Déclaration de M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la justice, sur les enjeux pour les pays méditerranéens de la coopération en matière de sécurité, à Paris le 31 mars 2010.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : 7ème session internationale euro-méditerranée sur le thème « Dynamiser la coopération de sécurité en Méditerrannée : dialogue et actions communes » organisée par l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), à Paris du 24 au 31 mars 2010

Texte intégral

Monsieur le Vice-amiral Richard LABORDE
Monsieur le Président du Conseil d'Administration de l'IHEDN, Olivier DARRASON
Monsieur Thierry VANKERK HOVEN
Monsieur l'Ambassadeur Henri DENIAUD
Mesdames et messieurs les Ambassadeurs;
Mesdames et Messieurs les auditeurs de la 7ème session internationale Euro - Méditerranée,
C'est un réel plaisir pour moi, secrétaire d'Etat à la Justice et ancien auditeur de la 51ème session nationale en 1998, de venir clôturer cette 7ème session internationale euro-méditerranée qui a porté sur les dynamiques de la coopération en matière de sécurité en Méditerranée
Cette session me permet de témoigner, en ma qualité de membre du gouvernement, de l'importance que la France, co-présidente de l'Union pour la Méditerranée, attache aux enjeux de sécurité préventive dans la région.
I - la sécurisation de l'euro-méditerranée est un préalable nécessaire à la création d'une zone de libre échange économique
A l'occasion du sommet de Paris qui s'est déroulé le 13 juillet 2008, les chefs d'Etats et de gouvernement euro-méditerranéens ont affirmé leur ambition de bâtir un avenir de paix et de prospérité partagée dans toute la région par la mise en oeuvre de projets renforçant les échanges entre les citoyens de l'ensemble de la région.
L'Union pour la Méditerranée (U.P.M) est un projet ambitieux qui, à l'initiative du Président de la République, ne consiste pas moins qu'à réunir l'Europe, l'Asie et l'Afrique autour des pays riverains de la Méditerranée, afin d'instituer un nouveau partenariat économique, social et politique .
La réussite d'un tel projet suppose un engagement fort des Etats, notamment dans le domaine du droit et de la justice mais également en matière de sécurité
Je crois en effet que la création d'« une zone de libre-échange approfondie dans la région » ne peut être envisagée sans l'établissement préalable des conditions de sécurité juridique favorables à la croissance et à la dynamique économique
J'ai pu constater, lors de ma participation aux conseils justice et affaires intérieures, la volonté de l'Union Européenne de mener une politique d'intégration régionale vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée.
En raison de sa proximité géographique, des affinités historiques et culturelles, des questions liées aux flux migratoires, l'Euro-méditerranéen est devenue un enjeu géopolitique majeur pour la France
Vos travaux ont à nouveau démontré que la sécurisation de l'euro-méditerranée est un préalable nécessaire à la création d'une zone de libre échange économique
Vous le savez, de nombreuses menaces pèsent aujourd'hui sur cette région : le terrorisme, bien sûr, qui ne peut être combattu que par un partage mutuel du renseignement et une riposte collective des 25 Etats méditerranéens
Par ailleurs, j'ai la conviction que la lutte contre les trafics de tout type, drogue, traite des êtres humains, contrefaçons, doit également constituer une priorité pour cette région. La criminalité organisée transnationale portée par les cartels et mafias menace les fondements de nos démocraties
N'oublions pas enfin les que les atteintes à l'environnement, tels que les pollutions marines ou le traitement des déchets constituent des défis pour nos sociétés face auxquels il faut que nous parvenions à coordonner nos efforts.
II- La France est résolument engagée dans le renforcement de la coopération de sécurité en méditerranée
Je crois à la nécessité de revenir à deux notions clés de tout développement harmonieux de l'espace méditerranéen :
* En premier lieu, la question du « lien transméditerranéen », auquel l'on fait référence lorsqu'il s'agit de constater que la mer Méditerranée est un « carrefour » de peuples, de cultures partagées, de religions imbriquées;
* Ensuite, la notion de « partenariat euroméditerranéen », assis sur la légitimité de la passerelle entre continents voisins - à laquelle se rattachent les questions de coopérations intergouvernementales.
