Texte intégral
ENTRETIEN AVEC LA PRESSE FRANCAISE :
Q - (Bilan de la visite en Bulgarie).
R - Au départ cette visite avait été fixée pour des raisons bilatérales car nous voulons intensifier nos relations avec la Bulgarie. Il y a beaucoup de raisons pour que la France et la Bulgarie se fréquentent plus, travaillent ensemble, beaucoup daffinités politiques et culturelles. Javais déjà accueilli Mme Mikhailova à Paris, on avait déjà travaillé dans cet esprit, il était convenu que je devais revenir. Jai dû repousser mon voyage en raison de la crise au Kosovo. Donc - cest le premier point - intensifier le dialogue politique, développer notre présence économique et faire plus sur le plan culturel. Nous allons dailleurs très prochainement régler un problème qui existait depuis un certain temps.
Et puis il y a le contexte européen et le contexte du Kosovo. Le contexte européen ce sont évidemment les objectifs et les espérances de la Bulgarie par rapport à lEurope. Elle sait, je lai confirmé, que nous serons à ses côtés dans ce cheminement qui passe évidemment par de nombreuses étapes. Ce nest pas facile mais lobjectif est clair et la Bulgarie sait pouvoir compter sur notre appui concret, cest à dire sur notre coopération, ce qui est important compte tenu de notre très ancienne expérience européenne. De même nous soutenons la candidature et les aspirations de la Bulgarie par rapport à lOTAN.
Sur le Kosovo jai procédé avec tous mes interlocuteurs, président de la République, Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, président du Parlement, à un échange de vues très complet. Jai pu constater que nos positions sont quasiment les mêmes. En dépit des contraintes et des handicaps, la Bulgarie a dans cette crise une position très claire et courageuse. Sur la question des réfugiés, la Bulgarie, comme la France, pense quil faut soccuper des réfugiés sur place. On ne peut pas ajouter au traumatisme quils ont déjà vécu un autre traumatisme. Cest dailleurs la position de lEurope : la réunion à quinze hier à Luxembourg na pas retenu de politique de quota mais a mis laccent sur laide aux pays qui accueillent et notamment lAlbanie. Là aussi nous accueillerons toujours ceux qui veulent venir, mais il ne faut pas forcer les gens. Les positions sont absolument identiques sur ce point. Et enfin le dernier élément très intéressant est que nous avons réfléchi à des solutions politiques puisque nous serons bien obligés de revenir sur le terrain politique. La solution doit sinscrire dans une perspective plus large concernant à la fois lavenir de la Yougoslavie et des Balkans. LUnion européenne à quinze, je lai redit à tous mes interlocuteurs, me paraît la mieux placée pour définir avec tous ses partenaires un programme densemble portant sur la sécurité, la stabilité et le développement des Balkans. LUnion européenne doit travailler naturellement avec lOSCE, lOTAN et tous les autres organismes.
Donc au total une journée très chargée et dense où nous avons abordé tous les sujets du moment. Cest une concrétisation de cette intensification du dialogue.
Q - (Votre commentaire sur une médiation possible de lONU et de la Russie)
R - Je ne pense pas quon puisse parler à ce stade de médiation. Ce qui se passe en ce moment est quaprès lannonce dun cessez-le-feu unilatéral de Belgrade nous avons posé des questions, au niveau de la France comme de nos partenaires et de lOTAN, portant sur la réalité du cessez-le-feu, la possibilité de le vérifier, sur le retrait des forces militaires et de police, sur le droit au retour des réfugiés, sur lacceptation dun règlement politique, dune force de sécurité pour garantir le règlement politique. Jai vu tout à lheure que le Secrétaire général des Nations unies avait repris à son compte ces questions et appelé à Belgrade à répondre positivement, ce qui nest pas le cas malheureusement en ce moment, et jai vu que dans cette hypothèse le Secrétaire général appellerait lOTAN à arrêter ses frappes. Mais nous nen sommes pas encore là. Il ny a donc pas à proprement parler de « médiation ». Mais toute démarche qui peut amener les autorités yougoslaves à satisfaire les exigences légitimes de la communauté internationale est une bonne chose, en espérant quelle puisse avoir un effet.
Q - (Sur le rôle possible des Etats tiers comme la Bulgarie)
R - Je pense quils ont eu un rôle important avant. Ils ont essayé de convaincre Belgrade. Ils peuvent avoir un rôle important après, dans la définition de la solution qui devra sinsérer, justement, dans un ensemble régional plus large.
Q - (Les Balkans de laprès-guerre : quel intérêt pour la France ?)
