle situation depuis que je fais du syndicalisme.
Carrément ?
Absolument, parce que chaque ministre qui est passé par ce ministère sait qu'il y a toujours un secteur en crise. Mais là, il y a beaucoup de secteurs en crise, parce que tous les secteurs en crise et notamment de crise sur les prix finalement de nos produits, c'est le problème des fruits et légumes, du lait mais on oublie la crise porcine qui dure depuis plus de deux ans...
On va y venir à tous ces dossiers. Est-ce que vous allez vous mobiliser dans les jours qui viennent, est-ce que vous allez descendre dans la rue, vous les agriculteurs ?
De toute façon, nous sommes déjà mobilisés, parce que la question de 2009 c'est celle du revenu de l'ensemble des producteurs, pas seulement les producteurs de lait. Donc, nous sommes mobilisés et nous allons nous mobiliser pour que le Gouvernement accompagne, en tout cas soutienne le revenu des producteurs dans notre pays.
Mais est-ce que ce sera des actions dans les rues ?
Cela peut prendre ce caractère, effectivement, ça peut être aussi dans la rue. Pourquoi ? Je pense qu'il faut à un moment donné aussi aller dans la rue pour que le Gouvernement mais aussi l'opinion publique nous entendent, parce qu'on a besoin du soutien aussi des consommateurs et de l'opinion publique.
Les consommateurs, notamment pour le lait... vous avez entendu tout à l'heure le reportage de P. Berthelot à 6h30, le label "Lait de France", est-ce que vous trouvez que c'est une bonne solution pour défendre vos intérêts qu'il y ait un label "Lait de France" sur ce que vous produisez, vous les producteurs français ?
C'est malheureusement nécessaire d'identifier "français" les produits que nous proposons à nos consommateurs. On a déjà fait "Viande porcine française" ou "Viande bovine française". Je crois que là, au point où nous en sommes dans la crise laitière, c'est très important...
C'est une bonne solution ?
Enfin, cela fait partie des solutions, ça ne suffira pas.
D'autres solutions : est-ce que vous réclamez par exemple le retour aux quotas ? On sait bien que Bruxelles ne veut pas, mais est-ce que vous, vous la réclamez ces quotas ?
Pour l'instant... enfin il est prévu de les supprimer en 2015. Je pense que c'est une erreur de sortir de la régulation du marché, parce que le fait d'être dans la situation dans laquelle nous sommes fait que nous sommes de plus en plus dépendants des prix internationaux et notamment dans le secteur laitier, cela peut paraître un peu technique, mais des produits "beurre" et "poudre de lait" dont le marché est fait particulièrement par les Néo-Zélandais. Et nous, nous ne savons pas produire au prix néo-zélandais, c'est ce qu'il faut dire.
Clairement, est-ce que vous nous dites ce matin que vous êtes victimes, pour le lait mais aussi pour les fruits et légumes, du dumping social en Europe, parce que par exemple en Espagne, c'est moins cher ?
On est victime de la dérégulation et on est victime d'un manque d'harmonisation des conditions de production même au sein de l'Europe, auxquelles il faut ajouter des importations, parce qu'on a un problème du coût du travail en France, non pas que les salaires soient élevés, mais les charges qui pèsent sur les salaires ; on a un problème de... là on est en train de nous parler de taxe carbone, mais ça va être une taxe supplémentaire. On va charger la barque.
Vous êtes contre, par exemple, cette taxe...
Bien entendu, je suis contre cette taxe carbone, je l'ai déjà dit en fin de semaine dernière, nous sommes clairement contre cette taxe carbone.
Mais vous demandez quoi concrètement à l'Etat ? Encore plus d'argent, puisque concernant les producteurs français, le ministre a annoncé le déblocage immédiat de 30 millions d'euros du plan d'aide promis en juillet. Il s'est engagé également à un plan de 15 millions d'euros cet été pour les producteurs de fruits et légumes. Vous demandez plus d'argent ?
