Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Jamais le monde n'a eu autant besoin de solidarité. Jamais le monde n'a eu autant besoin d'éducation. Jamais le monde n'a eu autant besoin de l'Unesco.
Cette année, l'organisation va entrer dans une nouvelle période marquée par la désignation par le Conseil éxécutif d'une nouvelle directrice générale, Mme Irina Bokova. Je la félicite une nouvelle fois à cette tribune. Première femme et première ressortissante de ce que l'on appelait autrefois le bloc de l'Est à accéder à la fonction, Mme Bokova a été désignée l'année où l'on célèbre le XXe anniversaire de la chute du mur de Berlin : c'est un magnifique symbole. Mme Bokova est le fruit d'une histoire de réconciliation, sans victoire ni défaite, où chaque État a sa place, avec une égale dignité. Je lui souhaite bonne chance et me réjouis de travailler avec elle.
La page des élections étant tournée, il s'agit maintenant de se mettre au travail et de se montrer à la hauteur des défis nouveaux que cette Conférence générale va aider à approfondir.
Beaucoup a été réalisé ces dernières années. Je voudrais ici rendre hommage à M. Koïchiro Matsuura dont le mandat s'achève. Pendant ses dix années à la tête de l'Unesco, il a su être un rassembleur militant, rendant à la grande famille de l'Unesco son caractère universel, et un négociateur accompli, permettant à l'organisation d'adopter de grandes conventions dans le domaine du patrimoine et de la culture qui ont marqué ce début de siècle.
Mais beaucoup reste encore à faire. En particulier dans le domaine de l'éducation dont j'ai la charge auprès du président Sarkozy.
En 1945, les pays qui ont fondé l'Unesco ont souscrit à un acte constitutif qui exprimait leur croyance en l'idéal d'une « chance égale d'éducation pour tous ». Depuis lors, le but est resté le même : donner à chacun la chance d'apprendre, non pas comme un hasard ou un privilège, mais comme un droit. Au long de toutes ces années, les défis se sont diversifiés : accroître le nombre et la qualité des enseignants, améliorer la gestion des écoles et du système éducatif, mettre en place des procédures et des instances d'évaluation et de pilotage, mieux atteindre les groupes défavorisés et marginalisés. Mais ils correspondent tous aux idéaux de départ. Car rechercher une meilleure qualité est aussi un gage de toucher un plus large public.
Dans ce contexte, les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs d'Éducation pour tous pour lesquels l'Unesco est chef de file peuvent apparaître comme encore insuffisants. Selon un calcul effectué récemment, il y aurait en effet 77 millions d'enfants qui ne sont pas scolarisés et on estime que 781 millions d'adultes n'ont pas encore eu la possibilité d'apprendre à lire ou à écrire - dont deux tiers de femmes.
Nous ne pouvons accepter ce fatalisme. Le président Nicolas Sarkozy a affirmé l'année dernière avec Gordon Brown son souhait qu'un effort massif soit accompli pour la formation des maîtres et des élèves, en particulier en Afrique, en insistant sur le nécessaire déploiement de ressources numériques adaptées.
À son niveau, la France va donc s'engager pleinement dans ce défi et, je peux vous l'assurer, d'une manière plus générale, elle maintiendra son effort d'aide au développement malgré le contexte de crise internationale. L'Afrique en sera la première bénéficiaire, et en particulier l'Afrique francophone, qui célébrera en 2010 le cinquantième anniversaire de quinze indépendances.
Cela répond en effet à une conviction de notre pays : c'est en période de crise qu'il faut être le plus solidaire. Dans l'économie de la connaissance, les investissements dans les secteurs sociaux et éducatifs sont en effet la meilleure assurance pour la croissance de demain...
Cinq grandes conférences ont été tenues à l'Unesco l'année écoulée dans le domaine de l'éducation. C'est formidable de se retrouver ainsi fréquemment, mais prenons garde aussi de ne pas substituer la parole à l'action. « Le temps n'est pas notre allié, il est notre juge » aime à rappeler le président Sarkozy. Il doit en tout état de cause être préservé pour l'action.
L'année 2015 approche. Il faut se remobiliser en faveur d'Éducation pour tous car, premier champ et priorité de l'Unesco, l'Éducation pour tous est, avec le développement durable, le plus grand chantier de notre temps.
