Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, B. Hortefeux.
Bonjour, J.-M. Aphatie.
C'est la dernière triste nouvelle de cette matinée, on vient d'apprendre que le supporter du PSG, blessé le 28 février en marge du match PSG-OM, est mort. Peut-on éviter les débordements meurtriers du football ?
C'est une nouvelle qui était malheureusement redoutée. Nous avons pris des initiatives très fortes depuis plusieurs semaines afin que les matches puissent se dérouler dans des conditions qui soient des conditions normales, c'est-à-dire que les familles puissent venir assister à un match, vibrer à l'émotion du sport et non pas avec la crainte de troubles. Vous avez sans doute observé, monsieur Aphatie, que le dernier match qui s'est déroulé, n'a suscité aucun problème. Nous avons pris toutes les mesures qu'il fallait, c'est-à-dire nous avons multiplié les interpellations, nous avons interpellé, nous avons interdit de stade ; 662 personnes sont aujourd'hui interdites de stade et nous avons créé une division anti-hooligans au sein de la sécurité publique.
Confirmez-vous, B. Hortefeux, l'appartenance à ETA des personnes qui ont mortellement blessé le brigadier, chef Jean Serge Nérin, mardi soir, à Dammarie-les-Lys ?
Oui, le Président de la République comme le Premier ministre espagnol, monsieur Zapatero, l'ont clairement indiqué. Je l'avais d'ailleurs laissé entendre en me rendant sur place le soir de ce drame en me rendant à Dammarie-les-Lys afin de rencontrer les collègues de ce brigadier ; et plusieurs éléments matériels aujourd'hui permettent très clairement d'affirmer qu'il s'agit d'une action menée par l'ETA. Premier élément, c'est l'identification d'un véhicule qui a été volé le 16 février dans la commune de Lurcy-Lévis, dans l'Allier, selon les techniques opératoires de l'ETA ; le deuxième élément, c'est la découverte dans un des véhicules d'un révolver provenant d'un vol qui avait été commis en 2006 par un commando de l'ETA ; et un troisième élément, c'est la découverte aussi d'un jeu de plaques minéralogiques qui provient, là aussi, d'un vol commis en 2006 qui était dans l'Ain et ce vol avait été commis par l'ETA. A cela s'ajoute l'identification de la personne qui a interpellée. Interpellée grâce à une très grande efficacité et au courage de la patrouille qui a pu, donc, interpeller cette personne dont les autorités espagnoles nous ont confirmé qu'elle était active puisqu'elle était poursuivie pour avoir notamment jeté des cocktails Molotov à la police espagnole.
Cinq autres personnes sont toujours en cavale. Ces cinq personnes appartiennent aussi à l'ETA. Vous les avez identifiées ?
Elles ne devraient pas être en cavale très longtemps, car l'enquête progresse rapidement et leur identification est en cours, grâce à des témoignages concordants et comprenez que je ne puisse pas m'étendre dans le détail sur ce point.
ETA est une menace, aujourd'hui, pour la France, B. Hortefeux ?
Il existe trois types de menaces terroristes identifiées sur notre territoire. Il y a la menace kurde ; il y a naturellement la menace des islamistes radicaux, comme l'attentat avorté - heureusement ! - sur une ligne entre l'Europe et les Etats-Unis, au mois de décembre, l'a démontré ou encore l'interpellation sur le territoire français, dans le département de l'Isère de quelqu'un qui est fortement suspecté de lien avec Al Qaïda Maghreb ; et puis, il y a l'ETA. L'ETA, vous savez c'est une organisation ancienne. Elle a été créée en 1959. C'est une organisation enracinée, c'est une organisation violente qui est responsable de la mort de 828 personnes. 828 ! Certainement de plus de 3.000 blessés ; mais nous rencontrons sur le territoire français avec la collaboration des autorités espagnoles, des résultats spectaculaires dans ce combat. En 2009, nous avons interpellé 33 membres de l'ETA et simplement depuis le début de cette année, 8 d'entre eux aussi ont été interpellés. C'est donc une organisation très forte...
L'ETA modifie son attitude sur le territoire français ; d'habitude, il n'y avait pas ce type d'agression ?
C'est effectivement la première fois qu'un policier est tué par l'ETA sur le territoire français. Ca ne s'était jamais produit même s'il y avait eu des échanges de coups de feu et l'ETA est en grande partie décapitée sur le territoire national et sans doute les recrues sont un peu moins formées, ce qui explique ce qui s'est malheureusement déroulé ces jours-ci.
Ce fait divers dramatique nous amène à parler de la sécurité, à nouveau, dans la campagne électorale. Le score du Front national, dimanche dernier, est-il un échec pour vous, B. Hortefeux ?
