Déclaration de M. Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l'enseignement professionnel, sur la politique de valorisation de l'enseignement professionnel aux niveaux secondaire et supérieur, sur l'objectif de diversification des pédagogies et sur les violences scolaires, Saint-Etienne le 25 mai 2001.

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Circonstance : Congrès national de la Fédération des Parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP) à Saint-Etienne (Loire) du 24 au 26 mai 2001

Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et messieurs,
Je retrouve le Congrès de la PEEP avec un plaisir que je ne veux pas vous cacher. J'ai eu, en effet, l'occasion de le constater personnellement : ce qui se dit devant vous, trouve ensuite un certain écho dans les débats du pays sur l'école.
Votre président et votre bureau m'ont invité de nouveau. J'ai répondu aussitôt de vive voix que je me faisais un devoir de venir. J'ai même ajouté : " je viendrai quoiqu'il advienne ". Votre président a souri. Sans doute savait-il déjà que je ne croyais pas si bien dire. Naturellement, je vais traiter du devoir de ma charge, l'enseignement professionnel. Mais j'ai cru comprendre que votre congrès est aussi l'occasion de méditations plus générales. Je craindrais donc de vous décevoir si je me montrais indifférent à ce qui s'est dit avant moi à cette tribune. Ce ne serait d'ailleurs guère respectueux pour la haute fonction qui s'exprimait devant vous. Donc, je me sens tenu de dire mon mot. Je crois bien que les organisateurs de notre tour de parole, amis de la diversité des points de vue, n'avaient pas voulu autre chose. Je serai bref.
Si nous étions en campagne électorale, je vous dirais volontiers que je n'ai jamais exclu aucun ralliement à mes idées. Mais nous ne le sommes pas. Je prends donc le discours du chef de l'état pour l'encouragement qu'il est, à l'école républicaine, à ses maîtres, à sa réussite et aux principes qui la fonde. Je note aussi comme un encouragement qu'il ait marqué sa distance avec des programmes politiques qui ne cessent de dénigrer le travail accompli, les principes à l'oeuvre et qui plutôt que de proposer des corrections concrètes déchireraient plutôt la copie.
Le chef de l'état a eu raison de rappeler le très haut niveau de notre système éducatif et son classement en tête parmi les nations développées. Je n'ai cessé d'en témoigner devant nos équipes éducatives au fil des 50 établissements auxquels j'ai rendu visite cette année. De cette performance atteste la réussite collective des français : nous sommes la quatrième puissance économique du monde, le deuxième pays exportateur par tête, l'une des premières destinations du monde pour les investissements de l'étranger. Les indicateurs qualitatifs des organismes internationaux montrent clairement que ce résultat est directement lié aux performances de notre système éducatif. Que nous soyons devenus ces dernières années le premier pays d'Europe pour le niveau d'équipement informatique des établissements scolaires, le premier pour l'apprentissage de l'introduction de la numérisation dans les procédés de production et de service, prépare la réussite de la jeune génération devant les défis qui se lèvent. Tirons en toutes les leçons.
Comment nous sommes parvenus à ce niveau d'excellence parmi les nations ? N'est-ce pas parce que nous, les Français, en conformité avec l'idéal Républicain qui est notre patrimoine commun, nous n'avons jamais renoncé, contre toutes les modes idéologiques et les préjugés, à l'idée que chaque enfant a un droit imprescriptible à une éducation gratuite, laïque et obligatoire aussi poussée que le lui permettent ses efforts et ses talents ? Oui, nous les Français, avons eu raison de demander à la Nation qu'elle garantisse elle-même ce droit. Nous avons eu raison de refuser de renvoyer chacun à une responsabilité individuelle en ce domaine : l'écart des moyens entre les ménages aurait eu tôt fait de créer une discrimination blessante comme on en voit tant dans le monde, au mépris de la dignité des personnes et de l'intérêt du pays qui est si bien servi par un peuple éduqué. Oui, nous avons eu raison de maintenir coûte que coûte le haut niveau de dépenses publiques qui fait du budget de l'éducation le premier de la nation. Nous avons eu raison contre tous ceux pour qui la dépense publique est par principe excessive ou illégitime. Nous avons eu raison de refuser les logiques de marchandisation de l'éducation qui nous ont été prônées sous tous les emballages tant et tant de fois et qui continue d'ailleurs à l'être, ici et la, sans relâche dans nos débats en France comme dans les réunions internationales, particulièrement en matière d'enseignement professionnel.
