Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports, sur les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) dédiées aux personnes détenues, Lyon le 21 mai 2010.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Ouverture d'une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) à Lyon le 21 mai 2010

Texte intégral

Mesdames les ministres, chère Simone Veil, chère Michèle Alliot-Marie,
Mesdames et messieurs,
Le degré d'avancée d'une société se mesure à l'aune de l'attention accordée aux plus fragiles, aux plus vulnérables d'entre nous.
Un projet tel que celui-ci, projet que nous avons souhaité porter haut et fort, ensemble, avec ma collègue Michèle Alliot-Marie, est l'expression la plus parfaite de notre conviction profonde : nos politiques doivent s'adresser à tous.
Je veux le souligner d'emblée : les personnes incarcérées qui souffrent de pathologies sont des malades comme les autres et doivent avoir, en santé, les mêmes droits.
C'est tout le sens de l'ouverture de cette Unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), première sur les 17 unités prévues, sur tout le territoire, afin de garantir l'accès à ce type d'hospitalisation, avec ou sans consentement, à l'ensemble des personnes incarcérées.
D'ici fin 2012, huit autres unités seront déjà ouvertes. Nous ne pouvons que nous en réjouir.
Je ne rappellerai pas ici, en effet, la prévalence des troubles mentaux chez les personnes détenues, qu'il s'agisse d'états dépressifs majeurs, d'anxiété généralisée ou de troubles de la personnalité.
Alors même que, depuis la loi de 1994 relative à la santé publique et à la protection sociale, de nombreux progrès ont été réalisés dans la prise en charge sanitaire des détenus, il était essentiel d'apporter une réponse adaptée à un réel besoin : soigner la détresse psychique des détenus dans un cadre sécurisé, mais aussi dans le respect des droits des patients et de la confidentialité des soins.
Les UHSA seront ainsi l'équivalent et le complément des unités hospitalières sécurisées interrégionales (UHSI), qui permettent de prendre en charge les hospitalisations des personnes détenues nécessitant des soins somatiques.
Aussi suis-je particulièrement fière et heureuse de saluer aujourd'hui, au moment d'inaugurer cette unité, une avancée majeure dans la prise en charge des troubles mentaux des personnes incarcérées.
La visite que nous venons d'effectuer nous a permis d'apprécier à sa juste valeur l'architecture fonctionnelle du site.
Mais au-delà des locaux, cette inauguration est pour moi l'occasion de célébrer avant tout l'offre de soins proposée. A côté des traitements médicaux seront mises à l'honneur l'expression corporelle et les activités occupationnelles ou artistiques, permettant aux détenus une réappropriation de leur corps et d'eux-mêmes.
La présence, au sein d'une équipe pluridisciplinaire composée de médecins et de personnels soignants, d'un médecin somaticien prouve, en outre, que l'on ne saurait oublier le lien existant entre troubles somatiques et troubles psychiatriques.
C'est à cette équipe qu'aujourd'hui je souhaite rendre un plein et sincère hommage.
Si, en prison, les hommes et les femmes que vous accueillez sont des détenus, dans ces unités hospitalières, ils sont avant tout des patients, devant recevoir, comme tous les autres malades, des soins adaptés à leur état et dispensés avec considération et écoute.
En ce sens, prendre en charge, c'est aussi et d'abord prendre en compte.
A cet égard, je ne doute pas que vous tous, personnels médicaux et soignants, saurez exercer efficacement vos fonctions, avec la rigueur et la sensibilité qui sont les vôtres et en suivant les règles déontologiques qui, à tous, nous sont chères. Je pense notamment au secret médical.
La collaboration avec les personnels de l'administration pénitentiaire doit bien évidemment se faire de façon étroite, dans le respect des missions et des différences de chacun.
Cette collaboration existe d'ores et déjà dans la très grande majorité des dispositifs de soins existants. La ministre de la justice et moi-même y sommes particulièrement attachées.
Cependant, ces unités sont d'abord et surtout des unités de soins. Elles doivent, à ce titre, assurer un niveau de soin équivalent à celui offert à la population générale.
Permettez-moi de m'arrêter quelques instants sur cette thématique.
Ce n'est pas parce que ces personnes sont privées de leur liberté qu'elles doivent être privées de l'accès aux soins, bien au contraire : placées sous surveillance , elles sont sous notre responsabilité .
La question de la prise en charge sanitaire des personnes détenues, que cette prise en charge s'effectue directement en milieu carcéral ou en milieu hospitalier, est ainsi au coeur de nos préoccupations.
Voyez dans notre présence aujourd'hui le signe de notre détermination commune à élaborer de nouvelles pistes et à doter la prise en charge sanitaire de véritables moyens.
Je précise, à ce sujet, que nous sommes conjointement en train d'élaborer un plan de santé pour les personnes détenues, que nous souhaiterions pouvoir annoncer dès la fin du mois de juin, après concertation, dans les prochains jours, des principaux syndicats concernés.
Il s'agira là d'un plan attendu, qui couvrira les soins somatiques et psychiatriques tout à la fois. Alors qu'une part conséquente de ce plan sera consacrée à la prévention des suicides en prison, je rappelle d'ailleurs qu'un meilleur accompagnement psychiatrique est aussi l'un des moyens dont nous disposons pour éviter que la souffrance n'aboutisse à l'irréparable. D'où, une nouvelle fois, l'importance d'unités comme celle-ci.
Qui d'autre que Mme Simone Veil, militante infatigable du respect de la dignité, pouvait donner son nom à cette première unité ?
Les personnes incarcérées dans les établissements pénitentiaires de Rhône-Alpes, d'Auvergne, de Bourgogne et de Franche-Comté savent désormais pouvoir compter sur les équipes de cette unité pour les soigner et les accompagner.
Je crois beaucoup dans la réussite de cet important projet, dans notre implication collective pour traiter avec égard les personnes détenues et malades.
C'est, je le sais, cette exigence qui quotidiennement vous guidera. A vous tous, je veux apporter mon soutien et exprimer ma reconnaissance.
Je vous remercie.Source http://www.sante-sports.gouv.fr, le 25 mai 2010