Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, sur la prise en compte de la vie familiale des salariés dans l'entreprise et la création de structures d'accueil des jeunes enfants, Paris le 1er décembre 2009.

Prononcé le 1er décembre 2009

Intervenant(s) : 

Circonstance : Réunion de l'Observatoire de la parentalité en entreprise à Paris le 1er décembre 2009

Texte intégral

Je suis très heureux d'accueillir l'Observatoire de la parentalité en entreprise (OPE) en cette « Salle des Accords » du ministère du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville, qui l'a vu naître en avril 2008. C'est un partenariat fort que nous avons noué avec l'OPE et son président, Jérôme Ballarin, dont je salue l'engagement pour favoriser la conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle en entreprise. Grâce à ses nombreuses initiatives, comme la 1ère journée internationale de la famille en entreprise en juin prochain, l'OPE contribue à favoriser la politique familiale à laquelle le Président de la République et le Gouvernement sont très attachés.
Je salue également François Fondard, président de l'Union nationale des associations familiales (UNAF), Bertrand Fragonard, président délégué du Haut Conseil de la famille, Christiane Therry, Déléguée générale de familles de France et Secrétaire générale adjointe de l'UNAF, et Amélie Perrault, lycéenne à Saint-Germain-en-Laye, qui nous a donné le point de vue des adolescents sur cette question qui les concerne de très près puisqu'ils sont les actifs et les parents de demain.
Cela fait un an que vous avez lancé l'OPE avec le soutien de mon ministère et vos efforts ont déjà commencé à porter leurs fruits : en un an, 120 employeurs ont signé votre Charte de la Parentalité en Entreprise et se sont ainsi engagés à mieux prendre en compte la vie familiale de leurs salariés. Je suis heureux de constater qu'un phénomène d'émulation est en train de naître puisque trente et une entreprises viennent de les rejoindre à l'instant, parmi lesquelles Accenture, Aviva, KPMG, Sodexo, Valrhona, la Banque de France, ainsi que des associations. C'est donc plus de 150 entreprises que vous avez réussi à mobiliser sur ce sujet, aussi bien des grandes comme L'Oréal, La Poste, Alstom ou Carrefour, que des PME et des TPE, soit un million et demi de salariés.
La crise économique que nous traversons ne doit pas nous faire oublier l'importance de cet enjeu. Au contraire, les exemples que viennent de nous présenter Mercédès Erra, Président de BETC EuroRSCG, et Philippe Decressac, DGRH du Groupe PPR, montrent que contribuer à cet équilibre est un atout pour l'efficacité et l'attractivité de l'entreprise.
Des salariés plus disponibles, ce sont aussi des salariés plus heureux et qui travaillent mieux.
Je remercie donc tous les employeurs avant-gardistes qui ont fait leur cet objectif de conciliation entre deux valeurs fondamentales de notre pacte social, le travail et la famille.
Trop souvent, la réussite de cette conciliation repose sur les épaules des parents, sur les choix personnels qu'ils sont forcés de faire et non sur l'implication de l'entreprise. Or nous savons combien pour tout parent, mener de front sa carrière et sa vie familiale peut être une gageure source de stress et de frustrations. C'est un des aspects qui freine l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, l'un des grands chantiers de mon ministère. Je ne peux accepter que de brillantes collaboratrices soient obligées de quitter l'entreprise par peur de ne pouvoir concilier leur vie familiale et leur carrière : dans un pays fier d'avoir un taux de fécondité de 2,02 enfants par femme et où 83 % des femmes âgées de 25 à 49 ans travaillent, les femmes sont cinq fois plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel et 14,2 % des mères sont inactives, contre 1,4 % des pères.
Pour remédier à ces écarts, nous avons agi résolument depuis 2007 en faveur de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.
Le Président de la République s'était engagé à offrir à l'ensemble des parents une solution de garde d'enfant. La Nouvelle Convention d'Objectifs et de Gestion qui lie l'Etat avec la Caisse Nationale d'Allocation Familiale pour 2009- 2012 nous permet de donner des moyens concrets à la mise en oeuvre du développement de la garde d'enfants.
Grâce à un taux d'augmentation de 7,5 % par an du Fonds National d'Action Sociale, qui sera porté de 3,8 à 5 milliards d'euros par an d'ici à 2012, nous nous donnons les moyens de créer plus de 200 000 solutions supplémentaires d'accueil du jeune enfant.
Notre maître-mot, c'est de nous adapter aux besoins des familles. Il faut des solutions variées, qui prennent en compte la grande diversité des situations.
