Texte intégral
R. Sicard.- Avant de parler avec le ministre de l'Energie du dossier Total, avant de parler avec le ministre de l'Ecologie des doutes sur le réchauffement climatique, je voudrais d'abord que vous mettiez votre casquette de ministre en charge des Transports. Il y a une grève en ce moment depuis hier dans le contrôle aérien, en pleines vacances scolaires, est-ce que vous pensez que cette grève peut se terminer rapidement ?
On a beaucoup travaillé depuis trois jours avec les organisations syndicales. D'abord il y a 50 % aujourd'hui de grève à Orly ; quel est le sujet ? Le sujet c'est de faire un ciel unique européen pour améliorer la qualité du contrôle et notamment de réduire les temps de trajet, le kérosène, le CO².
Mais ce que craignent les contrôleurs, c'est une privatisation...
Voilà. Donc ça c'est le ciel unique européen et les contrôleurs sont inquiets, ceux de la DGAC sont inquiets en disant, mais attendez, est-ce que tout ça ne va pas se terminer par une privatisation générale ? Nous sommes attachés au ciel unique européen et je crois que ça c'est un point qui est clair et en même temps, il n'est pas question, il n'est pas question de modifier, bien entendu, la DGAC, l'aviation civile. Donc on a discuté longuement avec les syndicats et on leur a dit "écoutez, au fond, la meilleure des protections pour vous c'est qu'on aille ensemble, qu'on prépare la négociation de ce traité international qui vous garantira mieux que n'importe quelle autre hypothèse. On leur a proposé ça, on leur a proposé de nommer monsieur Savary, député européen PS pour rédiger avec les organisations le mandat de négociation internationale en toute transparence avec eux pour qu'ils soient totalement rassurés. J'ai le sentiment, j'espère et je crois que dans la consultation des personnels qui aura lieu aujourd'hui, j'espère en fin de matinée, on devrait assister à la reprise du travail. C'est extrêmement important et en plus, on est tellement transparent que je suis assez confiant. Enfin, j'espère en tous les cas qu'on va y parvenir. Vous savez, le niveau de responsabilité des aiguilleurs du ciel est très élevé dans notre pays, il y a une inquiétude, il y a la réponse, j'espère qu'on va vers le déblocage.
Autrement dit, ce matin, vous leur garantissez qu'il n'y aura pas de privatisation de leur activité ?
Oui, parce que c'est n'est pas le but. Le but c'est de coordonner l'ensemble du ciel unique européen avec l'Allemagne, le Benelux, la Suisse et la France. Donc il n'y a aucune espèce d'inquiétude à avoir et on va rédiger ensemble le mandat de négociation pour qu'il y ait un traité international qui les protégera mieux même que la situation actuelle.
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes avait montré du doigt les contrôleurs du ciel en disant qu'ils avaient des avantages exorbitants, qu'ils travaillaient moins de 100 jours par an. Est-ce que grève après grève, ils n'obtiennent pas quand même des avantages trop importants ?
Non, mais ça, c'est un marronnier. C'est comme les grands hebdomadaires l'été, le match l'Ile-de-Ré contre Saint-Tropez. Enfin, je veux dire...
...Là c'était la Cour des comptes.
Là, en l'occurrence, la question ne se pose absolument pas en ces termes. Il y a une vraie modification pour le ciel unique européen, nous y sommes favorables, nous maintenons le projet, il est parfaitement normal que ça se fasse avec les organisations et en totale transparence avec eux. N'oubliez jamais que les contrôleurs du ciel veille sur votre sécurité quand vous êtes à bord.
On ne l'oublie pas. Le deuxième conflit social c'est celui qui se déroule en Corse, les marins CGT bloquent les ports de Corse. Est-ce que, là aussi, vous avez l'espoir d'une sortie de crise ?