J'en reste là. Pensons-y : il faut que ce soit tout un que les paroles et la musique en matière de chanson.
C'est donc le moment pour moi de vous rendre juges de savoir si je m'y tiens moi-même dans l'action que je mène au nom du gouvernement.
J'aime rendre compte. J'y vois un principe de base de la démocratie. J'ai publié à cette fin deux bilans d'étape de mon travail. Je publierai le prochain avant la fin du trimestre. Chacun de vous qui le souhaitera le recevra. Et, comme le précédent, il sera consultable sur le site Internet du ministère de l'enseignement professionnel. Bref, j'aime mieux les bilans que les annonces.
Dès lors, je peux concentrer mon propos à cet instant, parmi la cinquantaine de chantiers ouverts depuis un an sur deux d'entre eux dont je sais qu'ils sont en tête des préoccupations des parents qui m'en saisissent :
La qualité et la crédibilité de la voie professionnelle pour un jeune qui en fait le choix et qui veut aller loin.
La lutte contre les violences scolaires.
Ce sont des sujets que mon ministère traite par bien des points d'entrées. Je m'en tiendrai à l'essentiel pour chacun d'entre eux quoique, comme vous le savez peut-être, je tiens à ce que chaque orientation soit accompagnée immédiatement de ces mesures techniques concrètes puis que celles-ci soient appliquées réellement, et ce n'est pas le plus simple tant il y a de choses à faire.
LA CREDIBILITE DE LA VOIE PROFESSIONNELLE
Concernant la crédibilité de la voie professionnelle, mes efforts se sont concentrés sur l'enseignement secondaire. C'est en effet le maillon vital d'une économie avancée que de porter à haut niveau les premiers degrés de qualification professionnelle. Et nous devons bien constater que c'est là que se concentrent aujourd'hui les goulots d'étranglement pour les recrutements massifs que met à l'ordre du jour le retour de la croissance et de l'emploi. Mais c'est un tout que la voie des métiers dans notre éducation nationale comme dans l'économie.
C'est bien ce qu'a voulu signifier le Premier ministre en créant le ministère dont j'ai la charge et en étendant pour la première fois son champ de compétence à l'ensemble du monde éducatif.
Je ne perds donc pas de vue la fonction d'entraînement que le supérieur effectue sur l'image de l'ensemble du dispositif et dans la perception qu'en ont les jeunes et leurs familles. Je suis donc très attentif au bon développement des licences professionnelles mises en place à la rentrée dernière et tout autant à la campagne d'habilitation qui est en cours. Je sais que ce nouveau diplôme porte en lui une méthode : le brassage des publics en formation initiale et en formation continue et l'exigence d'une qualification professionnelle accessible dans toutes les disciplines. Je crois que la communauté universitaire porte bien cette idée. Dès lors, les deux missions que j'ai constituées pour l'enseignement supérieur, l'une sur la fluidité et sur l'homogénéité de la voie des métiers, l'autre sur les formations post-bac en apprentissage, si je parviens à construire un consensus, ce qui n'est jamais acquis d'avance, devraient nous permettre d'avancer sérieusement vers la mise en cohérence, et en lisibilité, de l'ensemble des formations professionnalisantes après le bac. J'ajoute que j'ai engagé avec l'appui de la commission européenne et la participation de trois autre pays de l'Union un travail pour mettre au point un ou plusieurs référentiels de diplômes professionnels communs, de tous niveaux, dans l'automobile, l'aéronautique et l'hôtellerie. L'objectif à ce sujet est d'aboutir sous présidence espagnole, dans le premier semestre 2002. Devenant une valeur d'échange européenne concrète, les diplômes de nos jeunes seront enrichis d'autant. Rien n'est plus conforme à l'esprit de notre système républicain à vocation égalitaire que l'enseignement de qualifications reconnus par tous et partout !
