Texte intégral
Mes chers amis, mon cher Xavier, nous allons vivre quatre semaines au rythme de la coupe du monde de football. Ce sera quatre semaines d'émotion, d'abord d'émotion parce que c'est une immense victoire pour l'humanité, c'est un immense symbole que de voir cette coupe du monde organisée par le pays qui fut longtemps celui de l'apartheid. De voir l'Afrique du sud aujourd'hui au coeur du monde, de voir l'Afrique du sud célébrée cet immense rassemblement de toutes les nations du monde entier autour du football, c'est une grande émotion. Et naturellement, l'autre émotion est celle qui fait battre nos coeurs au regard de l'équipe de France. Je voudrais dire simplement, après le premier match, que désormais nous n'avons qu'un seul devoir, celui d'être derrière l'équipe de France qui doit se sentir soutenue par l'ensemble de la nation française et en tout cas, je veux vous dire qu'elle est soutenue par le Premier ministre et par l'ensemble de son gouvernement.
C'est un grand plaisir de se retrouver dans cette salle Gaveau, cette salle Gaveau où Nicolas SARKOZY est venu si souvent s'exprimer devant les militants de l'UMP, cette salle Gaveau où, d'une certaine façon, s'est construite la dynamique qui a permis au Président de la République d'arriver là où il est aujourd'hui et d'engager les réformes dont notre pays avait si besoin.
Avec beaucoup ici, je vois le Président de la République chaque jour, et je veux vous dire que son audace politique et son audace intellectuelle est restée intacte.
J'ai l'honneur de travailler à ses côtés, pour la France, avec la conviction que nous sommes dans le bon chemin, mais aussi avec le souhait que je viens exprimer devant vous, ce matin, d'être digne de votre confiance.
Mes chers amis, les temps sont durs, et à tous ceux qui nous rejoignent, je ne peux promettre que des efforts, de la ténacité et du civisme.
Servir la France, ce n'est pas seulement gérer l'instant présent.
Servir la France, ce n'est pas gouverner avec les sondages.
Servir la France, ce n'est pas dire oui à tout le monde pour tenter de ne déplaire à personne. Ca, vous savez bien ce que c'est : c'est la méthode du parti socialiste.
Hier comme aujourd'hui, notre priorité reste la même. Nous devons moderniser notre pays. Nous devons moderniser encore et toujours la France. Cette exigence était nécessaire avant l'élection présidentielle, elle est désormais vitale pour protéger notre pays des secousses actuelles.
De la chute de la banque Lehman Brothers, qui a provoqué la pire des crises financières depuis 1929, à la faillite de l'état grec, ce qui est en train de se jouer actuellement, c'est l'avenir du continent européen.
C'est l'avenir du continent européen, qui a été pendant des siècles l'espace le plus riche, l'espace le plus innovant, l'espace le plus avancé sur le plan social.
Tandis que nous sortons péniblement de la récession, nous voyons que d'autres continents sont presque en surchauffe économique. Pendant que l'Europe peine à investir, la Chine engage 300 milliards de dollars pour son réseau ferroviaire.
Tandis que 1 000 milliards de dollars sont prévus par l'Inde, le Brésil et à nouveau la Chine pour développer leurs technologies de l'information.
En 2009, les pays émergents ont représenté 52 % de la production mondiale contre 48 pour les pays développés. Oui, il y a une crise de la mondialisation, mais j'ai envie de dire que la mondialisation n'est pas en crise pour tout le monde. Et dans ces temps troublés et difficiles, dans ces temps où toutes les certitudes intellectuelles sont bousculées, il faut rester concentré sur des principes simples :
Dans l'épreuve, nous avons besoin d'unité nationale plutôt que de chamailleries partisanes.
Dans l'épreuve, nous devons donner à notre pays un peu plus que ce que nous recevons de lui.
Et dans l'épreuve, il faut la République plutôt que les corporatismes. Il faut travailler plus, il faut travailler mieux et il faut dépenser moins. Mes chers amis, nous avons un socle pour aller de l'avant.
Depuis 2007, nous avons enchaîné les réformes, et ce sont ces réformes que nous avons réalisées qui nous donnent aujourd'hui le pouvoir de nous relancer.
En 2008 et en 2009, nous avons mieux résisté que la plupart des états européens à la récession. Les choix que nous avons faits pour sécuriser le crédit, pour stimuler l'investissement, pour maintenir le pouvoir d'achat, se sont révélés des choix équilibrés et des choix appropriés. Et en 2010, nous nous préparons à renouer avec la croissance, mais cela exige (et c'est dans quelques heures que le départ des 24 heures du Mans sera donné) un pilotage serré.
