Texte intégral
R. Duchemin.- Je voudrais que vous réagissiez à la polémique qui est en train de monter après les propos de G. Longuet. Visiblement, il trouve que le socialiste M. Boutih n'a pas le bon profile pour prendre la tête de la HALDE. Vous avez été choqué par ce qu'il a dit ?
Ce qui me rassure, c'est qu'il a dit qu'il était désolé, voilà ; désolé, navré, et que c'était une expression malheureuse.
Que c'était maladroit mais qu'il retire rien sur le fond.
Je n'ai pas lu ça, je n'ai pas entendu ça. Si on parle de la Haute Autorité, puisque c'est une institution vitale, la lutte contre les discriminations, et j'ai eu le bonheur de l'installer... c'est moi qui ai fait voter la loi de lutte contre les discriminations et l'installation de L. Schweitzer. Nous avions besoin de cette institution pour instruire les dossiers avant même que la justice puisse être saisie. Je crois que c'est une grande réussite. J'observe d'ailleurs à l'époque qu'elle avait été critiquée par la gauche, et je suis heureux de voir que maintenant ça fait un consensus national majeur. Maintenant, sur le fond, je connais bien M. Boutih, que j'apprécie énormément...
Il a le bon profil ?
Oui, je trouve qu'il a le bon profil, ce n'est pas le seul, mais c'est évidemment quelqu'un qui a, si vous voulez, à la fois la culture initiale du militantisme, et en même temps il a pris de la sérénité, de la tranquillité, et voilà... J'ai beaucoup d'estime pour lui.
Est-ce que le fait d'être socialiste ça peut l'handicaper dans justement l'exercice de cette fonction, si effectivement c'est lui qui prend la succession ?
C'est ce que j'ai compris de ce que disais G. Longuet d'ailleurs dans son rectificatif. Sincèrement, je ne crois pas. Je crois que, quand on accepte d'être nommé à la tête d'une institution comme ça, on prend évidemment le rôle de l'institution et on quitte évidemment son habit partisan antérieur, même si on garde évidemment ses convictions.
Alors, puisque vous avez écouté ce qu'a dit G. Longuet, vous avez aussi entendu, je suppose, qu'il a parlé de la taxe carbone. Il dit que visiblement ça n'est pas forcément une priorité ; en tout cas, la question se pose pour lui.
J'ai lu également le rectificatif, en disant simplement qu'il souhaitait qu'on ait un débat de fond, je l'ai vu à vrai dire hier. Sa préoccupation c'est : et si on faisait ça au niveau européen directement ?
Il dit que ça va durer 2,5 ans, ça n'aura pas forcément une utilité dans l'immédiat en France.
La question de G. Longuet, elle n'est pas contre une contribution climat-énergie, orienter le fonctionnement des industriels notamment, mais simplement, puisque on va vers un débat européen dans ce domaine, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux attendre ce débat européen ?
Et la réponse ?
La réponse chez nous est claire, je comprends sa préoccupation, mais on essaie de trouver néanmoins, pour montrer l'exemple, une procédure pour les 1.100 sites industriels français qui sont concernés.
Ca signifie que, pour l'instant, vous êtes toujours en train de travailler ?
Pour l'instant, on continue à travailler sur ce point ; on a besoin d'un accord d'ailleurs de l'Union européenne, qu'on est en train de négocier, donc on avance.
Et vous avez trouvé le système pour les entreprises ou pas ?
Pas définitivement, je vous dis, on a un système qu'il faut faire valider par l'Europe, c'est ce qu'on est en train de s'efforcer de faire, et j'ai bon espoir.
On est à trois jours du scrutin des régionales. Europe Ecologie a vu dans les récentes enquêtes d'opinion sa cote de popularité monter, les intentions de vote ont suivi le même chemin : 14 %, 18 %, 20, 21 % par endroit. On dit quoi, merci J.-L. Borloo ?
Je ne sais pas mais ce qui est vrai c'est que la mise en mouvement de la société française sur ces sujets-là, je crois qu'on peut dire qu'elle a été très accentuée dans les trois dernières années. Il y avait d'ailleurs un sondage international au mois de décembre : la France est le pays au monde où la population est la plus concernée par les sujets d'écologie, très loin en tête, y compris devant les Allemands, devant les Danois, devant les Espagnols, devant les Italiens. Donc, il y a une prise en compte absolument majeure. La compréhension de la France c'est que, les emplois de demain, les vrais emplois de demain sont dans la mutation économique écologiste pour une croissance robuste. C'est ça ce que les Français ont compris fondamentalement. Ca ne veut pas dire qu'ils considèrent que la proposition d'Europe Ecologie, qui est un peu plus décroissante ou un peu plus restrictive, corresponde à l'aspiration des Français, mais il y a une tendance générale, il y a une ambiance générale, dont Europe Ecologie profite évidemment.
