Texte intégral
Je suis particulièrement heureux de vous retrouver ici, en présence de Monsieur Yves Michaud, pour vous parler de l'avenir de l'université de tous les savoirs.
Le succès des émissions scientifiques, des rubriques de vulgarisation, des débats, le succès considérable de l'Université de tous les savoirs en 2000 montrent qu'il existe un très grand appétit de connaissance et de réflexion dans notre société.
Un appétit qui dit un besoin et un désir de savoir
Le besoin de savoir
Un besoin d'abord, parce que les individus se rendent compte aujourd'hui que la connaissance, la technique, des pratiques exigeantes déterminent pour le meilleur, mais parfois pour le pire, la vie de nos sociétés. La technologie a envahi notre existence et nous entretenons toujours souvent un rapport magique, je dirais même superstitieux à ses objets. C'est encore évident lorsque l'on considère l'importance prise par le savoir dans la définition des politiques. Il est devenu impossible de se repérer, de se faire une opinion raisonnée sur bien des sujets si l'on ne possède pas certaines connaissances. Devant les difficiles questions soulevées par les problèmes de santé alimentaire, par celles, redoutables, que pose la biologie quand elle rencontre l'éthique, il faut pouvoir juger sans céder aux préjugés ou aux fantasmes. Je pense encore à la production d'énergie
La culture ne saurait se limiter à ce qu'on appelait naguère les "humanités". Il faut se rendre à l'évidence : nous devons de plus en plus compter avec les connaissances scientifiques et techniques. Savoir où nous en sommes avec elles pour vivre avec et grâce à elles. Elles sont aujourd'hui de plus en plus nombreuses, de plus en plus complexes. Voilà pourquoi il est absolument indispensable de créer des espaces et des pratiques pour diffuser la connaissance. Il faut que des forums permanents mettent en contact le monde savant et la société. Le savoir ne doit plus être partagé seulement par quelques initiés.
Le désir de savoir
Ce qui est fascinant, encourageant, c'est que ce besoin a rejoint le plaisir d'apprendre, il a fait naître le désir de savoir. La fréquentation de l'Université en est la plus belle preuve. Cela montre l'envie d'acquérir des savoirs tout au long de sa vie pour maîtriser les données et les enjeux actuels de la connaissance, pour pouvoir se former éventuellement une vision critique. Loin des plaisirs faciles, du seul divertissement, l'Université de tous les savoirs montre l'engouement qui peut naître de l'exigence scientifique, de l'interrogation critique.
Retrouver l'esprit des Lumières
Tout cela nous montre l'actualité de ce qu'on appelle les Lumières, la modernité des Encyclopédistes et de leur volonté de diffuser le plus largement le savoir sans jamais sacrifier l'exigence. La connaissance a une portée émancipatrice, une valeur authentiquement démocratique. L'une des grandes réussites de l'Université de tous les savoirs, c'est bien d'avoir fait sortir le savoir de ses murs, d'avoir fait éclater le carcan des générations. Elle a vraiment su renouer avec l'idée d'universalité. Universalité d'abord parce qu'elle a su s'adresser à tous, universalité encore parce qu'elle a su intégrer tous les savoirs, présenter des exposés sans concessions des connaissances les plus diverses et de leurs perspectives. Tout cela dans le cadre du service public.
C'est en effet une mission de service public que de permettre la rencontre entre ceux qui élaborent la connaissance, les chercheurs, les ingénieurs, les décideurs, et la société. C'est une mission de service public que d'offrir la diffusion du savoir par tous les moyens possibles. À travers des conférences, des débats, des interventions dans les médias. Cette tâche de vulgarisation est l'honneur de l'Université de tous les savoirs.
