Texte intégral
J.-M. Aphatie.- On pensait que J.-P. Treiber, l'assassin présumé de G. Giraud et K. Lherbier, vivait dans les bois depuis son évasion de la prison d'Auxerre, le 8 septembre dernier. Puis, finalement, les policiers du RAID l'ont retrouvé dans un appartement à Melun, vendredi. Sa cavale, à J.-P. Treiber, a duré 74 jours, malgré la mobilisation de moyens importants. Comment expliquez-vous une durée de cavale aussi longue ?
Non mais d'abord, première réflexion, c'est que l'interpellation de J.-P. Treiber démontre que lorsque les forces de sécurité, la police et la gendarmerie, en l'occurrence, sont mobilisées, sont gouvernées, sont dirigées, les objectifs ont plus de chances d'être atteints et les résultats surtout d'être au rendez-vous...
Mais il faut du temps quand même, 74 jours !
Attendez, je voudrais simplement donner rapidement quatre exemples sur la dizaine de jours qui viennent d'être écoulés, qui montrent qu'il y a une remobilisation des forces de police, des forces de gendarmerie, au service de la sécurité de nos concitoyens. Premier exemple : ce sont les résultats de la lutte contre la délinquance au mois d'octobre. Il y avait une tendance à la hausse depuis le mois de mars dernier. Cette tendance a été cassée dès le mois de septembre, et elle a été inversée au mois d'octobre, puisque la délinquance générale a baissé de près de 6 % - 5,94 %. Deuxièmement, il ne faut pas le passer sous silence : la cavale de T. Musulin. Voilà quelqu'un qui vole 11,6 millions d'euros. Deux jours seulement, deux jours seulement après ce vol, on récupère l'essentiel du butin. Et quelques jours à peine après, celui-ci se rend. Il ne se rend pas parce qu'il en avait de la liberté, il se rend parce qu'il sentait qu'il était en bout de course. Chacun doit bien donc savoir que dans notre pays, on ne vole pas impunément. Troisième exemple très rapide, et je répondrai ensuite à votre question sur J.-P. Treiber...
C'est trop gentil !
Vous êtes libre de vos questions, mais moi de mes réponses... Le troisième exemple, c'est la bonne tenue du match OM-PSG vendredi soir. Nous avons tiré les leçons d'un certain nombre d'incidents qui étaient survenus antérieurement, avec par exemple la création d'un service spécialement dédié à la lutte contre le hooliganisme. Résultat : il n'y a pas eu d'incident majeur. Cela a rappelé, ce qui devrait être d'ailleurs une évidence, que le sport est d'un moment de détente, et ne doit pas être un moment d'affrontement guerrier.
Et le quatrième exemple...
Et naturellement, on en arrive à J.-P. Treiber...
Ah !
Dès son évasion, je vous rappelle, le 8 septembre, comme vous venez de le souligner, j'avais annoncé dans le scepticisme général, et peut être même d'ailleurs une certaine ironie - peut-être y avez-vous, vous même, d'ailleurs participé -, j'avais annoncé qu'il serait interpellé. Pourquoi je l'avais annoncé aussi clairement ? Je l'avais annoncé, parce que tout simplement, dans notre pays, six évadés sur sept sont repris dans les huit mois. Là, il aura fallu effectivement deux mois et demi, seulement deux mois et demi, pour y parvenir.
Vous jugez "seulement deux mois et demi" ?
Cela signifie tout simplement que je peux rappeler un message : c'est que l'évasion dans notre pays est une voie sans issue.
A quel moment avez-vous compris que J.-P. Treiber ne vivait pas dans les bois, comme il le disait dans ses lettres ?
Bon, d'abord des moyens humains, matériels et techniques très importants ont été mobilisés. Il ne s'agit pas d'un citoyen lambda. C'est quelqu'un qui est effectivement soupçonné d'un double meurtre, d'un double homicide. Alors les moyens humains qui nous ont permis d'arriver à cette conclusion, je veux leurs rendre hommage : c'est la police judiciaire de Strasbourg, parce que sa famille était à Strasbourg.
A quel moment avez-vous compris qu'il ne vivait plus dans les bois ?
Assez vite. Et certainement, en tout cas, à partir du moment où il essayait d'orienter tout le monde sur une épopée qui aurait été la sienne, à la manière de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood, faisant croire qu'il était dans la forêt de Bombon.
Et ceci vous a alerté, vous a laissé penser que ce n'était pas vrai ?
