Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur l'accompagnement économique des restructurations de la défense, notamment dans la région Centre et à Bourges, Bourges le 15 juin 2001.

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Circonstance : Visite au centre d'appel Infomobile, Bourges le 15 juin 2001

Texte intégral

Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d'être aujourd'hui à Bourges pour saluer l'implantation du centre d'appel de la société Infomobile. C'est un événement important pour la ville et sa région, qui est le fruit d'une concertation bien conduite autour du projet de reconversion de cette emprise de la Défense.
Cette opération s'inscrit pleinement dans la politique d'accompagnement économique et social des restructurations de la défense que je conduis depuis 1997.
L'évolution de la situation stratégique européenne et mondiale a en effet conduit notre pays à transformer profondément ses armées : la nouvelle défense professionnelle moins nombreuse et plus mobile a dû quitter certaines de ses implantations, et se séparer d'une partie de ses emprises foncières.
Le souci de l'aménagement du territoire s'est toujours manifesté dans l'élaboration des mesures de restructurations. L'impact significatif de certaines de ces mesures sur les bassins d'emplois et sur le personnel concerné a nécessité la mise en place d'un dispositif d'accompagnement économique et social de grande ampleur. Le devenir des emprises militaires libérées appelait également un appui important en vue de leur reconversion.
L'Etat a engagé pour cela des moyens financiers très importants, tout comme l'Union européenne. L'Etat a également mis à disposition les capacités humaines nécessaires sur certains bassins d'emploi, avec l'aide efficace des sociétés de conversion. Avec ces moyens et en se donnant du temps, grâce aussi à un délai de deux à quatre ans que nous nous sommes imposés entre l'annonce des mesures et leur réalisation, de nombreuses actions de diversification des bassins d'emploi ont pu être encouragées, par le soutien des projets de reconversion économique au plus près des réalités du terrain.
Dans le même temps, une démarche de partenariat rassemblant les acteurs politiques, économiques et sociaux et mobilisant sur des objectifs communs tous les moyens disponibles, était développée.
Cette démarche concertée a pris appui sur les conventions d'accompagnement des restructurations conclues entre l'Etat et les régions les plus concernées - au rang desquelles figure la région Centre et a été mise en uvre ensuite au sein des comités régionaux et comités de site associant tous les partenaires.
Notre action dans la région Centre est particulièrement positive, puisque le FRED aide à la création d'un millier d'emplois.
Les contrats de plans Etat-régions 2000-2006, ont confirmé l'importance que l'Etat attache à l'accompagnement économique des restructurations.
Dans cet esprit, une part significative des crédits du FRED (483 millions de francs soit près de 50 % de l'enveloppe des crédits du FRED sur la période 2000-2006) a été contractualisée avec 12 régions. L'effort de l'Etat pour l'aide à la création d'emplois dans la région Centre sera poursuivi, grâce à la convention d'application du contrat de plan avec la région, qui prévoit un apport de 40 MF dans ce domaine (20 MF pour l'Etat, et autant pour la région).
Cette volonté politique forte n'a toutefois pu porter ses fruits que parce qu'elle a été mise en uvre par un dispositif particulièrement efficace, à la fois interministériel et décentralisé. Le maître d'uvre en est aujourd'hui Jean-Pierre Aubert, Délégué interministériel aux restructurations de défense. Il dispose, je l'ai dit, de moyens très importants. Il s'appuie également sur le réseau très dynamique des Délégués régionaux au redéploiement industriel et aux restructurations de défense. Proches du terrain, développant des contacts étroits avec l'ensemble des acteurs locaux, ces délégués constituent un maillon important de ce dispositif.
Grâce à des études d'aménagement qu'elle pilote en concertation avec les collectivités locales, la Mission pour la réalisation des actifs immobiliers du ministère de la Défense (MRAI) intervient également pour aider ces collectivités, quand elles sont susceptibles d'acquérir un bien, à mettre au point leur projet de reconversion.
Je voudrais souligner que l'action de l'Etat a été constante et toujours complémentaire de la politique régionale. Dès décembre 1998, le Comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire (CIADT) a décidé la réalisation d'une dizaine de mesures en faveur de Bourges pour un total de 90 MF. L'économie générale de ces mesures est en substance le renforcement de filières de recherche et d'enseignement supérieur, en liaison étroite avec l'industrie du bassin d'emploi. Je relève que ces mesures ont toutes été complétées par des mesures d'accompagnement, qu'il s'agisse d'animation économique, ou de poursuite du désenclavement par le développement d'infrastructures performantes et de moyens liés aux NTIC.
Je souhaite rappeler ici deux mesures pour lesquelles le député Jean-Claude Sandrier s'est particulièrement impliqué et a su obtenir le concours de l'Etat : le pôle national sur la maîtrise des risques industriels, d'abord, qui regroupe des activités de formation, de recherche et de développement économique, pour lequel le Conseil général du Cher s'est également mobilisé. Le pôle Capteurs-Automatismes, ensuite, qui associe les laboratoires de l'Université d'Orléans et plusieurs sociétés privées et publiques afin de développer une filière intégrée de recherche et transfert de technologie. Ces projets apparaissent aujourd'hui comme de belles réussites.

