Texte intégral
INTERVIEW à RTL :
Q - Alors en attendant un prochain auditeur éventuellement, je voudrais vous faire écouter Charles Josselin donc le ministre français de la coopération, il part demain à Tirana et il doit également aller à Skopje donc en Macédoine et il explique à RTL ce que sera laide de la France en ce qui concerne les réfugiés du Kosovo.
R - Nous avons, dès à présent, décidé de mobiliser 125 millions de francs, sur cette opération. A savoir 75 millions dans ce quon peut appeler du bilatéral, cest-à-dire laide directe apportée par la France, que ce soit au travers de lintervention, de la Défense, notamment dans le transport et la mise en sécurité de certains axes routiers essentiels pour lappui logistique de cette action, mais je pense aussi à ce que nous débloquons du Fonds daide durgence. Je pense à laide directe que nous apportons au Haut-commissariat aux réfugiés et puis, sy ajoutent 50 millions de francs, correspondant à notre part dans ce que lUnion européenne apporte de son côté, aide coordonnée par le Commissaire européen à lAction humanitaire, Mme Bonino que je pense rencontrer à loccasion de mon voyage.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
INTERVIEW A LCI :
Q - Nous allons à Tirana retrouver Charles Josselin le ministre délégué à la Coopération , arrivé aujourdhui dans la capitale albanaise. Avant dévoquer le dispositif français daide à ces réfugiés, pouvez-vous nous dire dabord si vous avez été surpris, choqué, étonné par le spectacle que vous avez découvert ?
R - Jai la même surprise que vous, en ce qui concerne déjà linformation que vous venez de publier concernant la rencontre entre Slobodan Milosevic et Ibrahim Rugova, mais surtout les conclusions auxquelles ils seraient arrivés. Comme vous je souhaite quune clarification intervienne à ce sujet car ceci représenterait une sorte dénorme contre-pied par rapport à tout ce que jai entendu et vu aujourdhui.
Jai vu beaucoup de réfugiés, jai vu ce que tous ceux qui ont déjà avant moi vu ce spectacle ont observé, des yeux délavés par les souffrances, des larmes, des spectacles que les enfants nauraient pas dû voir. Les enfants sont très nombreux, les femmes et les vieillards, les hommes beaucoup moins - je parle des hommes dâge adulte - soit parce que certains dentre eux avaient déjà au cours des mois précédents essayé de rejoindre lAllemagne ou la Suisse, soit parce que certains ont été assassinés, soit parce que dautres restent dans les forêts du Kosovo, dont nous dit-on les Kosovars gardent contrôle, ce qui justifierait une aide spécifique quil faudrait leur adresser. Ce qui est un peu en contradiction avec ce que vous disiez tout à lheure à propos de...
Q - Est-ce que vous vous êtes fait un avis définitif sur lampleur des exactions contre ces populations civiles, en ce moment au Kosovo ?
R - Lampleur des exactions non. Jobserve simplement que tous ceux que nous avons interrogés ce matin - ils étaient nombreux, puisque jai visité trois camps de réfugiés, à chaque fois jai essayé le contact avec ces femmes et ces personnes âgées - disent que cest sous lempire de la brutalité quils ont quitté leurs domiciles, quelques uns depuis de longs mois - ils errent dans le Kosovo pour certains depuis déjà sept ou huit mois. Tous disent avoir été témoins dexactions, beaucoup dassassinats, tous les villages quils ont traversés sont en flammes. Je ne peux pas imaginer, voyant la situation de pauvreté de ces gens, quils soient en quelque sorte complices de désinformation. Il est évident quils disent ce quils ont vu.
Ce que je peux parler cest de lampleur des passages. On parle de cent mille actuellement depuis les frappes qui sajoutent à ceux qui sy trouvaient déjà avant. Mais je le répète, tous ont dit avoir vécu les mêmes souffrances et observé les mêmes scènes tout à fait insoutenables.
Q - Monsieur le Ministre, ny a-t-il pas eu une gigantesque improvisation de lOccident, de lEurope peut-être en particulier, par rapport à ce problème humanitaire qui est en train de se poser ?
R - Fallait-il à lavance considérer que Milosevic allait nécessairement accentuer les exactions quil avait commencé de commettre depuis longtemps ? Ce qui est sûr cest que nous avons la preuve maintenant que cette intensification de lépuration ethnique était préparée. Je ne suis pas surpris. Dans toute catastrophe il y a une part nécessairement dun peu dimprovisation dans laccueil des réfugiés. Les responsables quon a vus nous ont dit que la situation ne serait pas « sous » contrôle avant quelques jours. Limportant cest que la coordination se mette en place et que la solidarité sexprime en direction de ces populations qui, je le répète, sont dans une situation tout à fait effrayante.