Ceci nous a alertés.
Le procureur d'Auxerre a dit hier que la presse avait gêné la police dans ses investigations. Le confirmez-vous, partagez-vous ce sentiment B. Hortefeux ?
D'abord, et encore une fois, les moyens humains, et c'est très important, c'est la police judiciaire, qui a remarquablement fonctionné. C'est la gendarmerie, parce qu'on l'a pas aussi suffisamment citée, qui a participé aux recherches, notamment dans la forêt de Bombon. Et puis naturellement le RAID. Vous savez, le RAID, c'est une unité d'élite de 170 hommes - avec des femmes d'ailleurs, quelques femmes -, et qui avait déjà montré son efficacité lors de la délivrance des enfants lorsqu'il y a eu la prise d'otages de Human Bomb, en 1993, à Neuilly, ou plus récemment lors de l'interception d'Y. Colonna.
La presse vous a-t-elle gêné dans votre travail ?
Ecoutez, la presse, c'est très simple : autant les forces de sécurité ont été utiles en agissant avec le souci de l'intérêt général, je ne peux pas en dire autant de ceux qui ont effectivement perturbé cette enquête, le plus souvent d'ailleurs, pour être tout à fait clair, pour des raisons mercantiles.
Vous pensez à qui, à quoi ?
La présence de photographes et de journalistes multiples dans la forêt de Bombon, l'achat de photos de fugitifs, cela n'a pas aidé. Et puis, je vais vous dire, la presse elle-même d'ailleurs a été une victime - instrument et victime -, parce ce qu'elle a été totalement instrumentalisée, tentant de faire apparaitre quelqu'un soupçonné de l'assassinat de deux personnes comme un personnage particulièrement sympathique.
Vous en voulez à certains journalistes, ce matin ?
En tout cas, ce qui est certain, c'est que l'attitude de certains n'a pas aidé l'enquête, et je confirme, je persiste et je le dis et l'affirme : cela a gêné cette enquête.
L'Inspection générale des services enquête pour savoir qui au sein de vos services a donné au Figaro Magazine des photos de J.-P. Treiber en cavale. Avez-vous trouvé le coupable ?
Il y a effectivement une enquête de l'Inspection générale. Et je suis persuadé qu'on aura des éléments très rapidement. Mais encore une fois, on a tenté de présenter cet homme sous l'image d'une belle épopée, alors qu'en réalité, il était bien au chaud dans un appartement. Ce n'était pas une grande épopée, c'était tout simplement une cavale avortée. Et l'image était donc un peu tronquée et trompeuse, et la presse y a joué un rôle.
Dans votre première réponse, vous avez parlé de remobilisation de la police en citant quatre exemples. Cela veut donc dire qu'il y avait démobilisation ?
Non, ça signifie tout simplement que d'abord les formes de délinquance ont évolué, qu'il fallait s'adapter, et la police et la gendarmerie ont été très réactives. J'ai pris mes fonctions en juin, et dès le mois de septembre j'ai lancé un certain nombre de mesures. Je ne peux pas naturellement vous en donner les détails, mais en même temps...
Il y avait démobilisation avant que vous ne preniez vos fonctions ?
Non, adaptation. Par exemple, les cambriolages avaient augmenté de manière très forte des résidences principales, plus 14 % en juillet, plus 13 % en août. On a créé dès le mois de septembre, j'ai décidé au mois de septembre la création de cellules anti-cambriolages. Elles se sont mises en place pendant le mois d'octobre. Il y a des cellules dans tous les départements, on obtient déjà des résultats. Et quand y viennent la mobilisation humaine et des moyens techniques, eh bien cela permet d'obtenir des résultats, et je remercie les forces de sécurité qui agissent avec le seul souci de protéger nos concitoyens, ce qui est ma mission.
Chaque auditeur de RTL l'aura bien compris : depuis que vous êtes au ministère de l'Intérieur, il y a remobilisation. Donc avant, il devait bien y avoir démobilisation... Faut-il fermer les entreprises qui emploient des salariés clandestins ?