Il ne faut pas seulement des déclarations de principe, mais réunir des fonds, mobiliser des ressources humaines, rassembler des savoir-faire, créer des institutions et, surtout, mettre en avant une très forte volonté politique commune.
Pour y parvenir, essayons d'abord d'adopter une démarche plus pragmatique. Tant que les enfants ne se verront pas offrir de quoi s'alimenter dans les écoles, la fréquentation des établissements scolaires restera pour les plus pauvres un défi, souvent inaccessible. L'Unesco ne peut bien sûr résoudre à elle seule toutes les misères du monde. Mais elle peut se servir de sa capacité d'entraînement des autres agences du système multilatéral, et lancer une campagne internationale d'aide aux écoles primaires dans les pays les plus démunis, afin de favoriser l'émergence de conditions propices à la scolarisation.
Par ailleurs, cernons mieux les priorités. L'éducation tout au long de la vie impose de redéfinir partout des politiques éducatives qui ne soient pas uniquement réalistes mais aussi réalisables, et l'économie de la connaissance conduit à envisager un nécessaire continuum des apprentissages. Dans ce contexte, l'enseignement technique et professionnel contribue à alléger la pauvreté, en portant la promesse d'un emploi aux jeunes scolarisés. Or, peu d'organisations s'y intéressent. Il est temps d'aller plus loin et de montrer ainsi que l'Unesco a une vraie valeur ajoutée sur un sujet essentiel pour l'activité économique et l'harmonie sociale. Il en va de même de l'enseignement des arts. Nous venons de le rendre obligatoire à tous les niveaux en France.
Dans tous ces domaines, l'Unesco n'est pas seule. Elle doit pouvoir s'appuyer sur des institutions partenaires. Je me félicite ainsi des liens noués avec l'Organisation internationale de la francophonie et je souhaite que le groupe francophone auprès de l'organisation constitue une force concrète de propositions sur les questions éducatives.
Au-delà de l'éducation, la France estime que culture et développement sont intimement liés. La standardisation des modèles culturels constitue, en effet, un frein au développement. Pour ces raisons, notre pays a défendu l'adoption de la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005), en particulier, la constitution d'un fonds de coopération. Ce fonds va bientôt financer ses premiers projets. Il revient désormais aux États parties de faire vivre la Convention et de lui donner le plus de visibilité possible. Mais je lance aussi ici un appel aux Etats qui ne l'ont pas encore ratifiée. Ne ratez pas une occasion de participer à cette préservation essentielle de notre vie commune.
Cette vie commune est également menacée par les changements climatiques. La mise en cohérence des actions, l'urgence des situations - en particulier dans les petits États insulaires fragiles - exigent une nouvelle mobilisation. La position de la France en faveur de l'institution d'une Organisation mondiale pour l'environnement est connue. Mais, à son niveau, l'Unesco peut aussi prendre une part plus importante qu'aujourd'hui, notamment dans le rassemblement et l'analyse des données scientifiques.
Enfin, le monde de demain sera un monde numérique. Il l'est d'ailleurs déjà en grande partie. J'ai rappelé tout à l'heure combien la France allait s'engager dans cette lutte contre ce que l'on appelle la fracture numérique, qui ne fait que s'accentuer entre le Nord et le Sud mais aussi entre les Nords et les Suds. Elle soutiendra tous les projets internationaux qui se monteront dans ce domaine, en particulier pour la formation des enseignants, car celle-ci est la clé de voûte de toutes nos ambitions. Je ne doute pas que l'Unesco, qui est chargée du suivi des sommets mondiaux sur la société de l'information, saura mettre au point une vision stratégique ambitieuse qui pourra être utile à tous.
Pour finir, je souhaite rappeler que par ses spécificités, l'Unesco a vocation à être un des avant-postes de la nouvelle gouvernance mondiale. Son inscription au croisement d'un nouvel humanisme et du nouveau multilatéralisme lui donne en effet un positionnement exceptionnel. Mais aussi de nouvelles responsabilités. Je le dis solennellement pour conclure : la France n'aura d'autre ambition que de lui permettre d'assumer ce rôle sans égal, avec le plus d'efficacité possible. Car de sa réussite dépend le plus important : l'avenir de ceux qui comptent le plus pour nous : celui de nos enfants.