Q - Rapidement, 80 tonnes daide humanitaire, cest ce que prépare ou ce qua déjà envoyé la France ?
R - 40 tonnes sont arrivées aujourdhui, qui comprennent à la fois des tentes, des médicaments, des kits sanitaires, du savon parce que ces gens là ne se sont pas lavés depuis des jours, mais qui comprennent aussi de la nourriture immédiatement consommable, et des couches pour bébés parce quil naît aussi des enfants dans ces camps de réfugiés.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
INTERVIEW A EUROPE 1 :
Q - Monsieur Josselin, je voudrais tout dabord que vous nous donniez tout simplement, dans un premier temps, votre sentiment sur ce que vous voyez, sur ce que vous avez vu, avant même dévoquer cette aide humanitaire, dont vous êtes le messager et surtout le porteur. Quest-ce que vous voyez, quest-ce qui vous a frappé ? Vous vous trouvez actuellement ce soir près de la Macédoine, Monsieur Josselin ?
R - Oui et à cette frontière, entre la Macédoine et le Kosovo, cest malheureusement une extraordinaire accumulation de souffrances car il y a là des dizaines de milliers de personnes qui attendent de pouvoir franchir la frontière macédonienne pour y être accueillies par des ONG qui se mobilisent et avec des aides qui commencent à arriver. La France a dailleurs donné le signe de sa solidarité puisque trois avions se sont posés, que jai pu accueillir à laéroport de Skopje, il y a quelques heures, qui contenaient ce dont ces réfugiés ont besoin, des tentes, de lalimentation, des médicaments. Mais la question lourde qui est actuellement posée est celle de leur entrée dans le territoire macédonien. Les Macédoniens craignent quune arrivée aussi massive dAlbanais déséquilibre, en quelque sorte, une stabilité qui est encore fragile et nous interpellent sur la destination de ces immigrés, en espérant que nous pourrions en accueillir. Quand je dis « nous », cest lensemble de la communauté internationale, européenne comprise - alors même que nous-mêmes pensons que la solution à ce problème de réfugiés, cest évidemment leur retour dans leur province, dans leur pays, cest-à-dire le Kosovo.
Q - Oui, mais alors là je vous interromps mais volontairement Monsieur Josselin. Emma Bonino, la commissaire européen, le rappelait, évoquait une protection armée éventuelle de ces réfugiés. Comment faire ? Comment faire à la fois pour les protéger et pour faire cesser cette catastrophe humanitaire qui est en train, sous nos yeux, sous vos yeux et au coeur de lEurope, de se mettre en place ? Comment intervenir et comment faire pour que toutes ces souffrances satténuent ?
R - Je crois que la question est quand même politique. Cest une question humanitaire, bien sûr, cest-à-dire quil faut que la solidarité internationale, que la générosité se manifestent. Cet après-midi la France lance un numéro vert pour que la générosité des Français puisse se mobiliser en faveur de la Macédoine et de lAlbanie. Mais, je le répète, la question, elle est aussi très politique car les Macédoniens plutôt que daccueillir aimeraient mieux que ces réfugiés du Kosovo soient déjà appelés à dautres destinations, alors même que nous considérons, nous, que cest en organisant leur accueil au plus près du Kosovo quon garantit mieux leur retour dans leur pays. En plus les disperser aux quatre coins du monde serait un signe, alors là vraiment totalement positif adressé à M. Milosevic qui pourrait considérer quil a gagné. Je crois que cest cela la question majeure et il faut que nous arrivions à convaincre le gouvernement macédonien, étant entendu que bien sûr, il nous faut aussi prendre en compte les problèmes spécifiques de ce gouvernement et la crise économique quil connaît, quand on sait en plus les liens très étroits quil y avait entre son économie et léconomie yougoslave par exemple. Il est évident quil est affronté à une baisse massive de sa production industrielle, de ses exportations, donc des problèmes budgétaires, des problèmes de paiement de sa dette. Je ne doute pas dailleurs que dans quelques jours, lorsquà Washington Dominique Strauss-Kahn et ses collègues se réuniront dans le cadre de la réunion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, ces questions pourront être aussi examinées.