Vous ne serez pas étonné s'ils font un bon score, donc ?
Non, je ne serais pas étonné parce que, quand 79 % des Français considèrent - c'est ce fameux sondage mondial du mois de décembre - que ce sujet est absolument majeur, non seulement pour l'avenir de la planète mais pour l'avenir de l'emploi, je ne serais évidemment pas surpris.
Quand le PS demande au CSA de différer la diffusion d'Ushuaia qui est prévue juste avant le premier tour, est-ce que ça vous étonne ? Est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir, parce que c'est ce que le PS a en tête, "un effet Home", comme il y avait eu soi-disant pour les Européennes ?
Je pense que les Français sont adultes, c'est un peuple qui adore la politique, qui sait adresser les messages collectivement, et je ne crois pas qu'une émission de télévision soit de nature à modifier le vote. C'est vrai qu'il y a des ambiances de campagne. Enfin, ça me paraît dérisoire par rapport aux enjeux.
Je suppose que vous avez suivi l'action de Greenpeace menée cette nuit dans le Val-de-Marne : 12 personnes se sont enchaînées sur les rails. Visiblement, l'Association veut un moratoire sur les exportations de déchets nucléaires. Est-ce que c'est quelque chose qui est envisageable aujourd'hui ?
Non, il y a des accords internationaux sur de l'uranium appauvri, qui font l'objet de conventions internationales, qui sont parfaitement surveillés, qui sont organisés...
Donc, pas la peine d'un moratoire ?
...Je vais vérifier si l'ensemble des conditions de sécurité juridique sont bien respectées, et si c'est le cas, on ne va pas rompre des contrats internationaux.
Dans l'actualité, il y a aussi Total. Les syndicats vont visiblement remettre ça, en tout cas c'est ce qui se dessine, il y a une assemblée générale en intersyndicales prévue aujourd'hui, et puis il y a aussi déjà une grève annoncée pour le 15 avril, c'est-à-dire, le jour de la table-ronde sur l'avenir de la raffinerie. On peut laisser Total fermer la raffinerie des Flandres aujourd'hui ?
A cette heure-ci, elle est fermée. La question c'est de la rouvrir après des travaux de maintenance. On a un problème global de raffineries, il y a 110 raffineries en Europe, il y a une volonté de réduction des besoins énergétiques, il y a une volonté de développement des énergies renouvelables, la France est sur un programme extrêmement ambitieux et puissant, et en même temps, il y a un outil industriel à Dunkerque qui fait fonctionner le port de Dunkerque, il a des sous-traitants. Il faut donc être capables d'assumer des mutations mais avec une totale garantie d'emplois réellement sécurisés, non seulement pour les salariés de Total mais pour l'ensemble du bassin économique et de la sous-traitance, et il faut le faire en regardant quel est l'avenir de l'ensemble des raffineries. D'où cette réunion du 15 avril que j'ai convoquée.
Dans deux heures je crois, N. Sarkozy va ouvrir une conférence internationale sur la déforestation, c'est un sujet qui vous tient à coeur. 30 pays vont être là. C'est un test aussi, après Copenhague, entre les Pays du Nord, les Pays du Sud, les pays pauvres, les pays riches, ceux qui polluent, ceux qui polluent moins ?
D'abord, la forêt. La forêt fait l'objet d'une destruction massive actuellement au plan planétaire ; l'équivalent de la Grèce, tous les ans est supprimé. Et en même temps, la forêt c'est vital ; vital, pour vous, pour moi, c'est vital, c'est 20 % des émissions de gaz à effet de serre, et c'est une partie absolument considérable de la biodiversité, et de surcroît, il y des centaines de millions de nos frères humains qui vivent dans la forêt. Donc, nous avons décidé, dans le droit fil de Copenhague, c'est une décision de Copenhague, d'organiser non pas avec 30 mais avec 60 pays, qui sont les grands bassins forestiers - le bassin du Congo, le bassin amazonien, et l'Indonésie -, de réunir ces pays, de réunir les financeurs puisqu'on est dans le cadre ce qu'on a appelé "le fast start", c'est-à-dire les premiers financements de solidarité internationale. Comment on s'organise concrètement et pratiquement ? J'espère de cette réunion, qui a au fond commencé un peu hier, on a travaillé avec mes collègues, qu'on organise au moins une Agence mondiale de la forêt, qu'on mette en place les bonnes pratiques, et qu'on mette les financements que Copenhague avait décidés pour la forêt, qu'on rentre dans la vraie vie et plus dans celle des commentaires.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 mars 2010
Ce qui me rassure, c'est qu'il a dit qu'il était désolé, voilà ; désolé, navré, et que c'était une expression malheureuse.
