Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur les priorités du Gouvernement après les élections régionales, à l'Assemblée nationale le 23 mars 2010.

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Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Président Copé,

Gouverner la France, c'est difficile, et nous ne sommes pas les premiers à en faire l'expérience. Et ça l'est encore plus lorsque notre pays est confronté à une crise économique et financière aussi brutale que celle que nous avons connue.
Nous avons subi une défaite électorale, et cela signifie clairement que nous n'avons pas su convaincre. Nous devons examiner cette situation avec beaucoup d'humilité, et nous devons ensemble ajuster ce qui doit l'être. Mais il y a une chose que je veux dire devant l'Assemblée nationale, c'est qu'avec le Président de la République, nous ne transigerons pas sur la nécessité de moderniser notre pays. Nous sommes 65 millions de Français dans un monde de 6 milliards d'êtres humains, et notre devoir, c'est d'adapter notre organisation économique et sociale pour protéger les Français, pour protéger leur mode de vie, et pour protéger leur prospérité.
Et dans ce contexte, l'action du Gouvernement pour les prochaines semaines s'orientera, monsieur le Président, autour de trois priorités.
La première priorité, c'est la croissance et l'emploi. Nous devons ajuster nos dispositifs de lutte contre le chômage, d'autant que celui-ci s'inversera dans la deuxième partie de 2010, comme l'ensemble des prévisionnistes nous le disent. Nous devons voter dans les meilleures conditions la loi de modernisation de l'agriculture, parce que c'est un des éléments de réponse importants à la crise très grave que rencontre l'agriculture française. Nous devons mettre en oeuvre très rapidement les investissements d'avenir. Et je veux dire que je serai intransigeant sur l'affectation des 35 milliards d'euros que vous avez votés et aux priorités qui ont été décidées par le Gouvernement et par la majorité parlementaire. Et puis nous devons amplifier les mesures en faveur du renforcement de la compétitivité de notre économie. Et dans cet esprit, je voudrais indiquer que les décisions que nous allons prendre en matière de développement durable doivent être mieux coordonnées avec l'ensemble des pays européens pour ne pas creuser le déficit de compétitivité avec notre voisin allemand.
Notre deuxième priorité, c'est la réduction des déficits, c'est une priorité absolue dans un contexte de crise financière en Europe. Cela signifie que nous allons poursuivre la tenue des dépenses de l'Etat, la révision générale des politiques publiques, et que nous continuerons à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, parce que c'est une nécessité absolue pour lutter contre les déficits.
Nous soumettrons au Parlement la réforme de l'organisation territoriale. Et enfin, nous allons engager ensemble une réflexion que j'espère la plus consensuelle possible, pour faire en sorte que nos régimes de retraites puissent être financés d'une façon qui soit juste et d'une façon qui soit efficace.
Enfin, nous voulons agir pour les deux piliers de notre pacte républicain que sont la sécurité et la laïcité et l'égalité entre les hommes et les femmes. Sur la sécurité, il faut incontestablement inventer de nouvelles formes de lutte contre la délinquance et contre la violence qui s'adaptent, elles, en permanence à nos décisions. Et sur la laïcité, il faut trancher cette question qui est un symbole, qui est la question du voile intégral.
Voilà, Monsieur le Président du groupe UMP les priorités qui sont celles du Gouvernement.
Je voudrais remercier la majorité de son soutien, et je voudrais dire, qu'avec le Président de la République, nous mettrons notre point d'honneur à respecter nos engagements. Parce que l'honneur d'un responsable politique, c'est le courage et c'est le respect de la vérité.

Source http://www.gouvernement.fr, le 24 mars 2010