Mais dans limmédiat et cest lurgence, il convient que ces populations puissent être accueillies. Je le répète, les aides arrivent : les ONG sont mobilisées, la Croix Rouge macédonienne en particulier, dont jai rencontré à linstant les responsables, sont prêtes à faire le maximum pour sauver ces populations et leur offrir la période de reconstitution, en quelque sorte, dont ils ont besoin, après les souffrances quils viennent dendurer. Le numéro vert que nous ouvrons, sous lintitulé « colis familiaux » en liaison avec la Croix Rouge française, cest le 08.00.77.50.47. La France acheminera les colis, la liste de ce que devraient comprendre ou contenir ces colis va être publiée par communiqués de presse.
Q - Est-ce que, lorsquon lit ces récits sur cette systématisation de lépuration ethnique, ces appartements, ces rues patiemment passés au peigne fin par les policiers serbes M. Milosevic na pas, dune certaine façon,gagné cette partie ? Et est-ce que la question de lintervention terrestre nest pas de nouveau dactualité en cette veille de Pâques, Monsieur Josselin ?
R - Je pense que ces témoignages en tout cas nous donnent raison davoir voulu intervenir avec force à lencontre de M. Milosevic et de sa politique. Je voudrais quand même dire, parce quon finirait presque par loublier, que sil y a un problème de réfugiés, il y a dabord un problème du Kosovo. Cest le problème du Kosovo quil nous faut dabord résoudre, donc gagner la partie engagée avec M. Milosevic. Je voudrais dire aussi que, comme lavait rappelé Lionel Jospin il ny a pas si longtemps, ce mouvement est réversible et je suis convaincu que si nous obligeons M. Milosevic à faire en sorte que les Kosovars puissent revenir dans leur pays, alors là nous aurons gagné. Cest bien pour cela que nous pensons quil vaut mieux aider les pays proches à les accueillir - cest ce que nous faisons - plutôt que de les disperser aux quatre coins du monde.
Q - Vous avez avec vous 28 tonnes, je crois, de vivres, de matériels, près de 200 tentes. Vous pouvez un petit peu nous dire comment ça va se répartir, quest-ce que vous allez en faire avant de retourner en France ?
R - Cest la question dont nous avons déjà parlé à linstant, ce matin dabord avec le gouvernement macédonien, puis avec ceux qui vont pouvoir directement utiliser ces matériels, cest-à-dire aussi bien le Haut comité pour les réfugiés que la Croix Rouge internationale ou les organisations locales que jai eu la possibilité de rencontrer ce midi.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
Q - Alors en attendant un prochain auditeur éventuellement, je voudrais vous faire écouter Charles Josselin donc le ministre français de la coopération, il part demain à Tirana et il doit également aller à Skopje donc en Macédoine et il explique à RTL ce que sera laide de la France en ce qui concerne les réfugiés du Kosovo.
R - Nous avons, dès à présent, décidé de mobiliser 125 millions de francs, sur cette opération. A savoir 75 millions dans ce quon peut appeler du bilatéral, cest-à-dire laide directe apportée par la France, que ce soit au travers de lintervention, de la Défense, notamment dans le transport et la mise en sécurité de certains axes routiers essentiels pour lappui logistique de cette action, mais je pense aussi à ce que nous débloquons du Fonds daide durgence. Je pense à laide directe que nous apportons au Haut-commissariat aux réfugiés et puis, sy ajoutent 50 millions de francs, correspondant à notre part dans ce que lUnion européenne apporte de son côté, aide coordonnée par le Commissaire européen à lAction humanitaire, Mme Bonino que je pense rencontrer à loccasion de mon voyage.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
INTERVIEW A LCI :
Q - Nous allons à Tirana retrouver Charles Josselin le ministre délégué à la Coopération , arrivé aujourdhui dans la capitale albanaise. Avant dévoquer le dispositif français daide à ces réfugiés, pouvez-vous nous dire dabord si vous avez été surpris, choqué, étonné par le spectacle que vous avez découvert ?
R - Jai la même surprise que vous, en ce qui concerne déjà linformation que vous venez de publier concernant la rencontre entre Slobodan Milosevic et Ibrahim Rugova, mais surtout les conclusions auxquelles ils seraient arrivés. Comme vous je souhaite quune clarification intervienne à ce sujet car ceci représenterait une sorte dénorme contre-pied par rapport à tout ce que jai entendu et vu aujourdhui.