L'avenir de l'Université de tous les savoirs
L'université de tous les savoirs, à travers les 366 conférences données tout au long de l'année de l'an 2000, a connu un succès considérable parce qu'elle a justement réussi à mettre en relation directe le grand public, qui est en fait composé de publics aussi divers que le sont les hommes de nos sociétés, et les spécialistes. Le pari était celui de la rencontre démocratique et éducative entre celui qui élabore un savoir, y compris un savoir des limites de son savoir, et les autres qui veulent savoir, qui veulent se faire une idée de la situation où ils se trouvent. Dès la fin de la manifestation de l'an 2000, la demande qu'elle se poursuive a été très forte. Elle est venue de tous côtés. Elle est venue, comme on pouvait s'y attendre, non seulement du public, de ceux qui avaient suivi les conférences soit sur place, soit à la radio, soit encore à la télévision ou sur Internet, mais aussi des gens du monde savant qui avaient trouvé là un lieu, une tribune où rencontrer et s'adresser au public.
Il n'était pas possible de continuer tout de suite, ne serait-ce que parce que l'équipe des organisateurs avait besoin de se reposer d'un tel marathon. Il fallait aussi trouver une formule renouvelée car l'événement de l'année 2000 ne pouvait se transformer en une manifestation permanente qui aurait vite été figée.
J'ai donc demandé à Yves Michaud, qui avait conçu la première Université de tous les savoirs, d'en imaginer la suite. Celle-ci se présentera désormais, avec un rythme allégé, comme un lieu où la connaissance et la réflexion en train de se faire pourront être présentées au grand public par ceux même qui sont en train de les élaborer.
Durant l'été, une série continue de conférences traitera d'un thème de science d'actualité avec un effort pour envisager les choses de manière transversale et transdisciplinaire, comme cette année en juillet où il sera question des renouvellements de l'observation et des techniques d'observation dans les sciences, depuis les sciences de l'univers jusqu'aux sciences du corps et de la vie humains.
Ensuite, chaque semaine à partir de la rentrée, une ou deux conférences permettront la présentation des avancées nouvelles de la connaissance. Je souhaite que ces conférences soient non seulement l'occasion de la réflexion mais qu'elles permettent aussi à nos grands établissements d'enseignement et de recherche de montrer, à travers leurs chercheurs et enseignants, leur richesse et leur dynamisme qui sont souvent mal connus.
Cette université de tous les savoirs aura encore un rôle à jouer comme vitrine de la recherche dans notre pays et comme phare de la francophonie.
En encourageant la continuation de l'Université de tous les savoirs, j'ai le sentiment de faire plus que répondre à un besoin - de contribuer à la mise en place d'un espace démocratique d'information et de réflexion qui permettra aux citoyens de se faire une idée, de dire leur mot sur des activités qui nous concernent dans tous les aspects de notre vie.
Il n'y a pas d'âge pour la connaissance. L'éducation doit se poursuivre de manière continue et permanente, tout au long de la vie. L'Université de tous les savoirs doit avoir pour rôle non seulement d'y contribuer mais aussi de développer et de répandre cet esprit de recherche et de réflexion.
Je remercie Monsieur Pierre Daumard, Président de l'Université René Descartes Paris V, d'accueillir cette suite de l'université de tous les savoirs, de lui apporter le soutien de l'Université et de mettre à sa disposition un vaste amphithéâtre qui permettra de recevoir tous les auditeurs.
Je remercie Monsieur l'ambassadeur Bruno Delaye, qui a la tête de la direction de la coopération internationale et du développement du Ministère des affaires étrangères, soutient la diffusion internationale de l'Université de tous les savoirs.
Je remercie Madame Françoise Thibault à la direction de la technologie du Ministère de l'éducation nationale et du Ministère de la recherche dont les services permettent la diffusion Internet des conférences de l'Université de tous les savoirs, notamment à travers la chaine Canal-u.
Je remercie tous les médias, notamment France Culture, France Info, Le Monde, la Cinquième, qui continueront à accompagner la diffusion de l'Université de tous les savoirs.
Je remercie les éditions Odile Jacob d'ouvrir un site Internet de diffusion de l'Université de tous les savoirs.
