Texte intégral
Il y a, en chacun de nous, tout un imaginaire des jardins, qui plonge ses racines dans les tréfonds de notre mémoire et de notre culture, jusque dans les plus anciens de nos récits fondateurs. Son motif se décline dans tous les « lieux » de notre conscience partagée : du jardin d'Eden aux pommes d'or des Hespérides, du « jardin clos » de Marie aux jardins suspendus de Babylone et aux jardins impériaux de la Chine ou du Japon... sans oublier, bien sûr, ceux de Versailles ou de Villandry !
Si le jardin fascine et se prête à autant d'images et de symboles, de chansons aussi, c'est, je crois, parce qu'il se situe à la frontière entre deux espaces, celui de la nature et celui de la culture, qui sans cesse dialoguent, se croisent, et se répondent. Lieu naturel et pourtant sillonné par la main de l'homme, il est non seulement clos, protégé, voire « secret », mais aussi ouvert, chaleureux, et en perpétuelle métamorphose.
À l'égal de la poésie, de la peinture ou de l'architecture, l'art des jardins compte parmi les plus prestigieux des beaux-arts, et il a été illustré par nos plus grands artistes, depuis LE NÔTRE jusqu'aux meilleurs de nos paysagistes contemporains, qui ne cessent de le réinventer, d'en dessiner de nouveaux visages.
Et c'est pour mettre en lumière ce patrimoine et cette création exceptionnels, dans toute leur diversité et tout leur éclat, que le Ministère de la Culture et de la Communication accorde aux jardins de France son attention la plus vigilante - tout au long de l'année bien sûr et plus particulièrement à chaque printemps, au retour de ce « Rendez-vous aux jardins », qui est une invitation à la découverte, à l'émerveillement, mais aussi au partage.
Pour cette 8e édition, les 4, 5 et 6 juin prochains, ce sont pas moins de 2000 parcs et jardins qui ouvriront leurs portes aux visiteurs, dont certains de façon tout à fait inhabituelle, comme à la dérobée...
Grandioses ou intimes, publics ou privés, à la française ou à l'anglaise, classiques ou romantiques, fleuris, fruitiers ou potagers, herbeux ou sablonneux, parsemés de rochers, de lacs, d'étangs ou de sculptures - comme ici, dans ce magnifique Musée RODIN qui nous fait le plaisir de nous accueillir et dont je tiens à remercier le directeur, M. Dominique VIÉVILLE : tous ces jardins qui composent notre paysage national et intérieur déclineront leurs nuances les plus subtiles, offriront aux regards leurs mille trésors secrets aux quatre coins de nos villes et de nos campagnes, sur l'ensemble de nos territoires.
Je suis convaincu qu'une fois encore, nombreux seront les visiteurs qui profiteront de cette aubaine, pour en goûter le charme d'une façon nouvelle, parfois jusqu'à une heure insolite de la soirée...
« Le Jardinier et ses Outils » : le thème retenu cette année - qui a le charme d'une fable de LA FONTAINE -permettra d'évoquer toute la profondeur de la mémoire sociale et culturelle dont est porteur chacun de ces objets et de ces métiers. Car l'outil s'inscrit dans une relation essentielle à son usage, qu'il révèle pour ainsi dire en creux par le geste dont il s'accompagne. Ainsi, grâce aux expositions d'outils anciens et aux démonstrations de techniques ancestrales proposées par les plus expérimentés de nos jardiniers, c'est toute l'histoire de la société, passée et présente, qui surgira devant nos yeux sur ces théâtres de verdure.
D'autant plus instructives qu'elles seront ludiques, ces promenades, flâneries et déambulations horticoles constitueront autant de rendez-vous avec la culture et la beauté, avec notre patrimoine à ciel ouvert et la création la plus exubérante et parfois la plus expérimentale, avec tous les arts en dialogue - à l'instar de celui qui se noue, dans ce Musée, entre les sculptures de RODIN, celles de Wim DELVOYE, et ces splendides jardins qui leur servent d'écrin.
Tous ces rendez-vous avec nous-mêmes nous rappelleront que nous avons bien raison de « cultiver notre jardin », de le faire vivre, de l'animer de nos soins attentifs et de notre curiosité exigeante et passionnée.
Je remercie donc l'ensemble des partenaires du ministère de la Culture, dont le fidèle dévouement rend possible, chaque année, ce petit miracle printanier : les généreux mécènes - GDF SUEZ, l'Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage (UNEP) et MOËT HENNESSY, et leurs présidents respectifs, que je salue -, ainsi que nos partenaires institutionnels : les propriétaires de jardins publics et privés qui, cette année encore, ont mobilisé largement leur réseau pour le mettre à la disposition de tous, le Comité des parcs et jardins de France et son Président, M. Didier WIRTH, ainsi que le Centre des monuments nationaux, la Demeure historique et les Vieilles maisons françaises.
Je tiens à saluer le rôle particulièrement actif du Conseil national des Parcs et Jardins et de son président, M. Jean-Pierre BADY, qui accompagne la Direction générale des patrimoines pour protéger, conserver et valoriser nos parcs et nos jardins. J'ai d'ailleurs le plaisir de vous annoncer, à cette occasion, que le renouvellement de ce Conseil national est aujourd'hui acté, et je félicite chacun de ses membres, anciens et nouveaux, de leur engagement exemplaire aux côtés du Ministère de la Culture dans cette merveilleuse aventure collective.
Je veux, enfin, remercier toutes les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC), indispensables chevilles ouvrières de cette manifestation, qui, une fois de plus, ont permis à nos jardins de devenir, de façon toujours plus rayonnante, de véritables médiateurs d'émotion esthétique auprès de nos concitoyens, ainsi que des visiteurs de passage dans notre pays.
Je vous donne donc « Rendez-vous aux jardins » le premier week-end de juin - et, puisque nous allons à présent pouvoir goûter quelques « nourritures terrestres », peut-être issues de nos vergers, je ne résiste pas au plaisir de vous donner un avant-goût, quelques prémices, des « Rendez-vous » de l'an prochain en vous en révélant le thème : « Le Jardin Nourricier » !... Une autre image qui, après celle du « Jardinier et ses outils », viendra « nourrir » - si j'ose dire - notre jardin imaginaire...
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 25 mai 2010