Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur les manifestations culturelles et l'accès aux musées, notamment dans le cadre de la nuit européenne des musées, Paris le 4 mai 2010.

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Circonstance : Lancement de la 6ème nuit européenne des musées à Paris le 4 mai 2010

Texte intégral


Il existe, depuis toujours, un lien imaginaire profond entre la nuit et le musée. En un sens, le musée, lieu souvent silencieux et secret, n'est pas sans affinités avec la nuit. Les objets y semblent parfois comme en sommeil, attendant notre regard pour s'éveiller à une deuxième vie, par-delà les siècles, parfois même les millénaires... Et nous attendent, si je puis dire, de belles choses « au musée dormant ».
Faire entrer la nuit dans le musée, c'est aussi une manière de le rendre familier, de le libérer de son apparat, d'en faire comme une maison, une maison de la mémoire. Ce n'est plus seulement l'un de ces lieux publics que l'on fréquente dans la journée aux heures ouvrables, mais le privilège d'une invitation à l'émerveillement, chez des hôtes bienveillants et prestigieux.
Oui, ouvrir l'accès aux musées pendant la nuit, c'est une manière exemplaire de briser le plafond de verre de l'intimidation sociale. C'est une manière d'allier les prestiges des collections avec « le calme enchantement du mystère » de la nuit pour reprendre le fameux air de Jean-Philippe RAMEAU. Et ce sont là, je crois, les raisons, profondes parce que liées à nos rêves, pour lesquelles, depuis six ans qu'elle existe, la Nuit des Musées rencontre un succès considérable auprès de tous les publics.
Mais une autre grande raison, je crois, du succès de cette manifestation, c'est sa dimension européenne, au sens très large du terme, de l'Atlantique à l'Oural, pour reprendre une expression célèbre. Car il se joue là une sorte de magie supplémentaire : comme si l'ouverture de tous ces musées au même moment, les faisait tous se réunir et communiquer en un espace unique, et créait une sorte de « Musée imaginaire » et universel, en tout cas aux proportions du continent. C'est comme le rêve anticipé d'une union et presque d'une communion des âmes grâce au partage des cultures et aux correspondances des mémoires. Et puis, la culture européenne, c'est aussi celle des diverses langues qui en composent la polyphonie, mais aussi de chacune des langues régionales qui font la richesse de chacun de nos pays, notamment en France. À cet égard, je me réjouis que, pour la 3e année consécutive, la Nuit offre au public des visites à plusieurs voix, en alsacien, en basque, en breton, en occitan... pour ne citer que quelques-unes de ces langues de France que nous avons en partage. La France qui, vous le savez, est à l'origine de cette Nuit des musées à l'initiative du ministère de la Culture et de la Communication (en 2005), est particulièrement heureuse et fière de son succès dans toute la diversité de nos patrimoines.
Ainsi donc, au soir du samedi 15 mai - qui est, vous le savez, la « Journée internationale des musées » - pas moins de 3000 musées, publics et privés main dans la main, dans 40 pays européens, ouvriront leurs portes aux publics, grâce, une fois de plus et je m'en réjouis, au Conseil de l'Europe et à l'UNESCO qui a lancé l'année international du « rapprochement des cultures ».
J'ai souhaité d'ores et déjà, un peu comme un calendrier de l'avent - toutes proportions gardées - , annoncer cette grande Nuit européenne des Musées, pour prendre date, mais aussi et surtout pour remercier toutes celles et tous ceux qui vont contribuer à faire de cette nouvelle édition un moment marquant pour chacun. J'ai répondu, pour cela, à l'invitation du Musée de la Chasse et de la Nature et je remercie son directeur [M. Claude d'ANTHENAISE], ainsi que le président et le directeur de la Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature [MM. Christian de LONGEVIALLE et Yves d'HÉROUVILLE], de nous y accueillir, et de nous faire goûter, en avant-première, le charme nocturne de leurs expositions rénovées et réaménagées, qui font une place de choix à la création. J'ai trouvé que ce lieu original, repensé de manière novatrice, était une façon intéressante d'aborder le thème du « développement durable » qui sera l'un des axes forts de cette 6e Nuit des Musées.
Partout, les musées ont rivalisé d'imagination pour proposer des programmations inventives. Ici, une exposition, une visite théâtralisée ou un atelier ; là, une nuit du conte, un concert ou une projection de film ; ailleurs, plus inattendues, des installations et des dégustations gastronomiques. Tous ces événements entreront en résonance, le temps d'une Nuit, avec les collections permanentes des musées.
C'est pourquoi je souhaitais vous remercier tous, chacune des personnes, des institutions, des collectivités et des associations qui se sont mobilisées pour faire de cette « Nuit 2010 » une fête de la culture sous toutes ses formes, pour tous et pour chacun. Je n'oublie pas les généreux mécènes qui ont rendu cet événement possible, notamment NEUFLIZE OBC, ainsi que NEUFLIZE VIE à qui nous devons le très beau visuel de l'opération, cette éclipse qui met en scène la rencontre entre les mondes du jour et de la nuit, un peu comme « le soleil qui a rendez-vous avec la lune »...
Quant à la science, elle conjuguera ses atouts et ses attraits avec ceux de la culture, dont elle est évidemment une partie intégrante, en particulier grâce à une exposition organisée par le Centre national d'études spatiales (CNES), qui offrira son imaginaire et ses connaissances à une quarantaine de musées français. J'y ajoute les manifestations indissociablement artistiques et scientifiques qui auront lieu sur le site de la Villette d'Universciences et qui montrent que l'univers numérique ouvre, comme la nuit, sur des espaces infinis.
Les « médiateurs de proximité » que constituent nos musées vont pouvoir jouer un rôle d'autant plus considérable dans l'initiation aux arts et à la culture, que leur entrée est libre et gratuite, selon le principe fondateur de la Nuit. La gratuité est un « levier d'Archimède » qui aide à faire céder les blocages et les inhibitions face à l'aspect parfois un peu impressionnant et même intimidant, de ces temples de la culture.
Ce principe de la gratuité participe pleinement de notre ambition d'une « culture pour chacun », qui nous a conduit à la mettre en place dans tous les musées et monuments nationaux de France, pour chacun des jeunes de moins de 26 ans résidant légalement sur le territoire de l'Union européenne. Car la culture ne doit pas être réservée à quelques-uns, toujours les mêmes, mais s'ouvrir à tous les horizons, quels que soient les origines sociales et culturelles de chacun.
Tout est donc réuni pour faire de cette 6e Nuit européenne des musées un immense succès. Je voudrais donc enfin remercier nos partenaires médias, présents ce soir : le groupe FRANCE TÉLÉVISIONS, la chaîne TV5 MONDE, ainsi que le journal MÉTRO, qui sauront donner à l'événement tout l'écho nécessaire.
Je vous donne donc rendez-vous le samedi 15 mai au soir, aux quatre coins du continent européen, je vous dis « Save the date ! », et vous invite à la découverte des mystères de la Nuit et du « calme enchantement » de nos musées.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 5 mai 2010