Je voudrais enfin remercier Jean-Jacques Aillagon, le Président de la Mission 2000 en France, qui eut la belle idée de ce projet et Serge Louveau, administrateur de la Mission, d'avoir accepté avec enthousiasme que le Ministère de l'éducation nationale donne une seconde vie à leur projet.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 14 juin 2001)
Le succès des émissions scientifiques, des rubriques de vulgarisation, des débats, le succès considérable de l'Université de tous les savoirs en 2000 montrent qu'il existe un très grand appétit de connaissance et de réflexion dans notre société.
Un appétit qui dit un besoin et un désir de savoir
Le besoin de savoir
Un besoin d'abord, parce que les individus se rendent compte aujourd'hui que la connaissance, la technique, des pratiques exigeantes déterminent pour le meilleur, mais parfois pour le pire, la vie de nos sociétés. La technologie a envahi notre existence et nous entretenons toujours souvent un rapport magique, je dirais même superstitieux à ses objets. C'est encore évident lorsque l'on considère l'importance prise par le savoir dans la définition des politiques. Il est devenu impossible de se repérer, de se faire une opinion raisonnée sur bien des sujets si l'on ne possède pas certaines connaissances. Devant les difficiles questions soulevées par les problèmes de santé alimentaire, par celles, redoutables, que pose la biologie quand elle rencontre l'éthique, il faut pouvoir juger sans céder aux préjugés ou aux fantasmes. Je pense encore à la production d'énergie
La culture ne saurait se limiter à ce qu'on appelait naguère les "humanités". Il faut se rendre à l'évidence : nous devons de plus en plus compter avec les connaissances scientifiques et techniques. Savoir où nous en sommes avec elles pour vivre avec et grâce à elles. Elles sont aujourd'hui de plus en plus nombreuses, de plus en plus complexes. Voilà pourquoi il est absolument indispensable de créer des espaces et des pratiques pour diffuser la connaissance. Il faut que des forums permanents mettent en contact le monde savant et la société. Le savoir ne doit plus être partagé seulement par quelques initiés.
Le désir de savoir
Ce qui est fascinant, encourageant, c'est que ce besoin a rejoint le plaisir d'apprendre, il a fait naître le désir de savoir. La fréquentation de l'Université en est la plus belle preuve. Cela montre l'envie d'acquérir des savoirs tout au long de sa vie pour maîtriser les données et les enjeux actuels de la connaissance, pour pouvoir se former éventuellement une vision critique. Loin des plaisirs faciles, du seul divertissement, l'Université de tous les savoirs montre l'engouement qui peut naître de l'exigence scientifique, de l'interrogation critique.
Retrouver l'esprit des Lumières
Tout cela nous montre l'actualité de ce qu'on appelle les Lumières, la modernité des Encyclopédistes et de leur volonté de diffuser le plus largement le savoir sans jamais sacrifier l'exigence. La connaissance a une portée émancipatrice, une valeur authentiquement démocratique. L'une des grandes réussites de l'Université de tous les savoirs, c'est bien d'avoir fait sortir le savoir de ses murs, d'avoir fait éclater le carcan des générations. Elle a vraiment su renouer avec l'idée d'universalité. Universalité d'abord parce qu'elle a su s'adresser à tous, universalité encore parce qu'elle a su intégrer tous les savoirs, présenter des exposés sans concessions des connaissances les plus diverses et de leurs perspectives. Tout cela dans le cadre du service public.
C'est en effet une mission de service public que de permettre la rencontre entre ceux qui élaborent la connaissance, les chercheurs, les ingénieurs, les décideurs, et la société. C'est une mission de service public que d'offrir la diffusion du savoir par tous les moyens possibles. À travers des conférences, des débats, des interventions dans les médias. Cette tâche de vulgarisation est l'honneur de l'Université de tous les savoirs.