C'est pourquoi ces places se déclineront en 100 000 offres d'accueil du jeune enfant chez les assistantes maternelles et 100 000 places d'accueil collectif.
Pour atteindre cet objectif ambitieux, nous avons d'ores et déjà adopté des mesures concrètes. Ainsi s'agissant des assistantes maternelles :
- nous avons autorisé les assistantes maternelles à accueillir jusqu'à 4 enfants au lieu de 3 précédemment.
Ceci contribue par ailleurs à améliorer les revenus de cette profession, qui doit être mieux reconnue ;
- le PLFSS pour 2010 ouvre également aux assistantes maternelles le prêt à l'amélioration de l'habitat, qui leur permettra de disposer d'un montant atteignant 10 000 euros pour adapter leur logement ;
- par ailleurs, nous avons, l'année dernière, revalorisé de 10% le « complément mode de garde » pour les parents travaillant en horaires atypiques, notamment la nuit, en vue de mieux prendre en compte leurs besoins.
En matière d'accueil collectif, nous avons également souhaité diversifier les réponses aux besoins des familles et prendre en compte les spécificités locales :
- par exemple, pour tenir compte de la situation des territoires ruraux nous créerons 1500 places de microcrèche ;
- nous créerons par ailleurs 10 000 places de crèche d'entreprise, financées notamment par l'augmentation du crédit impôt famille.
Mais il faut aller plus loin pour donner aux femmes les mêmes chances qu'aux hommes dans leur carrière : j'ai transmis mes propositions aux partenaires sociaux dans la perspective du projet de loi sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes que je déposerai en 2010.
Je suis persuadé que nous avancerons en prenant des imitatives concrètes. Vous avez d'ores et déjà identifié des pistes d'actions pour les employeurs : donner accès au temps partiel sans que cela n'ait d'impact négatif sur l'évolution professionnelle, encourager le télétravail, accorder des mutuelles avantageuses, créer des crèches d'entreprise, contribuer financièrement aux frais de garde, mettre en oeuvre des services de dépannage au quotidien, former les managers à la parentalité, etc.
Vous montrez aussi qu'il est possible de mettre en oeuvre des règles simples, comme de lutter contre la culture du « présentéisme » : quitter son travail après 19 h est un signe d'inefficacité dans les pays scandinaves ; en France, c'est l'inverse. Il s'agit autant de mettre en oeuvre des dispositifs que de changer les mentalités.
Permettez-moi pour finir de revenir sur deux points qui ont retenu mon attention à la lecture de cette Charte de la parentalité en entreprise que j'invite toutes les entreprises à signer.
Je pense d'abord à la formation des managers et des DRH : j'estime par exemple qu'il est très important que les cadres dirigeants de l'entreprise soient formés à l'accompagnement des départs et retours de congés maternité et paternité, car cela ne s'improvise pas. Je souhaite donc que la parentalité soit intégrée et développée dans la formation des cadres et du management.
Je pense en second lieu à l'organisation du travail :
j'aimerais que nous avancions sur ce sujet, en étudiant par exemple comment mieux organiser le temps partiel choisi.
Dans le cadre du dialogue social sur l'organisation du travail, nous pourrions tirer des enseignements des expériences menées dans certaines entreprises en ce domaine. En complément, je pense qu'il pourrait être utile de développer un guide de bonnes pratiques à l'attention des responsables de tous niveaux en entreprise, afin que chacun ait conscience de sa responsabilité sur ce sujet qui nous concerne tous.
Vous avez présenté les résultats de l'enquête menée par l'OPE, en partenariat avec la Délégation Interministérielle à la Famille, sur les relations des adolescents avec le monde du travail, qui montre notamment que les 2/3 d'entre eux trouvent le travail de leurs parents stressant. Dans le cadre du deuxième plan Santé au travail 2010-2104 que je prépare actuellement avec les partenaires sociaux, je compte intégrer ce sujet à notre réflexion.
Mesdames et messieurs,
Je crois profondément, en tant que ministre de la Famille, que la famille est la base de notre société. Elle contribue à notre équilibre social, et ce plus que jamais en période de crise. Elle assure la transmission entre les générations et apporte un soutien à nos parents plus fragiles. C'est en aidant nos concitoyens à concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale que nous rendrons le monde du travail plus humain et plus adapté aux réalités de notre société. Je suis heureux que nous nous rencontrions avec les partenaires sociaux sur cet objectif commun, celui de construirons une relation de travail plus sereine et plus harmonieuse.
Je vous remerciesource http://www.travail-solidarite.gouv.fr, le 2 décembre 2009