Il faut, d'un côté, donner un coup d'accélérateur aux investissements du futur, c'est l'objectif du grand emprunt que nous avons lancé avec le Président de la République, et de l'autre côté, il faut réduire nos déficits.
Bien sûr, je vois tous les doutes et toutes les crispations qui traversent notre pays.
Bien sûr, je mesure toutes les impatiences, mais calmement et fermement, je vous propose de ne pas lâcher la barre, de la modernisation et du redressement.
Notre première exigence, c'est de poursuivre la dynamique lancée dès 2007, avec une obsession : défendre, améliorer, renforcer la compétitivité de l'économie française. C'est au nom de cette compétitivité que nous avons desserré le carcan des 35 heures en défiscalisant les heures supplémentaires.
C'est au nom de cette compétitivité que nous avons desserré le carcan des charges qui pesaient sur nos entreprises en réformant la taxe professionnelle, que nous avons desserré l'investissement avec la réforme du crédit impôt recherche, qui est considéré comme l'un des dispositifs les plus efficaces et les plus stimulants de tous les pays développés.
Desserrer le carcan qui pesait sur nos universités en leur accordant enfin l'autonomie.
Desserrer le carcan de l'imposition en allégeant les droits sur les successions et sur les donations, c'est plus de 2 Mdeuros qui sont ainsi restés dans les mains des familles.
La seconde exigence, c'est celle de l'assainissement des finances publiques. Pendant très longtemps, les états ont emprunté sans contraintes, considérant que leur puissance régalienne valait pour une garantie absolue. Et bien cette époque est terminée, un état fort, c'est un état désendetté. Réduire le déficit, ça n'est pas comme je l'entends si souvent dire à gauche : "Céder aux marchés et aux agences de notation.", c'est tout simplement préserver notre capacité future de nous endetter, d'emprunter pour investir.
C'est préserver notre capacité d'investissement, et c'est surtout préserver notre indépendance nationale.
Parce qu'un pays qui est trop endetté, un pays qui est soumis aux décisions des investisseurs du monde entier, c'est un pays qui perd une partie de son indépendance nationale.
Alors avec le Président de la République et le gouvernement, nous avons pris l'engagement d'ici 2013 de ramener notre déficit de 8 % à 3 %. Et tous nos efforts vont se concentrer sur cette priorité. Cela veut dire en gros qu'il faut réduire le déficit de 100 milliards d'ici 2013. 100 milliard que nous allons trouver pour la moitié dans des réductions de dépenses, et pour la moitié dans des augmentations de recettes.
Cent milliards que nous allons trouver pour la moitié dans des réductions de dépenses, 45 milliards en réduisant la dépense publique, 5 milliards sur la réduction des niches fiscales.
Et pour l'autre moitié, ce sera 35 milliards de rattrapage après la crise, des pertes de recettes conjoncturelles ; évidemment, quand on était en récession, l'ensemble de la fiscalité, la TVA, l'impôt sur les sociétés rendaient moins... Et au fur et à mesure que la croissance revient, les recettes recommencent elles-mêmes à croître. Et puis, 15 milliards qui correspondront à la fin des mesures que nous avons prises pour relancer l'économie, mais qui naturellement n'ont pas vocation à durer au-delà de cette période de relance.
Avec le Président de la République, la feuille de route que nous avons choisie est claire et elle se traduit par des décisions. Nous poursuivrons notre politique de non remplacement d'un départ sur deux dans la fonction publique de l'Etat. Depuis 2007, 100 000 fonctionnaires n'ont pas été remplacés, je ne connais pas beaucoup de pays qui ont entrepris un tel effort en si peu de temps.
Un effort équivalent sera demandé aux opérateurs de l'Etat, ce qui représente une diminution des emplois de 1,5 % par an. Nous allons réduire les dépenses de fonctionnement courant de 10 % en trois ans, avec un objectif de 5 % dès la première année. Et cet effort sera étendu aux dépenses d'intervention.
Nous adopterons un programme de réduction de 5 milliards d'économies sur les niches fiscales sur les deux prochaines années.
S'agissant de la sécurité sociale, nous respecterons notre objectif de dépenses de santé qui ne doivent pas augmenter de plus de 3 % cette année, de plus de 2,9 % en 2011, de plus de 2,8 % en 2010, et de plus de 2,7 % en 2013.
Enfin, les collectivités locales, comme c'est naturel, comme c'est l'évidence, devront participer à cet effort d'assainissement et, dans cet esprit, les transferts que l'Etat leur accorde seront gelés pour les trois prochaines années en même temps que nous mettrons en place un moratoire sur les normes nouvelles pour les aider à maîtriser leurs dépenses.
Notre trajectoire de redressement des finances publiques est donc claire et aucun écart ne sera permis : 8 % de déficit en 2010, 6 % en 2011, 4,5 % en 2012 et 3 % en 2013.