L'avenir de l'Université de tous les savoirs
L'université de tous les savoirs, à travers les 366 conférences données tout au long de l'année de l'an 2000, a connu un succès considérable parce qu'elle a justement réussi à mettre en relation directe le grand public, qui est en fait composé de publics aussi divers que le sont les hommes de nos sociétés, et les spécialistes. Le pari était celui de la rencontre démocratique et éducative entre celui qui élabore un savoir, y compris un savoir des limites de son savoir, et les autres qui veulent savoir, qui veulent se faire une idée de la situation où ils se trouvent. Dès la fin de la manifestation de l'an 2000, la demande qu'elle se poursuive a été très forte. Elle est venue de tous côtés. Elle est venue, comme on pouvait s'y attendre, non seulement du public, de ceux qui avaient suivi les conférences soit sur place, soit à la radio, soit encore à la télévision ou sur Internet, mais aussi des gens du monde savant qui avaient trouvé là un lieu, une tribune où rencontrer et s'adresser au public.
Il n'était pas possible de continuer tout de suite, ne serait-ce que parce que l'équipe des organisateurs avait besoin de se reposer d'un tel marathon. Il fallait aussi trouver une formule renouvelée car l'événement de l'année 2000 ne pouvait se transformer en une manifestation permanente qui aurait vite été figée.
J'ai donc demandé à Yves Michaud, qui avait conçu la première Université de tous les savoirs, d'en imaginer la suite. Celle-ci se présentera désormais, avec un rythme allégé, comme un lieu où la connaissance et la réflexion en train de se faire pourront être présentées au grand public par ceux même qui sont en train de les élaborer.
Durant l'été, une série continue de conférences traitera d'un thème de science d'actualité avec un effort pour envisager les choses de manière transversale et transdisciplinaire, comme cette année en juillet où il sera question des renouvellements de l'observation et des techniques d'observation dans les sciences, depuis les sciences de l'univers jusqu'aux sciences du corps et de la vie humains.
Ensuite, chaque semaine à partir de la rentrée, une ou deux conférences permettront la présentation des avancées nouvelles de la connaissance. Je souhaite que ces conférences soient non seulement l'occasion de la réflexion mais qu'elles permettent aussi à nos grands établissements d'enseignement et de recherche de montrer, à travers leurs chercheurs et enseignants, leur richesse et leur dynamisme qui sont souvent mal connus.
Cette université de tous les savoirs aura encore un rôle à jouer comme vitrine de la recherche dans notre pays et comme phare de la francophonie.
En encourageant la continuation de l'Université de tous les savoirs, j'ai le sentiment de faire plus que répondre à un besoin - de contribuer à la mise en place d'un espace démocratique d'information et de réflexion qui permettra aux citoyens de se faire une idée, de dire leur mot sur des activités qui nous concernent dans tous les aspects de notre vie.
Il n'y a pas d'âge pour la connaissance. L'éducation doit se poursuivre de manière continue et permanente, tout au long de la vie. L'Université de tous les savoirs doit avoir pour rôle non seulement d'y contribuer mais aussi de développer et de répandre cet esprit de recherche et de réflexion.
Je remercie Monsieur Pierre Daumard, Président de l'Université René Descartes Paris V, d'accueillir cette suite de l'université de tous les savoirs, de lui apporter le soutien de l'Université et de mettre à sa disposition un vaste amphithéâtre qui permettra de recevoir tous les auditeurs.
Je remercie Monsieur l'ambassadeur Bruno Delaye, qui a la tête de la direction de la coopération internationale et du développement du Ministère des affaires étrangères, soutient la diffusion internationale de l'Université de tous les savoirs.
Je remercie Madame Françoise Thibault à la direction de la technologie du Ministère de l'éducation nationale et du Ministère de la recherche dont les services permettent la diffusion Internet des conférences de l'Université de tous les savoirs, notamment à travers la chaine Canal-u.
Je remercie tous les médias, notamment France Culture, France Info, Le Monde, la Cinquième, qui continueront à accompagner la diffusion de l'Université de tous les savoirs.
Je remercie les éditions Odile Jacob d'ouvrir un site Internet de diffusion de l'Université de tous les savoirs.
Je voudrais enfin remercier Jean-Jacques Aillagon, le Président de la Mission 2000 en France, qui eut la belle idée de ce projet et Serge Louveau, administrateur de la Mission, d'avoir accepté avec enthousiasme que le Ministère de l'éducation nationale donne une seconde vie à leur projet.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 14 juin 2001)