Déclaration de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur le plan d'investissement national pour la recherche développement, l'enseignement supérieur et les pôles de compétitivité, Paris le 7 juillet 2010.

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Circonstance : 7ème journée nationale des pôles de compétitivité à Paris le 7 juillet 2010

Texte intégral

Au terme de cette matinée d'information, chacun d'entre vous sera pleinement convaincu, je l'espère, du caractère exceptionnel que revêt le plan d'investissements d'avenir.
Exceptionnels ces investissements le sont d'abord par les moyens inédits qu'ils attribuent à notre système d'enseignement supérieur et de recherche. Sur les 35 milliards d'euros prévus, 22 iront en effet directement à la mission « enseignement supérieur et recherche ». 22 milliards pour soutenir nos chercheurs et nos enseignants dans leurs projets scientifiques et pédagogiques. 22 milliards pour accroître nos capacités scientifiques et accélérer la dynamique de réformes que nous avons engagée il y a maintenant 3 ans. Et cette décision du Président de la République et du Gouvernement d'investir aussi massivement dans notre système de recherche et d'enseignement supérieur s'appuie une certitude économique majeure : de la puissance de notre recherche et de notre capacité à innover dépend l'avenir de notre économie.
Voilà la substance même des conclusions de la commission Juppé-Rocard, qui a dessiné les contours de ce plan d'investissements public : faire du soutien à la recherche et à l'innovation non pas seulement une priorité pour notre pays, mais aussi et surtout le pivot de notre croissance et la source des emplois de demain.
Et pour cela, il faut non seulement miser sur notre exceptionnel potentiel scientifique, il faut aussi et surtout agir pour que ce potentiel s'exprime au travers de la création et du développement de nouvelles entreprises innovantes.
Et c'est la raison pour laquelle nous avons défini un certain nombre de priorités scientifiques - entre autres, la santé et les biotechnologies, les technologies de l'information et des communications, ou encore l'environnement et le développement durable - autant de domaines qui sont à la confluence du progrès scientifique et du développement économique, des domaines autour duquel les acteurs du monde de la recherche et du monde industriel doivent se retrouver et nouer de nouveaux partenariats pour avancer ensemble.
Par définition, notre plan d'investissements national est tourné vers l'avenir : son horizon n'est pas le court terme, mais la construction d'une France plus forte et plus dynamique pour les vingt années qui viennent. Sa logique, c'est celle d'un effort d'investissements de long terme, pour stimuler durablement la croissance en misant sur les domaines les plus féconds. Son esprit, c'est celui d'un partenariat lui aussi durable entre la recherche publique et privée et le monde industriel. C'est donc un nouveau pacte entre la recherche et l'industrie, entre les acteurs publics et les acteurs privés, que nous allons sceller avec le plan d'investissements d'avenir. Ce nouveau modèle, Mesdames et Messieurs, vous le connaissez parfaitement. Il est aujourd'hui au coeur des pôles de compétitivité. Et vous avez tout pour en devenir demain les meilleurs ambassadeurs.
Et le premier de mes soucis, Mesdames et Messieurs, c'est donc que vous fassiez vôtre ce plan d'investissements d'avenir : non pas seulement parce que vous avez tout pour être des candidats légitimes à ses différents appels d'offre, mais aussi et surtout parce que vous êtes parmi les mieux à même de donner chair à ce partenariat durable entre la recherche et l'industrie qui a longtemps fait notre force et qui doit aujourd'hui revenir sur le devant de la scène. Plus que jamais, nous devons travailler main dans la main pour relever le défi de la crise, bien sûr, mais aussi celui de l'affirmation du potentiel scientifique, économique et industriel de la France dans un monde toujours plus concurrentiel.
Pour les responsables de la recherche et de l'enseignement supérieur de notre pays, cela veut dire une chose simple, mais capitale : tout mettre en oeuvre pour que les moyens inédits dont disposeront bientôt nos universités, nos écoles et nos laboratoires accroissent non seulement nos capacités de recherche, mais aussi notre potentiel de développement technologique et industriel. Nous avons donc fait des partenariats publics-privés et de l'ouverture de nos établissements d'enseignement supérieur et de nos organismes de recherche sur le monde de l'entreprise et de l'industrie, un critère déterminant et bien souvent décisif de tous les appels à projet. Je n'ai eu de cesse depuis plusieurs mois que de le répéter à chacun des présidents d'universités et des directeurs d'organismes de recherche et de laboratoires que j'ai eu l'occasion de rencontrer, et je veux le redire devant vous : l'ouverture au monde de l'entreprise et de l'industrie doit être au coeur des candidatures qu'ils porteront devant les jurys du plan d'investissements d'avenir. Car l'excellence qui est le dénominateur commun de tous ces appels à projets, c'est aussi à l'ambition partenariale de nos universités, de nos écoles et de nos laboratoires qu'elle se mesurera. Concrètement, cela signifie que les candidats aux appels à projet doivent montrer avec le plus grand soin qu'ils font une véritable place aux entreprises innovantes et aux laboratoires de recherche privés. J'irai même plus loin : ces projets, c'est main dans la main avec ces entreprises et laboratoires qu'ils doivent être conçus. Car le plan d'investissements d'avenir est une occasion unique, pour le monde de la recherche et de l'industrie, de faire stratégie commune. Et la conséquence pour les entrepreneurs que vous êtes, c'est que vous serez au coeur de ce programme d'investissements.