Quel est le poids exact ? Nous avons une compagnie, la SNCM et puis une autre, la CNM qui assure une desserte dans le cadre d'une délégation de services publics. Je vous rappelle que la responsabilité est celle de la collectivité territoriale corse, et pour cela, elle a un certain nombre d'obligations et d'avantages qui sont la contrepartie de ces obligations. Et puis, il y a d'autres acteurs Corsica Ferries et maintenant un nouvel entrant qui s'appelle Moby Lines, qui ont des conditions d'aides particulières, on appelle ça "l'aide sociale" - enfin peu importe. Et le personnel de la SNCM est inquiet des conditions de concurrence, en disant, mais finalement, est-ce que tout ceci, nous qui avons des obligations de service public, est-ce qu'on ne va pas assister à une concurrence déloyale ? Donc on en a discuté avec eux, avec les élus corses, avec la mairie de Marseille, avec les organisations syndicales et l'entreprise et on leur a proposé qu'il y ait une mission très courte, extrêmement précise, qui définisse clairement les conditions d'une concurrence saine et loyale avec les obligations de service public qui vont avec. C. Revet, sénateur, a accepté de faire cette mission parfaitement transparente. Les organisations syndicales ont souhaité qu'il accepte d'être... qu'il y ait autour de lui des sénateurs de toutes les formations politiques, c'est-à-dire de manière parfaitement plurielle, il a accepté. Nous avons donc décidé avec D. Bussereau que cette mission démarrait immédiatement pour que très vite, à la mi-avril, fin avril au plus tard, on ait objectivisé toutes les conditions de concurrence et d'organisation de la desserte sur la Corse. A partir de ce moment là, la nouvelle collectivité corse qui sortira des urnes, aura tous les moyens d'appréciation pour organiser dans de bonnes conditions, pour les Corses et pour les marins de la SNCM, la desserte corse. Alors j'espère de tout coeur que cela va pouvoir débloquer la situation. En tous les cas, nous, on est parfaitement clairs, on est transparents...
Très vite selon vous, aujourd'hui, demain ?
J'espère dans les jours qui viennent. J'en appelle vraiment à nos amis de la SNCM et de la CGT, compte tenu de la méthodologie qui est utilisée, pour qu'on lève le blocage des ports.
Sur l'énergie, avant de parler de Total, il y a un dossier ce matin qui surgit dans le journal Les Echos : GDF-Suez propose de créer un réacteur nucléaire dans la vallée du Rhône ; est-ce que vous allez l'autoriser ?
La politique nucléaire française, la stratégie, ne se fait pas par appel, par communiqué. GDF-Suez est une grande compagnie qui a des compétences en matière nucléaire, elle a d'ailleurs une vraie stratégie internationale, donc elle a évidemment sa place dans le dispositif nucléaire français. Mais enfin, il n'y a, à cette heure-ci, aucune décision prévue pour une nouvelle centrale ou un nouvel EPR français. Si la question se posait un jour, on verra et GDF-Suez a des compétences, voilà, mais c'est tout.
Sur le dossier Total, les syndicats appellent à la reprise du travail. Est-ce que vous pensez que la base, que les salariés à la base, vont suivre leurs syndicats ?
D'abord, le fond de cette affaire. Le fond de cette affaire, c'est que nous avons une évolution du mix énergétique européen et français ; qu'il y a en matière de raffinage, pas seulement en France, un certain nombre d'interrogations et que les salariés de Total, mais pas seulement de Total, d'Exxon, enfin l'ensemble des producteurs, distributeurs et raffineurs, veulent y voir clair sur l'avenir de cet outil industriel. C'est pour ça que j'organise, à la demande du Président, une table ronde sur le fond du sujet à plusieurs années, aux alentours du 15 avril prochain, avec un véritable débat de fond, avec les investissements qui sont nécessaires. Par ailleurs, sur le site particulier des Flandres, vous savez que le comité central d'entreprise a été avancé au 8 mars, il ne m'appartient pas donc de faire un délit d'entrave sur ce qui va se passer, sinon qu'on sait que dans tous les cas de figure, des investissements d'une nature ou d'une autre seront faits pour le personnel et les sous-traitants de Dunkerque. Alors, la question, c'est est-ce que le problème est réglé ? Ce sont les salariés sur les sites qui se prononceront aujourd'hui.
Mais est-ce qu'on peut à la fois défendre les énergies alternatives et le raffinage ?
Oui, il faut évidemment défendre les deux, vous ne passez pas d'un système à un autre, ça me parait tout à fait évident. Vous savez qu'à peu près tout ce qui est ici dans cette pièce, enfin il y a beaucoup de plastique, nous sommes dans une civilisation du plastique et le plastique c'est du pétrole. Donc il est tout à fait clair que nous défendons, nous, les énergies locales, les énergies renouvelables, les énergies alternatives, mais évidemment que notre société aura besoin de pétrole dans les décennies qui viennent.