B. Le Maire lorsqu'il dit qu'il découvre que l'agriculture n'a jamais traversé une crise aussi grave sait très bien qu'un certain nombre de producteurs, pas seulement dans le lait, je le répète, ne pourront pas survivre en 2010 et 2011, s'il n'y a pas un accompagnement supplémentaire du Gouvernement français.
De quel ordre ?
On ne peut pas chiffrer comme ça...
Un ordre de grandeur...
... Mais pas du tout, parce que c'est filière par filière.
Et vous n'avez pas fait l'addition ?
Non mais, M.-O. Fogiel, je ne peux pas faire, encore ce jour, le bilan des revenus des producteurs de fruits et légumes qui n'ont pas heureusement terminé leur campagne.
Là-dessus, sur les fruits et légumes, tout à l'heure, à 8h40, je recevrai M.-E. Leclerc. Qu'est-ce que vous lui demandez ? Qu'est-ce que vous attendez des enseignes de la grande distribution ?
D'abord de la transparence des marges. Depuis le temps que j'en parle, je pense que maintenant ils ont compris, mais surtout de jouer la carte française, parce qu'en matière de fruits et légumes, il y a eu énormément d'importations de produits... Qu'ils jouent la carte du label français.
Pour terminer, cet été, Bruxelles a demandé le remboursement de 500 millions d'euros de subventions accordées par l'Etat français et perçues par les producteurs de fruits et légumes entre 1992 et 2002. Ce matin, vous dites quoi ? Vous allez les rembourser ces 500 millions ?
Certainement pas. Je dis simplement... D'abord, il y a un recours de déposé à la Cour de justice.
Et B. Le Maire est en train d'expertiser le montant.
Bien sûr, mais on est en train de demander le remboursement de sommes qui ont servi justement à réguler le marché. On ferait mieux de prendre des décisions qui permettront de mettre une dose de régulation des marchés, plutôt que de continuer d'assommer les producteurs.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 septembre 2009
Très grave. J'avais prévenu le ministre dès son arrivée Rue de Varenne au ministère de l'Agriculture, je lui ai dit que je n'avais jamais connu une telle situation depuis que je fais du syndicalisme.
Carrément ?
Absolument, parce que chaque ministre qui est passé par ce ministère sait qu'il y a toujours un secteur en crise. Mais là, il y a beaucoup de secteurs en crise, parce que tous les secteurs en crise et notamment de crise sur les prix finalement de nos produits, c'est le problème des fruits et légumes, du lait mais on oublie la crise porcine qui dure depuis plus de deux ans...
On va y venir à tous ces dossiers. Est-ce que vous allez vous mobiliser dans les jours qui viennent, est-ce que vous allez descendre dans la rue, vous les agriculteurs ?
De toute façon, nous sommes déjà mobilisés, parce que la question de 2009 c'est celle du revenu de l'ensemble des producteurs, pas seulement les producteurs de lait. Donc, nous sommes mobilisés et nous allons nous mobiliser pour que le Gouvernement accompagne, en tout cas soutienne le revenu des producteurs dans notre pays.
Mais est-ce que ce sera des actions dans les rues ?
Cela peut prendre ce caractère, effectivement, ça peut être aussi dans la rue. Pourquoi ? Je pense qu'il faut à un moment donné aussi aller dans la rue pour que le Gouvernement mais aussi l'opinion publique nous entendent, parce qu'on a besoin du soutien aussi des consommateurs et de l'opinion publique.
Les consommateurs, notamment pour le lait... vous avez entendu tout à l'heure le reportage de P. Berthelot à 6h30, le label "Lait de France", est-ce que vous trouvez que c'est une bonne solution pour défendre vos intérêts qu'il y ait un label "Lait de France" sur ce que vous produisez, vous les producteurs français ?
C'est malheureusement nécessaire d'identifier "français" les produits que nous proposons à nos consommateurs. On a déjà fait "Viande porcine française" ou "Viande bovine française". Je crois que là, au point où nous en sommes dans la crise laitière, c'est très important...
