Texte intégral
A. Caron.- "Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ce ne sera plus la France", déclaration hier de l'ancien ministre de la Justice, P. Clément, lors de la réunion du groupe UMP à l'Assemblée. Des propos qui ont scandalisé la secrétaire d'Etat aux Aînés, N. Berra, qui était présente et qui a aussitôt claqué la porte de la réunion. Elle a choisi Europe 1 ce matin pour s'exprimer sur cet incident, qui semble révéler les tensions au sein de la majorité autour des sujets qui renvoient au débat sur l'identité nationale. Pourquoi avoir choisi de quitter la réunion du groupe UMP hier, après les propos de P. Clément ? Parce qu'il fallait donner un signe fort de désapprobation ?
Je voudrais tout d'abord dire que le débat qui avait été mis en place à l'ordre du jour, hier matin, concernait l'opportunité ou pas de décider d'une loi contre la burqa. C'est un débat qui a suscité la participation de nombreux parlementaires. Tout d'abord, c'était un débat qui était tout à fait cadré par J.-F. Copé, qui avait effectivement rappelé qu'il n'était pas question aujourd'hui de stigmatiser quelle que religion que ce soit, mais que c'était véritablement une question de société...
Vous voulez dire que ce débat a dérapé hier ?
Laissez-moi terminer. Donc je disais que la participation des parlementaires était constructive, avec un échange intéressant, jusqu'au point où, en effet, un député a tenu ce genre de propos qui, pour moi, allait à l'encontre de la règle et du fondement de la laïcité.
Vous auriez pu lui répondre tout simplement, sans forcément quitter la réunion.
Alors, je rejoindrai votre propos initial, je voulais en effet donner un signal fort.
Votre colère, vous l'éprouvez en tant que ministre de la République ou en tant que musulmane ? Les deux ?
La question religieuse est d'ordre privé, et je suis membre du Gouvernement, en tant que tel, je suis garante de la laïcité. Donc c'est en tant que ministre, et surtout, respectueuse de cette règle fondamentale de notre République, n'oublions pas à quel point, avec quels sacrifices nous sommes arrivés justement à ce que les religions cohabitent sur ce territoire qu'est la France, ce grand pays, ce beau pays, où les règles sont fondamentales, et surtout, fédératrices et non pas vouées à diviser les citoyens.
P. Clément a démenti ces propos hier. Il a dit que vous lui prêtiez des propos qui n'étaient pas les siens, même s'il y avait des témoins qui, par ailleurs, ont confirmé effectivement ces propos. Il a ajouté : "chercher la publicité sur le dos d'un ami politique n'est pas la meilleure méthode pour gagner les élections". Bonjour l'ambiance !
Eh bien écoutez, ça n'engage que lui. Moi, je ne suis pas ce genre de femme, je suis nommée pour faire un travail, j'investis mes dossiers, j'essaie de le faire avec sérieux, et j'essaie surtout d'être à la hauteur de la confiance qu'on m'a portée.
N. Sarkozy avait publié, au début du mois, une tribune dans laquelle il avait déclaré qu'il fallait comprendre ce qu'avait voulu exprimer le peuple suisse en votant contre les minarets. Cette tribune vous avait choquée ?
Cette tribune n'était pas choquante, elle était plutôt équilibrée, et je salue en ce point cette vision humaniste qu'a eue le président de la République quand il s'est exprimé sur l'identité nationale. Ce n'était pas focalisé sur la question des minarets, entre autres, le sujet a été abordé. Je voudrais rappeler que son propos était pour la laïcité, il a rappelé ce que c'était, il a dit : "la laïcité n'est pas le refuge de toutes les religions, mais bien le respect de toutes les croyances". Et c'est en cela que je m'inscris, parce que la laïcité, c'est une valeur que nous devons préserver à tout prix.