Restera à boucler sérieusement le passage du bac pro au post bac. Je dis " sérieusement ", parce que sur ce sujet les pétitions d'intentions et les fausses générosités sont à écarter fermement. Je veux du cousu main. Car il ne suffit d'annoncer que les bacheliers professionnels ont librement accès aux STS et aux IUT pour qu'ils soient mis en situation d'y réussir. Certes des chemins existent déjà et ils sont empruntés. Mais il s'agit d'en faire une autoroute réellement praticable par tous ceux qui en ont le talent. Plusieurs expérimentations sont en cours, en particulier pour l'accès au BTS. J'en rendrai compte. Et chacun sera placé devant ses responsabilités avant que je tranche car soyez bien assurés que je ne me défausserais pas des miennes, dussé-je meurtrir préjugés et conservatismes.
Dans l'enseignement secondaire nous sommes en état de mobilisation générale. J'ai dit devant vous il y a un an combien était inacceptable l'effet de système, j'ai bien dit l'effet de système, qui conduit à ce que les deux tiers de la baisse démographique soit répercutée sur l'enseignement professionnel. Mon objectif est d'inverser la tendance, je le dis franchement. Toutes les académies ont été invitées à organiser un plan d'action sur cet objectif. Ils sont en place. L'ensemble des cadres de terrain ont été réunis. J'ai personnellement présidé plusieurs de ces rencontres. Je le répète depuis cette tribune : je ne m'accommoderai d'aucune tartufferie en la matière, je ne me contenterai pas d'entendre de beaux discours sur la valeur de l'enseignement professionnel, d'où qu'ils viennent, si je ne constate pas en même temps que l'on est bien prêt à le proposer effectivement comme une voie de réussite personnelle à Tous les jeunes.
C'est cela l'orientation de ce gouvernement et du Premier ministre.
En témoigne mieux que mille déclarations d'intention le niveau des moyens qui ont suivi. Beaucoup de moyens !
Plus d'un milliard de dépenses nouvelles dans le budget en cours pour l'enseignement professionnel dans le secondaire touchant l'ensemble des moyens pédagogiques. C'est dire que plutôt que d'accompagner la baisse démographique en se contentant de maintenir les moyens en place nous les avons augmentés. En pratique cela signifie :
le plus fort recrutement de professeurs depuis dix ans,
300 postes de chefs de travaux et leur création dans le secteur tertiaire,
la création d'une heure de soutien en français et en mathématiques dans les deux terminales bac pro et BEP,
une nouvelle grille horaire élargissant les enseignements et augmentant les taux de dédoublements,
la création des horaires spécifiques pour l'enseignement civique juridique et social,
le financement de l'achèvement de la mise en sécurité des installations et des ateliers.
J'en reste là. Croyez qu'il m'en coûte de le faire car la liste est longue et j'en suis fier !
Mais je veux essentiellement dire ce que je crois à ce sujet : les moyens ne sont rien s'ils n'ont pas pour objectif le perfectionnement pédagogique. Je vous dis ma conviction : autant que l'étendue de l'offre de formation, parfois davantage, compte la diversité de l'offre de méthodes pédagogiques. Pour moi, c'est là que se trouve la réponse essentielle aux problèmes de ce que l'on appelle l'hétérogénéité des jeunes scolarisés. Le problème ce n'est pas l'hétérogénéité. La vie n'est faite que de cela. Le problème c'est l'adaptation des méthodes pédagogique à cet état de fait pour que les objectifs de niveau à atteindre soient tenus pour chacun. Le moule uniforme contre lequel il m'est arrivé d'avoir à dire concerne surtout une certaine hégémonie en la matière Dois-je rappeler qu'au bout du compte, par exemple, les mathématiques, la physique et la chimie enseignée en lycée professionnel concernent les mêmes lois universelles que celles enseignées ailleurs ? Comment y parvient-on, car on y parvient, alors même que nous sommes sensés accueillir les enfants les plus rétifs à l'abstraction ? L'enseignement professionnel tire l'essentiel de sa force de sa capacité d'innovation pédagogique. Il le confirme en ce moment même. Je considère en effet comme une réussite de notre système que la pluridisciplinarité, techniquement si délicate à mettre en place, soit désormais inscrite dans le statut de nos enseignants des lycées professionnels (ils sont les seuls dans ce cas). C'est un succès de leur savoir-faire que la mise en place du PPCP, hier si controversée s'opère avec méthode dans tous nos établissements. Nos enseignants sont ainsi en train de mettre au point un acquis pédagogique dont je suis sur qu'il profitera ensuite à l'ensemble de l'enseignement secondaire. Je vous propose de regarder de même la décision d'attribuer à l'enseignement professionnel la moitié des classes à projets artistiques et culturels, soit deux par établissement ! A ce sujet nous faisons une démonstration qui devrait faire méditer quelques-uns uns de ceux qui regardent de haut cet ordre d'enseignement. En effet, nous faisons la preuve que la pratique culturelle loin d'être une sorte de supplément d'âme, au demeurant fort louable, participe directement, et sans dénaturation, du processus de qualification professionnelle de nos jeunes.
