Texte intégral
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Sénateur-maire,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mon général,
Messieurs les officiers généraux, officiers, sous-officiers et militaires du rang,
Mesdames, Messieurs,
140 ans après la guerre de 1870, dans cette ville de Fréjus qui, pour chaque marsouin et pour chaque bigor, symbolise l'unité et la cohésion des troupes de marine, nous sommes réunis pour honorer la mémoire des combats de Bazeilles.
Bazeilles où, pour la première fois, marsouins et bigors luttèrent côte à côte, au sein de la « division bleue », dans cette fraternité d'armes si chère aux troupes de marine, où l'on est colo avant d'être fantassin, artilleur, parachutiste ou cavalier.
Bazeilles où dans un village en feu, face à un ennemi dix fois supérieur en nombre, ils se battirent rue par rue, maison par maison, pied à pied, malgré les obus, la chaleur et la soif.
Bazeilles où, retranchés dans la maison Bourgerie, une trentaine d'entre eux résistèrent jusqu'à la dernière cartouche, avec un même courage et un même esprit de sacrifice, arrêtant la marche des assaillants et sauvant l'honneur de la France.
Oui, à Bazeilles, marsouins et bigors furent de ces « hommes de fer que rien ne lasse ». Ils furent de ces soldats qui ne craignent pas de « regarder la mort en face ». Ils firent des troupes de marine « l'arme de tous les héroïsmes et de toutes les abnégations », pour reprendre l'hommage d'un homme qui n'était pas marsouin, le maréchal LYAUTEY.
Car depuis la création des compagnies ordinaires de la mer, en 1622, l'histoire des troupes coloniales se raconte avec les accents d'une épopée.
Une épopée faite de rêve, d'aventure et de découverte.
Sous les képis, les bérets et les calots, c'est toujours le même idéal, la même fascination pour l'inconnu : le « silence éternel du désert » (Ernest Psichari), le souffle du vent dans les rizières ou les couleurs chatoyantes du Pacifique.
Sur le drap de laine bleu marine, bleu horizon, kaki ou terre de France, c'est toujours la même ancre d'or, cette ancre d'or évocatrice de rivages lointains, qui flotte sur les drapeaux et les fanions et accompagne le soldat du désert comme celui de la jungle sous toutes les latitudes de la planète.
L'épopée des troupes de marine, c'est aussi une épopée de bâtisseurs, écrite à l'heure où la France construisait son empire.
Avec bien entendu ses épisodes tragiques et ses chapitres douloureux.
Avec surtout l'oeuvre patiente et déterminée de ces soldats de l'horizon des mers, tour à tour conquérants, explorateurs, anthropologues, médecins ou administrateurs.
- Je pense à la colonne MARCHAND, à cette formidable aventure que fut la mission Congo-Nil.
- Je pense au général MANGIN, qui fut à l'origine de la « force noire » que nous célébrons plus particulièrement cette année.
- Je pense au médecin principal SIMOND, qui découvrit le vecteur de la transmission du bacille de la peste et travailla sur le choléra et la fièvre jaune.
- Je pense enfin à l'administrateur exemplaire que fut le Maréchal GALLIENI, si attaché à cette terre de Fréjus et qui combattit à Bazeilles comme sous-lieutenant.
L'épopée des troupes de marine, c'est enfin l'histoire d'une arme d'élite, où la gloire et le panache ne sont jamais aussi grands que dans le sacrifice.
De l'expédition du Mexique à la bataille de l'Argonne, de Sébastopol à Douaumont, d'El Alamein à Dien Bien Phu, marsouins et bigors ont été de tous les fronts, de toutes les batailles, de tous les combats. Ce sont eux qui prennent Puebla en 1863. Ce sont eux qui sauvent Reims en octobre 1918. Ce sont eux, encore, qui avec la Légion, permettent à la France de renouer avec la victoire à Bir Hakeim.
Dans chaque action, leur bravoure et leur valeur au combat les distinguent, à l'image du marsouin Mathieu JOUY, du 22e RIC, premier soldat décoré de la Légion d'Honneur, le 4 août 1916. A l'image du RICM, qui reste depuis la Grande guerre le régiment le plus décoré de France.