* Ces deux logiques complémentaires ne doivent ni s'opposer ni se confondre, même si elles passent par des projets de même nature ou si leurs objectifs se complètent.
Nous devons nous engager dans un « Objectif global de sécurité » pour la Méditerranée sur la base d'une perspective stratégique commune.
Je suis convaincu que les enjeux de stabilité et de sécurité en Méditerranée ne peuvent plus reposer exclusivement sur les seuls formats de coopération bilatérale.
Ils rendent nécessaire une coopération renforcée des pays riverains de la Méditerranée, afin de créer les conditions d'un climat nouveau et pérenne de solidarités humaines au profit des riverains des 25 Etats méditerranéens concernés.
Vous le savez, il existe déjà des initiatives régionales, que vous avez évoquées au cours de vos travaux, qui apportent des réponses à ces enjeux
L'Union européenne a donné un cadre institutionnel aux relations entre l'Europe et la Méditerranée, en lançant en novembre 1995, l'initiative EUROMED.
Je l'ai déjà évoqué, le Président Sarkozy a souhaité la réunion des Etats de cette zone autour de projets concrets d'intérêt commun, dans le cadre de « l'Union pour la Méditerranée », lancée sous la présidence française de l'UE.
Le gouvernement entend aussi poursuivre le travail mené avec l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l'Union européenne (Frontex).
Vous le savez, la France, pleinement ré-intégrée dans le Commandement militaire de l'Alliance, participe aussi au Dialogue méditerranéen (DM), lancé par l'OTAN en 1994 (qui regroupe 7 pays de la région méditerranéenne - l'Algérie, l'Egypte, Israël, la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie) qui vise à renforcer une approche politico-militaire de coopération.
Nous soutenons l'approfondissement de cette initiative qui doit trouver son application concrète, notamment en matière d'entraînement et de formation, tant au niveau militaire que dans le cadre plus « dual », que vous avez largement évoqué, celui de la sécurité civile.
Enfin, je voudrai évoquer l'approche sécuritaire plus « globale » à laquelle nous contribuons dans la formule du "5 + 5 Défense" lancée en 2004 entre dix pays méditerranéens (l'Algérie, l'Espagne, la France, l'Italie, la Libye, Malte, le Maroc, la Mauritanie, le Portugal et la Tunisie).
En faisant la promotion d'une coopération pratique dans les domaines d'intérêt commun de défense et de sécurité, le « 5+5 Défense » favorise l'émergence d'un lieu unique de partage d'expériences. Il optimise la contribution des forces armées au renforcement global de la sécurité dans la Méditerranée occidentale. La Création d'un centre méditerranéen de protection civile, visant à la prévention, des catastrophes naturelles d'origine humaine est porteuse d'espoir.
Je suis persuadé que vos travaux vont confirmer l'importance des coopérations multilatérales en Méditerranée, gages de cohésion et de stabilité, qui demeurent consubstantielles de la réussite du projet européen.
La France entend continuer à pleinement profiter de la co-présidence qu'elle partage aux côtés de l'Egypte, partenaire d'autant plus légitime au regard de son rôle de pivot régional, pour réaffirmer l'importance pour l'Union européenne d'investir dans une politique méridionale ambitieuse, gage de paix, de sécurité et de développement durable au sein de notre espace commun.
Comme l'a répété encore tout récemment le Président de la République français, « La Méditerranée n'est pas notre passé, elle est notre futur ».
Je vous remercie pour votre attention ...et c'est avec plaisir que je vais maintenant vous remettre vos diplômes amplement mérités.Source http://www.ihedn.fr, le 27 avril 2010