Texte intégral
Monsieur le ministre du Travail, de l'Emploi, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, cher Xavier,
Chère Jeannie LONGO, Monsieur le Professeur René FRYDMAN,
Monsieur le délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, cher Bertrand MARTINOT,
Monsieur le directeur général du travail, cher Jean-Denis COMBREXELLE,
Mesdames et Messieurs,
Je remercie Pierre MONGIN de nous accueillir et chacun d'entre vous d'être là aujourd'hui. Partenaires sociaux, chefs d'entreprise, directeurs des ressources humaines, représentants des branches, des services de l'Etat, mais aussi jeunes seniors éminemment dynamiques, comme Jeannie LONGO et le Professeur René FRYDMAN : tous, vous avez répondu présent à notre appel à nous mobiliser pour donner un coup d'accélérateur à l'emploi des seniors.
Mon message est clair : si Xavier et moi, nous avons souhaité vous réunir aujourd'hui, c'est qu'il y a urgence à fédérer nos compétences pour redonner aux seniors toute la place qui leur revient dans l'entreprise. Très clairement, l'entreprise a besoin des seniors pour être compétitive et pour sortir de la crise par le haut.
Vous le montrez, René FRYDMAN, en valorisant le tutorat, essentiel dans le domaine médical, et en soulignant l'effet positif du travail sur la santé après 50 ans.
Nous devons agir de manière pragmatique pour inverser un paradoxe qu'on a laissé s'installer depuis des années. Il faut en finir avec cette hypocrisie consistant à glorifier le dynamisme et l'utilité sociale des jeunes retraités, tout en adoptant le raisonnement inverse dès qu'il s'agit de l'emploi des seniors. Ce paradoxe est très français : comme le soulignera Jeannie LONGO tout à l'heure, aux Etats-Unis notamment, on ne porte pas le même regard sur les seniors.
En France, nous sommes victimes d'un raisonnement myope : on a affirmé que partager le travail signifiait réduire le chômage, que pousser les seniors vers la sortie revenait à libérer de la place pour les jeunes. Les gouvernements de tous bords ont vu dans cette pratique une solution facile et une variable d'ajustement inespérée pour les chiffres du chômage.
Le résultat, c'est qu'en France, le taux d'emploi des 55-64 ans est de 38 %, loin derrière la moyenne de l'Union européenne, qui est de 46 %, et très loin derrière la Suède, qui est à 70 %. La route est longue pour atteindre l'objectif de 50 % fixé dans l'agenda de Lisbonne.
Or, non seulement ces mauvais chiffres font peser une pression supplémentaire sur les régimes de retraite, mais ils n'ont pas amélioré le taux d'emploi des jeunes et grèvent notre compétitivité. Nous avons donc voulu allumer une lanterne rouge, pour alerter les acteurs et inverser cette tendance délétère. Pour le dire simplement, le vieux système, celui des préretraites, c'était payer pour sortir les seniors de l'entreprise. Le nouveau, c'est aider à garder les seniors dans l'entreprise et embaucher des jeunes.
Le succès des mesures déjà adoptées montre que les Français ne veulent plus d'une pratique qui disqualifie les salariés au seul motif de leur âge. Il suffit d'observer les effets positifs du passage de la surcote à 5 % et du cumul emploi-retraite. De fait, l'emploi des seniors résiste plutôt bien malgré la crise, alors qu'en 1993, lors de la dernière tempête économique, le nombre de salariés seniors avait baissé de manière significative.
Ces mesures ponctuelles sont nécessaires, mais pas suffisantes. C'est pourquoi nous avons voulu faire figurer dans la loi de finances pour 2009 l'obligation, pour les entreprises de plus de 50 salariés, de mettre en place un accord ou un plan d'action en faveur de l'emploi des seniors. Et pour les entreprises entre 50 et 300 salariés, la possibilité d'être couverte par un accord de branche validé et étendu.
Dès 2005, des engagements avaient été pris avec les partenaires sociaux. Des accords de branches devaient être signés. Des actions de communication ont été menées. Des outils d'aide aux entreprises ont été créés. Résultat : le taux d'emploi des seniors n'a pas bougé, les branches n'ont pas négocié, et nos engagements sont restés lettre morte.