Source : Premier ministre, Service d'Information du 15 mars 2010
On a beaucoup travaillé depuis trois jours avec les organisations syndicales. D'abord il y a 50 % aujourd'hui de grève à Orly ; quel est le sujet ? Le sujet c'est de faire un ciel unique européen pour améliorer la qualité du contrôle et notamment de réduire les temps de trajet, le kérosène, le CO².
Mais ce que craignent les contrôleurs, c'est une privatisation...
Voilà. Donc ça c'est le ciel unique européen et les contrôleurs sont inquiets, ceux de la DGAC sont inquiets en disant, mais attendez, est-ce que tout ça ne va pas se terminer par une privatisation générale ? Nous sommes attachés au ciel unique européen et je crois que ça c'est un point qui est clair et en même temps, il n'est pas question, il n'est pas question de modifier, bien entendu, la DGAC, l'aviation civile. Donc on a discuté longuement avec les syndicats et on leur a dit "écoutez, au fond, la meilleure des protections pour vous c'est qu'on aille ensemble, qu'on prépare la négociation de ce traité international qui vous garantira mieux que n'importe quelle autre hypothèse. On leur a proposé ça, on leur a proposé de nommer monsieur Savary, député européen PS pour rédiger avec les organisations le mandat de négociation internationale en toute transparence avec eux pour qu'ils soient totalement rassurés. J'ai le sentiment, j'espère et je crois que dans la consultation des personnels qui aura lieu aujourd'hui, j'espère en fin de matinée, on devrait assister à la reprise du travail. C'est extrêmement important et en plus, on est tellement transparent que je suis assez confiant. Enfin, j'espère en tous les cas qu'on va y parvenir. Vous savez, le niveau de responsabilité des aiguilleurs du ciel est très élevé dans notre pays, il y a une inquiétude, il y a la réponse, j'espère qu'on va vers le déblocage.
Autrement dit, ce matin, vous leur garantissez qu'il n'y aura pas de privatisation de leur activité ?
Oui, parce que c'est n'est pas le but. Le but c'est de coordonner l'ensemble du ciel unique européen avec l'Allemagne, le Benelux, la Suisse et la France. Donc il n'y a aucune espèce d'inquiétude à avoir et on va rédiger ensemble le mandat de négociation pour qu'il y ait un traité international qui les protégera mieux même que la situation actuelle.
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes avait montré du doigt les contrôleurs du ciel en disant qu'ils avaient des avantages exorbitants, qu'ils travaillaient moins de 100 jours par an. Est-ce que grève après grève, ils n'obtiennent pas quand même des avantages trop importants ?
Non, mais ça, c'est un marronnier. C'est comme les grands hebdomadaires l'été, le match l'Ile-de-Ré contre Saint-Tropez. Enfin, je veux dire...
...Là c'était la Cour des comptes.
Là, en l'occurrence, la question ne se pose absolument pas en ces termes. Il y a une vraie modification pour le ciel unique européen, nous y sommes favorables, nous maintenons le projet, il est parfaitement normal que ça se fasse avec les organisations et en totale transparence avec eux. N'oubliez jamais que les contrôleurs du ciel veille sur votre sécurité quand vous êtes à bord.
On ne l'oublie pas. Le deuxième conflit social c'est celui qui se déroule en Corse, les marins CGT bloquent les ports de Corse. Est-ce que, là aussi, vous avez l'espoir d'une sortie de crise ?