C'est un sujet très important. Dans la loi que j'avais fait voter sur le regroupement familial, j'avais prévu une disposition prévoyant la régularisation de certains travailleurs sans papiers sous conditions. Et il est naturellement indispensable de lutter, c'est le rôle dans tous les domaines, de lutter contre les fraudes et les abus. Donc s'il y a des entreprises qui sciemment, emploient des travailleurs clandestins, j'ai entendu ce qu'a dit le ministre du Travail, ce que d'ailleurs a confirmé le ministre de l'Immigration, cela me paraît sain. Dans notre pays, il ne doit pas y avoir de la place à la fraude et aux abus. C'est un moyen de lutter contre ceci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 novembre 2009
Non mais d'abord, première réflexion, c'est que l'interpellation de J.-P. Treiber démontre que lorsque les forces de sécurité, la police et la gendarmerie, en l'occurrence, sont mobilisées, sont gouvernées, sont dirigées, les objectifs ont plus de chances d'être atteints et les résultats surtout d'être au rendez-vous...
Mais il faut du temps quand même, 74 jours !
Attendez, je voudrais simplement donner rapidement quatre exemples sur la dizaine de jours qui viennent d'être écoulés, qui montrent qu'il y a une remobilisation des forces de police, des forces de gendarmerie, au service de la sécurité de nos concitoyens. Premier exemple : ce sont les résultats de la lutte contre la délinquance au mois d'octobre. Il y avait une tendance à la hausse depuis le mois de mars dernier. Cette tendance a été cassée dès le mois de septembre, et elle a été inversée au mois d'octobre, puisque la délinquance générale a baissé de près de 6 % - 5,94 %. Deuxièmement, il ne faut pas le passer sous silence : la cavale de T. Musulin. Voilà quelqu'un qui vole 11,6 millions d'euros. Deux jours seulement, deux jours seulement après ce vol, on récupère l'essentiel du butin. Et quelques jours à peine après, celui-ci se rend. Il ne se rend pas parce qu'il en avait de la liberté, il se rend parce qu'il sentait qu'il était en bout de course. Chacun doit bien donc savoir que dans notre pays, on ne vole pas impunément. Troisième exemple très rapide, et je répondrai ensuite à votre question sur J.-P. Treiber...
C'est trop gentil !
Vous êtes libre de vos questions, mais moi de mes réponses... Le troisième exemple, c'est la bonne tenue du match OM-PSG vendredi soir. Nous avons tiré les leçons d'un certain nombre d'incidents qui étaient survenus antérieurement, avec par exemple la création d'un service spécialement dédié à la lutte contre le hooliganisme. Résultat : il n'y a pas eu d'incident majeur. Cela a rappelé, ce qui devrait être d'ailleurs une évidence, que le sport est d'un moment de détente, et ne doit pas être un moment d'affrontement guerrier.
Et le quatrième exemple...
Et naturellement, on en arrive à J.-P. Treiber...
Ah !
Dès son évasion, je vous rappelle, le 8 septembre, comme vous venez de le souligner, j'avais annoncé dans le scepticisme général, et peut être même d'ailleurs une certaine ironie - peut-être y avez-vous, vous même, d'ailleurs participé -, j'avais annoncé qu'il serait interpellé. Pourquoi je l'avais annoncé aussi clairement ? Je l'avais annoncé, parce que tout simplement, dans notre pays, six évadés sur sept sont repris dans les huit mois. Là, il aura fallu effectivement deux mois et demi, seulement deux mois et demi, pour y parvenir.
Vous jugez "seulement deux mois et demi" ?
Cela signifie tout simplement que je peux rappeler un message : c'est que l'évasion dans notre pays est une voie sans issue.
A quel moment avez-vous compris que J.-P. Treiber ne vivait pas dans les bois, comme il le disait dans ses lettres ?
Bon, d'abord des moyens humains, matériels et techniques très importants ont été mobilisés. Il ne s'agit pas d'un citoyen lambda. C'est quelqu'un qui est effectivement soupçonné d'un double meurtre, d'un double homicide. Alors les moyens humains qui nous ont permis d'arriver à cette conclusion, je veux leurs rendre hommage : c'est la police judiciaire de Strasbourg, parce que sa famille était à Strasbourg.
A quel moment avez-vous compris qu'il ne vivait plus dans les bois ?
Assez vite. Et certainement, en tout cas, à partir du moment où il essayait d'orienter tout le monde sur une épopée qui aurait été la sienne, à la manière de Robin des Bois dans la forêt de Sherwood, faisant croire qu'il était dans la forêt de Bombon.
Et ceci vous a alerté, vous a laissé penser que ce n'était pas vrai ?
Ceci nous a alertés.
Le procureur d'Auxerre a dit hier que la presse avait gêné la police dans ses investigations. Le confirmez-vous, partagez-vous ce sentiment B. Hortefeux ?