R - Il est évident que, pour la France, les Balkans font partie de lEurope. Malheureusement ce nest pas totalement vrai sur le plan de la démocratie, des Droits de lHomme, du développement. Notre objectif à long terme est de faire en sorte que les pays des Balkans soient demain, comme le reste de lEurope, des pays modernes, qui se développent, coopèrent normalement entre eux, règlent leurs problèmes par des procédés pacifiques - tout le monde a des problèmes naturellement mais il faut les régler par dautres procédés. Voilà notre programme. Il faut bien sûr commencer par traiter cette crise urgente et dramatique issue de la politique de Belgrade mais en même temps il faut voir plus loin.
Q - (Sur le rôle possible de la Russie)
R - Je voudrais rappeler que la Russie a joué un rôle très important dans toute la phase antérieure aux frappes, dans la définition dun règlement politique, par des navettes à Belgrade, par les missions de son ministre M Ivanov et les interventions de M. Primakov, par son négociateur à Rambouillet, M. Matorski, donc la Russie a été associée à tout ce qui était tenté avant. Elle sest séparée des autres quand il y a eu le passage à des moyens militaires, pour toutes sortes de raisons, mais le contact a été maintenu avec les pays occidentaux et notamment la France. Nous avons un dialogue au niveau du Secrétaire général des Affaires étrangères encore avant-hier et hier. Ce dialogue sert à réfléchir à une solution politique : nous avons un cadre de référence - Accords de Rambouillet. Il faut ladapter, notamment sur la question des réfugiés, il faut bâtir quelque chose qui nétait pas prévu à ce moment là et cest une affaire de longue haleine. Il faut aussi travailler sur la question des forces de sécurité. Cest ce à quoi nous travaillons non seulement avec les partenaires occidentaux mais également avec les Russes à la future solution de la crise, à la sortie de la crise, à la paix future.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 1999)
ENTRETIEN AVEC LA TELEVISION BULGARE :
Q - (Sur lévaluation de lopération de lOTAN)
R - Je crois que lopération que les pays membres ont décidé de mener face à léchec de tous les moyens politiques et diplomatiques à faire fléchir Belgrade est en train datteindre ses objectifs. Les opérations menées réduisent de plus en plus la capacité militaire et répressive de cet appareil et cest cela lobjectif de cette opération.
Q - (Sur la coïncidence ou non des positions françaises et bulgares sur la question des réfugiés)
R - Cest normal que les opinions publiques en France, Bulgarie et ailleurs soient bouleversées par la situation des réfugiés, qui sont dailleurs des déportés. Voir un pouvoir politique terroriser ainsi des populations dont il avait la charge a quelque chose de révoltant. La position de la France est, je crois, exactement la même que celle de la Bulgarie, et depuis hier, que celle des Quinze. LUnion européenne nappliquera pas une politique de quotas mais en priorité une politique daide sur place, dans la région, le moins loin possible du Kosovo, dans lespoir dun retour rapide en sécurité, et donc lUnion européenne va aider lAlbanie et la Macédoine. Naturellement les personnes déplacées qui le demanderont absolument seront accueillies en Europe mais nous nacceptons pas quon les force. Ce sont des gens qui ont déjà trop souffert et nous nacceptons pas quon leur inflige ce nouveau traumatisme. Sur ce point jai constaté une parfaite identité de vues entre la France et la Bulgarie.
Q - (Sur la possibilité dappliquer encore la formule de Rambouillet dune autonomie large garantie par lOTAN)
R - Jestime que les principes généraux des Accords de Rambouillet restent valables et que ce sont dailleurs les seuls principes dun règlement politique qui soient disponibles. Tout le monde sy réfère encore. Je ne veux pas dire dans le détail mais dans les principes, la structure générale de laccord, laccord politique, une autonomie substantielle, servent encore de base. En ce qui concerne la sécurité, la garantie, on voit bien encore plus quavant, comme cela a été démontré par labsurde et par lhorreur de ces derniers jours, quune force de sécurité au sol sera indispensable pour garantir tout accord. Sans elle cet accord naurait pas de crédibilité. Nous avons, il y a quelques jours, après concertation entre les gouvernements occidentaux, posé des questions aux autorités de Belgrade, après que celles-ci aient annoncé un cessez-le-feu unilatéral. Parmi ces questions il y a celle-ci : est-ce que vous acceptez une force de sécurité internationale au sol comme garantie de laccord politique ? La composition de la force avec ses différents éléments est quelque chose qui devra encore être mis au point.