Que c'était maladroit mais qu'il retire rien sur le fond.
Je n'ai pas lu ça, je n'ai pas entendu ça. Si on parle de la Haute Autorité, puisque c'est une institution vitale, la lutte contre les discriminations, et j'ai eu le bonheur de l'installer... c'est moi qui ai fait voter la loi de lutte contre les discriminations et l'installation de L. Schweitzer. Nous avions besoin de cette institution pour instruire les dossiers avant même que la justice puisse être saisie. Je crois que c'est une grande réussite. J'observe d'ailleurs à l'époque qu'elle avait été critiquée par la gauche, et je suis heureux de voir que maintenant ça fait un consensus national majeur. Maintenant, sur le fond, je connais bien M. Boutih, que j'apprécie énormément...
Il a le bon profil ?
Oui, je trouve qu'il a le bon profil, ce n'est pas le seul, mais c'est évidemment quelqu'un qui a, si vous voulez, à la fois la culture initiale du militantisme, et en même temps il a pris de la sérénité, de la tranquillité, et voilà... J'ai beaucoup d'estime pour lui.
Est-ce que le fait d'être socialiste ça peut l'handicaper dans justement l'exercice de cette fonction, si effectivement c'est lui qui prend la succession ?
C'est ce que j'ai compris de ce que disais G. Longuet d'ailleurs dans son rectificatif. Sincèrement, je ne crois pas. Je crois que, quand on accepte d'être nommé à la tête d'une institution comme ça, on prend évidemment le rôle de l'institution et on quitte évidemment son habit partisan antérieur, même si on garde évidemment ses convictions.
Alors, puisque vous avez écouté ce qu'a dit G. Longuet, vous avez aussi entendu, je suppose, qu'il a parlé de la taxe carbone. Il dit que visiblement ça n'est pas forcément une priorité ; en tout cas, la question se pose pour lui.
J'ai lu également le rectificatif, en disant simplement qu'il souhaitait qu'on ait un débat de fond, je l'ai vu à vrai dire hier. Sa préoccupation c'est : et si on faisait ça au niveau européen directement ?
Il dit que ça va durer 2,5 ans, ça n'aura pas forcément une utilité dans l'immédiat en France.
La question de G. Longuet, elle n'est pas contre une contribution climat-énergie, orienter le fonctionnement des industriels notamment, mais simplement, puisque on va vers un débat européen dans ce domaine, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux attendre ce débat européen ?
Et la réponse ?
La réponse chez nous est claire, je comprends sa préoccupation, mais on essaie de trouver néanmoins, pour montrer l'exemple, une procédure pour les 1.100 sites industriels français qui sont concernés.
Ca signifie que, pour l'instant, vous êtes toujours en train de travailler ?
Pour l'instant, on continue à travailler sur ce point ; on a besoin d'un accord d'ailleurs de l'Union européenne, qu'on est en train de négocier, donc on avance.
Et vous avez trouvé le système pour les entreprises ou pas ?
Pas définitivement, je vous dis, on a un système qu'il faut faire valider par l'Europe, c'est ce qu'on est en train de s'efforcer de faire, et j'ai bon espoir.
On est à trois jours du scrutin des régionales. Europe Ecologie a vu dans les récentes enquêtes d'opinion sa cote de popularité monter, les intentions de vote ont suivi le même chemin : 14 %, 18 %, 20, 21 % par endroit. On dit quoi, merci J.-L. Borloo ?
Je ne sais pas mais ce qui est vrai c'est que la mise en mouvement de la société française sur ces sujets-là, je crois qu'on peut dire qu'elle a été très accentuée dans les trois dernières années. Il y avait d'ailleurs un sondage international au mois de décembre : la France est le pays au monde où la population est la plus concernée par les sujets d'écologie, très loin en tête, y compris devant les Allemands, devant les Danois, devant les Espagnols, devant les Italiens. Donc, il y a une prise en compte absolument majeure. La compréhension de la France c'est que, les emplois de demain, les vrais emplois de demain sont dans la mutation économique écologiste pour une croissance robuste. C'est ça ce que les Français ont compris fondamentalement. Ca ne veut pas dire qu'ils considèrent que la proposition d'Europe Ecologie, qui est un peu plus décroissante ou un peu plus restrictive, corresponde à l'aspiration des Français, mais il y a une tendance générale, il y a une ambiance générale, dont Europe Ecologie profite évidemment.
