Texte intégral
Chère Roselyne,
Mesdames et Messieurs les directeurs et directrices,
Mesdames et Messieurs,
L'eau donne la vie. Les médicaments contribuent à la préserver.
Mis ensemble dans la nature, ils peuvent être nocifs.
Cette sorte de paradoxe est tout l'enjeu de ce premier Comité.
Techniquement, sa vocation est double :
- participer à l'élaboration du futur plan national sur les résidus de médicaments dans l'eau
- assurer le suivi du plan
La question de la maîtrise des risques liés aux résidus de médicaments dans les eaux n'est pas nouvelle. Elle faisait partie des conclusions des tables rondes du Grenelle Environnement.
Le Plan national santé environnement l'a intégrée. C'est d'ailleurs l'une de ses douze actions qualifiées de « phares » par le plan.
Il ne nous reste plus qu'à être à la hauteur de notre ambition... Pardon : nous allons être à la hauteur !
Pour ce faire, je vous livrerai trois convictions :
Nous devons adopter une approche « grenellienne ».
Nous sommes en phase avec Roselyne BACHELOT. Des administrations de l'Etat aux associations environnementales en passant par les professionnels de la santé, l'industrie et les patients : il est indispensable que les acteurs soient là ; que la société française soit là.
Pourquoi ?
Parce que nous sommes au coeur d'une question environnementale. Or depuis le Grenelle de l'environnement, en la matière, plus aucune décision d'importance ne se prendra sans la participation de la société.
Et encore plus devant un sujet à la croisée de l'environnement et de la santé publique.
Et puis, sur la forme, c'est-à-dire sur la méthode, c'est collégialement que nous apporterons des réponses à la problématique posée.
Celle-ci est large :
- quels sont les rejets réels de résidus de médicaments dans les milieux aquatiques ?
- quels sont les risques sanitaires pour les usagers (eau potable) et les risques pour l'environnement (je pense notamment à la faune aquatique) ?
- comment agir ?
Mais notre travail va bien au-delà... Il touche -il va toucher du doigt- la notion même de risques émergents.
Cela veut dire qu'il oblige à intervenir en amont , dans un effort d'anticipation... bref, avant que nous ne soyons confrontés à des problèmes environnementaux ou de santé avérés et graves.
Et il est vrai, aujourd'hui, sur cette question des médicaments dans l'eau, des signaux d'alarme s'allument.
Quels sont-ils ?
- C'est la présence d'une vingtaine de molécules médicamenteuses dans les eaux potables à des concentrations variant de quelques nanogrammes à quelques centaines de nanogrammes par litre (ng/L).
- C'est la « féminisation » des poissons. Ce type d'observations -parmi d'autres- confirme le risque environnemental ou pour le moins suscite des interrogations.
- Les interactions possibles avec d'autres polluants (par exemple résidus de pesticides ou rejets chimiques) présents dans l'eau sont inconnues.
Ce faisceau d'indices suffit pour nous convaincre qu'il faut agir...
Mais agir, non sous l'emprise de la passion du moment mais avec raison.
Ce sera, ici, un point essentiel du plan à venir :
L'acquisition de connaissances et la recherche tiendront une part très importante voire essentielle.
Quel est notre objectif ?
* D'abord, disposer d'une réelle anticipation et d'une rationalisation des efforts mis en oeuvre.
Nous avons besoin de l'expertise développée par le monde scientifique. Il est indispensable d'adosser à ce comité de pilotage un comité scientifique de disciplines larges.
Et ici, j'ai toute confiance dans le Professeur Yves LEVI, qui sera rapporteur de ce groupe d'appui scientifique auprès du comité de pilotage.
* Ensuite, nous souhaitons mettre en place une expertise scientifique collective afin de fédérer et mutualiser les travaux des équipes de recherche.
Vous me permettrez de penser que c'est une très bonne chose cette collaboration entre le monde de l'expertise sanitaire et celui de l'environnement. Les cloisons sont trop souvent imperméables en matière de recherche -et pas seulement d'ailleurs... Nous ne pouvons plus faire l'économie d'une mutualisation des expertises.
Imaginons des pistes de travail. Il n'est pas question que ce plan se résume à des études.
Une série de propositions sur le contenu du futur plan vous ont été faites aujourd'hui. Elles ne viennent pas de nulle part.
Elles résultent en partie de discussions issues :
- du colloque d'octobre 2008 sur les « Résidus de médicaments dans l'eau »
- mais surtout du séminaire organisé par l'ONEMA de mai dernier consacré aux besoins d'acquisition de connaissance sur la présence et les risques associés des résidus de médicaments dans l'eau.
Les pistes à explorer essaient de prendre en compte l'intégralité des questions qui se posent à nous aujourd'hui :
- En amont les besoins d'acquisition de connaissances relatives à la présence, au devenir et aux effets de ces médicaments sur l'environnement et sur la santé humaine ;
- Et, d'ores-et-déjà, de travailler au contrôle et à la réduction des émissions de médicaments dans l'environnement. C'est l'objectif ultime visé par le plan.