Nous avons dit ce que nous ferons, et maintenant nous allons faire ce que nous avons dit.
J'ai, dès à présent, donné instruction au Ministre de n'inscrire aucune dépense nouvelle dans les prochains projets de loi, et je veux dire, comme ce sera le cas pour l'ensemble du gouvernement, que chacun sera jugé à sa capacité à relever ce défi, qui est un défi vital pour notre pays.
Mes chers amis, compétitivité, désendettement, ce sont les deux phases d'une même ambition fondamentale qui a pour nom la souveraineté nationale. La souveraineté nationale, c'est-à-dire la capacité pour la France de demeurer maîtresse de ses choix politiques, demeurer maîtresse de ses finances publiques, et a fortiori de son modèle social. C'est cette souveraineté nationale qui est au coeur de l'action réformatrice que nous avons engagée.
Et la semaine prochaine, avec le Président de la République et Eric WOERTH, nous allons faire connaître les décisions du gouvernement concernant la réforme des retraites.
Ce qui va nous guider, ce qui nous guide depuis plusieurs mois que nous préparons cette réforme, c'est la vérité, c'est l'équité, c'est la justice et c'est la progressivité.
La vérité, elle est implacablement liée au défi démographique que nous devons relever. Et ce défi exige de travailler plus longtemps, et donc d'augmenter la durée de cotisation et l'âge d'ouverture des droits.
Mes chers amis, en 1950, l'espérance de vie était de 66 ans, elle est aujourd'hui de 81 ans.
En 1960, la France comptait quatre actifs pour un retraité. Dans quelques années, il y aura moins de deux actifs pour un retraité.
Voilà la réalité qui s'impose à nous. Et je veux dire qu'il serait lâche de notre part de dire aux Français que leur retraite pourrait être assurée sans prolonger la durée d'activité et sans toucher à l'âge légal et au symbole des 60 ans.
L'équité est liée à la diversité des carrières. Certains de nos concitoyens ont commencé à travailler très jeune, et bien je veux dire que nous continuerons à prendre en compte ce critère.
C'est d'ailleurs nous-mêmes qui avons, en 2003, permis à ceux qui avaient commencé à travailler à 14, à 15 ans, de partir en retraite plutôt. Ce n'est pas la gauche qui a accordé cette mesure de justice. Et bien naturellement, nous continuerons de prendre en compte cette nécessité de justice. Comme l'a déjà indiqué le Président de la République, la justice va nous conduire à solliciter de nouvelles sources de financement parce que l'effort doit être partagé, et il doit être partagé par tous. La progressivité, c'est enfin le choix d'une réforme sur la durée, d'une réforme permettant aux entreprises et aux partenaires sociaux d'accompagner le processus, d'une réforme permettant aussi et surtout à nos concitoyens qui approchent de la retraite de ne pas être brutalement soumis à un allongement de leur activité.
La semaine prochaine, l'ensemble de la réforme sera donc connu. Je ne doute pas que les commentaires seront nombreux, et comme cela est prévisible, les critiques ne manqueront pas.
C'est vrai qu'il est toujours plus facile de dénoncer que de décider, c'est vrai qu'il est toujours plus facile de promettre des lendemains tranquilles plutôt que de prévenir les difficultés, et qu'il est toujours plus facile de prétendre régler les déficits des retraites avec des impôts supplémentaires plutôt que d'en appeler à un effort supplémentaire.
Il ne faut pas que les Français se laissent prendre à ce discours de facilité développée par tous ceux qui ont peur de leur dire la vérité.
Pour pérenniser les régimes de retraite, il faut juste se poser une question : "qui est le plus crédible?" l'opposition ou nous ?
Depuis 20 ans, le parti socialiste multiplie les conseils et les critiques sur l'avenir des retraites, mais depuis 20 ans, c'est nous qui prenons les décisions difficiles. C'est nous qui prenons les décisions courageuses.
En 1993, c'est Edouard BALLADUR qui a décidé de faire passer la durée de cotisation à 40 ans pour les salariés du privé. A l'époque, les socialistes s'y étaient opposés, et il avait juré que, dès qu'ils seraient au pouvoir, ils abrogeraient cette décision.
Mais de 1997 à 2002, ils n'ont pas trouvé le temps de le faire !
Ensuite, en 2003, c'est Jacques CHIRAC qui a harmonisé les durées de cotisation entre le public et le privé, et qui a instauré l'augmentation progressive de cette durée de cotisation.
Là-encore, le parti socialiste s'est opposé de toutes ses forces, pendant des semaines entières, Xavier, tu t'en souviens, puisque tu étais le rapporteur de ce texte, à cette réforme. Et tous les orateurs socialistes se succédaient à la tribune en disant : « Dès que nous reviendrons au pouvoir, nous abrogerons cette loi ».