Telle est, mesdames et messieurs, la stratégie de valorisation de l'enseignement professionnel de ce gouvernement : perfectionner concrètement le dispositif, le fluidifier quant aux parcours, l'enrichir quant au contenu. La bonne monnaie diplômante qui en résulte fait ses preuves toutes seules. Le lycée des métiers, à propos duquel j'ai commencé les discussions sur sa mise place avec le président de l'association des régions françaises, monsieur Jean-Pierre Raffarin, devrait bientôt couronner l'édifice. Le moment venu nous annoncerons ce qui sera convenu. Sans doute avant la fin de l'année en cours.
LUTTER CONTRE LES VIOLENCES SCOLAIRES
J'en viens à l'environnement des jeunes en formation.
Je ne traiterai pas de ce que j'entreprends concernant les discriminations qu'ils subissent, ni sur leur statut social, deux questions qui me tiennent pourtant à coeur. Je les renvoie à de prochaines rencontres entre nous, et bien sur à la lecture du bilan que j'ai évoqué tout à l'heure.
L'actualité de faits intolérables concentre l'attention sur le problème des violences à l'école et autour de l'école. L'enseignement professionnel a eu à en connaître. Nous sommes donc appelés à réagir. Je ne veux pas que vous croyez un seul instant que nos communautés scolaires, comme vous le savez bien, aient attendu une parole officielle pour se mobiliser. C'est bien là dessus d'ailleurs que je fais fond. La mission que j'ai confiée à Jean-Louis Auduc repose tout entière sur la méthode de la " généralisation des bonnes pratiques ". Ne doutez pas qu'un effort général sans précédent soit en cours. Ses effets ne se manifesteront pas du jour au lendemain, il faut avoir le courage de le reconnaître. J'ai proposé sept principes et huit mesures pour encadrer l'action mise en mouvement dans l'enseignement professionnel dans une lettre de mobilisation que j'ai adressé à tous les chefs d'établissement. Je vous lasserai si j'entrai dans leur description, même si je voulais simplement résumer les fiches actions que je vais mettre en circulation et dont vous disposerez aussi. Je n'évoquerai ici que deux idées. La première est que la vérité nous intéresse. Nous devons vaincre le syndrome qui fait que la victime se sent responsable de la situation. Victime nous le sommes tous car nous ressentons tous la violence des jeunes comme un échec différé du monde des adultes. Nos enseignants les premiers sont mortifiés de ce qu'ils ne parviennent pas à dominer. Il faut regarder en face les réalités si on veut les traiter et les dominer. Pas de loi du silence en cette matière, même si la réalité est très désagréable à constater. Deuxième idée: pratiquer fermement le principe de discernement. La globalisation, la panique ou, pire, la suspicion générale à l'égard des jeunes ne nous mèneront nulle part. Au reste l'éducation de nos jeunes ne se décrète pas, elle se construit. La sanction et la réparation sont incontournables. Mais les jeunes sont Nos jeunes. Et nous les aimons d'abord. Donc, les techniques de la prévention sont nos meilleurs outils.