Prenez les équipements de pointe et les plateformes technologiques, ces équipements d'excellence qui seront financés à hauteur d'1 milliard d'euros : eh bien, ces équipements dont disposeront bientôt nos chercheurs, c'est en vérité à l'ensemble de notre système de recherche et d'innovation qu'elles bénéficieront, et aussi aux entreprises, qui pourront mener à bien leurs projets industriels dans tous les laboratoires qui en seront dotés.
Ce qui est vrai des équipements d'excellence, l'est tout autant de l'action « Santé et Biotechnologies » du plan d'investissements d'avenir qui financera pour plus de 1,5 milliard d'euros la constitution de cohortes, de plateformes à haut débit et d'infrastructures de biotechnologies et de bioinformatique qui révolutionneront l'exploration et la valorisation du vivant.
Et les entreprises tireront un bénéfice d'autant plus grand de ces équipements que nos laboratoires publics seront également mieux armés pour transférer leurs découvertes vers le monde industriel.
C'est tout l'objet du renforcement des Instituts Carnot que nous avons doté d'un fonds de 500 millions d'euros pour leur permettre de multiplier leurs partenariats avec les entreprises, et en particulier avec les PME. Et je vous le confirme aujourd'hui, ces moyens nouveaux seront disponibles dès 2010 en complément des moyens existants.
Et c'est aussi l'objet des sociétés de valorisation, les « SATT », qui permettront à l'échelle d'un site universitaire de présenter un interlocuteur unique aux entreprises partenaires de nos laboratoires publics de recherche. Ces sociétés que nous doterons d'un milliard d'euros permettront aux chercheurs d'aller plus loin dans la maturation de leurs projets et de proposer des prototypes et des brevets plus aboutis avant leur transfert vers nos jeunes pousses ou vers les grands groupes industriels. Vous le voyez : que ce soit pour utiliser directement des équipements de pointe ou pour assurer des débouchés commerciaux et industriels aux découvertes scientifiques issues de la recherche académique, les entreprises auront donc tout à gagner à se rapprocher de nos laboratoires publics.
Et elles le feront d'autant plus facilement que nos forces de recherche seront désormais plus visibles parce que réunies autour de thématiques précises et identifiables. C'est aussi l'un des enjeux majeurs de ce plan d'investissements d'avenir, grâce à la création des laboratoires d'excellence, pour lesquels une enveloppe d'1 milliard d'euros a été prévue. Pour ces centres de recherche de pointe, spécialisés dans un domaine porteur, à fort enjeu scientifique, l'excellence résidera dans la capacité des acteurs à faire vivre une filière entière et intégrée de recherche, des découvertes les plus fondamentales aux applications économiques les plus directes. Pour les entreprises concernées, ce sera l'occasion non seulement d'accroître leur effort de R&D en bénéficiant d'un environnement scientifique d'excellence, mais aussi de renforcer leur position économique en s'installant à la pointe de l'innovation.
Vous le voyez, mesdames et messieurs, le point commun de tous ces investissements d'avenir c'est leur dimension coopérative et partenariale. Et pour donner pleine réalité à ces mots, nous avons fait le choix de mettre les entreprises au coeur-même de ces appels à projets. Pour qu'elles n'en soient pas seulement les bénéficiaires comme je l'évoquais à l'instant mais aussi les maîtres d'oeuvres.
C'est pourquoi je souhaite que les entreprises s'intègrent aux projets portés par les établissements et les organismes publics et se présentent en partenariat avec eux aux différents appels à projets du plan d'investissements d'avenir. Ce qui est vrai des programmes que j'évoquais à l'instant - équipements et laboratoires d'excellence, appel à projet santé-biotechnologie -, l'est encore plus naturellement des actions qui concernent le développement de la recherche technologique, comme les démonstrateurs, les Instituts de Recherche Technologiques, les Instituts d'excellence en énergies décarbonées, ou encore les plateformes structurantes des pôles de compétitivité.
Permettez-moi d'insister sur ce point car il me parait fondamental : la logique profonde de ces investissements publics, ce n'est pas seulement de renforcer les capacités technologiques de nos laboratoires les plus performants ou de financer des projets innovants dans les domaines-clefs de la recherche, mais de rassembler l'ensemble de nos forces de recherche et d'innovation, et de le faire en respectant autant que possible une logique de territoire et de site.
Et c'est au regard de cette logique de site que l'implication des entreprises dans la mise en oeuvre de ce plan d'investissements me parait fondamentale. Car notre objectif ce n'est pas seulement d'ouvrir nos universités ou nos laboratoires au monde industriel, c'est de créer partout en France de véritables écosystèmes de l'innovation animés à part égale par tous les acteurs présents sur un territoire donné, qu'ils soient scientifiques ou industriels, publics ou privés. De ce point de vue, les programmes du plan destinés à soutenir l'innovation et le développement de filières technologiques et énergétiques de pointe s'inscrivent dans le prolongement direct des pôles de compétitivité qui ont été en quelque sorte les précurseurs en France de ces écosystèmes de l'innovation.