C'est une bonne solution ?
Enfin, cela fait partie des solutions, ça ne suffira pas.
D'autres solutions : est-ce que vous réclamez par exemple le retour aux quotas ? On sait bien que Bruxelles ne veut pas, mais est-ce que vous, vous la réclamez ces quotas ?
Pour l'instant... enfin il est prévu de les supprimer en 2015. Je pense que c'est une erreur de sortir de la régulation du marché, parce que le fait d'être dans la situation dans laquelle nous sommes fait que nous sommes de plus en plus dépendants des prix internationaux et notamment dans le secteur laitier, cela peut paraître un peu technique, mais des produits "beurre" et "poudre de lait" dont le marché est fait particulièrement par les Néo-Zélandais. Et nous, nous ne savons pas produire au prix néo-zélandais, c'est ce qu'il faut dire.
Clairement, est-ce que vous nous dites ce matin que vous êtes victimes, pour le lait mais aussi pour les fruits et légumes, du dumping social en Europe, parce que par exemple en Espagne, c'est moins cher ?
On est victime de la dérégulation et on est victime d'un manque d'harmonisation des conditions de production même au sein de l'Europe, auxquelles il faut ajouter des importations, parce qu'on a un problème du coût du travail en France, non pas que les salaires soient élevés, mais les charges qui pèsent sur les salaires ; on a un problème de... là on est en train de nous parler de taxe carbone, mais ça va être une taxe supplémentaire. On va charger la barque.
Vous êtes contre, par exemple, cette taxe...
Bien entendu, je suis contre cette taxe carbone, je l'ai déjà dit en fin de semaine dernière, nous sommes clairement contre cette taxe carbone.
Mais vous demandez quoi concrètement à l'Etat ? Encore plus d'argent, puisque concernant les producteurs français, le ministre a annoncé le déblocage immédiat de 30 millions d'euros du plan d'aide promis en juillet. Il s'est engagé également à un plan de 15 millions d'euros cet été pour les producteurs de fruits et légumes. Vous demandez plus d'argent ?
B. Le Maire lorsqu'il dit qu'il découvre que l'agriculture n'a jamais traversé une crise aussi grave sait très bien qu'un certain nombre de producteurs, pas seulement dans le lait, je le répète, ne pourront pas survivre en 2010 et 2011, s'il n'y a pas un accompagnement supplémentaire du Gouvernement français.
De quel ordre ?
On ne peut pas chiffrer comme ça...
Un ordre de grandeur...
... Mais pas du tout, parce que c'est filière par filière.
Et vous n'avez pas fait l'addition ?
Non mais, M.-O. Fogiel, je ne peux pas faire, encore ce jour, le bilan des revenus des producteurs de fruits et légumes qui n'ont pas heureusement terminé leur campagne.
Là-dessus, sur les fruits et légumes, tout à l'heure, à 8h40, je recevrai M.-E. Leclerc. Qu'est-ce que vous lui demandez ? Qu'est-ce que vous attendez des enseignes de la grande distribution ?
D'abord de la transparence des marges. Depuis le temps que j'en parle, je pense que maintenant ils ont compris, mais surtout de jouer la carte française, parce qu'en matière de fruits et légumes, il y a eu énormément d'importations de produits... Qu'ils jouent la carte du label français.
Pour terminer, cet été, Bruxelles a demandé le remboursement de 500 millions d'euros de subventions accordées par l'Etat français et perçues par les producteurs de fruits et légumes entre 1992 et 2002. Ce matin, vous dites quoi ? Vous allez les rembourser ces 500 millions ?
Certainement pas. Je dis simplement... D'abord, il y a un recours de déposé à la Cour de justice.
Et B. Le Maire est en train d'expertiser le montant.
Bien sûr, mais on est en train de demander le remboursement de sommes qui ont servi justement à réguler le marché. On ferait mieux de prendre des décisions qui permettront de mettre une dose de régulation des marchés, plutôt que de continuer d'assommer les producteurs.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 4 septembre 2009