Mais aujourd'hui, dans le programme du parti socialiste, l'ensemble de la réforme contre laquelle ils se battaient, il y a quelques années, est devenu la leur! Désormais, c'est eux qui sont favorables à l'augmentation de la durée de cotisation et ils ne remettent aucune des décisions qui ont été prises en 2003 en cause.
En 2007, c'est Nicolas SARKOZY, avec l'appui de l'UMP et de la majorité qui a réformé les régimes spéciaux. Le parti socialiste s'y est opposé.
Mais avez-vous entendu, rue de Solferino, quelqu'un aujourd'hui qui demande que l'on ressuscite les avantages des régimes spéciaux de retraite ?
Alors quand Mme AUBRY annonce aujourd'hui que, lorsqu'elle reviendra au pouvoir, elle engagera l'abrogation de la réforme que nous allons faire, je pense que les Français ont suffisamment l'expérience du discours du parti socialiste pour savoir que c'est un leurre, et naturellement, qu'il n'en sera rien !
Mes chers amis, ce matin à travers vous, je voudrais lancer un message à tous les Français. Je voudrais leur dire que quelle que soit leur sensibilité politique, je leur demande à la veille de cette réforme des retraites d'ignorer les postures partisanes.
Je leur demande de mesurer la légitimité, le bon sens de la réforme qui va leur être prochainement présentée.
Je leur demande d'examiner ce qui a été réalisé par tous les états européens, sans aucune exception. Qu'ils soient dirigés par la droite ou qu'ils soient dirigés par la gauche, partout la durée d'activité est supérieure à la nôtre.
Je leur demande de soutenir la cause de l'intérêt général. Nous n'agissons pas pour des raisons politiciennes, nous n'agissons pas pour des raisons idéologiques. Vous savez, il serait bien plus facile de dire que nous laissons à nos lointains successeurs le soin de gérer le problème des retraites. Avec le Président de la République, nous n'avons pas d'autre priorité que de sécuriser les régimes de retraite de nos concitoyens. Nous n'avons pas d'autres priorités que de sécuriser le régime par répartition qui a été le fruit de l'engagement de la volonté du Conseil national de la résistance et du premier gouvernement dirigé par le Général de Gaulle.
Je vous demande à vous, militants et adhérents de l'UMP, d'être en première ligne pour défendre l'avenir de nos retraites parce que le camp de ceux qui se battent réellement pour des retraites dignes et pour des retraites pour tous les Français, ça n'est pas le camp de ceux qui prônent l'immobilisme. C'est le camp de ceux qui prônent la réforme.
Nous ne sauverons pas notre modèle social avec des slogans vagues et des mesures démagogiques. Nous le sauverons en faisant preuve de lucidité, en faisant preuve de solidarité et en faisant preuve de courage.
Lucidité, solidarité et courage : si vous avez adhérés à l'UMP, c'est que vous croyez à ces trois vertus.
Et d'ailleurs, ces trois vertus, ça s'appelle tout simplement le civisme, c'est-à-dire la volonté de ne pas dissocier les intérêts personnels des intérêts plus généraux du pays.
Ca s'appelle aussi le patriotisme. La grandeur de la France, comme la prospérité de la France, ne se résume pas à des réformes de structure aussi nécessaires et aussi urgentes qu'elles soient.
Beaucoup dépendra aussi de l'énergie nationale qui inspire chacun de nous. Mes chers amis, nous sommes les héritiers d'une histoire exceptionnelle dont nous n'avons pas à rougir. Nous sommes les dépositaires de valeur dont le rayonnement international doit être fermement défendu. Nous sommes Français, et cette fierté, elle ne se célèbre pas seulement une fois par an le 14 juillet.
Depuis 2007, l'UMP a été le fer de lance du changement. Malgré les résistances, malgré les anathèmes, vous n'avez jamais baissé les bras et vous ne vous êtes pas découragés.
A deux ans des prochaines élections présidentielles, je veux vous dire que vous devez rester à la pointe du mouvement. Et nulle part en France,on ne doit pouvoir se dire que l'UMP est le parti du confort et le parti des petits calculs.
Mes chers amis, en rejoignant nos rangs, vous choisissez la voie du progrès qui ne va jamais sans courage.
Vous choisissez la voie du courage de tenir le fil de l'intérêt général ; le courage de ne pas vaciller en fonction des résistances, le courage tout simplement de construire l'avenir.
Pour cela, je ne connais pas de meilleurs alliés que la vérité. Sur toutes les adaptations que nous devons poursuivre, pour aller chercher chaque point de croissance, pour rétablir la compétitivité de l'économie française, notamment face à nos amis alliés, voisins allemands. Je ne connais pas de meilleurs alliés que la vérité. Vous devez être le parti de la vérité.