Une bravoure qui ne s'est jamais démentie au cours des derniers conflits. Je pense notamment à la prise d'As Salman, qui marque la fin de la première guerre du Golfe, et à l'assaut de Verbania, qui permit le basculement du conflit des Balkans.
Tous ces héros ont écrit en lettres de sang des pages glorieuses et tragiques de l'histoire de notre pays, de cette France qu'ils aimaient et qu'ils avaient choisi de servir au plus loin des frontières de l'hexagone. Epaulettes jaunes, éperons d'or, ils sont entrés dans la légende des troupes de marine. Je le dis aux hommes et femmes qui sont ici même.
De ces grands anciens, de cette vocation du service ultra-marin, vous avez hérité d'un savoir-faire et d'un savoir-être qui font la fierté de l'armée française et forcent l'estime de nos Alliés.
Les troupes de marine, c'est d'abord une tradition d'humanisme, d'ouverture d'esprit et de coeur. Une prédisposition à se fondre dans d'autres environnements, d'autres civilisations, d'autres cultures.
Les troupes de marine, c'est aussi le triomphe de l'esprit sur la lettre, cette capacité d'initiative toujours encouragée, cette débrouillardise érigée en vertu qui seule permet de faire face aux réalités complexes et insolites que sont parfois celles de l'outre-mer et de l'étranger.
Les troupes de marine, c'est enfin un style de commandement à nul autre pareil, fondé sur la confiance et l'estime réciproque, l'exigence la plus implacable et l'attention permanente aux subordonnés.
Cet héritage, c'est aujourd'hui à vous qu'il revient de le faire vivre.
En opérations extérieures, tout d'abord, pour aider les peuples à reprendre leur destin en main.
- Je pense au Liban, au Kosovo ou aux théâtres africains.
- Je pense aussi bien sûr à l'Afghanistan.
Depuis l'an dernier, 8 des vôtres ont payé de leur vie notre engagement en faveur de la paix et de la sécurité. Au moment où je vous parle, j'ai une pensée particulière pour le capitaine MEZZASALMA et pour le caporal-chef PANEZYCK, morts au combat le 23 août dernier dans la vallée de BEDRAOU, en Kapisa, ainsi que pour leurs camarades du 21e RIMa blessés au cours de la trentaine d'actions de combat conduites par le bataillon HERMES depuis son engagement.
Mesdames, Messieurs,
Je veux vous le dire ce soir : j'ai au plus profond de ma chair le courage et la dignité de l'épouse du capitaine MEZZASALMA et de ses deux petits garçons, fiers de leur père, comme le sont toujours les conjoints et les enfants de militaires frappés par cette épreuve, tant ils savent que l'engagement de leur mari et de leur père compte par-dessus tout et peut les mener au sacrifice ultime. J'ai aussi en mémoire la détresse inconsolable de la mère du caporal-chef PANEZYCK.
Cet héritage, vous le portez aussi outre mer, sur tous les fronts et dans toutes les situations.
- En tant que forces de souveraineté, vous permettez à la France de tenir son rang dans le concert des grandes Nations.
- Face aux crises sanitaires et aux catastrophes naturelles, vous contribuez à donner à nos armées le plus beau des visages : celui de l'humanisme, de la générosité et de la solidarité. Je pense au tremblement de terre en Haïti, aux terribles inondations dans le Var ou encore à l'épidémie de dengue aux Antilles.
- Dans le cadre de notre politique de coopération, vous continuez à faire vivre la relation qui nous unit avec nos amis africains et leurs armées. Une relation que nous souhaitons mettre au service du renforcement des liens entre l'Union européenne et l'Afrique.
- Enfin, vous poursuivez votre engagement au service de l'éducation et de l'insertion de nos compatriotes ultra-marins, au sein du Groupement du Service Militaire Adapté, qui fêtera l'an prochain ses 50 ans.
Mesdames, Messieurs,
Vous connaissez ma conviction : la France n'est vraiment elle-même que lorsqu'elle porte au-delà de ses frontières son message humaniste, ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. C'est parce que nous sommes ouverts au monde que nous sommes et resterons un grand peuple.
A travers leur mission, à travers leur engagement, les Troupes de marine contribuent pleinement au rayonnement de notre pays. Sous l'ancre d'or, elles contribuent à nous donner la force d'affronter les vents du large.
