Déclaration de M. Hervé Morin, ministre de la défense, sur les efforts en matière d'équipement militaire, à Villepinte le 14 juin 2010.

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Circonstance : Inauguration du Salon Eurosatory, à Villepinte (Seine-Saint-Denis) le 14 juin 2010

Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Président du GICAT,
Monsieur le Chef d'état-major des armées,
Monsieur le Délégué général pour l'armement,
Monsieur le Chef d'état-major de l'armée de Terre,
Messieurs les officiers généraux et officiers,
Mesdames, Messieurs,
Avant toute chose, permettez-moi de saluer la mémoire du sergent-chef Konrad RYGIEL, du 2e régiment étranger de parachutistes, mort au combat le 7 juin dernier en Afghanistan, dont la cérémonie d'honneurs funèbres militaires aura lieu aujourd'hui même à Calvi. J'ai à cet instant une pensée pour sa famille, et aussi pour ses trois camarades blessés et tous leurs proches.
Permettez-moi également de saluer nos invités, qui sont parfois venus de très loin pour assister à ce 10e salon « Eurosatory », première manifestation mondiale des industries de défense terrestre, aéroterrestre et de la sécurité.
Cette année 2010 s'annonce en effet à nouveau comme un très bon millésime pour Eurosatory, avec plus de 1 300 exposants, près de 40 pays représentés - 38, exactement -, 108 délégations étrangères précisément et plus de 50 000 visiteurs attendus.
Ce succès, nous le devons d'abord à nos industriels, qui se mobilisent pleinement pour répondre aux besoins de l'armée de Terre française et conquérir de nouveaux marchés.
Mesdames et Messieurs les industriels,
Grâce à vos savoir-faire et aux compétences de vos équipes, la France peut compter sur une armée de terre efficace ; une armée à la pointe de la technologie ; une armée équipée de matériels fiables et robustes, / comme nous le voyons en Afghanistan, où l'hélicoptère TIGRE, le canon CAESAR et bientôt le VBCI / constituent des atouts majeurs pour nos forces. Grâce à la densité et à la variété de votre offre, vous couvrez tout le spectre des missions auxquelles peut être confrontée une armée de premier rang. Grâce à la performance et à l'attractivité de vos équipements, vous contribuez à conforter la place de 4e exportateur mondial d'armement de notre pays.
Pour aller plus loin, notre industrie a besoin d'un véritable partenariat et d'une relation de confiance avec le ministère de la défense.
Nous sommes à vos côtés, avec plusieurs priorités.
La première, c'est d'augmenter votre visibilité sur la commande publique.
Pour vous aider à préparer l'avenir, pour vous permettre d'être toujours plus compétitifs, j'ai choisi de procéder par commandes globales s'étalant sur plusieurs années. C'est une décision essentielle pour vous permettre d'optimiser votre outil de production, et donc de vous positionner au mieux par rapport à la concurrence.
La deuxième priorité, c'est de soutenir l'innovation.
Dans le combat terrestre, les technologies de l'information jouent un rôle de plus en plus important pour améliorer la coordination et l'efficacité des unités sur le terrain. Cela suppose de concevoir les matériels, non plus séparément, mais ensemble, de manière intégrée et cohérente. Cela suppose aussi de moderniser sans cesse les plateformes de combat et de concevoir les systèmes d'information qui relieront les hommes et les systèmes de demain.
C'est pour cela que nous consacrons des budgets considérables au soutien à l'innovation : 3,6 milliards d'euros par an pour la recherche et développement, dont 700 millions d'euros pour la recherche amont. A titre d'exemple, dans le domaine terrestre, le démonstrateur de fusion numérique d'images en infra-rouge et en intensification de lumière confié à Thalès Angénieux et Bertin fera l'objet cet automne d'une évaluation opérationnelle.
La troisième priorité, c'est de soutenir les PME.
Depuis 2008, le plan PME que j'ai mis en place vise à faciliter leur accès aux marchés d'armement et à garantir la solidité du tissu industriel des sous-traitants.
Le dispositif RAPID (régime d'appui aux PME pour l'innovation duale) est entièrement dédié aux projets de PME ayant à la fois des applications civiles et militaires. Trois entreprises présentes sur le salon en ont bénéficié :
- La société SEMIA, pour son projet de mesure des vibrations des rotors d'hélicoptères ;
- La société SCROME, pour sa technologie de visée multiple appliquée à une lunette de tir ;
- La société INPIXAL, pour ses algorithmes de vision artificielle pour le guidage de robots terrestres ou l'assistance aux personnes mal voyantes.