Quel est le poids exact ? Nous avons une compagnie, la SNCM et puis une autre, la CNM qui assure une desserte dans le cadre d'une délégation de services publics. Je vous rappelle que la responsabilité est celle de la collectivité territoriale corse, et pour cela, elle a un certain nombre d'obligations et d'avantages qui sont la contrepartie de ces obligations. Et puis, il y a d'autres acteurs Corsica Ferries et maintenant un nouvel entrant qui s'appelle Moby Lines, qui ont des conditions d'aides particulières, on appelle ça "l'aide sociale" - enfin peu importe. Et le personnel de la SNCM est inquiet des conditions de concurrence, en disant, mais finalement, est-ce que tout ceci, nous qui avons des obligations de service public, est-ce qu'on ne va pas assister à une concurrence déloyale ? Donc on en a discuté avec eux, avec les élus corses, avec la mairie de Marseille, avec les organisations syndicales et l'entreprise et on leur a proposé qu'il y ait une mission très courte, extrêmement précise, qui définisse clairement les conditions d'une concurrence saine et loyale avec les obligations de service public qui vont avec. C. Revet, sénateur, a accepté de faire cette mission parfaitement transparente. Les organisations syndicales ont souhaité qu'il accepte d'être... qu'il y ait autour de lui des sénateurs de toutes les formations politiques, c'est-à-dire de manière parfaitement plurielle, il a accepté. Nous avons donc décidé avec D. Bussereau que cette mission démarrait immédiatement pour que très vite, à la mi-avril, fin avril au plus tard, on ait objectivisé toutes les conditions de concurrence et d'organisation de la desserte sur la Corse. A partir de ce moment là, la nouvelle collectivité corse qui sortira des urnes, aura tous les moyens d'appréciation pour organiser dans de bonnes conditions, pour les Corses et pour les marins de la SNCM, la desserte corse. Alors j'espère de tout coeur que cela va pouvoir débloquer la situation. En tous les cas, nous, on est parfaitement clairs, on est transparents...
Très vite selon vous, aujourd'hui, demain ?
J'espère dans les jours qui viennent. J'en appelle vraiment à nos amis de la SNCM et de la CGT, compte tenu de la méthodologie qui est utilisée, pour qu'on lève le blocage des ports.
Sur l'énergie, avant de parler de Total, il y a un dossier ce matin qui surgit dans le journal Les Echos : GDF-Suez propose de créer un réacteur nucléaire dans la vallée du Rhône ; est-ce que vous allez l'autoriser ?
La politique nucléaire française, la stratégie, ne se fait pas par appel, par communiqué. GDF-Suez est une grande compagnie qui a des compétences en matière nucléaire, elle a d'ailleurs une vraie stratégie internationale, donc elle a évidemment sa place dans le dispositif nucléaire français. Mais enfin, il n'y a, à cette heure-ci, aucune décision prévue pour une nouvelle centrale ou un nouvel EPR français. Si la question se posait un jour, on verra et GDF-Suez a des compétences, voilà, mais c'est tout.
Sur le dossier Total, les syndicats appellent à la reprise du travail. Est-ce que vous pensez que la base, que les salariés à la base, vont suivre leurs syndicats ?
D'abord, le fond de cette affaire. Le fond de cette affaire, c'est que nous avons une évolution du mix énergétique européen et français ; qu'il y a en matière de raffinage, pas seulement en France, un certain nombre d'interrogations et que les salariés de Total, mais pas seulement de Total, d'Exxon, enfin l'ensemble des producteurs, distributeurs et raffineurs, veulent y voir clair sur l'avenir de cet outil industriel. C'est pour ça que j'organise, à la demande du Président, une table ronde sur le fond du sujet à plusieurs années, aux alentours du 15 avril prochain, avec un véritable débat de fond, avec les investissements qui sont nécessaires. Par ailleurs, sur le site particulier des Flandres, vous savez que le comité central d'entreprise a été avancé au 8 mars, il ne m'appartient pas donc de faire un délit d'entrave sur ce qui va se passer, sinon qu'on sait que dans tous les cas de figure, des investissements d'une nature ou d'une autre seront faits pour le personnel et les sous-traitants de Dunkerque. Alors, la question, c'est est-ce que le problème est réglé ? Ce sont les salariés sur les sites qui se prononceront aujourd'hui.
Mais est-ce qu'on peut à la fois défendre les énergies alternatives et le raffinage ?
Oui, il faut évidemment défendre les deux, vous ne passez pas d'un système à un autre, ça me parait tout à fait évident. Vous savez qu'à peu près tout ce qui est ici dans cette pièce, enfin il y a beaucoup de plastique, nous sommes dans une civilisation du plastique et le plastique c'est du pétrole. Donc il est tout à fait clair que nous défendons, nous, les énergies locales, les énergies renouvelables, les énergies alternatives, mais évidemment que notre société aura besoin de pétrole dans les décennies qui viennent.
Source : Premier ministre, Service d'Information du 15 mars 2010