Sur les efforts que nous devons réaliser pour redresser nos finances publiques, soyez le parti de la vérité.
Sur toutes les exigences qui s'attachent au maintien de notre modèle social, soyez le parti de la vérité.
Et mes chers amis, en étant le parti de la vérité, vous serez tout simplement le parti de la France.
Source http://www.lemouvementpopulaire.fr, le 14 juin 2010
C'est un grand plaisir de se retrouver dans cette salle Gaveau, cette salle Gaveau où Nicolas SARKOZY est venu si souvent s'exprimer devant les militants de l'UMP, cette salle Gaveau où, d'une certaine façon, s'est construite la dynamique qui a permis au Président de la République d'arriver là où il est aujourd'hui et d'engager les réformes dont notre pays avait si besoin.
Avec beaucoup ici, je vois le Président de la République chaque jour, et je veux vous dire que son audace politique et son audace intellectuelle est restée intacte.
J'ai l'honneur de travailler à ses côtés, pour la France, avec la conviction que nous sommes dans le bon chemin, mais aussi avec le souhait que je viens exprimer devant vous, ce matin, d'être digne de votre confiance.
Mes chers amis, les temps sont durs, et à tous ceux qui nous rejoignent, je ne peux promettre que des efforts, de la ténacité et du civisme.
Servir la France, ce n'est pas seulement gérer l'instant présent.
Servir la France, ce n'est pas gouverner avec les sondages.
Servir la France, ce n'est pas dire oui à tout le monde pour tenter de ne déplaire à personne. Ca, vous savez bien ce que c'est : c'est la méthode du parti socialiste.
Hier comme aujourd'hui, notre priorité reste la même. Nous devons moderniser notre pays. Nous devons moderniser encore et toujours la France. Cette exigence était nécessaire avant l'élection présidentielle, elle est désormais vitale pour protéger notre pays des secousses actuelles.
De la chute de la banque Lehman Brothers, qui a provoqué la pire des crises financières depuis 1929, à la faillite de l'état grec, ce qui est en train de se jouer actuellement, c'est l'avenir du continent européen.
C'est l'avenir du continent européen, qui a été pendant des siècles l'espace le plus riche, l'espace le plus innovant, l'espace le plus avancé sur le plan social.
Tandis que nous sortons péniblement de la récession, nous voyons que d'autres continents sont presque en surchauffe économique. Pendant que l'Europe peine à investir, la Chine engage 300 milliards de dollars pour son réseau ferroviaire.
Tandis que 1 000 milliards de dollars sont prévus par l'Inde, le Brésil et à nouveau la Chine pour développer leurs technologies de l'information.
En 2009, les pays émergents ont représenté 52 % de la production mondiale contre 48 pour les pays développés. Oui, il y a une crise de la mondialisation, mais j'ai envie de dire que la mondialisation n'est pas en crise pour tout le monde. Et dans ces temps troublés et difficiles, dans ces temps où toutes les certitudes intellectuelles sont bousculées, il faut rester concentré sur des principes simples :
Dans l'épreuve, nous avons besoin d'unité nationale plutôt que de chamailleries partisanes.
Dans l'épreuve, nous devons donner à notre pays un peu plus que ce que nous recevons de lui.
Et dans l'épreuve, il faut la République plutôt que les corporatismes. Il faut travailler plus, il faut travailler mieux et il faut dépenser moins. Mes chers amis, nous avons un socle pour aller de l'avant.
Depuis 2007, nous avons enchaîné les réformes, et ce sont ces réformes que nous avons réalisées qui nous donnent aujourd'hui le pouvoir de nous relancer.
En 2008 et en 2009, nous avons mieux résisté que la plupart des états européens à la récession. Les choix que nous avons faits pour sécuriser le crédit, pour stimuler l'investissement, pour maintenir le pouvoir d'achat, se sont révélés des choix équilibrés et des choix appropriés. Et en 2010, nous nous préparons à renouer avec la croissance, mais cela exige (et c'est dans quelques heures que le départ des 24 heures du Mans sera donné) un pilotage serré.
Il faut, d'un côté, donner un coup d'accélérateur aux investissements du futur, c'est l'objectif du grand emprunt que nous avons lancé avec le Président de la République, et de l'autre côté, il faut réduire nos déficits.
Bien sûr, je vois tous les doutes et toutes les crispations qui traversent notre pays.
Bien sûr, je mesure toutes les impatiences, mais calmement et fermement, je vous propose de ne pas lâcher la barre, de la modernisation et du redressement.