Enfin, quatrième priorité : soutenir l'exportation.
Vous connaissez mon engagement dans ce domaine, comme celui de tout l'exécutif, le chef de l'Etat en tête.
- Cela fait trois ans que je parcours le monde pour défendre les intérêts des industriels français du secteur de la défense auprès de mes homologues. Certains sont présents ici et je tiens à les saluer amicalement.
- Cela fait trois ans que j'ai lancé un plan export ambitieux, qui nous a déjà permis de passer de 5,6 milliards d'euros en 2007 à plus de 8 milliards en 2009. A titre d'exemple, dans le domaine terrestre, deux pays ont fait l'acquisition du petit véhicule protégé (PVP) et quatre ont passé commande d'hélicoptères TIGRE.
Devant les représentants étrangers qui nous font l'honneur de leur présence, je voudrais réaffirmer notre engagement à nous tenir à leurs côtés pour les aider à moderniser leur outil de défense.
Au-delà de la qualité des matériels et de la prestation sur mesure qui les accompagne, s'adresser à la France et à ses entreprises, c'est la possibilité de mettre en oeuvre de vrais partenariats industriels et d'engager à chaque fois que possible des transferts de technologies.
Le gouvernement soutient nos entreprises pour s'engager en ce sens. J'en veux pour preuve les coopérations développées avec le Brésil dans le domaine des hélicoptères, avec l'Inde dans le domaine des missiles ou encore avec plusieurs pays du Golfe en matière de surveillance des frontières.
Vous le voyez, vous pouvez compter sur ma détermination pour continuer à promouvoir l'excellence des matériels français, et notamment les plus innovants, comme le système de combattant du futur FELIN ou le véhicule hautement protégé ARAVIS.
Mesdames, Messieurs,
Je sais que beaucoup d'entre vous s'interrogent sur la compatibilité de ressources prévues par la LPM avec l'effort de redressement des finances publiques que nous devons mener afin de retrouver au plus vite une croissance solide et une économie compétitive.
La Défense contribuera à cet effort dans des proportions qui sont actuellement l'objet de discussions interministérielles et seront arbitrées par le Chef de l'Etat.
Quels que soient les issues de ces discussions et le montant des enveloppes globales de crédits qui nous seront allouées pour les années 2011 à 2013, je peux vous assurer que notre stratégie ne changera pas : nos continuerons à donner la priorité à l'équipement de nos forces grâce à des économies sur le fonctionnement. Dans ce cadre, l'équipement terrestre fera l'objet d'une attention toute particulière compte tenu des conditions des engagements actuels de nos forces, notamment sur le théâtre afghan.
Mais les contraintes toujours plus fortes qui pèsent sur les budgets de défense doivent encourager les industriels de défense à construire de nouveaux partenariats, à développer de nouvelles synergies, en France, en Europe et au-delà, en particulier avec les pays avec lesquels nous avons mis en place des partenariats stratégiques et de coopération industrielle.
Nous avons évoqué ces sujets avec mon collègue britannique à l'OTAN jeudi dernier à Bruxelles. Il nous faut au niveau européen encourager les regroupements industriels, les co-entreprises et les échanges technologiques pour préserver notre base industrielle et technologique de défense. Il nous faut aussi réfléchir aux complémentarités européennes : quelles sont les compétences et les technologies que nous voulons conserver au niveau national, celles que nous sommes prêts à mettre en commun et celles sur lesquelles nous sommes prêts à nous mettre en situation d'interdépendance - l'essentiel étant que les Européens conservent les compétences et les savoir-faire à l'échelle du continent.
Je suis résolu à engager toutes les discussions nécessaires sur ce thème, car la contraction des budgets européens nous impose d'être déterminés. Et je veux dire aux entreprises françaises que le niveau élevé des commandes passées par mon ministère les positionne favorablement dans ces discussions.
Je sais que certains d'entre vous réfléchissent actuellement en ce sens. Je voudrais les assurer de tout mon soutien. Nous avons besoins d'acteurs industriels forts, notamment au plan européen, pour construire la défense de demain.
Mesdames, Messieurs,
Pour conclure et avant de commencer ma visite du salon, je voudrais remercier le Président du GICAT ainsi que celles et ceux qui se mobilisent pour faire d'Eurosatory un succès.
Je salue également les personnels du ministère de la défense, qui présente cette année un stand exceptionnel, à la fois par sa taille et par la qualité des matériels exposés. Merci notamment au service de santé des armées, qui s'est mobilisé pour réunir de nombreux représentants de haut niveau des services de santé des nations étrangères.
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 15 juin 2010