D'abord, et encore une fois, les moyens humains, et c'est très important, c'est la police judiciaire, qui a remarquablement fonctionné. C'est la gendarmerie, parce qu'on l'a pas aussi suffisamment citée, qui a participé aux recherches, notamment dans la forêt de Bombon. Et puis naturellement le RAID. Vous savez, le RAID, c'est une unité d'élite de 170 hommes - avec des femmes d'ailleurs, quelques femmes -, et qui avait déjà montré son efficacité lors de la délivrance des enfants lorsqu'il y a eu la prise d'otages de Human Bomb, en 1993, à Neuilly, ou plus récemment lors de l'interception d'Y. Colonna.
La presse vous a-t-elle gêné dans votre travail ?
Ecoutez, la presse, c'est très simple : autant les forces de sécurité ont été utiles en agissant avec le souci de l'intérêt général, je ne peux pas en dire autant de ceux qui ont effectivement perturbé cette enquête, le plus souvent d'ailleurs, pour être tout à fait clair, pour des raisons mercantiles.
Vous pensez à qui, à quoi ?
La présence de photographes et de journalistes multiples dans la forêt de Bombon, l'achat de photos de fugitifs, cela n'a pas aidé. Et puis, je vais vous dire, la presse elle-même d'ailleurs a été une victime - instrument et victime -, parce ce qu'elle a été totalement instrumentalisée, tentant de faire apparaitre quelqu'un soupçonné de l'assassinat de deux personnes comme un personnage particulièrement sympathique.
Vous en voulez à certains journalistes, ce matin ?
En tout cas, ce qui est certain, c'est que l'attitude de certains n'a pas aidé l'enquête, et je confirme, je persiste et je le dis et l'affirme : cela a gêné cette enquête.
L'Inspection générale des services enquête pour savoir qui au sein de vos services a donné au Figaro Magazine des photos de J.-P. Treiber en cavale. Avez-vous trouvé le coupable ?
Il y a effectivement une enquête de l'Inspection générale. Et je suis persuadé qu'on aura des éléments très rapidement. Mais encore une fois, on a tenté de présenter cet homme sous l'image d'une belle épopée, alors qu'en réalité, il était bien au chaud dans un appartement. Ce n'était pas une grande épopée, c'était tout simplement une cavale avortée. Et l'image était donc un peu tronquée et trompeuse, et la presse y a joué un rôle.
Dans votre première réponse, vous avez parlé de remobilisation de la police en citant quatre exemples. Cela veut donc dire qu'il y avait démobilisation ?
Non, ça signifie tout simplement que d'abord les formes de délinquance ont évolué, qu'il fallait s'adapter, et la police et la gendarmerie ont été très réactives. J'ai pris mes fonctions en juin, et dès le mois de septembre j'ai lancé un certain nombre de mesures. Je ne peux pas naturellement vous en donner les détails, mais en même temps...
Il y avait démobilisation avant que vous ne preniez vos fonctions ?
Non, adaptation. Par exemple, les cambriolages avaient augmenté de manière très forte des résidences principales, plus 14 % en juillet, plus 13 % en août. On a créé dès le mois de septembre, j'ai décidé au mois de septembre la création de cellules anti-cambriolages. Elles se sont mises en place pendant le mois d'octobre. Il y a des cellules dans tous les départements, on obtient déjà des résultats. Et quand y viennent la mobilisation humaine et des moyens techniques, eh bien cela permet d'obtenir des résultats, et je remercie les forces de sécurité qui agissent avec le seul souci de protéger nos concitoyens, ce qui est ma mission.
Chaque auditeur de RTL l'aura bien compris : depuis que vous êtes au ministère de l'Intérieur, il y a remobilisation. Donc avant, il devait bien y avoir démobilisation... Faut-il fermer les entreprises qui emploient des salariés clandestins ?
C'est un sujet très important. Dans la loi que j'avais fait voter sur le regroupement familial, j'avais prévu une disposition prévoyant la régularisation de certains travailleurs sans papiers sous conditions. Et il est naturellement indispensable de lutter, c'est le rôle dans tous les domaines, de lutter contre les fraudes et les abus. Donc s'il y a des entreprises qui sciemment, emploient des travailleurs clandestins, j'ai entendu ce qu'a dit le ministre du Travail, ce que d'ailleurs a confirmé le ministre de l'Immigration, cela me paraît sain. Dans notre pays, il ne doit pas y avoir de la place à la fraude et aux abus. C'est un moyen de lutter contre ceci.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 novembre 2009