Non. Ne mélangez pas tout ! Là aujourd'hui, si l'on parle de sécurité, c'est à l'occasion de ce drame. J'ai ressenti en me rendant sur place la colère ; et je dois dire que je comprends, à la fois, l'émotion parce que le premier sentiment c'est l'émotion mais je comprends aussi la colère. Et il y a une vérité qu'il faut rappeler : c'est que si on en colère, si les policiers sont en colère c'est parce qu'ils trouvent que ce qui leur est arrivé est injuste mais aussi, parfois la colère devant le manque de considération que la société devrait pourtant leur accorder. La réalité, aujourd'hui, la réalité violente, c'est qu'un père de famille laisse quatre enfants orphelins pour avoir voulu assurer notre sécurité à tous.
On a fait un lien dans le passé récent entre la baisse de la délinquance et les succès de la lutte contre l'insécurité, et la baisse du Front national. Le Front national, aujourd'hui, a retrouvé des voix. Est-ce que donc c'est un échec pour vous, B. Hortefeux ?
Ecoutez, vous voulez à tout prix m'entraîner sur le commentaire politique.
Exact. Je confirme.
Donc, je réponds à votre question. Soyez aussi lucide, soyez un observateur attentif. Vous me parliez des résultats du Front national. Le Front national était présent dans dix-sept triangulaires en 2004, et il n'est présent, cette fois-ci, que dans douze. Il est difficile, à mon avis, dans ces conditions de parler de succès triomphant.
« L'ouverture » qu'A. Duhamel vient d'évoquer, vous a-t-elle coûté des voix au 1er tour des élections régionales, B. Hortefeux ?
La réalité c'est que j'entends quelques voix qui s'expriment...
Dans votre camp... des voix dans votre camp !
...Mais en fait je ne les entends que moyennement parce que dans cette période, j'ai une oreille sélective et je ne veux entendre que ce qui sert à construire. Maintenant existait-il d'autres stratégies ? Eh bien que ceux qui pensent qu'il fallait la stratégie de la division plutôt que la stratégie de l'union, la stratégie de la fermeture plutôt que la stratégie de l'ouverture, n'hésitent pas à le revendiquer.
Un remaniement est-il probable à l'issue de ces élections régionales, B. Hortefeux ?
Mais je n'en sais strictement rien. Le remaniement c'est la compétence du président de la République. Il ne m'a pas fait de confidences sur ce point. Simplement, si vous voulez me faire dire qu'il y a eu un scrutin ? Oui, il y a eu un scrutin.
Un bon scrutin ou un mauvais scrutin ?
Face à un scrutin, naturellement on doit être attentif. Maintenant, bon ou mauvais scrutin ? Vous savez, la réalité, elle est très simple. Il y a eu une forte abstention. Personne ne peut le nier, une abstention historique. Il y a une deuxième réalité, c'est que les élections de mi-mandat sont toujours des élections difficiles pour la majorité. Souvenez-vous, les élections en 86, 92, 98, 2004 ont toujours été difficiles pour la majorité. Et puis, il y a un troisième critère aussi...
...Donc, c'est une sanction pour la politique du Gouvernement ?
Attendez ! Il y a un troisième critère qui explique la difficulté, c'est que nous connaissons une crise économique qui a touché beaucoup de nos compatriotes. Donc, ces trois réalités expliquent, aujourd'hui, effectivement ce résultat.
Vous sous-entendez en disant que les élections de mi-mandat sont difficiles, que le vote est un vote contre la politique du Gouvernement ? C'est ce que vous sous-entendez.
D'abord, malgré votre empressement, monsieur Aphatie, le match n'est pas encore joué.
Non, je n'ai pas d'empressement. Je me demande si vous sousentendez que le vote...
Attendez ! Attendez le deuxième tour ! Aujourd'hui, nous sommes dans la phase de l'action. Qu'est-ce que ça veut dire, phase de l'action ? Ca veut dire qu'on doit s'adresser aux électeurs en leur disant la vérité. Et la vérité, c'est qu'avec nous, pas d'augmentation d'impôts ; la vérité c'est que la sécurité est au coeur de nos préoccupations ; la vérité c'est que le vote écologique, environnemental, nous sommes attentifs et nous avons été à l'initiative au cours de ces dernières années. C'est ça la réalité.
A. Duhamel a dit que N. Sarkozy se trouvait dans la situation de R. Domenech. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Mais je connais un peu A. Duhamel, et je sais que ce n'est pas un spécialiste de football mais de tennis !
Voilà. B. Hortefeux - spécialiste de football, peut-être - était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 mars 2010
Bonjour, J.-M. Aphatie.