Et sur cette question des minarets justement, vous êtes plutôt d'accord avec J.-F. Copé, qui estime que le vote suisse est regrettable ou vous êtes plutôt sur la ligne de X. Bertrand, qui dit qu'il n'est pas certain qu'on ait besoin de minarets en France pour pratiquer l'islam ?
Je crois que c'est un faux débat, parce que nous avons importé un débat suisse. En France, cette question-là n'a jamais été soulevée...
Il n'a pas lieu d'être en France ?
Effectivement. C'est un fait d'urbanisme qui est géré au niveau des collectivités et qui n'a jamais suscité le moindre problème en France.
C'est un fait d'urbanisme qui n'entre pas, pour vous, dans le cadre du débat sur l'identité nationale ?
Mais l'identité nationale, je vais vous dire ce que j'en pense : l'identité nationale est quelque chose qui se définit sur un socle commun de valeurs communes, les règles, les valeurs républicaines, la laïcité de surcroît, et qui nous permettent de...
Le débat actuel, vous l'approuvez ou pas ?
Bien sûr. Mais vous savez, quand on entend ce genre de propos, où on a une image passéiste de la France, qui nous renvoie justement à une certaine frange de la population en dénigrant les autres, je crois que là, ce débat trouve plus que jamais sa nécessité.
Trente secondes pour deux questions : J.-F. Copé a confirmé le dépôt le mois prochain d'un projet de loi qui vise à interdire le port de la burqa dans l'espace public, c'est-à-dire aussi dans la rue. Pour ou contre cette loi ?
Je ne suis pas convaincue que cette loi règlera le problème de dérives sectaires.
Donc vous êtes contre cette loi ?
Je suis, oui, a priori, contre.
Enfin, dernière question, vous êtes secrétaire d'Etat aux Aînés, un mot sur Noël quand même : le réveillon, c'est demain, que peuvent faire les personnes âgées qui se sentent seules ou que peut-on faire pour elles ?
Qu'est-ce que nous pouvons faire pour elles, effectivement. De nombreuses personnes âgées sont isolées, il ne faut pas oublier dans cette période festive, qui rassemble, qui renforce les liens familiaux ou même de voisinage, qu'il y a des personnes qui sont isolées, et surtout, ne pas hésiter à essayer de partager avec elles ce moment festif pour effectivement mettre en oeuvre cette solidarité, qui est si importante en France et aux yeux des Français.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 janvier 2010
Je voudrais tout d'abord dire que le débat qui avait été mis en place à l'ordre du jour, hier matin, concernait l'opportunité ou pas de décider d'une loi contre la burqa. C'est un débat qui a suscité la participation de nombreux parlementaires. Tout d'abord, c'était un débat qui était tout à fait cadré par J.-F. Copé, qui avait effectivement rappelé qu'il n'était pas question aujourd'hui de stigmatiser quelle que religion que ce soit, mais que c'était véritablement une question de société...
Vous voulez dire que ce débat a dérapé hier ?
Laissez-moi terminer. Donc je disais que la participation des parlementaires était constructive, avec un échange intéressant, jusqu'au point où, en effet, un député a tenu ce genre de propos qui, pour moi, allait à l'encontre de la règle et du fondement de la laïcité.
Vous auriez pu lui répondre tout simplement, sans forcément quitter la réunion.
Alors, je rejoindrai votre propos initial, je voulais en effet donner un signal fort.
Votre colère, vous l'éprouvez en tant que ministre de la République ou en tant que musulmane ? Les deux ?
La question religieuse est d'ordre privé, et je suis membre du Gouvernement, en tant que tel, je suis garante de la laïcité. Donc c'est en tant que ministre, et surtout, respectueuse de cette règle fondamentale de notre République, n'oublions pas à quel point, avec quels sacrifices nous sommes arrivés justement à ce que les religions cohabitent sur ce territoire qu'est la France, ce grand pays, ce beau pays, où les règles sont fondamentales, et surtout, fédératrices et non pas vouées à diviser les citoyens.