Q - (Sur les mesures de compensation pour les pertes entraînées dans la région et en particulier en Bulgarie)
R - Il est clair que les différentes guerres provoquées en ex-Yougoslavie et finalement au Kosovo par la politique de Belgrade depuis des années et des années ont constitué un handicap très sérieux pour léconomie de la Bulgarie. On le sait, je le savais mais au cours de mes entretiens ici cela mest apparu encore plus évident. Je crois que cest un élément qui doit être pris en considération aussi bien par lOTAN que, surtout, par lUnion européenne. Jai indiqué que je saisirais mes partenaires sur ce point. Nous avons regardé en priorité naturellement les conséquences pour les pays qui doivent accueillir en masse les réfugiés et je crois que les conséquences pour les pays qui voient leur économie perturbée doivent être pris en compte. Cela cest pour contribuer à une solution des problèmes durgence. A long terme la vraie réponse est le soutien et laccompagnement de la Bulgarie dans sa marche vers lEurope.
Q - La France remet-elle en question ses priorités sur les Balkans ? Quel rôle la Bulgarie
pourrait-elle jouer au sein de la politique française, de lUnion européenne et de lOTAN
?
R - La politique française considère que les Balkans sont très importants. II y a des affinités traditionnelles entre la France et les pays des Balkans, y compris entre la France et la Serbie mais celles-ci sont devenues impossibles à partir du moment où la politique suivie par les autorités était contraire à toutes les règles en vigueur dans lEurope daujourdhui et tous les principes de la démocratie moderne. Il nempêche quil reste un intérêt, des affinités, un désir de travail et de coopération avec lensemble des pays des Balkans.
Si je suis ici aujourdhui ce nest pas dabord pour parler de la crise du Kosovo mais parce que nous devons intensifier les relations bilatérales politiques, économiques et culturelles. Je serai en Roumanie dans quelques jours, je suis allé dans tous les autres pays depuis que je suis ministre. Cest donc un axe général de notre politique au sein de lUnion européenne. La France est un des pays qui plaide pour quil y ait une approche générale de lUnion européenne par rapport aux Balkans qui tienne compte de la situation de chaque pays, de leurs problèmes - qui sont très différents, naturellement - pour dégager une perspective, une politique à long terme, une stratégie commune qui, sur dix ou vingt ans, permette daccompagner le développement des Balkans, leur stabilité et leur sécurité. Cela me paraît une tâche qui simpose aux Quinze, en coopération avec lOTAN, lOSCE et dautres organismes, parce que tout simplement cela fait partie de lEurope.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 1999)
Q - (Bilan de la visite en Bulgarie).
R - Au départ cette visite avait été fixée pour des raisons bilatérales car nous voulons intensifier nos relations avec la Bulgarie. Il y a beaucoup de raisons pour que la France et la Bulgarie se fréquentent plus, travaillent ensemble, beaucoup daffinités politiques et culturelles. Javais déjà accueilli Mme Mikhailova à Paris, on avait déjà travaillé dans cet esprit, il était convenu que je devais revenir. Jai dû repousser mon voyage en raison de la crise au Kosovo. Donc - cest le premier point - intensifier le dialogue politique, développer notre présence économique et faire plus sur le plan culturel. Nous allons dailleurs très prochainement régler un problème qui existait depuis un certain temps.
Et puis il y a le contexte européen et le contexte du Kosovo. Le contexte européen ce sont évidemment les objectifs et les espérances de la Bulgarie par rapport à lEurope. Elle sait, je lai confirmé, que nous serons à ses côtés dans ce cheminement qui passe évidemment par de nombreuses étapes. Ce nest pas facile mais lobjectif est clair et la Bulgarie sait pouvoir compter sur notre appui concret, cest à dire sur notre coopération, ce qui est important compte tenu de notre très ancienne expérience européenne. De même nous soutenons la candidature et les aspirations de la Bulgarie par rapport à lOTAN.
Sur le Kosovo jai procédé avec tous mes interlocuteurs, président de la République, Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, président du Parlement, à un échange de vues très complet. Jai pu constater que nos positions sont quasiment les mêmes. En dépit des contraintes et des handicaps, la Bulgarie a dans cette crise une position très claire et courageuse. Sur la question des réfugiés, la Bulgarie, comme la France, pense quil faut soccuper des réfugiés sur place. On ne peut pas ajouter au traumatisme quils ont déjà vécu un autre traumatisme. Cest dailleurs la position de lEurope : la réunion à quinze hier à Luxembourg na pas retenu de politique de quota mais a mis laccent sur laide aux pays qui accueillent et notamment lAlbanie. Là aussi nous accueillerons toujours ceux qui veulent venir, mais il ne faut pas forcer les gens. Les positions sont absolument identiques sur ce point. Et enfin le dernier élément très intéressant est que nous avons réfléchi à des solutions politiques puisque nous serons bien obligés de revenir sur le terrain politique. La solution doit sinscrire dans une perspective plus large concernant à la fois lavenir de la Yougoslavie et des Balkans. LUnion européenne à quinze, je lai redit à tous mes interlocuteurs, me paraît la mieux placée pour définir avec tous ses partenaires un programme densemble portant sur la sécurité, la stabilité et le développement des Balkans. LUnion européenne doit travailler naturellement avec lOSCE, lOTAN et tous les autres organismes.