Notre première exigence, c'est de poursuivre la dynamique lancée dès 2007, avec une obsession : défendre, améliorer, renforcer la compétitivité de l'économie française. C'est au nom de cette compétitivité que nous avons desserré le carcan des 35 heures en défiscalisant les heures supplémentaires.
C'est au nom de cette compétitivité que nous avons desserré le carcan des charges qui pesaient sur nos entreprises en réformant la taxe professionnelle, que nous avons desserré l'investissement avec la réforme du crédit impôt recherche, qui est considéré comme l'un des dispositifs les plus efficaces et les plus stimulants de tous les pays développés.
Desserrer le carcan qui pesait sur nos universités en leur accordant enfin l'autonomie.
Desserrer le carcan de l'imposition en allégeant les droits sur les successions et sur les donations, c'est plus de 2 Mdeuros qui sont ainsi restés dans les mains des familles.
La seconde exigence, c'est celle de l'assainissement des finances publiques. Pendant très longtemps, les états ont emprunté sans contraintes, considérant que leur puissance régalienne valait pour une garantie absolue. Et bien cette époque est terminée, un état fort, c'est un état désendetté. Réduire le déficit, ça n'est pas comme je l'entends si souvent dire à gauche : "Céder aux marchés et aux agences de notation.", c'est tout simplement préserver notre capacité future de nous endetter, d'emprunter pour investir.
C'est préserver notre capacité d'investissement, et c'est surtout préserver notre indépendance nationale.
Parce qu'un pays qui est trop endetté, un pays qui est soumis aux décisions des investisseurs du monde entier, c'est un pays qui perd une partie de son indépendance nationale.
Alors avec le Président de la République et le gouvernement, nous avons pris l'engagement d'ici 2013 de ramener notre déficit de 8 % à 3 %. Et tous nos efforts vont se concentrer sur cette priorité. Cela veut dire en gros qu'il faut réduire le déficit de 100 milliards d'ici 2013. 100 milliard que nous allons trouver pour la moitié dans des réductions de dépenses, et pour la moitié dans des augmentations de recettes.
Cent milliards que nous allons trouver pour la moitié dans des réductions de dépenses, 45 milliards en réduisant la dépense publique, 5 milliards sur la réduction des niches fiscales.
Et pour l'autre moitié, ce sera 35 milliards de rattrapage après la crise, des pertes de recettes conjoncturelles ; évidemment, quand on était en récession, l'ensemble de la fiscalité, la TVA, l'impôt sur les sociétés rendaient moins... Et au fur et à mesure que la croissance revient, les recettes recommencent elles-mêmes à croître. Et puis, 15 milliards qui correspondront à la fin des mesures que nous avons prises pour relancer l'économie, mais qui naturellement n'ont pas vocation à durer au-delà de cette période de relance.
Avec le Président de la République, la feuille de route que nous avons choisie est claire et elle se traduit par des décisions. Nous poursuivrons notre politique de non remplacement d'un départ sur deux dans la fonction publique de l'Etat. Depuis 2007, 100 000 fonctionnaires n'ont pas été remplacés, je ne connais pas beaucoup de pays qui ont entrepris un tel effort en si peu de temps.
Un effort équivalent sera demandé aux opérateurs de l'Etat, ce qui représente une diminution des emplois de 1,5 % par an. Nous allons réduire les dépenses de fonctionnement courant de 10 % en trois ans, avec un objectif de 5 % dès la première année. Et cet effort sera étendu aux dépenses d'intervention.
Nous adopterons un programme de réduction de 5 milliards d'économies sur les niches fiscales sur les deux prochaines années.
S'agissant de la sécurité sociale, nous respecterons notre objectif de dépenses de santé qui ne doivent pas augmenter de plus de 3 % cette année, de plus de 2,9 % en 2011, de plus de 2,8 % en 2010, et de plus de 2,7 % en 2013.
Enfin, les collectivités locales, comme c'est naturel, comme c'est l'évidence, devront participer à cet effort d'assainissement et, dans cet esprit, les transferts que l'Etat leur accorde seront gelés pour les trois prochaines années en même temps que nous mettrons en place un moratoire sur les normes nouvelles pour les aider à maîtriser leurs dépenses.
Notre trajectoire de redressement des finances publiques est donc claire et aucun écart ne sera permis : 8 % de déficit en 2010, 6 % en 2011, 4,5 % en 2012 et 3 % en 2013.
Nous avons dit ce que nous ferons, et maintenant nous allons faire ce que nous avons dit.
J'ai, dès à présent, donné instruction au Ministre de n'inscrire aucune dépense nouvelle dans les prochains projets de loi, et je veux dire, comme ce sera le cas pour l'ensemble du gouvernement, que chacun sera jugé à sa capacité à relever ce défi, qui est un défi vital pour notre pays.