Or, en 10 ans, la moyenne d'âge des actifs passera de 40 à 43 ans, et la part des plus de 50 ans passera de 25 à 30 %. Qu'est-ce que cela signifie ? Que les recrutements devront s'ouvrir plus largement aux salariés de 50 ans et plus. Qu'il n'est plus question d'ajourner les plans seniors car on ne pourra plus s'en passer. Qu'il faut préparer l'avenir dès aujourd'hui en formant et en préparant les évolutions de carrière. Sans cela, d'ici quelques années, le risque, c'est d'avoir laissé filer les savoir-faire et d'être pris de court pour les recrutements.
Il faut donc passer à la vitesse supérieure. D'où l'incitation financière. On m'avait conseillé de ranger les pénalités au placard. Je refuse de reculer sur ce point. Je refuse de reproduire ce qu'on a vu ces dernières années.
Mais mon objectif, ce n'est pas d'engranger des pénalités. Mon objectif, c'est que zéro entreprise soit pénalisée et que toutes les entreprises s'engagent pour leurs seniors. Je n'ai pas voulu d'un dispositif rigide, qui tombe comme un couperet : quand la négociation ne peut aboutir, un plan d'action est possible.
Nous sommes d'autant plus déterminés que les entreprises et les branches peuvent choisir parmi de nombreux dispositifs et qu'elles sont accompagnées.
Je rappelle aux chefs d'entreprise et aux négociateurs de branches qu'ils peuvent choisir 3 domaines d'action parmi les 6 possibles.
Vous pouvez compter sur le soutien des services du travail de l'emploi et de la formation professionnelle, et aussi de vos chambres de commerce et d'industrie, qui peuvent vous conseiller. Des exemples de bonnes pratiques seront donnés tout à l'heure, et vous pouvez aussi vous inspirer de celles qui sont présentées sur le site emploidesseniors.gouv.fr, où figure notamment le guide rédigé par Vigeo. Je pense notamment à la réduction du temps de travail, au passage au tutorat, ou à la formation pour changer de poste.
Vous être libres de choisir à la carte ce qui vous convient. L'essentiel, c'est de montrer que vous voulez faire bouger les choses.
Un grand nombre d'entreprises et de branches se sont déjà engagées en faveur des seniors.
Sept branches ont déjà conclu un accord : les services de l'automobile, le matériel agricole, les vins et spiritueux et les sociétés HLM. 57 branches sont en train de négocier, parmi lesquelles le bâtiment, la propreté, la métallurgie, ou encore l'Union des fédérations de transport. Je salue la Fédération des industriels charcutiers et traiteurs, qui a signé hier un accord sur l'emploi des seniors, juste à temps pour être présent aujourd'hui parmi les signataires !
Je compte sur les partenaires sociaux pour prendre leurs responsabilités, comme l'ont fait les syndicats de la Fédération des industriels charcutiers et traiteurs, et pour aboutir rapidement dans les négociations. Avec cette mesure on a fait le pari du dialogue social dans l'entreprise et dans les branches. On n'applique pas la même toise à tout le monde, mais on demande à tous le monde de jouer le jeu pour donner un coup de pouce aux seniors.
Beaucoup d'entreprises, notamment parmi vous, sont sur le point de signer leurs accords. Vous êtes plusieurs à mener, souvent depuis plusieurs années, une politique originale. C'est le cas chez Carrefour, Alstom, L'Oréal, dans la branche des services de l'automobile, mais aussi dans des PME comme Convers, que j'ai pu entendre il y a 10 jours, lors de la table ronde sur l'emploi des seniors organisée par IMS entreprendre pour la cité.
Tous, vous avez compris l'enjeu d'investir dans les salariés en fin de carrière et de valoriser la formation des seniors. Seuls 20 % des 55 ans et plus ont accès à une formation, contre 38 % des 30-35 ans : on ne peut plus continuer ainsi !
Mon message est clair : il est urgent que chacun de nous, selon nos compétences, nous nous engagions pour permettre aux seniors qui le souhaitent de continuer à travailler. Je souhaite qu'au 1er janvier 2010, zéro entreprise soit pénalisée financièrement. Et c'est seulement si tous les acteurs se mobilisent, si les partenaires sociaux négocient de manière constructive, que nous y parviendrons. Malgré les pressions, il n'est pas question de sacrifier une nouvelle fois les seniors pendant la crise.