Et au nom de Dieu, vive la coloniale !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 septembre 2010
Monsieur le Sénateur-maire,
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mon général,
Messieurs les officiers généraux, officiers, sous-officiers et militaires du rang,
Mesdames, Messieurs,
140 ans après la guerre de 1870, dans cette ville de Fréjus qui, pour chaque marsouin et pour chaque bigor, symbolise l'unité et la cohésion des troupes de marine, nous sommes réunis pour honorer la mémoire des combats de Bazeilles.
Bazeilles où, pour la première fois, marsouins et bigors luttèrent côte à côte, au sein de la « division bleue », dans cette fraternité d'armes si chère aux troupes de marine, où l'on est colo avant d'être fantassin, artilleur, parachutiste ou cavalier.
Bazeilles où dans un village en feu, face à un ennemi dix fois supérieur en nombre, ils se battirent rue par rue, maison par maison, pied à pied, malgré les obus, la chaleur et la soif.
Bazeilles où, retranchés dans la maison Bourgerie, une trentaine d'entre eux résistèrent jusqu'à la dernière cartouche, avec un même courage et un même esprit de sacrifice, arrêtant la marche des assaillants et sauvant l'honneur de la France.
Oui, à Bazeilles, marsouins et bigors furent de ces « hommes de fer que rien ne lasse ». Ils furent de ces soldats qui ne craignent pas de « regarder la mort en face ». Ils firent des troupes de marine « l'arme de tous les héroïsmes et de toutes les abnégations », pour reprendre l'hommage d'un homme qui n'était pas marsouin, le maréchal LYAUTEY.
Car depuis la création des compagnies ordinaires de la mer, en 1622, l'histoire des troupes coloniales se raconte avec les accents d'une épopée.
Une épopée faite de rêve, d'aventure et de découverte.
Sous les képis, les bérets et les calots, c'est toujours le même idéal, la même fascination pour l'inconnu : le « silence éternel du désert » (Ernest Psichari), le souffle du vent dans les rizières ou les couleurs chatoyantes du Pacifique.
Sur le drap de laine bleu marine, bleu horizon, kaki ou terre de France, c'est toujours la même ancre d'or, cette ancre d'or évocatrice de rivages lointains, qui flotte sur les drapeaux et les fanions et accompagne le soldat du désert comme celui de la jungle sous toutes les latitudes de la planète.
L'épopée des troupes de marine, c'est aussi une épopée de bâtisseurs, écrite à l'heure où la France construisait son empire.
Avec bien entendu ses épisodes tragiques et ses chapitres douloureux.
Avec surtout l'oeuvre patiente et déterminée de ces soldats de l'horizon des mers, tour à tour conquérants, explorateurs, anthropologues, médecins ou administrateurs.
- Je pense à la colonne MARCHAND, à cette formidable aventure que fut la mission Congo-Nil.
- Je pense au général MANGIN, qui fut à l'origine de la « force noire » que nous célébrons plus particulièrement cette année.
- Je pense au médecin principal SIMOND, qui découvrit le vecteur de la transmission du bacille de la peste et travailla sur le choléra et la fièvre jaune.
- Je pense enfin à l'administrateur exemplaire que fut le Maréchal GALLIENI, si attaché à cette terre de Fréjus et qui combattit à Bazeilles comme sous-lieutenant.
L'épopée des troupes de marine, c'est enfin l'histoire d'une arme d'élite, où la gloire et le panache ne sont jamais aussi grands que dans le sacrifice.
De l'expédition du Mexique à la bataille de l'Argonne, de Sébastopol à Douaumont, d'El Alamein à Dien Bien Phu, marsouins et bigors ont été de tous les fronts, de toutes les batailles, de tous les combats. Ce sont eux qui prennent Puebla en 1863. Ce sont eux qui sauvent Reims en octobre 1918. Ce sont eux, encore, qui avec la Légion, permettent à la France de renouer avec la victoire à Bir Hakeim.
Dans chaque action, leur bravoure et leur valeur au combat les distinguent, à l'image du marsouin Mathieu JOUY, du 22e RIC, premier soldat décoré de la Légion d'Honneur, le 4 août 1916. A l'image du RICM, qui reste depuis la Grande guerre le régiment le plus décoré de France.