Jai vu beaucoup de réfugiés, jai vu ce que tous ceux qui ont déjà avant moi vu ce spectacle ont observé, des yeux délavés par les souffrances, des larmes, des spectacles que les enfants nauraient pas dû voir. Les enfants sont très nombreux, les femmes et les vieillards, les hommes beaucoup moins - je parle des hommes dâge adulte - soit parce que certains dentre eux avaient déjà au cours des mois précédents essayé de rejoindre lAllemagne ou la Suisse, soit parce que certains ont été assassinés, soit parce que dautres restent dans les forêts du Kosovo, dont nous dit-on les Kosovars gardent contrôle, ce qui justifierait une aide spécifique quil faudrait leur adresser. Ce qui est un peu en contradiction avec ce que vous disiez tout à lheure à propos de...
Q - Est-ce que vous vous êtes fait un avis définitif sur lampleur des exactions contre ces populations civiles, en ce moment au Kosovo ?
R - Lampleur des exactions non. Jobserve simplement que tous ceux que nous avons interrogés ce matin - ils étaient nombreux, puisque jai visité trois camps de réfugiés, à chaque fois jai essayé le contact avec ces femmes et ces personnes âgées - disent que cest sous lempire de la brutalité quils ont quitté leurs domiciles, quelques uns depuis de longs mois - ils errent dans le Kosovo pour certains depuis déjà sept ou huit mois. Tous disent avoir été témoins dexactions, beaucoup dassassinats, tous les villages quils ont traversés sont en flammes. Je ne peux pas imaginer, voyant la situation de pauvreté de ces gens, quils soient en quelque sorte complices de désinformation. Il est évident quils disent ce quils ont vu.
Ce que je peux parler cest de lampleur des passages. On parle de cent mille actuellement depuis les frappes qui sajoutent à ceux qui sy trouvaient déjà avant. Mais je le répète, tous ont dit avoir vécu les mêmes souffrances et observé les mêmes scènes tout à fait insoutenables.
Q - Monsieur le Ministre, ny a-t-il pas eu une gigantesque improvisation de lOccident, de lEurope peut-être en particulier, par rapport à ce problème humanitaire qui est en train de se poser ?
R - Fallait-il à lavance considérer que Milosevic allait nécessairement accentuer les exactions quil avait commencé de commettre depuis longtemps ? Ce qui est sûr cest que nous avons la preuve maintenant que cette intensification de lépuration ethnique était préparée. Je ne suis pas surpris. Dans toute catastrophe il y a une part nécessairement dun peu dimprovisation dans laccueil des réfugiés. Les responsables quon a vus nous ont dit que la situation ne serait pas « sous » contrôle avant quelques jours. Limportant cest que la coordination se mette en place et que la solidarité sexprime en direction de ces populations qui, je le répète, sont dans une situation tout à fait effrayante.
Q - Rapidement, 80 tonnes daide humanitaire, cest ce que prépare ou ce qua déjà envoyé la France ?
R - 40 tonnes sont arrivées aujourdhui, qui comprennent à la fois des tentes, des médicaments, des kits sanitaires, du savon parce que ces gens là ne se sont pas lavés depuis des jours, mais qui comprennent aussi de la nourriture immédiatement consommable, et des couches pour bébés parce quil naît aussi des enfants dans ces camps de réfugiés.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
INTERVIEW A EUROPE 1 :
Q - Monsieur Josselin, je voudrais tout dabord que vous nous donniez tout simplement, dans un premier temps, votre sentiment sur ce que vous voyez, sur ce que vous avez vu, avant même dévoquer cette aide humanitaire, dont vous êtes le messager et surtout le porteur. Quest-ce que vous voyez, quest-ce qui vous a frappé ? Vous vous trouvez actuellement ce soir près de la Macédoine, Monsieur Josselin ?
R - Oui et à cette frontière, entre la Macédoine et le Kosovo, cest malheureusement une extraordinaire accumulation de souffrances car il y a là des dizaines de milliers de personnes qui attendent de pouvoir franchir la frontière macédonienne pour y être accueillies par des ONG qui se mobilisent et avec des aides qui commencent à arriver. La France a dailleurs donné le signe de sa solidarité puisque trois avions se sont posés, que jai pu accueillir à laéroport de Skopje, il y a quelques heures, qui contenaient ce dont ces réfugiés ont besoin, des tentes, de lalimentation, des médicaments. Mais la question lourde qui est actuellement posée est celle de leur entrée dans le territoire macédonien. Les Macédoniens craignent quune arrivée aussi massive dAlbanais déséquilibre, en quelque sorte, une stabilité qui est encore fragile et nous interpellent sur la destination de ces immigrés, en espérant que nous pourrions en accueillir. Quand je dis « nous », cest lensemble de la communauté internationale, européenne comprise - alors même que nous-mêmes pensons que la solution à ce problème de réfugiés, cest évidemment leur retour dans leur province, dans leur pays, cest-à-dire le Kosovo.