C'est la dernière triste nouvelle de cette matinée, on vient d'apprendre que le supporter du PSG, blessé le 28 février en marge du match PSG-OM, est mort. Peut-on éviter les débordements meurtriers du football ?
C'est une nouvelle qui était malheureusement redoutée. Nous avons pris des initiatives très fortes depuis plusieurs semaines afin que les matches puissent se dérouler dans des conditions qui soient des conditions normales, c'est-à-dire que les familles puissent venir assister à un match, vibrer à l'émotion du sport et non pas avec la crainte de troubles. Vous avez sans doute observé, monsieur Aphatie, que le dernier match qui s'est déroulé, n'a suscité aucun problème. Nous avons pris toutes les mesures qu'il fallait, c'est-à-dire nous avons multiplié les interpellations, nous avons interpellé, nous avons interdit de stade ; 662 personnes sont aujourd'hui interdites de stade et nous avons créé une division anti-hooligans au sein de la sécurité publique.
Confirmez-vous, B. Hortefeux, l'appartenance à ETA des personnes qui ont mortellement blessé le brigadier, chef Jean Serge Nérin, mardi soir, à Dammarie-les-Lys ?
Oui, le Président de la République comme le Premier ministre espagnol, monsieur Zapatero, l'ont clairement indiqué. Je l'avais d'ailleurs laissé entendre en me rendant sur place le soir de ce drame en me rendant à Dammarie-les-Lys afin de rencontrer les collègues de ce brigadier ; et plusieurs éléments matériels aujourd'hui permettent très clairement d'affirmer qu'il s'agit d'une action menée par l'ETA. Premier élément, c'est l'identification d'un véhicule qui a été volé le 16 février dans la commune de Lurcy-Lévis, dans l'Allier, selon les techniques opératoires de l'ETA ; le deuxième élément, c'est la découverte dans un des véhicules d'un révolver provenant d'un vol qui avait été commis en 2006 par un commando de l'ETA ; et un troisième élément, c'est la découverte aussi d'un jeu de plaques minéralogiques qui provient, là aussi, d'un vol commis en 2006 qui était dans l'Ain et ce vol avait été commis par l'ETA. A cela s'ajoute l'identification de la personne qui a interpellée. Interpellée grâce à une très grande efficacité et au courage de la patrouille qui a pu, donc, interpeller cette personne dont les autorités espagnoles nous ont confirmé qu'elle était active puisqu'elle était poursuivie pour avoir notamment jeté des cocktails Molotov à la police espagnole.
Cinq autres personnes sont toujours en cavale. Ces cinq personnes appartiennent aussi à l'ETA. Vous les avez identifiées ?
Elles ne devraient pas être en cavale très longtemps, car l'enquête progresse rapidement et leur identification est en cours, grâce à des témoignages concordants et comprenez que je ne puisse pas m'étendre dans le détail sur ce point.
ETA est une menace, aujourd'hui, pour la France, B. Hortefeux ?
Il existe trois types de menaces terroristes identifiées sur notre territoire. Il y a la menace kurde ; il y a naturellement la menace des islamistes radicaux, comme l'attentat avorté - heureusement ! - sur une ligne entre l'Europe et les Etats-Unis, au mois de décembre, l'a démontré ou encore l'interpellation sur le territoire français, dans le département de l'Isère de quelqu'un qui est fortement suspecté de lien avec Al Qaïda Maghreb ; et puis, il y a l'ETA. L'ETA, vous savez c'est une organisation ancienne. Elle a été créée en 1959. C'est une organisation enracinée, c'est une organisation violente qui est responsable de la mort de 828 personnes. 828 ! Certainement de plus de 3.000 blessés ; mais nous rencontrons sur le territoire français avec la collaboration des autorités espagnoles, des résultats spectaculaires dans ce combat. En 2009, nous avons interpellé 33 membres de l'ETA et simplement depuis le début de cette année, 8 d'entre eux aussi ont été interpellés. C'est donc une organisation très forte...
L'ETA modifie son attitude sur le territoire français ; d'habitude, il n'y avait pas ce type d'agression ?
C'est effectivement la première fois qu'un policier est tué par l'ETA sur le territoire français. Ca ne s'était jamais produit même s'il y avait eu des échanges de coups de feu et l'ETA est en grande partie décapitée sur le territoire national et sans doute les recrues sont un peu moins formées, ce qui explique ce qui s'est malheureusement déroulé ces jours-ci.
Ce fait divers dramatique nous amène à parler de la sécurité, à nouveau, dans la campagne électorale. Le score du Front national, dimanche dernier, est-il un échec pour vous, B. Hortefeux ?