Une bravoure qui ne s'est jamais démentie au cours des derniers conflits. Je pense notamment à la prise d'As Salman, qui marque la fin de la première guerre du Golfe, et à l'assaut de Verbania, qui permit le basculement du conflit des Balkans.
Tous ces héros ont écrit en lettres de sang des pages glorieuses et tragiques de l'histoire de notre pays, de cette France qu'ils aimaient et qu'ils avaient choisi de servir au plus loin des frontières de l'hexagone. Epaulettes jaunes, éperons d'or, ils sont entrés dans la légende des troupes de marine. Je le dis aux hommes et femmes qui sont ici même.
De ces grands anciens, de cette vocation du service ultra-marin, vous avez hérité d'un savoir-faire et d'un savoir-être qui font la fierté de l'armée française et forcent l'estime de nos Alliés.
Les troupes de marine, c'est d'abord une tradition d'humanisme, d'ouverture d'esprit et de coeur. Une prédisposition à se fondre dans d'autres environnements, d'autres civilisations, d'autres cultures.
Les troupes de marine, c'est aussi le triomphe de l'esprit sur la lettre, cette capacité d'initiative toujours encouragée, cette débrouillardise érigée en vertu qui seule permet de faire face aux réalités complexes et insolites que sont parfois celles de l'outre-mer et de l'étranger.
Les troupes de marine, c'est enfin un style de commandement à nul autre pareil, fondé sur la confiance et l'estime réciproque, l'exigence la plus implacable et l'attention permanente aux subordonnés.
Cet héritage, c'est aujourd'hui à vous qu'il revient de le faire vivre.
En opérations extérieures, tout d'abord, pour aider les peuples à reprendre leur destin en main.
- Je pense au Liban, au Kosovo ou aux théâtres africains.
- Je pense aussi bien sûr à l'Afghanistan.
Depuis l'an dernier, 8 des vôtres ont payé de leur vie notre engagement en faveur de la paix et de la sécurité. Au moment où je vous parle, j'ai une pensée particulière pour le capitaine MEZZASALMA et pour le caporal-chef PANEZYCK, morts au combat le 23 août dernier dans la vallée de BEDRAOU, en Kapisa, ainsi que pour leurs camarades du 21e RIMa blessés au cours de la trentaine d'actions de combat conduites par le bataillon HERMES depuis son engagement.
Mesdames, Messieurs,
Je veux vous le dire ce soir : j'ai au plus profond de ma chair le courage et la dignité de l'épouse du capitaine MEZZASALMA et de ses deux petits garçons, fiers de leur père, comme le sont toujours les conjoints et les enfants de militaires frappés par cette épreuve, tant ils savent que l'engagement de leur mari et de leur père compte par-dessus tout et peut les mener au sacrifice ultime. J'ai aussi en mémoire la détresse inconsolable de la mère du caporal-chef PANEZYCK.
Cet héritage, vous le portez aussi outre mer, sur tous les fronts et dans toutes les situations.
- En tant que forces de souveraineté, vous permettez à la France de tenir son rang dans le concert des grandes Nations.
- Face aux crises sanitaires et aux catastrophes naturelles, vous contribuez à donner à nos armées le plus beau des visages : celui de l'humanisme, de la générosité et de la solidarité. Je pense au tremblement de terre en Haïti, aux terribles inondations dans le Var ou encore à l'épidémie de dengue aux Antilles.
- Dans le cadre de notre politique de coopération, vous continuez à faire vivre la relation qui nous unit avec nos amis africains et leurs armées. Une relation que nous souhaitons mettre au service du renforcement des liens entre l'Union européenne et l'Afrique.
- Enfin, vous poursuivez votre engagement au service de l'éducation et de l'insertion de nos compatriotes ultra-marins, au sein du Groupement du Service Militaire Adapté, qui fêtera l'an prochain ses 50 ans.
Mesdames, Messieurs,
Vous connaissez ma conviction : la France n'est vraiment elle-même que lorsqu'elle porte au-delà de ses frontières son message humaniste, ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. C'est parce que nous sommes ouverts au monde que nous sommes et resterons un grand peuple.
A travers leur mission, à travers leur engagement, les Troupes de marine contribuent pleinement au rayonnement de notre pays. Sous l'ancre d'or, elles contribuent à nous donner la force d'affronter les vents du large.
Et au nom de Dieu, vive la coloniale !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 septembre 2010