Mes chers amis, compétitivité, désendettement, ce sont les deux phases d'une même ambition fondamentale qui a pour nom la souveraineté nationale. La souveraineté nationale, c'est-à-dire la capacité pour la France de demeurer maîtresse de ses choix politiques, demeurer maîtresse de ses finances publiques, et a fortiori de son modèle social. C'est cette souveraineté nationale qui est au coeur de l'action réformatrice que nous avons engagée.
Et la semaine prochaine, avec le Président de la République et Eric WOERTH, nous allons faire connaître les décisions du gouvernement concernant la réforme des retraites.
Ce qui va nous guider, ce qui nous guide depuis plusieurs mois que nous préparons cette réforme, c'est la vérité, c'est l'équité, c'est la justice et c'est la progressivité.
La vérité, elle est implacablement liée au défi démographique que nous devons relever. Et ce défi exige de travailler plus longtemps, et donc d'augmenter la durée de cotisation et l'âge d'ouverture des droits.
Mes chers amis, en 1950, l'espérance de vie était de 66 ans, elle est aujourd'hui de 81 ans.
En 1960, la France comptait quatre actifs pour un retraité. Dans quelques années, il y aura moins de deux actifs pour un retraité.
Voilà la réalité qui s'impose à nous. Et je veux dire qu'il serait lâche de notre part de dire aux Français que leur retraite pourrait être assurée sans prolonger la durée d'activité et sans toucher à l'âge légal et au symbole des 60 ans.
L'équité est liée à la diversité des carrières. Certains de nos concitoyens ont commencé à travailler très jeune, et bien je veux dire que nous continuerons à prendre en compte ce critère.
C'est d'ailleurs nous-mêmes qui avons, en 2003, permis à ceux qui avaient commencé à travailler à 14, à 15 ans, de partir en retraite plutôt. Ce n'est pas la gauche qui a accordé cette mesure de justice. Et bien naturellement, nous continuerons de prendre en compte cette nécessité de justice. Comme l'a déjà indiqué le Président de la République, la justice va nous conduire à solliciter de nouvelles sources de financement parce que l'effort doit être partagé, et il doit être partagé par tous. La progressivité, c'est enfin le choix d'une réforme sur la durée, d'une réforme permettant aux entreprises et aux partenaires sociaux d'accompagner le processus, d'une réforme permettant aussi et surtout à nos concitoyens qui approchent de la retraite de ne pas être brutalement soumis à un allongement de leur activité.
La semaine prochaine, l'ensemble de la réforme sera donc connu. Je ne doute pas que les commentaires seront nombreux, et comme cela est prévisible, les critiques ne manqueront pas.
C'est vrai qu'il est toujours plus facile de dénoncer que de décider, c'est vrai qu'il est toujours plus facile de promettre des lendemains tranquilles plutôt que de prévenir les difficultés, et qu'il est toujours plus facile de prétendre régler les déficits des retraites avec des impôts supplémentaires plutôt que d'en appeler à un effort supplémentaire.
Il ne faut pas que les Français se laissent prendre à ce discours de facilité développée par tous ceux qui ont peur de leur dire la vérité.
Pour pérenniser les régimes de retraite, il faut juste se poser une question : "qui est le plus crédible?" l'opposition ou nous ?
Depuis 20 ans, le parti socialiste multiplie les conseils et les critiques sur l'avenir des retraites, mais depuis 20 ans, c'est nous qui prenons les décisions difficiles. C'est nous qui prenons les décisions courageuses.
En 1993, c'est Edouard BALLADUR qui a décidé de faire passer la durée de cotisation à 40 ans pour les salariés du privé. A l'époque, les socialistes s'y étaient opposés, et il avait juré que, dès qu'ils seraient au pouvoir, ils abrogeraient cette décision.
Mais de 1997 à 2002, ils n'ont pas trouvé le temps de le faire !
Ensuite, en 2003, c'est Jacques CHIRAC qui a harmonisé les durées de cotisation entre le public et le privé, et qui a instauré l'augmentation progressive de cette durée de cotisation.
Là-encore, le parti socialiste s'est opposé de toutes ses forces, pendant des semaines entières, Xavier, tu t'en souviens, puisque tu étais le rapporteur de ce texte, à cette réforme. Et tous les orateurs socialistes se succédaient à la tribune en disant : « Dès que nous reviendrons au pouvoir, nous abrogerons cette loi ».
Mais aujourd'hui, dans le programme du parti socialiste, l'ensemble de la réforme contre laquelle ils se battaient, il y a quelques années, est devenu la leur! Désormais, c'est eux qui sont favorables à l'augmentation de la durée de cotisation et ils ne remettent aucune des décisions qui ont été prises en 2003 en cause.