Huit mesures nouvelles décidées par l'Etat sont venues compléter ce développement régional qui s'amorce. Ce sont 54 MF de crédits supplémentaires de l'Etat et de l'Europe qui permettront de financer des projets parmi lesquels celui d'une école d'ingénieurs de l'Internet qui est chère, je le sais, au député Yann Galut et dont l'intérêt est unanimement reconnu. Grâce à son action, l'entreprise Infomobile a accepté d'être partenaire de cette école.
Dès à présent, les résultats apparaissent à la hauteur des efforts engagés. En effet, lors de la réunion du Comité de site du 1er juin dernier, il a pu être indiqué que les effectifs salariés du bassin de Bourges avaient retrouvé leur niveau des années 1990/1991, dans une période antérieure à la déflation des industries de défense.
La reconversion de l'ancienne emprise militaire de Port-Sec est aujourd'hui en bonne voie. Si la société Infomobile est la première sur cette zone, nous savons que de nombreux projets d'implantation sont en cours d'examen pour Port-Sec Nord et à terme pour Port-Sec Sud. Il s'agit donc d'un apport essentiel pour le développement économique de Bourges et de sa région, bien supérieur au nombre d'emplois rémunérés qui dépendaient de l'armée de Terre avant la suppression de l'ETAMAT.
La société Infomobile, qui appartient au groupe Bouygues, y a ouvert ce centre d'appels le 2 novembre dernier et a d'ores et déjà crée près de 150 emplois. A terme, ce sont plus de 350 personnes qui pourraient être amenées à travailler dans l'entreprise.
Ce projet n'aurait pu aboutir sans la mobilisation exemplaire de tous les partenaires engagés aux côtés du inistère de la Défense : la ville de Bourges, le département, la région. Leur soutien financier, mais aussi leur motivation et leur forte volonté d'aboutir ont joué un rôle déterminant dans ce succès. Je tiens à saluer l'action de tous ceux et de toutes celles qui ont permis la réussite de la reconversion du site.
La ville de Bourges, par l'intermédiaire de son maire Serge Lepeltier, a porté le projet d'aménagement de la zone rachetée au ministère de la Défense. Des crédits de l'Etat - 13,5 MF de FEDER et 8 MF de FRED - ont permis sa réhabilitation. S'agissant plus directement d'Infomobile, le Conseil général apporte sa participation afin de réduire la charge des loyers pour l'entreprise. L'importance de cette opération justifie, en outre, le principe d'une aide de l'Etat (PAT et FRED) pour chaque emploi crée. Au vu des résultats, je crois que l'effet d'entraînement de nos crédits a bien fonctionné.
L'implantation d'Infomobile constitue à mes yeux un exemple pour les sites militaires qui apparaissent au départ difficiles à reconvertir. Je suis convaincu que cela incitera au développement d'autres projets, notamment dans cette région. Il nous reste à poursuivre l'accompagnement des restructurations de la défense.
Il s'agit là d'une mission essentielle pour pérenniser les liens qui unissent la Nation et la communauté de défense. Je tenais aujourd'hui à exprimer à nouveau toute ma confiance à ceux qui ici la mènent à bien.
Je vous remercie
(source http://www.defense.gouv.fr, le 20 juin 2001)