Donc au total une journée très chargée et dense où nous avons abordé tous les sujets du moment. Cest une concrétisation de cette intensification du dialogue.
Q - (Votre commentaire sur une médiation possible de lONU et de la Russie)
R - Je ne pense pas quon puisse parler à ce stade de médiation. Ce qui se passe en ce moment est quaprès lannonce dun cessez-le-feu unilatéral de Belgrade nous avons posé des questions, au niveau de la France comme de nos partenaires et de lOTAN, portant sur la réalité du cessez-le-feu, la possibilité de le vérifier, sur le retrait des forces militaires et de police, sur le droit au retour des réfugiés, sur lacceptation dun règlement politique, dune force de sécurité pour garantir le règlement politique. Jai vu tout à lheure que le Secrétaire général des Nations unies avait repris à son compte ces questions et appelé à Belgrade à répondre positivement, ce qui nest pas le cas malheureusement en ce moment, et jai vu que dans cette hypothèse le Secrétaire général appellerait lOTAN à arrêter ses frappes. Mais nous nen sommes pas encore là. Il ny a donc pas à proprement parler de « médiation ». Mais toute démarche qui peut amener les autorités yougoslaves à satisfaire les exigences légitimes de la communauté internationale est une bonne chose, en espérant quelle puisse avoir un effet.
Q - (Sur le rôle possible des Etats tiers comme la Bulgarie)
R - Je pense quils ont eu un rôle important avant. Ils ont essayé de convaincre Belgrade. Ils peuvent avoir un rôle important après, dans la définition de la solution qui devra sinsérer, justement, dans un ensemble régional plus large.
Q - (Les Balkans de laprès-guerre : quel intérêt pour la France ?)
R - Il est évident que, pour la France, les Balkans font partie de lEurope. Malheureusement ce nest pas totalement vrai sur le plan de la démocratie, des Droits de lHomme, du développement. Notre objectif à long terme est de faire en sorte que les pays des Balkans soient demain, comme le reste de lEurope, des pays modernes, qui se développent, coopèrent normalement entre eux, règlent leurs problèmes par des procédés pacifiques - tout le monde a des problèmes naturellement mais il faut les régler par dautres procédés. Voilà notre programme. Il faut bien sûr commencer par traiter cette crise urgente et dramatique issue de la politique de Belgrade mais en même temps il faut voir plus loin.
Q - (Sur le rôle possible de la Russie)
R - Je voudrais rappeler que la Russie a joué un rôle très important dans toute la phase antérieure aux frappes, dans la définition dun règlement politique, par des navettes à Belgrade, par les missions de son ministre M Ivanov et les interventions de M. Primakov, par son négociateur à Rambouillet, M. Matorski, donc la Russie a été associée à tout ce qui était tenté avant. Elle sest séparée des autres quand il y a eu le passage à des moyens militaires, pour toutes sortes de raisons, mais le contact a été maintenu avec les pays occidentaux et notamment la France. Nous avons un dialogue au niveau du Secrétaire général des Affaires étrangères encore avant-hier et hier. Ce dialogue sert à réfléchir à une solution politique : nous avons un cadre de référence - Accords de Rambouillet. Il faut ladapter, notamment sur la question des réfugiés, il faut bâtir quelque chose qui nétait pas prévu à ce moment là et cest une affaire de longue haleine. Il faut aussi travailler sur la question des forces de sécurité. Cest ce à quoi nous travaillons non seulement avec les partenaires occidentaux mais également avec les Russes à la future solution de la crise, à la sortie de la crise, à la paix future.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 1999)
ENTRETIEN AVEC LA TELEVISION BULGARE :
Q - (Sur lévaluation de lopération de lOTAN)
R - Je crois que lopération que les pays membres ont décidé de mener face à léchec de tous les moyens politiques et diplomatiques à faire fléchir Belgrade est en train datteindre ses objectifs. Les opérations menées réduisent de plus en plus la capacité militaire et répressive de cet appareil et cest cela lobjectif de cette opération.