En 2007, c'est Nicolas SARKOZY, avec l'appui de l'UMP et de la majorité qui a réformé les régimes spéciaux. Le parti socialiste s'y est opposé.
Mais avez-vous entendu, rue de Solferino, quelqu'un aujourd'hui qui demande que l'on ressuscite les avantages des régimes spéciaux de retraite ?
Alors quand Mme AUBRY annonce aujourd'hui que, lorsqu'elle reviendra au pouvoir, elle engagera l'abrogation de la réforme que nous allons faire, je pense que les Français ont suffisamment l'expérience du discours du parti socialiste pour savoir que c'est un leurre, et naturellement, qu'il n'en sera rien !
Mes chers amis, ce matin à travers vous, je voudrais lancer un message à tous les Français. Je voudrais leur dire que quelle que soit leur sensibilité politique, je leur demande à la veille de cette réforme des retraites d'ignorer les postures partisanes.
Je leur demande de mesurer la légitimité, le bon sens de la réforme qui va leur être prochainement présentée.
Je leur demande d'examiner ce qui a été réalisé par tous les états européens, sans aucune exception. Qu'ils soient dirigés par la droite ou qu'ils soient dirigés par la gauche, partout la durée d'activité est supérieure à la nôtre.
Je leur demande de soutenir la cause de l'intérêt général. Nous n'agissons pas pour des raisons politiciennes, nous n'agissons pas pour des raisons idéologiques. Vous savez, il serait bien plus facile de dire que nous laissons à nos lointains successeurs le soin de gérer le problème des retraites. Avec le Président de la République, nous n'avons pas d'autre priorité que de sécuriser les régimes de retraite de nos concitoyens. Nous n'avons pas d'autres priorités que de sécuriser le régime par répartition qui a été le fruit de l'engagement de la volonté du Conseil national de la résistance et du premier gouvernement dirigé par le Général de Gaulle.
Je vous demande à vous, militants et adhérents de l'UMP, d'être en première ligne pour défendre l'avenir de nos retraites parce que le camp de ceux qui se battent réellement pour des retraites dignes et pour des retraites pour tous les Français, ça n'est pas le camp de ceux qui prônent l'immobilisme. C'est le camp de ceux qui prônent la réforme.
Nous ne sauverons pas notre modèle social avec des slogans vagues et des mesures démagogiques. Nous le sauverons en faisant preuve de lucidité, en faisant preuve de solidarité et en faisant preuve de courage.
Lucidité, solidarité et courage : si vous avez adhérés à l'UMP, c'est que vous croyez à ces trois vertus.
Et d'ailleurs, ces trois vertus, ça s'appelle tout simplement le civisme, c'est-à-dire la volonté de ne pas dissocier les intérêts personnels des intérêts plus généraux du pays.
Ca s'appelle aussi le patriotisme. La grandeur de la France, comme la prospérité de la France, ne se résume pas à des réformes de structure aussi nécessaires et aussi urgentes qu'elles soient.
Beaucoup dépendra aussi de l'énergie nationale qui inspire chacun de nous. Mes chers amis, nous sommes les héritiers d'une histoire exceptionnelle dont nous n'avons pas à rougir. Nous sommes les dépositaires de valeur dont le rayonnement international doit être fermement défendu. Nous sommes Français, et cette fierté, elle ne se célèbre pas seulement une fois par an le 14 juillet.
Depuis 2007, l'UMP a été le fer de lance du changement. Malgré les résistances, malgré les anathèmes, vous n'avez jamais baissé les bras et vous ne vous êtes pas découragés.
A deux ans des prochaines élections présidentielles, je veux vous dire que vous devez rester à la pointe du mouvement. Et nulle part en France,on ne doit pouvoir se dire que l'UMP est le parti du confort et le parti des petits calculs.
Mes chers amis, en rejoignant nos rangs, vous choisissez la voie du progrès qui ne va jamais sans courage.
Vous choisissez la voie du courage de tenir le fil de l'intérêt général ; le courage de ne pas vaciller en fonction des résistances, le courage tout simplement de construire l'avenir.
Pour cela, je ne connais pas de meilleurs alliés que la vérité. Sur toutes les adaptations que nous devons poursuivre, pour aller chercher chaque point de croissance, pour rétablir la compétitivité de l'économie française, notamment face à nos amis alliés, voisins allemands. Je ne connais pas de meilleurs alliés que la vérité. Vous devez être le parti de la vérité.
Sur les efforts que nous devons réaliser pour redresser nos finances publiques, soyez le parti de la vérité.
Sur toutes les exigences qui s'attachent au maintien de notre modèle social, soyez le parti de la vérité.
Et mes chers amis, en étant le parti de la vérité, vous serez tout simplement le parti de la France.
Source http://www.lemouvementpopulaire.fr, le 14 juin 2010