Non. Ne mélangez pas tout ! Là aujourd'hui, si l'on parle de sécurité, c'est à l'occasion de ce drame. J'ai ressenti en me rendant sur place la colère ; et je dois dire que je comprends, à la fois, l'émotion parce que le premier sentiment c'est l'émotion mais je comprends aussi la colère. Et il y a une vérité qu'il faut rappeler : c'est que si on en colère, si les policiers sont en colère c'est parce qu'ils trouvent que ce qui leur est arrivé est injuste mais aussi, parfois la colère devant le manque de considération que la société devrait pourtant leur accorder. La réalité, aujourd'hui, la réalité violente, c'est qu'un père de famille laisse quatre enfants orphelins pour avoir voulu assurer notre sécurité à tous.
On a fait un lien dans le passé récent entre la baisse de la délinquance et les succès de la lutte contre l'insécurité, et la baisse du Front national. Le Front national, aujourd'hui, a retrouvé des voix. Est-ce que donc c'est un échec pour vous, B. Hortefeux ?
Ecoutez, vous voulez à tout prix m'entraîner sur le commentaire politique.
Exact. Je confirme.
Donc, je réponds à votre question. Soyez aussi lucide, soyez un observateur attentif. Vous me parliez des résultats du Front national. Le Front national était présent dans dix-sept triangulaires en 2004, et il n'est présent, cette fois-ci, que dans douze. Il est difficile, à mon avis, dans ces conditions de parler de succès triomphant.
« L'ouverture » qu'A. Duhamel vient d'évoquer, vous a-t-elle coûté des voix au 1er tour des élections régionales, B. Hortefeux ?
La réalité c'est que j'entends quelques voix qui s'expriment...
Dans votre camp... des voix dans votre camp !
...Mais en fait je ne les entends que moyennement parce que dans cette période, j'ai une oreille sélective et je ne veux entendre que ce qui sert à construire. Maintenant existait-il d'autres stratégies ? Eh bien que ceux qui pensent qu'il fallait la stratégie de la division plutôt que la stratégie de l'union, la stratégie de la fermeture plutôt que la stratégie de l'ouverture, n'hésitent pas à le revendiquer.
Un remaniement est-il probable à l'issue de ces élections régionales, B. Hortefeux ?
Mais je n'en sais strictement rien. Le remaniement c'est la compétence du président de la République. Il ne m'a pas fait de confidences sur ce point. Simplement, si vous voulez me faire dire qu'il y a eu un scrutin ? Oui, il y a eu un scrutin.
Un bon scrutin ou un mauvais scrutin ?
Face à un scrutin, naturellement on doit être attentif. Maintenant, bon ou mauvais scrutin ? Vous savez, la réalité, elle est très simple. Il y a eu une forte abstention. Personne ne peut le nier, une abstention historique. Il y a une deuxième réalité, c'est que les élections de mi-mandat sont toujours des élections difficiles pour la majorité. Souvenez-vous, les élections en 86, 92, 98, 2004 ont toujours été difficiles pour la majorité. Et puis, il y a un troisième critère aussi...
...Donc, c'est une sanction pour la politique du Gouvernement ?
Attendez ! Il y a un troisième critère qui explique la difficulté, c'est que nous connaissons une crise économique qui a touché beaucoup de nos compatriotes. Donc, ces trois réalités expliquent, aujourd'hui, effectivement ce résultat.
Vous sous-entendez en disant que les élections de mi-mandat sont difficiles, que le vote est un vote contre la politique du Gouvernement ? C'est ce que vous sous-entendez.
D'abord, malgré votre empressement, monsieur Aphatie, le match n'est pas encore joué.
Non, je n'ai pas d'empressement. Je me demande si vous sousentendez que le vote...
Attendez ! Attendez le deuxième tour ! Aujourd'hui, nous sommes dans la phase de l'action. Qu'est-ce que ça veut dire, phase de l'action ? Ca veut dire qu'on doit s'adresser aux électeurs en leur disant la vérité. Et la vérité, c'est qu'avec nous, pas d'augmentation d'impôts ; la vérité c'est que la sécurité est au coeur de nos préoccupations ; la vérité c'est que le vote écologique, environnemental, nous sommes attentifs et nous avons été à l'initiative au cours de ces dernières années. C'est ça la réalité.
A. Duhamel a dit que N. Sarkozy se trouvait dans la situation de R. Domenech. Qu'est-ce que vous en pensez ?
Mais je connais un peu A. Duhamel, et je sais que ce n'est pas un spécialiste de football mais de tennis !
Voilà. B. Hortefeux - spécialiste de football, peut-être - était l'invité de RTL ce matin. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 18 mars 2010