Je vous remercie.Source http://www.education.gouv.fr, le 9 octobre 2009
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Jamais le monde n'a eu autant besoin de solidarité. Jamais le monde n'a eu autant besoin d'éducation. Jamais le monde n'a eu autant besoin de l'Unesco.
Cette année, l'organisation va entrer dans une nouvelle période marquée par la désignation par le Conseil éxécutif d'une nouvelle directrice générale, Mme Irina Bokova. Je la félicite une nouvelle fois à cette tribune. Première femme et première ressortissante de ce que l'on appelait autrefois le bloc de l'Est à accéder à la fonction, Mme Bokova a été désignée l'année où l'on célèbre le XXe anniversaire de la chute du mur de Berlin : c'est un magnifique symbole. Mme Bokova est le fruit d'une histoire de réconciliation, sans victoire ni défaite, où chaque État a sa place, avec une égale dignité. Je lui souhaite bonne chance et me réjouis de travailler avec elle.
La page des élections étant tournée, il s'agit maintenant de se mettre au travail et de se montrer à la hauteur des défis nouveaux que cette Conférence générale va aider à approfondir.
Beaucoup a été réalisé ces dernières années. Je voudrais ici rendre hommage à M. Koïchiro Matsuura dont le mandat s'achève. Pendant ses dix années à la tête de l'Unesco, il a su être un rassembleur militant, rendant à la grande famille de l'Unesco son caractère universel, et un négociateur accompli, permettant à l'organisation d'adopter de grandes conventions dans le domaine du patrimoine et de la culture qui ont marqué ce début de siècle.
Mais beaucoup reste encore à faire. En particulier dans le domaine de l'éducation dont j'ai la charge auprès du président Sarkozy.
En 1945, les pays qui ont fondé l'Unesco ont souscrit à un acte constitutif qui exprimait leur croyance en l'idéal d'une « chance égale d'éducation pour tous ». Depuis lors, le but est resté le même : donner à chacun la chance d'apprendre, non pas comme un hasard ou un privilège, mais comme un droit. Au long de toutes ces années, les défis se sont diversifiés : accroître le nombre et la qualité des enseignants, améliorer la gestion des écoles et du système éducatif, mettre en place des procédures et des instances d'évaluation et de pilotage, mieux atteindre les groupes défavorisés et marginalisés. Mais ils correspondent tous aux idéaux de départ. Car rechercher une meilleure qualité est aussi un gage de toucher un plus large public.
Dans ce contexte, les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des objectifs d'Éducation pour tous pour lesquels l'Unesco est chef de file peuvent apparaître comme encore insuffisants. Selon un calcul effectué récemment, il y aurait en effet 77 millions d'enfants qui ne sont pas scolarisés et on estime que 781 millions d'adultes n'ont pas encore eu la possibilité d'apprendre à lire ou à écrire - dont deux tiers de femmes.
Nous ne pouvons accepter ce fatalisme. Le président Nicolas Sarkozy a affirmé l'année dernière avec Gordon Brown son souhait qu'un effort massif soit accompli pour la formation des maîtres et des élèves, en particulier en Afrique, en insistant sur le nécessaire déploiement de ressources numériques adaptées.
À son niveau, la France va donc s'engager pleinement dans ce défi et, je peux vous l'assurer, d'une manière plus générale, elle maintiendra son effort d'aide au développement malgré le contexte de crise internationale. L'Afrique en sera la première bénéficiaire, et en particulier l'Afrique francophone, qui célébrera en 2010 le cinquantième anniversaire de quinze indépendances.
Cela répond en effet à une conviction de notre pays : c'est en période de crise qu'il faut être le plus solidaire. Dans l'économie de la connaissance, les investissements dans les secteurs sociaux et éducatifs sont en effet la meilleure assurance pour la croissance de demain...
Cinq grandes conférences ont été tenues à l'Unesco l'année écoulée dans le domaine de l'éducation. C'est formidable de se retrouver ainsi fréquemment, mais prenons garde aussi de ne pas substituer la parole à l'action. « Le temps n'est pas notre allié, il est notre juge » aime à rappeler le président Sarkozy. Il doit en tout état de cause être préservé pour l'action.
L'année 2015 approche. Il faut se remobiliser en faveur d'Éducation pour tous car, premier champ et priorité de l'Unesco, l'Éducation pour tous est, avec le développement durable, le plus grand chantier de notre temps.