Je laisse la parole à Bertrand MARTINOT, Délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, qui va nous présenter en détail les nouvelles mesures en faveur de l'emploi des seniors.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 5 novembre 2009
Chère Jeannie LONGO, Monsieur le Professeur René FRYDMAN,
Monsieur le délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, cher Bertrand MARTINOT,
Monsieur le directeur général du travail, cher Jean-Denis COMBREXELLE,
Mesdames et Messieurs,
Je remercie Pierre MONGIN de nous accueillir et chacun d'entre vous d'être là aujourd'hui. Partenaires sociaux, chefs d'entreprise, directeurs des ressources humaines, représentants des branches, des services de l'Etat, mais aussi jeunes seniors éminemment dynamiques, comme Jeannie LONGO et le Professeur René FRYDMAN : tous, vous avez répondu présent à notre appel à nous mobiliser pour donner un coup d'accélérateur à l'emploi des seniors.
Mon message est clair : si Xavier et moi, nous avons souhaité vous réunir aujourd'hui, c'est qu'il y a urgence à fédérer nos compétences pour redonner aux seniors toute la place qui leur revient dans l'entreprise. Très clairement, l'entreprise a besoin des seniors pour être compétitive et pour sortir de la crise par le haut.
Vous le montrez, René FRYDMAN, en valorisant le tutorat, essentiel dans le domaine médical, et en soulignant l'effet positif du travail sur la santé après 50 ans.
Nous devons agir de manière pragmatique pour inverser un paradoxe qu'on a laissé s'installer depuis des années. Il faut en finir avec cette hypocrisie consistant à glorifier le dynamisme et l'utilité sociale des jeunes retraités, tout en adoptant le raisonnement inverse dès qu'il s'agit de l'emploi des seniors. Ce paradoxe est très français : comme le soulignera Jeannie LONGO tout à l'heure, aux Etats-Unis notamment, on ne porte pas le même regard sur les seniors.
En France, nous sommes victimes d'un raisonnement myope : on a affirmé que partager le travail signifiait réduire le chômage, que pousser les seniors vers la sortie revenait à libérer de la place pour les jeunes. Les gouvernements de tous bords ont vu dans cette pratique une solution facile et une variable d'ajustement inespérée pour les chiffres du chômage.
Le résultat, c'est qu'en France, le taux d'emploi des 55-64 ans est de 38 %, loin derrière la moyenne de l'Union européenne, qui est de 46 %, et très loin derrière la Suède, qui est à 70 %. La route est longue pour atteindre l'objectif de 50 % fixé dans l'agenda de Lisbonne.
Or, non seulement ces mauvais chiffres font peser une pression supplémentaire sur les régimes de retraite, mais ils n'ont pas amélioré le taux d'emploi des jeunes et grèvent notre compétitivité. Nous avons donc voulu allumer une lanterne rouge, pour alerter les acteurs et inverser cette tendance délétère. Pour le dire simplement, le vieux système, celui des préretraites, c'était payer pour sortir les seniors de l'entreprise. Le nouveau, c'est aider à garder les seniors dans l'entreprise et embaucher des jeunes.
Le succès des mesures déjà adoptées montre que les Français ne veulent plus d'une pratique qui disqualifie les salariés au seul motif de leur âge. Il suffit d'observer les effets positifs du passage de la surcote à 5 % et du cumul emploi-retraite. De fait, l'emploi des seniors résiste plutôt bien malgré la crise, alors qu'en 1993, lors de la dernière tempête économique, le nombre de salariés seniors avait baissé de manière significative.
Ces mesures ponctuelles sont nécessaires, mais pas suffisantes. C'est pourquoi nous avons voulu faire figurer dans la loi de finances pour 2009 l'obligation, pour les entreprises de plus de 50 salariés, de mettre en place un accord ou un plan d'action en faveur de l'emploi des seniors. Et pour les entreprises entre 50 et 300 salariés, la possibilité d'être couverte par un accord de branche validé et étendu.
Dès 2005, des engagements avaient été pris avec les partenaires sociaux. Des accords de branches devaient être signés. Des actions de communication ont été menées. Des outils d'aide aux entreprises ont été créés. Résultat : le taux d'emploi des seniors n'a pas bougé, les branches n'ont pas négocié, et nos engagements sont restés lettre morte.