Q - Oui, mais alors là je vous interromps mais volontairement Monsieur Josselin. Emma Bonino, la commissaire européen, le rappelait, évoquait une protection armée éventuelle de ces réfugiés. Comment faire ? Comment faire à la fois pour les protéger et pour faire cesser cette catastrophe humanitaire qui est en train, sous nos yeux, sous vos yeux et au coeur de lEurope, de se mettre en place ? Comment intervenir et comment faire pour que toutes ces souffrances satténuent ?
R - Je crois que la question est quand même politique. Cest une question humanitaire, bien sûr, cest-à-dire quil faut que la solidarité internationale, que la générosité se manifestent. Cet après-midi la France lance un numéro vert pour que la générosité des Français puisse se mobiliser en faveur de la Macédoine et de lAlbanie. Mais, je le répète, la question, elle est aussi très politique car les Macédoniens plutôt que daccueillir aimeraient mieux que ces réfugiés du Kosovo soient déjà appelés à dautres destinations, alors même que nous considérons, nous, que cest en organisant leur accueil au plus près du Kosovo quon garantit mieux leur retour dans leur pays. En plus les disperser aux quatre coins du monde serait un signe, alors là vraiment totalement positif adressé à M. Milosevic qui pourrait considérer quil a gagné. Je crois que cest cela la question majeure et il faut que nous arrivions à convaincre le gouvernement macédonien, étant entendu que bien sûr, il nous faut aussi prendre en compte les problèmes spécifiques de ce gouvernement et la crise économique quil connaît, quand on sait en plus les liens très étroits quil y avait entre son économie et léconomie yougoslave par exemple. Il est évident quil est affronté à une baisse massive de sa production industrielle, de ses exportations, donc des problèmes budgétaires, des problèmes de paiement de sa dette. Je ne doute pas dailleurs que dans quelques jours, lorsquà Washington Dominique Strauss-Kahn et ses collègues se réuniront dans le cadre de la réunion du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, ces questions pourront être aussi examinées.
Mais dans limmédiat et cest lurgence, il convient que ces populations puissent être accueillies. Je le répète, les aides arrivent : les ONG sont mobilisées, la Croix Rouge macédonienne en particulier, dont jai rencontré à linstant les responsables, sont prêtes à faire le maximum pour sauver ces populations et leur offrir la période de reconstitution, en quelque sorte, dont ils ont besoin, après les souffrances quils viennent dendurer. Le numéro vert que nous ouvrons, sous lintitulé « colis familiaux » en liaison avec la Croix Rouge française, cest le 08.00.77.50.47. La France acheminera les colis, la liste de ce que devraient comprendre ou contenir ces colis va être publiée par communiqués de presse.
Q - Est-ce que, lorsquon lit ces récits sur cette systématisation de lépuration ethnique, ces appartements, ces rues patiemment passés au peigne fin par les policiers serbes M. Milosevic na pas, dune certaine façon,gagné cette partie ? Et est-ce que la question de lintervention terrestre nest pas de nouveau dactualité en cette veille de Pâques, Monsieur Josselin ?
R - Je pense que ces témoignages en tout cas nous donnent raison davoir voulu intervenir avec force à lencontre de M. Milosevic et de sa politique. Je voudrais quand même dire, parce quon finirait presque par loublier, que sil y a un problème de réfugiés, il y a dabord un problème du Kosovo. Cest le problème du Kosovo quil nous faut dabord résoudre, donc gagner la partie engagée avec M. Milosevic. Je voudrais dire aussi que, comme lavait rappelé Lionel Jospin il ny a pas si longtemps, ce mouvement est réversible et je suis convaincu que si nous obligeons M. Milosevic à faire en sorte que les Kosovars puissent revenir dans leur pays, alors là nous aurons gagné. Cest bien pour cela que nous pensons quil vaut mieux aider les pays proches à les accueillir - cest ce que nous faisons - plutôt que de les disperser aux quatre coins du monde.
Q - Vous avez avec vous 28 tonnes, je crois, de vivres, de matériels, près de 200 tentes. Vous pouvez un petit peu nous dire comment ça va se répartir, quest-ce que vous allez en faire avant de retourner en France ?
R - Cest la question dont nous avons déjà parlé à linstant, ce matin dabord avec le gouvernement macédonien, puis avec ceux qui vont pouvoir directement utiliser ces matériels, cest-à-dire aussi bien le Haut comité pour les réfugiés que la Croix Rouge internationale ou les organisations locales que jai eu la possibilité de rencontrer ce midi.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)