Nous nous saisissons à temps de ce sujet complexe et important.
Mais une fois encore, nous ne pourrons pas élaborer notre plan, notre feuille de route, avant vos contributions. Le plan vous appartient.
Imaginez. Réfléchissez. Proposez !
Les quelques mois de travail qui vous attendent pour finaliser ce plan sont un luxe lorsque l'on connait le temps de l'action publique !
Profitez-en pour travailler sereinement... et donc efficacement !
Pour finir, je voudrais rappeler que cette préoccupation concernant les résidus de médicaments dans l'eau s'intègre dans une politique plus large de lutte contre la pollution des milieux aquatiques.
C'est un sujet central pour le Ministère de l'écologie. Nous conduisons de nombreuses actions et cela depuis longtemps. Je pense en particulier aux micropolluants et aux perturbateurs endocriniens.
Mais nous serons en mesure de présenter, avant le printemps 2010, la stratégie globale de réduction de la présence des substances chimiques dans les milieux aquatiques, pour les quatre ans à venir.
La stratégie nous permettra de répondre aux objectifs de la directive cadre sur l'eau. Mais au-delà, nous voulons anticiper la mise en oeuvre d'actions sur des substances non réglementées à ce jour.
Enfin cette stratégie permettra de développer nos connaissances en matière de surveillance des substances émergentes dans l'environnement et d'évaluation de leur impact.
A l'aube de l'année 2010, année internationale de la biodiversité, et alors que nous n'atteindrons pas l'objectif de stopper la perte de biodiversité, je voudrais appeler votre attention sur la contribution de ce plan à la protection de la faune aquatique.
Celle-ci connait aujourd'hui des diminutions de population importantes liées tant aux modifications physico chimiques que biologiques des eaux mais également des modifications dans les sex ratio des populations qui pourraient être liées aux résidus médicamenteux.
A un moment où nous nous employons à restaurer les continuités écologiques des cours d'eaux, il ne serait pas compréhensible parallèlement de ne pas agir sur les résidus médicamenteux.
Mesdames, Messieurs,
Avant de passer la parole à Roselyne BACHELOT, je voudrais vous dire que nous nous attelons à un sujet complexe mais ô combien stimulant scientifiquement et par les enjeux qu'il porte.
L'attente est grande. A vous de nous éclairer.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 9 décembre 2009
Mesdames et Messieurs les directeurs et directrices,
Mesdames et Messieurs,
L'eau donne la vie. Les médicaments contribuent à la préserver.
Mis ensemble dans la nature, ils peuvent être nocifs.
Cette sorte de paradoxe est tout l'enjeu de ce premier Comité.
Techniquement, sa vocation est double :
- participer à l'élaboration du futur plan national sur les résidus de médicaments dans l'eau
- assurer le suivi du plan
La question de la maîtrise des risques liés aux résidus de médicaments dans les eaux n'est pas nouvelle. Elle faisait partie des conclusions des tables rondes du Grenelle Environnement.
Le Plan national santé environnement l'a intégrée. C'est d'ailleurs l'une de ses douze actions qualifiées de « phares » par le plan.
Il ne nous reste plus qu'à être à la hauteur de notre ambition... Pardon : nous allons être à la hauteur !
Pour ce faire, je vous livrerai trois convictions :
Nous devons adopter une approche « grenellienne ».
Nous sommes en phase avec Roselyne BACHELOT. Des administrations de l'Etat aux associations environnementales en passant par les professionnels de la santé, l'industrie et les patients : il est indispensable que les acteurs soient là ; que la société française soit là.
Pourquoi ?
Parce que nous sommes au coeur d'une question environnementale. Or depuis le Grenelle de l'environnement, en la matière, plus aucune décision d'importance ne se prendra sans la participation de la société.
Et encore plus devant un sujet à la croisée de l'environnement et de la santé publique.
Et puis, sur la forme, c'est-à-dire sur la méthode, c'est collégialement que nous apporterons des réponses à la problématique posée.
Celle-ci est large :
- quels sont les rejets réels de résidus de médicaments dans les milieux aquatiques ?
- quels sont les risques sanitaires pour les usagers (eau potable) et les risques pour l'environnement (je pense notamment à la faune aquatique) ?
- comment agir ?
Mais notre travail va bien au-delà... Il touche -il va toucher du doigt- la notion même de risques émergents.
Cela veut dire qu'il oblige à intervenir en amont , dans un effort d'anticipation... bref, avant que nous ne soyons confrontés à des problèmes environnementaux ou de santé avérés et graves.
Et il est vrai, aujourd'hui, sur cette question des médicaments dans l'eau, des signaux d'alarme s'allument.
Quels sont-ils ?