Or, en 10 ans, la moyenne d'âge des actifs passera de 40 à 43 ans, et la part des plus de 50 ans passera de 25 à 30 %. Qu'est-ce que cela signifie ? Que les recrutements devront s'ouvrir plus largement aux salariés de 50 ans et plus. Qu'il n'est plus question d'ajourner les plans seniors car on ne pourra plus s'en passer. Qu'il faut préparer l'avenir dès aujourd'hui en formant et en préparant les évolutions de carrière. Sans cela, d'ici quelques années, le risque, c'est d'avoir laissé filer les savoir-faire et d'être pris de court pour les recrutements.
Il faut donc passer à la vitesse supérieure. D'où l'incitation financière. On m'avait conseillé de ranger les pénalités au placard. Je refuse de reculer sur ce point. Je refuse de reproduire ce qu'on a vu ces dernières années.
Mais mon objectif, ce n'est pas d'engranger des pénalités. Mon objectif, c'est que zéro entreprise soit pénalisée et que toutes les entreprises s'engagent pour leurs seniors. Je n'ai pas voulu d'un dispositif rigide, qui tombe comme un couperet : quand la négociation ne peut aboutir, un plan d'action est possible.
Nous sommes d'autant plus déterminés que les entreprises et les branches peuvent choisir parmi de nombreux dispositifs et qu'elles sont accompagnées.
Je rappelle aux chefs d'entreprise et aux négociateurs de branches qu'ils peuvent choisir 3 domaines d'action parmi les 6 possibles.
Vous pouvez compter sur le soutien des services du travail de l'emploi et de la formation professionnelle, et aussi de vos chambres de commerce et d'industrie, qui peuvent vous conseiller. Des exemples de bonnes pratiques seront donnés tout à l'heure, et vous pouvez aussi vous inspirer de celles qui sont présentées sur le site emploidesseniors.gouv.fr, où figure notamment le guide rédigé par Vigeo. Je pense notamment à la réduction du temps de travail, au passage au tutorat, ou à la formation pour changer de poste.
Vous être libres de choisir à la carte ce qui vous convient. L'essentiel, c'est de montrer que vous voulez faire bouger les choses.
Un grand nombre d'entreprises et de branches se sont déjà engagées en faveur des seniors.
Sept branches ont déjà conclu un accord : les services de l'automobile, le matériel agricole, les vins et spiritueux et les sociétés HLM. 57 branches sont en train de négocier, parmi lesquelles le bâtiment, la propreté, la métallurgie, ou encore l'Union des fédérations de transport. Je salue la Fédération des industriels charcutiers et traiteurs, qui a signé hier un accord sur l'emploi des seniors, juste à temps pour être présent aujourd'hui parmi les signataires !
Je compte sur les partenaires sociaux pour prendre leurs responsabilités, comme l'ont fait les syndicats de la Fédération des industriels charcutiers et traiteurs, et pour aboutir rapidement dans les négociations. Avec cette mesure on a fait le pari du dialogue social dans l'entreprise et dans les branches. On n'applique pas la même toise à tout le monde, mais on demande à tous le monde de jouer le jeu pour donner un coup de pouce aux seniors.
Beaucoup d'entreprises, notamment parmi vous, sont sur le point de signer leurs accords. Vous êtes plusieurs à mener, souvent depuis plusieurs années, une politique originale. C'est le cas chez Carrefour, Alstom, L'Oréal, dans la branche des services de l'automobile, mais aussi dans des PME comme Convers, que j'ai pu entendre il y a 10 jours, lors de la table ronde sur l'emploi des seniors organisée par IMS entreprendre pour la cité.
Tous, vous avez compris l'enjeu d'investir dans les salariés en fin de carrière et de valoriser la formation des seniors. Seuls 20 % des 55 ans et plus ont accès à une formation, contre 38 % des 30-35 ans : on ne peut plus continuer ainsi !
Mon message est clair : il est urgent que chacun de nous, selon nos compétences, nous nous engagions pour permettre aux seniors qui le souhaitent de continuer à travailler. Je souhaite qu'au 1er janvier 2010, zéro entreprise soit pénalisée financièrement. Et c'est seulement si tous les acteurs se mobilisent, si les partenaires sociaux négocient de manière constructive, que nous y parviendrons. Malgré les pressions, il n'est pas question de sacrifier une nouvelle fois les seniors pendant la crise.
Je laisse la parole à Bertrand MARTINOT, Délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, qui va nous présenter en détail les nouvelles mesures en faveur de l'emploi des seniors.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 5 novembre 2009