Q - (Sur la coïncidence ou non des positions françaises et bulgares sur la question des réfugiés)
R - Cest normal que les opinions publiques en France, Bulgarie et ailleurs soient bouleversées par la situation des réfugiés, qui sont dailleurs des déportés. Voir un pouvoir politique terroriser ainsi des populations dont il avait la charge a quelque chose de révoltant. La position de la France est, je crois, exactement la même que celle de la Bulgarie, et depuis hier, que celle des Quinze. LUnion européenne nappliquera pas une politique de quotas mais en priorité une politique daide sur place, dans la région, le moins loin possible du Kosovo, dans lespoir dun retour rapide en sécurité, et donc lUnion européenne va aider lAlbanie et la Macédoine. Naturellement les personnes déplacées qui le demanderont absolument seront accueillies en Europe mais nous nacceptons pas quon les force. Ce sont des gens qui ont déjà trop souffert et nous nacceptons pas quon leur inflige ce nouveau traumatisme. Sur ce point jai constaté une parfaite identité de vues entre la France et la Bulgarie.
Q - (Sur la possibilité dappliquer encore la formule de Rambouillet dune autonomie large garantie par lOTAN)
R - Jestime que les principes généraux des Accords de Rambouillet restent valables et que ce sont dailleurs les seuls principes dun règlement politique qui soient disponibles. Tout le monde sy réfère encore. Je ne veux pas dire dans le détail mais dans les principes, la structure générale de laccord, laccord politique, une autonomie substantielle, servent encore de base. En ce qui concerne la sécurité, la garantie, on voit bien encore plus quavant, comme cela a été démontré par labsurde et par lhorreur de ces derniers jours, quune force de sécurité au sol sera indispensable pour garantir tout accord. Sans elle cet accord naurait pas de crédibilité. Nous avons, il y a quelques jours, après concertation entre les gouvernements occidentaux, posé des questions aux autorités de Belgrade, après que celles-ci aient annoncé un cessez-le-feu unilatéral. Parmi ces questions il y a celle-ci : est-ce que vous acceptez une force de sécurité internationale au sol comme garantie de laccord politique ? La composition de la force avec ses différents éléments est quelque chose qui devra encore être mis au point.
Q - (Sur les mesures de compensation pour les pertes entraînées dans la région et en particulier en Bulgarie)
R - Il est clair que les différentes guerres provoquées en ex-Yougoslavie et finalement au Kosovo par la politique de Belgrade depuis des années et des années ont constitué un handicap très sérieux pour léconomie de la Bulgarie. On le sait, je le savais mais au cours de mes entretiens ici cela mest apparu encore plus évident. Je crois que cest un élément qui doit être pris en considération aussi bien par lOTAN que, surtout, par lUnion européenne. Jai indiqué que je saisirais mes partenaires sur ce point. Nous avons regardé en priorité naturellement les conséquences pour les pays qui doivent accueillir en masse les réfugiés et je crois que les conséquences pour les pays qui voient leur économie perturbée doivent être pris en compte. Cela cest pour contribuer à une solution des problèmes durgence. A long terme la vraie réponse est le soutien et laccompagnement de la Bulgarie dans sa marche vers lEurope.
Q - La France remet-elle en question ses priorités sur les Balkans ? Quel rôle la Bulgarie
pourrait-elle jouer au sein de la politique française, de lUnion européenne et de lOTAN
?
R - La politique française considère que les Balkans sont très importants. II y a des affinités traditionnelles entre la France et les pays des Balkans, y compris entre la France et la Serbie mais celles-ci sont devenues impossibles à partir du moment où la politique suivie par les autorités était contraire à toutes les règles en vigueur dans lEurope daujourdhui et tous les principes de la démocratie moderne. Il nempêche quil reste un intérêt, des affinités, un désir de travail et de coopération avec lensemble des pays des Balkans.
Si je suis ici aujourdhui ce nest pas dabord pour parler de la crise du Kosovo mais parce que nous devons intensifier les relations bilatérales politiques, économiques et culturelles. Je serai en Roumanie dans quelques jours, je suis allé dans tous les autres pays depuis que je suis ministre. Cest donc un axe général de notre politique au sein de lUnion européenne. La France est un des pays qui plaide pour quil y ait une approche générale de lUnion européenne par rapport aux Balkans qui tienne compte de la situation de chaque pays, de leurs problèmes - qui sont très différents, naturellement - pour dégager une perspective, une politique à long terme, une stratégie commune qui, sur dix ou vingt ans, permette daccompagner le développement des Balkans, leur stabilité et leur sécurité. Cela me paraît une tâche qui simpose aux Quinze, en coopération avec lOTAN, lOSCE et dautres organismes, parce que tout simplement cela fait partie de lEurope.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 1999)