Il ne faut pas seulement des déclarations de principe, mais réunir des fonds, mobiliser des ressources humaines, rassembler des savoir-faire, créer des institutions et, surtout, mettre en avant une très forte volonté politique commune.
Pour y parvenir, essayons d'abord d'adopter une démarche plus pragmatique. Tant que les enfants ne se verront pas offrir de quoi s'alimenter dans les écoles, la fréquentation des établissements scolaires restera pour les plus pauvres un défi, souvent inaccessible. L'Unesco ne peut bien sûr résoudre à elle seule toutes les misères du monde. Mais elle peut se servir de sa capacité d'entraînement des autres agences du système multilatéral, et lancer une campagne internationale d'aide aux écoles primaires dans les pays les plus démunis, afin de favoriser l'émergence de conditions propices à la scolarisation.
Par ailleurs, cernons mieux les priorités. L'éducation tout au long de la vie impose de redéfinir partout des politiques éducatives qui ne soient pas uniquement réalistes mais aussi réalisables, et l'économie de la connaissance conduit à envisager un nécessaire continuum des apprentissages. Dans ce contexte, l'enseignement technique et professionnel contribue à alléger la pauvreté, en portant la promesse d'un emploi aux jeunes scolarisés. Or, peu d'organisations s'y intéressent. Il est temps d'aller plus loin et de montrer ainsi que l'Unesco a une vraie valeur ajoutée sur un sujet essentiel pour l'activité économique et l'harmonie sociale. Il en va de même de l'enseignement des arts. Nous venons de le rendre obligatoire à tous les niveaux en France.
Dans tous ces domaines, l'Unesco n'est pas seule. Elle doit pouvoir s'appuyer sur des institutions partenaires. Je me félicite ainsi des liens noués avec l'Organisation internationale de la francophonie et je souhaite que le groupe francophone auprès de l'organisation constitue une force concrète de propositions sur les questions éducatives.
Au-delà de l'éducation, la France estime que culture et développement sont intimement liés. La standardisation des modèles culturels constitue, en effet, un frein au développement. Pour ces raisons, notre pays a défendu l'adoption de la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005), en particulier, la constitution d'un fonds de coopération. Ce fonds va bientôt financer ses premiers projets. Il revient désormais aux États parties de faire vivre la Convention et de lui donner le plus de visibilité possible. Mais je lance aussi ici un appel aux Etats qui ne l'ont pas encore ratifiée. Ne ratez pas une occasion de participer à cette préservation essentielle de notre vie commune.
Cette vie commune est également menacée par les changements climatiques. La mise en cohérence des actions, l'urgence des situations - en particulier dans les petits États insulaires fragiles - exigent une nouvelle mobilisation. La position de la France en faveur de l'institution d'une Organisation mondiale pour l'environnement est connue. Mais, à son niveau, l'Unesco peut aussi prendre une part plus importante qu'aujourd'hui, notamment dans le rassemblement et l'analyse des données scientifiques.
Enfin, le monde de demain sera un monde numérique. Il l'est d'ailleurs déjà en grande partie. J'ai rappelé tout à l'heure combien la France allait s'engager dans cette lutte contre ce que l'on appelle la fracture numérique, qui ne fait que s'accentuer entre le Nord et le Sud mais aussi entre les Nords et les Suds. Elle soutiendra tous les projets internationaux qui se monteront dans ce domaine, en particulier pour la formation des enseignants, car celle-ci est la clé de voûte de toutes nos ambitions. Je ne doute pas que l'Unesco, qui est chargée du suivi des sommets mondiaux sur la société de l'information, saura mettre au point une vision stratégique ambitieuse qui pourra être utile à tous.
Pour finir, je souhaite rappeler que par ses spécificités, l'Unesco a vocation à être un des avant-postes de la nouvelle gouvernance mondiale. Son inscription au croisement d'un nouvel humanisme et du nouveau multilatéralisme lui donne en effet un positionnement exceptionnel. Mais aussi de nouvelles responsabilités. Je le dis solennellement pour conclure : la France n'aura d'autre ambition que de lui permettre d'assumer ce rôle sans égal, avec le plus d'efficacité possible. Car de sa réussite dépend le plus important : l'avenir de ceux qui comptent le plus pour nous : celui de nos enfants.
Je vous remercie.Source http://www.education.gouv.fr, le 9 octobre 2009