A cet égard, l'occasion est parfaite à cet instant pour moi de rappeler un motif d'exaspération que je ressens si souvent. Je veux dire qu'il est difficile pour l'école de contrebattre toute seule un flot qui vient de tant d'horizons. Il est juste qu'on rappelle aussi les adultes à l'exemplarité de leur comportement quotidien. L'enseignement de la morale de la responsabilité, du respect de la règle et de la loi égale pour tous, commence par la valeur des exemples que nous en donnons, qui que nous soyons, où que nous soyons, dans notre vie privée comme dans nos responsabilités publiques ou professionnelles. Et j'affirme aussi que la violence des rapports sociaux et celle des images ne comptent pas non plus pour rien dans la propagation des comportements brutaux. S'agissant des images, c'est mon devoir de pointer du doigt l'irresponsabilité en cette matière de ceux qui font le choix mercantile de déverser de tels flots de spectacles de violence comme si cela n'avait aucun impact sur la psyché de ceux qui les reçoivent. Quand on préfère contenter les pulsions plutôt que l'émotion et la raison, on ne devrait pas se dire étonnés du résultat sur les plus fragiles. Encore ne dirai-je rien de certaines émissions très goûtées où l'on enseigne comment espérer gagner beaucoup et être très connu, en ne faisant rien, en ne créant rien et en se contentant de faire sournoisement disparaître son voisin de chambrée. Son seul mérite, et il n'est pas mince, c'est de donner à réfléchir sur les raisons qui ont pu nous faire tomber si bas.
Mesdames messieurs, n'en doutez pas, l'école fait son devoir contre la violence. Mais la société tout entière doit faire aussi le sien, sans hypocrisie ni lâcheté.
DES QUESTIONS POUR L'AVENIR
Mesdames et messieurs, je ne vous quitterai pas, si vous le permettez, sans revenir au cur de ma responsabilité actuelle. Puisque de grands débats publics vont occuper largement, il faut le souhaiter, notre pays l'an prochain, je forme le voeu qu'ils tranchent aussi quelques questions que je déduis de ce que je constate dans mon action.
La première concerne l'avenir que nous voulons pour notre école. Nous avons réussi le pari de la massification de l'enseignement secondaire et supérieur. Nous constatons que cela ne suffit pas à réaliser la démocratisation que nous en attendions. Serons-nous d'accord à l'avenir pour dire que la contrepartie à l'obligation scolaire est bien la garantie pour chacun de l'acquisition d'une qualification professionnelle. Moi, j'y crois.
Confirmons que l'horizon du bac, de tous les bacs sans discrimination, est bien celui que nous proposons à tous nos jeunes ? Moi, j'y crois.
Cette question en soulève une autre. Sommes-nous d'accord pour considérer que les métiers de notre époque sont des sciences pratiques et que dès lors leur enseignement n'est pas une spécialisation mutilante mais au contraire un élargissement et un approfondissement de tous les champs de savoirs que l'esprit peut occuper. Moi, j'y crois
Serions-nous d'accord pour dire alors que les savoirs communs de base indispensables à notre époque, ceux de l'honnête homme de notre époque, dans la tradition émancipatrice de l'humanisme républicain, ne peuvent plus ignorer la technologie, à tous les âges. Moi, j'y crois.
Serons-nous prêts à dire que chaque jeune est bien co-producteur de son parcours éducatif et qu'il doit être aidé à le construire, le même âge fondant le même droit en la matière ? Moi, j'y crois.
Dirons-nous que le statut social du jeune en formation est un enjeu national prioritaire pour l'avenir du pays à mesure que s'allonge le temps des formations requises par les qualifications à acquérir. Je le crois
Pourrions-nous affirmer que la voie de l'enseignement des métiers doit être homogénéisée et que nous ne supportons plus l'éparpillement, sous diverses tutelles de la formation initiale, de la formation continue, et des filières et établissements de toutes sortes dont les spécificités indispensables se transforment en frontières absolues pour le seul bonheur de leurs garde-frontières. Dirons-nous que nous ne supportons plus les gaspillages, l'illisibilité et la perte de synergie que cette situation entraîne ? Moi, j'y suis prêt.
C'est assez pour cette fois ci n'est-ce pas ?
Je vous dis une nouvelle fois ma reconnaissance pour votre écoute dans nos dialogues tout au long de l'année, ma sensibilité à la courtoisie que vous mettez toujours dans nos rapports, et ma certitude que votre exigence et votre vigilance sont utiles à nos enfants et à notre Patrie.
Source http://www.enseignement-professionnel.gouv.fr, le 28 mai 2001)