Déclaration retransmise en video de M. Alain Joyandet, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie, sur les efforts en faveur de la Francophonie, à Lyon le 27 mai 2010.

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Circonstance : Dixième anniversaire de l'Institut pour l'Étude de la Francophonie et de la Mondialisation (Iframond), à Lyon (Rhône) le 27 mai 2010

Texte intégral

Monsieur le Recteur de l'Académie de Lyon,
Monsieur le Président de l'Université Jean Moulin,
Monsieur le Président du Conseil régional de Rhône-Alpes,
Monsieur le Recteur, Cher Michel Guillou,
Honorables Invités,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis francophones.
Je ne peux malheureusement pas être physiquement à Lyon pour fêter pendant ces deux journées, les dix ans d'IFRAMOND ni échanger avec vous lors de ces dixièmes Entretiens de la Francophonie.
Croyez bien que je suis le premier à le regretter.
Mon Cabinet participera néanmoins à une partie de vos travaux, Jean-Pierre Raffarin sera des vôtres demain après-midi et j'ai souhaité vous transmettre par cette vidéo quelques réflexions autour du thème majeur qui vous réunit à cette occasion : celui des enjeux de la mondialisation pour la langue française et la Francophonie.
Un constat tout d'abord.
Sans ambiguïté, le français est une langue de la mondialisation. C'est d'ailleurs la seule avec l'anglais à être pratiquée sur les cinq continents et c'est un atout formidable.
Dans le même temps, la langue française et la Francophonie doivent faire face à certains enjeux de la mondialisation qui tend parfois à instaurer l'anglais en langue exclusive du débat, des communications internationales ou de la pensée.
J'en suis convaincu, la Francophonie peut gagner cette bataille de la mondialisation si elle sait se montrer attractive et moderne en répondant aux attentes des élites comme des peuples.
Cette universalité est aussi un gage d'attractivité pour la France comme l'attestent les dizaines de milliers d'étudiants qui à travers le monde fréquentent nos centres culturels, nos Alliances françaises et Instituts français qui sont autant de centres de débats, de confrontations d'idées et d'échanges artistiques .
Portée à ses débuts par l'engagement visionnaire de quatre grands hommes politiques du Sud, la Francophonie - vous le savez bien - n'était pas à son commencement une affaire française.
Portée par une langue, elle a su construire une organisation nord-sud unique en rassemblant un tiers des membres des Nations unies.
L'éminent président Abdou Diouf, qui s'exprimera dans quelques instants devant vous, a su lui donner aujourd'hui une aura inégalée.
La Francophonie et la langue française sont une richesse pour la mondialisation. Nous devons être capable de l'expliquer et pour ce, de nous engager à chaque instant. Les enjeux véritables sont colossaux.
Ce sont aussi bien ceux de l'influence politique et de la croissance économique que ceux d'une nouvelle solidarité, intellectuelle et écologique.
Dans cet esprit, la politique francophone française menée sous l'impulsion du président Nicolas Sarkozy est active.
Ainsi en 2010, toutes actions confondues au soutien de la Francophonie ou de la langue française dans le monde, c'est un milliard d'euros que la France y consacre.
En deux ans, nous aurons notamment :
- intégré la notion de Francophonie dans la constitution française ;
- réformé l'organigramme du Quai d'Orsay afin que la Francophonie apparaisse clairement sur ses deux pieds : politique et langue française ;
- créé la Maison de la Francophonie mise à disposition de l'OIF pour 50 ans ;
- inventé l'opération "francomot" à la recherche du mot francophone le plus juste ;
- mis en place un portail numérique francophone ;
- créé le service civique en renforçant la cohésion nationale et la mixité sociale notamment par la promotion de la langue française et de la Francophonie.
Cette énumération n'est naturellement pas exhaustive. Mieux que des mots, ces actions montrent la volonté politique de la France de renforcer et de développer le rayonnement de la Francophonie et de la langue française dans le monde.
Mesdames et Messieurs,
Il y a maintenant deux ans, rassemblés en ces lieux, vous aviez alors adressé l'Appel de Lyon en vue du Sommet de la Francophonie de Québec.
Eh bien vous avez été entendus !
En effet, en octobre 2008, le Sommet a pris des engagements forts, notamment en optant pour une Francophonie en mouvement présente dans les grands débats mondiaux sur la paix, sur la crise financière et alimentaire, sur le changement climatique, ainsi qu'en adoptant la résolution sur la langue française dotant la Francophonie et ses membres d'une gamme complète d'outils modernes pour promouvoir notre langue.
Aujourd'hui, j'apprécie l'orientation résolument actuelle de vos travaux, avec notamment deux tables rondes consacrées aux défis de la mondialisation.
Le 20 mars dernier, à l'occasion du 40ème anniversaire de l'acte fondateur de Niamey, le président de la République a reçu toute la Francophonie à l'Elysée. A cette occasion, le chef de l'Etat a réaffirmé avec force la priorité de la Francophonie au sein de la diplomatie française et la nécessité d'une action dynamique, tournée vers les grands défis de notre temps.
Il a lancé un appel à travailler ensemble en vue du sommet francophone de Montreux fin octobre pour y parvenir à des positions communes sur la gouvernance mondiale. Car, si les francophones cultivent leur identité sans se tourner vers le monde globalisé, ils laissent se construire la pensée unique ce qui est inacceptable.
L'Afrique en particulier doit trouver sa place légitime et seule une réforme de la gouvernance, notamment celle de l'ONU, assurera ce progrès.
A mon tour, je lance donc un appel : fournissez-nous les éléments de réflexion pertinents pour alimenter les enceintes où se joue notre avenir !
L'heure n'est plus aux évocations des précurseurs ni à l'inventaire des avatars d'une langue et d'une organisation qui sont avant tout vivantes. Comment situer les pays francophones face aux échéances de la réforme de l'ONU ou aux échéances de la lutte contre le changement climatique ?
Comment les constituer en groupe de pression efficace ?
Comment la Présidence française des G8 et G20, qui va succéder au Canada autre grand Etat francophone, peut-elle faire avancer la prise en compte des aspirations de 70 pays et gouvernements parties à la Francophonie ?
Voici les questions que je suis heureux de livrer à votre réflexion, vous qui êtes engagés, partout dans le monde, à maintenir et ancrer notre langue et nos valeurs dans l'histoire.
Je sais pouvoir compter sur vos contributions grâce à l'expertise unique qu'IFRAMOND et les chaires Senghor de la Francophonie ont su tisser avec talent ces dernières années.
Dans cette perspective, je vous remercie de votre attention et vous souhaite de fructueux travaux.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 mai 2010