Texte intégral
Monsieur le Député (Guy Teissier),
Monsieur le Sénateur (Josselin de Rohan),
Monsieur le Maire (Jean-Claude Gaudin)
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Les Universités d'Eté de la Défense rythment désormais la vie et la réflexion de tous ceux qui, dans notre pays, pensent que la Défense n'est pas une affaire subsidiaire, mais essentielle pour notre Nation.
La Défense, ce n'est pas une simple assurance collective que nous souscrivons contre les menaces et les risques que fait peser sur nous un ordre mondial qui se recompose depuis quelques décennies déjà.
La Défense, c'est, avant tout, la condition première de notre indépendance et de notre souveraineté.
Elle est le principal moyen par lequel la France, aujourd'hui, joue son rôle singulier dans le concert des nations et assume la mission que lui assigne son histoire dans la marche du monde.
La Défense est au coeur de notre destin national. De son passé comme de son avenir. Le général de Gaulle avait formulé cette idée mieux que quiconque dans La France et son Armée : « La France s'est faite à coups d'épée. »
Dès lors, la Défense n'est pas la simple affaire de nos Armées. C'est l'une des exigences de notre démocratie. La Défense, c'est la question du pays tout entier, c'est l'affaire de toute la Nation.
Cette idée qu'il existe un rapport essentiel entre la Nation et son Armée restait assez évident aux yeux de tous, tant que des classes d'âge successives étaient appelées à servir sous nos drapeaux.
Le choix d'une Armée de métier nous oblige, depuis quelques années, à revoir non seulement la manière dont la France organise sa Défense, mais aussi la façon dont peut se retisser le lien entre la Nation et son Armée.
Cela a été l'une des principales préoccupations du Livre Blanc. C'est cet objectif qui mobilise, depuis quelques années déjà, l'ensemble du ministère de la Défense.
Le Secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants a tenu à y prendre également sa place et à y jouer son rôle.
Car on ne peut rien construire de durable si l'on choisit l'amnésie au lieu de la mémoire. La mémoire, c'est elle - et elle seule - qui confère à l'action son sens et son épaisseur.
Nous sommes un vieux et grand pays. Nous ne sommes pas nés hier. Nous ne venons pas de nulle part. Ce que nous faisons, d'autres l'ont fait avant nous. Nous essayons tout juste de nous montrer à la hauteur de ceux qui nous ont précédés.
Dans le chant que les volontaires de 1792 reprirent en choeur, ici, à Marseille, pour le porter jusqu'à Paris et en faire l'hymne de toutes nos victoires, il y a un couplet, rajouté tardivement, qu'on appelle le « couplet des enfants » :
« Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus... »
Voilà le sens de la Défense dans notre République.
Les Universités d'Eté de la Défense ont ouvert, cette année, leurs travaux, par la présentation des capacités de l'Armée de l'Air. Les aviateurs français comptent aujourd'hui, par leur professionnalisme, leur technicité et leur maîtrise, parmi les meilleurs au monde. Nous pouvons être légitimement fiers d'eux.
Et nous sommes d'autant plus fiers d'eux aujourd'hui que nous les voyons succéder à des hommes qui ont marqué l'histoire de l'aviation. Comment ne pas citer l'escadrille Normandie-Niémen, qui participa, sur le front russe, à la grande aventure de la France Libre ?
En Russie, les soldats de Normandie-Niémen sont tenus pour des héros. Et de Moscou jusqu'au moindre village, on ne compte plus le nombre de rues, de places ou d'écoles qui portent leur illustre nom. Oui, quand en Russie, je vois honorer le nom de ces hommes-là, j'éprouve, plus que jamais, un sentiment très fort : je suis fier d'être Français.
Mais cette fierté-là n'est pas un orgueil mal placé. Elle nous appelle à la modestie. Elle réclame, à chacun de nous, d'être à la hauteur de ces hommes-là.
Les aviateurs d'aujourd'hui comme nos soldats, nos marins, nos gendarmes et l'ensemble de la communauté de défense sont les dignes héritiers de leurs aînés. Les uns comme les autres participent ensemble à la même histoire. Les uns comme les autres font la France.
Les générations du feu, dans toutes nos armées, ont beau être séparées par le temps, elles sont réunies par les mêmes valeurs : le sens du devoir, la fraternité des armes, l'amour de la patrie.
C'est la raison pour laquelle, avec le Président de la République, nous avons voulu que ceux qui, aujourd'hui, constituent la quatrième génération du feu et servent en opérations extérieures puissent bénéficier pleinement du statut d'ancien combattant.
A ces hommes, qui servent leur pays comme l'ont fait leurs prédécesseurs, la Nation doit son soutien, son respect et sa reconnaissance.
Raffermir les liens entre la Nation et son Armée, c'est promouvoir la mémoire combattante. C'est aussi rénover et moderniser notre réserve opérationnelle. C'est aussi adapter notre journée de défense et de citoyenneté aux exigences du temps présent. C'est sensibiliser chaque Français à l'importance de ces enjeux. C'est mieux faire vivre, dans notre République, l'esprit de défense.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 24 septembre 2010