P. Clément a démenti ces propos hier. Il a dit que vous lui prêtiez des propos qui n'étaient pas les siens, même s'il y avait des témoins qui, par ailleurs, ont confirmé effectivement ces propos. Il a ajouté : "chercher la publicité sur le dos d'un ami politique n'est pas la meilleure méthode pour gagner les élections". Bonjour l'ambiance !
Eh bien écoutez, ça n'engage que lui. Moi, je ne suis pas ce genre de femme, je suis nommée pour faire un travail, j'investis mes dossiers, j'essaie de le faire avec sérieux, et j'essaie surtout d'être à la hauteur de la confiance qu'on m'a portée.
N. Sarkozy avait publié, au début du mois, une tribune dans laquelle il avait déclaré qu'il fallait comprendre ce qu'avait voulu exprimer le peuple suisse en votant contre les minarets. Cette tribune vous avait choquée ?
Cette tribune n'était pas choquante, elle était plutôt équilibrée, et je salue en ce point cette vision humaniste qu'a eue le président de la République quand il s'est exprimé sur l'identité nationale. Ce n'était pas focalisé sur la question des minarets, entre autres, le sujet a été abordé. Je voudrais rappeler que son propos était pour la laïcité, il a rappelé ce que c'était, il a dit : "la laïcité n'est pas le refuge de toutes les religions, mais bien le respect de toutes les croyances". Et c'est en cela que je m'inscris, parce que la laïcité, c'est une valeur que nous devons préserver à tout prix.
Et sur cette question des minarets justement, vous êtes plutôt d'accord avec J.-F. Copé, qui estime que le vote suisse est regrettable ou vous êtes plutôt sur la ligne de X. Bertrand, qui dit qu'il n'est pas certain qu'on ait besoin de minarets en France pour pratiquer l'islam ?
Je crois que c'est un faux débat, parce que nous avons importé un débat suisse. En France, cette question-là n'a jamais été soulevée...
Il n'a pas lieu d'être en France ?
Effectivement. C'est un fait d'urbanisme qui est géré au niveau des collectivités et qui n'a jamais suscité le moindre problème en France.
C'est un fait d'urbanisme qui n'entre pas, pour vous, dans le cadre du débat sur l'identité nationale ?
Mais l'identité nationale, je vais vous dire ce que j'en pense : l'identité nationale est quelque chose qui se définit sur un socle commun de valeurs communes, les règles, les valeurs républicaines, la laïcité de surcroît, et qui nous permettent de...
Le débat actuel, vous l'approuvez ou pas ?
Bien sûr. Mais vous savez, quand on entend ce genre de propos, où on a une image passéiste de la France, qui nous renvoie justement à une certaine frange de la population en dénigrant les autres, je crois que là, ce débat trouve plus que jamais sa nécessité.
Trente secondes pour deux questions : J.-F. Copé a confirmé le dépôt le mois prochain d'un projet de loi qui vise à interdire le port de la burqa dans l'espace public, c'est-à-dire aussi dans la rue. Pour ou contre cette loi ?
Je ne suis pas convaincue que cette loi règlera le problème de dérives sectaires.
Donc vous êtes contre cette loi ?
Je suis, oui, a priori, contre.
Enfin, dernière question, vous êtes secrétaire d'Etat aux Aînés, un mot sur Noël quand même : le réveillon, c'est demain, que peuvent faire les personnes âgées qui se sentent seules ou que peut-on faire pour elles ?
Qu'est-ce que nous pouvons faire pour elles, effectivement. De nombreuses personnes âgées sont isolées, il ne faut pas oublier dans cette période festive, qui rassemble, qui renforce les liens familiaux ou même de voisinage, qu'il y a des personnes qui sont isolées, et surtout, ne pas hésiter à essayer de partager avec elles ce moment festif pour effectivement mettre en oeuvre cette solidarité, qui est si importante en France et aux yeux des Français.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 janvier 2010