- C'est la présence d'une vingtaine de molécules médicamenteuses dans les eaux potables à des concentrations variant de quelques nanogrammes à quelques centaines de nanogrammes par litre (ng/L).
- C'est la « féminisation » des poissons. Ce type d'observations -parmi d'autres- confirme le risque environnemental ou pour le moins suscite des interrogations.
- Les interactions possibles avec d'autres polluants (par exemple résidus de pesticides ou rejets chimiques) présents dans l'eau sont inconnues.
Ce faisceau d'indices suffit pour nous convaincre qu'il faut agir...
Mais agir, non sous l'emprise de la passion du moment mais avec raison.
Ce sera, ici, un point essentiel du plan à venir :
L'acquisition de connaissances et la recherche tiendront une part très importante voire essentielle.
Quel est notre objectif ?
* D'abord, disposer d'une réelle anticipation et d'une rationalisation des efforts mis en oeuvre.
Nous avons besoin de l'expertise développée par le monde scientifique. Il est indispensable d'adosser à ce comité de pilotage un comité scientifique de disciplines larges.
Et ici, j'ai toute confiance dans le Professeur Yves LEVI, qui sera rapporteur de ce groupe d'appui scientifique auprès du comité de pilotage.
* Ensuite, nous souhaitons mettre en place une expertise scientifique collective afin de fédérer et mutualiser les travaux des équipes de recherche.
Vous me permettrez de penser que c'est une très bonne chose cette collaboration entre le monde de l'expertise sanitaire et celui de l'environnement. Les cloisons sont trop souvent imperméables en matière de recherche -et pas seulement d'ailleurs... Nous ne pouvons plus faire l'économie d'une mutualisation des expertises.
Imaginons des pistes de travail. Il n'est pas question que ce plan se résume à des études.
Une série de propositions sur le contenu du futur plan vous ont été faites aujourd'hui. Elles ne viennent pas de nulle part.
Elles résultent en partie de discussions issues :
- du colloque d'octobre 2008 sur les « Résidus de médicaments dans l'eau »
- mais surtout du séminaire organisé par l'ONEMA de mai dernier consacré aux besoins d'acquisition de connaissance sur la présence et les risques associés des résidus de médicaments dans l'eau.
Les pistes à explorer essaient de prendre en compte l'intégralité des questions qui se posent à nous aujourd'hui :
- En amont les besoins d'acquisition de connaissances relatives à la présence, au devenir et aux effets de ces médicaments sur l'environnement et sur la santé humaine ;
- Et, d'ores-et-déjà, de travailler au contrôle et à la réduction des émissions de médicaments dans l'environnement. C'est l'objectif ultime visé par le plan.
Nous nous saisissons à temps de ce sujet complexe et important.
Mais une fois encore, nous ne pourrons pas élaborer notre plan, notre feuille de route, avant vos contributions. Le plan vous appartient.
Imaginez. Réfléchissez. Proposez !
Les quelques mois de travail qui vous attendent pour finaliser ce plan sont un luxe lorsque l'on connait le temps de l'action publique !
Profitez-en pour travailler sereinement... et donc efficacement !
Pour finir, je voudrais rappeler que cette préoccupation concernant les résidus de médicaments dans l'eau s'intègre dans une politique plus large de lutte contre la pollution des milieux aquatiques.
C'est un sujet central pour le Ministère de l'écologie. Nous conduisons de nombreuses actions et cela depuis longtemps. Je pense en particulier aux micropolluants et aux perturbateurs endocriniens.
Mais nous serons en mesure de présenter, avant le printemps 2010, la stratégie globale de réduction de la présence des substances chimiques dans les milieux aquatiques, pour les quatre ans à venir.
La stratégie nous permettra de répondre aux objectifs de la directive cadre sur l'eau. Mais au-delà, nous voulons anticiper la mise en oeuvre d'actions sur des substances non réglementées à ce jour.
Enfin cette stratégie permettra de développer nos connaissances en matière de surveillance des substances émergentes dans l'environnement et d'évaluation de leur impact.
A l'aube de l'année 2010, année internationale de la biodiversité, et alors que nous n'atteindrons pas l'objectif de stopper la perte de biodiversité, je voudrais appeler votre attention sur la contribution de ce plan à la protection de la faune aquatique.
Celle-ci connait aujourd'hui des diminutions de population importantes liées tant aux modifications physico chimiques que biologiques des eaux mais également des modifications dans les sex ratio des populations qui pourraient être liées aux résidus médicamenteux.
A un moment où nous nous employons à restaurer les continuités écologiques des cours d'eaux, il ne serait pas compréhensible parallèlement de ne pas agir sur les résidus médicamenteux.
Mesdames, Messieurs,
Avant de passer la parole à Roselyne BACHELOT, je voudrais vous dire que nous nous attelons à un sujet complexe mais ô combien stimulant scientifiquement et par les enjeux qu'il porte.
L'attente est grande. A vous de nous éclairer.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 9 décembre 2009