Vous ne serez pas étonné s'ils font un bon score, donc ?
Non, je ne serais pas étonné parce que, quand 79 % des Français considèrent - c'est ce fameux sondage mondial du mois de décembre - que ce sujet est absolument majeur, non seulement pour l'avenir de la planète mais pour l'avenir de l'emploi, je ne serais évidemment pas surpris.
Quand le PS demande au CSA de différer la diffusion d'Ushuaia qui est prévue juste avant le premier tour, est-ce que ça vous étonne ? Est-ce que vous pensez qu'il peut y avoir, parce que c'est ce que le PS a en tête, "un effet Home", comme il y avait eu soi-disant pour les Européennes ?
Je pense que les Français sont adultes, c'est un peuple qui adore la politique, qui sait adresser les messages collectivement, et je ne crois pas qu'une émission de télévision soit de nature à modifier le vote. C'est vrai qu'il y a des ambiances de campagne. Enfin, ça me paraît dérisoire par rapport aux enjeux.
Je suppose que vous avez suivi l'action de Greenpeace menée cette nuit dans le Val-de-Marne : 12 personnes se sont enchaînées sur les rails. Visiblement, l'Association veut un moratoire sur les exportations de déchets nucléaires. Est-ce que c'est quelque chose qui est envisageable aujourd'hui ?
Non, il y a des accords internationaux sur de l'uranium appauvri, qui font l'objet de conventions internationales, qui sont parfaitement surveillés, qui sont organisés...
Donc, pas la peine d'un moratoire ?
...Je vais vérifier si l'ensemble des conditions de sécurité juridique sont bien respectées, et si c'est le cas, on ne va pas rompre des contrats internationaux.
Dans l'actualité, il y a aussi Total. Les syndicats vont visiblement remettre ça, en tout cas c'est ce qui se dessine, il y a une assemblée générale en intersyndicales prévue aujourd'hui, et puis il y a aussi déjà une grève annoncée pour le 15 avril, c'est-à-dire, le jour de la table-ronde sur l'avenir de la raffinerie. On peut laisser Total fermer la raffinerie des Flandres aujourd'hui ?
A cette heure-ci, elle est fermée. La question c'est de la rouvrir après des travaux de maintenance. On a un problème global de raffineries, il y a 110 raffineries en Europe, il y a une volonté de réduction des besoins énergétiques, il y a une volonté de développement des énergies renouvelables, la France est sur un programme extrêmement ambitieux et puissant, et en même temps, il y a un outil industriel à Dunkerque qui fait fonctionner le port de Dunkerque, il a des sous-traitants. Il faut donc être capables d'assumer des mutations mais avec une totale garantie d'emplois réellement sécurisés, non seulement pour les salariés de Total mais pour l'ensemble du bassin économique et de la sous-traitance, et il faut le faire en regardant quel est l'avenir de l'ensemble des raffineries. D'où cette réunion du 15 avril que j'ai convoquée.
Dans deux heures je crois, N. Sarkozy va ouvrir une conférence internationale sur la déforestation, c'est un sujet qui vous tient à coeur. 30 pays vont être là. C'est un test aussi, après Copenhague, entre les Pays du Nord, les Pays du Sud, les pays pauvres, les pays riches, ceux qui polluent, ceux qui polluent moins ?
D'abord, la forêt. La forêt fait l'objet d'une destruction massive actuellement au plan planétaire ; l'équivalent de la Grèce, tous les ans est supprimé. Et en même temps, la forêt c'est vital ; vital, pour vous, pour moi, c'est vital, c'est 20 % des émissions de gaz à effet de serre, et c'est une partie absolument considérable de la biodiversité, et de surcroît, il y des centaines de millions de nos frères humains qui vivent dans la forêt. Donc, nous avons décidé, dans le droit fil de Copenhague, c'est une décision de Copenhague, d'organiser non pas avec 30 mais avec 60 pays, qui sont les grands bassins forestiers - le bassin du Congo, le bassin amazonien, et l'Indonésie -, de réunir ces pays, de réunir les financeurs puisqu'on est dans le cadre ce qu'on a appelé "le fast start", c'est-à-dire les premiers financements de solidarité internationale. Comment on s'organise concrètement et pratiquement ? J'espère de cette réunion, qui a au fond commencé un peu hier, on a travaillé avec mes collègues, qu'on organise au moins une Agence mondiale de la forêt, qu'on mette en place les bonnes pratiques, et qu'on mette les financements que Copenhague avait décidés pour la forêt, qu'on rentre dans la vraie vie et plus dans celle des commentaires.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 12 mars 2010