Ces clusters, c'est à vous qu'il revient d'en dessiner les contours et d'en fixer les ambitions, grâce notamment aux 2 milliards prévus pour la constitution de quelques IRT. Ces instituts d'excellence, financés à part égale par l'Etat et les investisseurs privés, renforceront, vous le savez, quelques uns de nos meilleurs pôles de compétitivité en leur apportant les moyens nécessaires pour occuper les premières places mondiales dans les secteurs technologiques les plus porteurs.
Tout comme les IRT, les Instituts d'excellence en matière d'énergies décarbonées cofinancés par l'Etat à hauteur d'1 milliard d'euros, seront adossés aux pôles de compétitivité et regrouperont sur un même site des établissements de formation, des laboratoires de recherche appliquée publics et privés et des acteurs industriels.
De manière générale les entreprises comme les pôles de compétitivité ont tout à gagner à participer au plus grand nombre d'appels à projets. Car les candidatures à ces différents appels à projet, loin de s'exclure, se renforcent les unes les autres. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons étalé dans le temps le calendrier des appels à projets. Pour permettre à chaque ambition de s'exprimer, tout en s'inscrivant dans une dynamique d'ensemble, pertinente à l'échelle d'un site.
Ainsi, les territoires qui concentreront sur un même périmètre des projets pertinents d'équipements et de laboratoires d'excellence par exemple renforceront les candidatures au titre des IRT et des IEED. Et les uns et les autres pourront le moment venu devenir des composantes essentielles d'une candidature aux initiatives d'excellence qui renforceront encore la cohérence et la visibilité de ces écosystèmes de l'innovation.
L'appel à projets que nous préparons pour les initiatives d'excellence posera trois conditions, qui ont été validées par le Président de la République : l'excellence de la recherche et de la formation, une gouvernance efficace et ouverte sur le monde socio-économique, et des partenariats public-privé.
Cette règle d'ouverture sur le monde socio-économique, elle s'appliquera à tous les PRES, y compris ceux qui ne deviendront pas des Initiatives d'excellence. Pour les PRES, la coopération renforcée avec le monde socio-économique passe par le rapprochement avec les pôles de compétitivité, qui doit se traduire par des représentations croisées dans les conseils d'administration. Elle passe aussi par le développement des fondations universitaires, qui sont un outil précieux de partenariat.
Vous l'aurez compris, mesdames et messieurs, en favorisant l'émergence de pôles d'excellence et de territoires de l'innovation, le plan d'investissements d'avenir fait entrer la recherche partenariale dans une nouvelle ère, comme il donne sens aux efforts que nous avons entrepris depuis trois ans pour simplifier le régime juridique des partenariats publics-privés et inciter fiscalement les entreprises à se tourner vers la recherche académique.
Grâce aux pôles de l'innovation qui vont voir le jour, ces partenariats deviendront désormais, généraux, naturels et systématiques : je compte sur les pionniers que vous avez été et que vous êtes toujours pour nous aider à diffuser partout cette culture de l'innovation ouverte et partenariale.
Nous avons désormais toutes les atouts en main pour réussir : avec les pôles de compétitivité, qui ont ouvert la voie à cette nouvelle culture, mais aussi avec des universités renforcées et ouvertes sur leur territoire, avec une recherche réorganisée autour des grands défis économiques et sociaux de demain, nous avons tout pour figurer aux premiers rangs dans la bataille mondiale de l'innovation. Et nous pouvons aussi compter sur un environnement fiscal extraordinairement favorable pour tous ceux qui veulent créer et innover dans notre pays.
A mes yeux, la recherche et l'innovation sont les deux piliers de la sortie de crise et de la création d'emplois pour demain. Et je compte sur vous pour saisir l'occasion du plan d'investissements d'avenir et concrétiser ce nouvel élan pour l'économie française.
Je tenais à vous le dire ce matin, vous pouvez compter sur l'Etat pour vous accompagner et vous aider dans la réalisation de vos projets. Cet engagement à vos côtés, vous avez pu le mesurer avec Ronan Stephan et l'ensemble des équipes du ministère que je souhaitais remercier pour leur implication sans faille dans la mise en oeuvre de ces investissements d'avenir. J'en veux pour preuve la cellule d'accompagnement qui vient d'être créée au ministère pour répondre à toutes vos questions et vous accompagner dans le montage de vos projets.
A tous les acteurs privés de l'innovation dont vous êtes, mesdames et messieurs, en quelque sorte les représentants, je n'ai qu'un seul message à faire passer : faites preuve d'audace, faites preuve d'imagination et d'ambition. C'est le moment ou jamais pour réaliser vos projets les plus originaux. Et c'est ainsi que nous réussirons ce plan d'investissements d'avenir, en faisant naître dans notre pays cette alliance nouvelle entre toutes nos forces de progrès scientifique, économique et social.
Je vous remercie.

Source http://competitivite.gouv.fr, le 26 juillet 2010